Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (19) Le témoignage de Mioumi, enseignante certifiée de Sciences Economiques et Sociales.

               

      

« Les enseignants et le personnel de l’Education Nationale subissent de nombreuses formes de violences.

Violences salariales,
violences verbales,
violences morales,
violences psychologiques,
violences physiques,
violences symboliques,
violences sexistes,
violences sexuelles,
violences administratives,
violences hiérarchiques,
violences institutionnelles et institutionnalisées,
violences quotidiennes,
violences banales, banalisées. »

Les taire, c’est les cautionner.

Voilà ce que j’écrivais ici en mars 2019, il y a 5 ans.

Sur ce blog j’ai l’habitude de présenter des situations de violence « extrêmes » mais relativement courantes dans l’Education nationale. Un proviseur à qui l’administration du rectorat lâche la bride pour détruire socialement une enseignante qui a refusé de lui accorder des faveurs sexuelles. Un professeur des écoles accusé à tort de brutalités et qu’on accule au suicide ou à la dépression. Un excellent enseignant qu’on calomnie sciemment et contre qui on monte des élèves paumés et hyper-violents, afin de favoriser la nièce du principal qui est infoutue de faire un cours de qualité. Un Zoubinard violeur qui traîne en Commission Disciplinaire un « p’tit prof' » qu’il faut absolument faire taire…

Mais j’ai eu l’occasion de l’écrire ici même – bien avant la naissance du mouvement « #PasdeVague »  qui était initialement un mouvement libérateur de la parole des victimes (à l’instar de « #metoo, et dans sa foulée) – et de l’exposer publiquement lors de diverses réunions de travail ou réunions publiques : les violences que peuvent subir et que subissent de plus en plus de salariés de l’Education nationale dépassent tout ce que peuvent imaginer les parents d’élèves et les habitants de notre pays. 

Les pires violences sont parfois les plus insidieuses et les plus discrètes. Quotidiennes, banales, banalisées. La goutte d’eau qui tombe régulièrement au même endroit finit au fil des ans par fendre la pierre.

Ces derniers mois j’ai vu des collègues solides, expérimentés, équilibrés, bien structurés, s’effondrer dans le cadre de leur travail. Ce n’est pas d’uniformes coûteux dont ils avaient besoin, mais d’un salaire décent, de moyens de travailler correctement, et surtout, de respect. De respect.

                                                                                                                  Pierre-André DIONNET

T 00

                T 1

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (18) Textes adoptés par les Assises de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses, 13 et 14 mars 2024.

               

        1711627992338-f55c3003-7a99-41f8-8111-d93f52fc7576_1

1711627992338-f55c3003-7a99-41f8-8111-d93f52fc7576_2

                 1711627992338-f55c3003-7a99-41f8-8111-d93f52fc7576_3

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (42) « La tension monte au Lycée Voltaire d’Orléans »…

          

           

Conflit

La tension monte d’un cran entre les professeurs et le proviseur : le lycée Voltaire d’Orléans occupé

La tension monte d’un cran entre les professeurs et le proviseur : le lycée Voltaire d'Orléans occupé

En colère, les enseignants du lycée Voltaire, à Orléans, ont décidé d’occuper leur établissement.

******************************************************************************************************************************************

Article du 19 mars 2024, Maude MILEKOVIC, La République du Centre :

https://www.larep.fr/orleans-45000/actualites/la-tension-monte-dun-cran-entre-les-professeurs-et-le-proviseur-le-lycee-voltaire-d-orleans-occupe_14470767/

******************************************************************************************************************************************

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (17) « Ecole : la Seine-Saint-Denis lance l’alerte ». / L’Humanité, 14 mars 2024.

               

         

Huma14marsEcoleSeineSaintDenis

                  

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (16) « Ce que subissent vraiment les profs. Le règne du pas de vagues ». / Le Point, 4 mars 2021.

               

         

le-pointn-2533mars-2021

                  

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (15) Assises de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses, 13 et 14 mars 2024.

               

         

 

                  

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (14) 8 mars, Journée internationale des Droits des Femmes. Pourquoi et en quoi les femmes travaillant dans l’Education nationale ont moins de droits que d’autres ?

               

         L’Education nationale ? C’est  1 200 000 salariés, dont 860 000 professeurs, selon les chiffres de la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance, dépendante du ministère de l’Education nationale). Un million deux cent mille postes, correspondants à des professions essentiellement féminisées, c’est-à-dire autant d’emplois pourvus surtout par des femmes, d’abord par des femmes, en plus grand nombre par des femmes (enseignantes, AED, AESH, secrétaires, personnels d’entretien, personnels administratifs, etc.).

Des employées particulièrement malmenées. Malmenées dans de nombreux domaines, et pas seulement sur le plan financier. Bien que cela ne soit jamais mis en avant par l’industrie médiatique, et trop peu porté par nos propres structures syndicales, les enseignants sont à plusieurs égards des « sous-citoyens ». C’est une réalité. Ce qui veut dire que les enseignantes ont moins de droits que bien des femmes, en 2024 en France. La journée du 8 mars est peut-être l’occasion (et il en faut d’autres !) de « penser » cette question des droits effectifs. De réfléchir à ce que cela signifie concrètement, de comprendre comment cela se traduit, aussi bien au quotidien que sur la longueur d’une « carrière », sur le temps long d’une vie professionnelle dédiée à l’Ecole et aux élèves.

                                                                                                                           Pierre-André DIONNET 

 

                  

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (13) « Education : le retour inquiétant du New Public Management, une aberration conceptuelle » / Stéphane GERMAIN. Le quantitatif mis en avant… et le qualitatif toujours invisibilisé ?

               « Le basculement des systèmes éducatifs vers des bureaucraties autoritaires n’est pas sans effet. Les enseignants connaissent une perte de sens de leur métier, un sentiment de mal-être et une démotivation généralisée. Pour eux, la tentation de la démission est grande. Considérés comme des exécutants de politiques éducatives dont ils ne perçoivent pas le sens et qui viennent parfois interroger leurs valeurs, les enseignants ne se retrouvent pas dans la vision portée par les bureaucraties autoritaires, ce qui aggrave la crise des vocations. Pour les élèves, lancés dans des activités pédagogiques en décalage avec les recommandations internationales, la perte de sens, le mal-être et la démotivation sont tout aussi sensibles. Le résultat est une baisse généralisée de la réussite scolaire qui affecte plus fortement les élèves des milieux défavorisés, grands perdants de l’autoritarisme éducatif. » 

Voilà ce qu’observe et souligne très justement Monsieur Stéphane GERMAIN dans l’article publié ce jour dans Le Café pédagogique.

Une autre approche – complémentaire à celle de ce chercheur, et aucunement en opposition avec la sienne – consiste à souligner en premier lieu la distinction nécessaire entre deux paradigmes, le quantitatif et le qualitatif, en terme d’offre éducative.

Presque toujours, c’est par une approche exclusivement quantitative que les responsables politiques, les parents d’élèves, les élèves et les étudiants, les électeurs, l’industrie médiatique abordent les questions liées à l’Ecole. Une fermeture d’école ou une suppression de classe ? C’est du quantitatif. Une journée de grève, donc des cours non dispensés ? Du quantitatif. Le budget annuel de l’Education nationale ? Un quantitatif artificiellement gonflé par les 2 milliards du SNU (Service National Universel, qui devrait en réalité relever du budget des armées), et les coûts du projet de l’uniforme imposé aux élèves. Un professeur absent parce que convoqué pour une formation ou une correction d’épreuves ? Ses cours sautent, et c’est encore du quantitatif, mesurable par un chiffre « objectif ». Le bidonnage d’un taux de réussite au baccalauréat de 99 % dans un lycée de centre-ville à la réputation totalement surfaite ? De la poudre aux yeux, purement quantitative.

Mais la qualité réelle des cours ? Les capacités et les connaissances effectives d’un enseignant ? La vraie valeur du diplôme décerné à nos chères têtes blondes ? Les connaissances réellement transmises aux élèves ? La qualité du climat scolaire ? La considération accordée aux élèves, non pas en tant que « cons sots mateurs » potentiels, mais bien en tant qu’élèves, élèves véritables, et futurs citoyens ? Le bien-être au travail, et le respect des salariés de l’Education nationale ? Angles morts des commentateurs médiatisés, trop souvent. Alors que c’est bel et bien l’articulation entre le quantitatif et le qualitatif qui est ici en jeu, et qui devrait être davantage en débat, afin que les parents d’élèves s’emparent plus facilement de ces questions.

Ce que Monsieur Stéphane GERMAIN relève ici très clairement, avec ses propres constats, ses propres outils d’analyse et ses propres approches, gagnerait sans doute à être « popularisé » par ce type de questions directes : « Quid de la qualité des cours ? Quid de la qualité de vie, au travail, des élèves et des enseignants ? ».

                                                                                                                           Pierre-André DIONNET 

 

                     

*********************************************************************

*********************************************************************

« Education : le retour inquiétant du New Public Management » 

Ci-dessous, article de Stéphane GERMAIN, Le Café pédagogique, 29 février 2024.
 
 

*********************************************************************

*********************************************************************

Le New Public Management est une doctrine de régulation des services publics qui consiste à appliquer les principes de gestion des entreprises privées au secteur public. Face au constat d’une bureaucratie sclérosante, le New Public Management propose de supprimer la lourdeur des normes écrites de fonctionnement en les remplaçant par des indicateurs chiffrés de mesure de l’activité. L’idée générale est d’introduire une rationalisation par le calcul des coûts, ce qui est la logique d’une entreprise privée pour maximiser son profit. Dans les faits, le New Public Management est un puissant levier de démantèlement du service public puisqu’il ne s’agit plus de s’interroger sur ce qu’il apporte aux usagers mais de pointer ce qu’il coûte à la société.

Une image contenant Visage humain, personne, habits, sourire Description générée automatiquementUne pratique décriée par la recherche

En matière d’éducation, le New Public Management a été introduit dans plusieurs systèmes éducatifs au début des années 2000, notamment avec le concept de School Based Management (SBM) qui a été développé dans les pays anglo-saxons, puis en Asie, et dans les pays en voie de développement. En théorie, le SBM donne une large autonomie aux établissements scolaires : autonomie pédagogique, liberté de gestion et de partenariat, implication des enseignants dans les décisions. Il repose sur le principe du rendre compte, pris au sens littéral du terme : les enseignants d’un établissement doivent rendre des comptes à l’autorité centrale sur la base des indicateurs standardisés qui doivent permettre de contrôler la réalisation des objectifs et de mesurer ainsi l’efficacité. Dans la pratique, le New Public Management consiste à remplacer une régulation par la norme écrite – souvent inapplicable, confuse et contradictoire – par une régulation basée sur le contrôle chiffré de l’activité. Ainsi, en définissant des indicateurs standardisés, appliqués de façon uniforme aux établissements scolaires, et en développant les procédures de contrôle basées sur ces indicateurs, le New Public Management ne donne pas l’autonomie pédagogique aux enseignants. Il introduit seulement un nouveau mode de régulation orienté vers la performance, entendue comme la capacité à respecter les objectifs chiffrés définis par l’autorité centrale, dans une logique de réduction des coûts. Il s’agit d’une approche très restrictive du management, envisagé presque exclusivement sous l’angle de la rationalisation budgétaire en occultant totalement le volet pédagogique, qui favorise la construction collective.

Quelques temps après son introduction dans certains systèmes éducatifs, le New Public Management en éducation a été largement décrié. Les analyses du SABER (System Assessment and Benchmarking for Education Results) ainsi que les travaux de la Banque Mondiale, notamment au travers d’un célèbre article de 2011, ont montré que le New Public Management ne parvenait pas à améliorer les performances des systèmes éducatifs. La logique de rationalisation par les indicateurs quantitatifs n’a d’influence, ni sur les pratiques, ni sur l’implication, ni sur le développement professionnel des enseignants.

La mesure n’est pas l’évaluation

A bien y réfléchir, le New Public Management est une aberration conceptuelle. Chercher à mesurer l’activité pédagogique en définissant des indicateurs chiffrés atteste d’une volonté de normalisation. La prétendue liberté pédagogique prônée par le New Public Management est bridée par des objectifs centraux imposant un strict respect des limites budgétaires. Ainsi, les innovations pédagogiques qui apportent aux usagers beaucoup plus qu’elles ne coûtent aux contribuables ne sont pas envisageables lorsqu’on applique une logique de rationalisation budgétaire assortie de l’obligation de rendre des comptes, au sens quantitatif du terme. Or, l’essence même d’un service public est d’apporter aux usagers un service à forte valeur sociale – du fait des gains qu’il procure à la société – qui n’est pas pleinement mesurable. Qu’on se le dise : l’éducation n’a pas de prix ! Qui peut quantifier la valeur de ce que procure à l’ensemble de la société, dans la durée, l’éducation des générations montantes ? Qui peut prétendre mesurer avec précision le gain social de chacune des activités éducatives ? Quand il n’est pas possible de mesurer avec précision la valeur produite par un service public, il est insensé de chercher à quantifier ce qu’il coûte, car le calcul du rapport coût-bénéfice est tronqué. La démarche de rationalisation par les coûts conduit alors inévitablement à réduire des activités de service public pourtant fortement génératrices de bénéfices sociaux. Le principe de la mesure conduit intrinsèquement à une logique de démantèlement.

Il faut le répéter : non, les principes de management des entreprises privées ne sont pas applicables aux services publics. Cela tient avant tout à la différence de raison d’être. Lorsque la finalité d’une entreprise est de maximiser son profit, on conçoit aisément qu’il se développe en interne une véritable culture de la mesure. Mais la raison d’être d’un service public est le service public lui-même, sans aucune considération pour les profits qui pourraient être obtenus. La culture des services publics est celle de l’évaluation et non celle de la mesure. Dans la logique des services publics, il s’agit d’évaluer ce que l’activité publique procure aux usagers, et non de la mesurer. C’est cette évaluation qui guide l’évolution des services publics, selon un principe de maximisation du gain social qu’ils procurent à la société.

Pour un service public comme l’éducation, la question centrale est celle de la pertinence de l’activité pédagogique. De façon unanime, la recherche universitaire et les grands organismes internationaux indiquent que, dans un contexte éducatif devenu complexe et fortement évolutif, il faut faire confiance aux enseignants pour qu’ils définissent eux-mêmes leur activité pédagogique – dans le respect des attendus nationaux – car ce sont eux qui sont en prise avec la réalité mouvante du terrain. En imposant des procédures de rendre-compte portant sur des indicateurs chiffrés, le New Public Management oriente vers des activités pédagogiques qui font bonne mesure mais qui sont de moindre pertinence au regard des gains sociaux qui peuvent évalués. Il faut le répéter : c’est une démarche insensée pourtant enterrée, une aberration conceptuelle qui avait fait dire à de grands auteurs, que, les tenants de la rationalisation, dans leur logique de quantification par les indicateurs chiffrés ont « donné de la valeur à ce qu’ils mesuraient au lieu de mesurer ce à quoi ils donnaient de la valeur » (Hargreaves et Shirley 2009).

L’arrivée du New Public Management en Europe

Le New Public Management commence à faire son arrivée dans certains systèmes éducatifs européens, selon une forme nouvelle bien spécifique. En Hongrie, l’introduction des indicateurs de mesure de l’activité pédagogique s’est faite de concert avec un renforcement de la centralisation bureaucratique. Ainsi, au lieu de se substituer à la normalisation écrite, les indicateurs chiffrés sont venus compléter les prescriptions centrales, offrant ainsi un procédé de contrôle efficace de l’activité pédagogique. Le New Public Management est ainsi envisagé comme un moyen de contrôle du travail des enseignants et permet d’introduire de nouvelles modalités de rémunération basées sur le respect des objectifs centraux. Le mariage de la normalisation prescriptive avec les procédés de rendre-compte sur la base d’indicateurs chiffrés a donné naissance à une nouvelle forme de régulation scolaire : celle de la bureaucratie autoritaire dont la forme la plus aboutie existe actuellement en Hongrie.

Les bureaucraties éducatives autoritaires sont identifiables par différents aspects :

– une hypercentralisation de la décision éducative qui laisse peu ou pas de marge aux acteurs de terrain,

– une absence de références à la recherche universitaire ou aux recommandations des organismes internationaux dans la motivation des grandes orientations du système scolaire,

– une gouvernance de type administratif qui envisage l’encadrement comme un vecteur d’application des prescriptions centrales et comme un organe de contrôle,

– des procédures de rendre-compte sur la base d’indicateurs de mesure de l’activité généralisées à tous les niveaux hiérarchiques,

– une indexation des rémunérations et des promotions selon une logique de performance basée sur le respect des objectifs centraux.

Le basculement des systèmes éducatifs vers des bureaucraties autoritaires n’est pas sans effet. Les enseignants connaissent une perte de sens de leur métier, un sentiment de mal-être et une démotivation généralisée. Pour eux, la tentation de la démission est grande. Considérés comme des exécutants de politiques éducatives dont ils ne perçoivent pas le sens et qui viennent parfois interroger leurs valeurs, les enseignants ne se retrouvent pas dans la vision portée par les bureaucraties autoritaires, ce qui aggrave la crise des vocations. Pour les élèves, lancés dans des activités pédagogiques en décalage avec les recommandations internationales, la perte de sens, le mal-être et la démotivation sont tout aussi sensibles. Le résultat est une baisse généralisée de la réussite scolaire qui affecte plus fortement les élèves des milieux défavorisés, grands perdants de l’autoritarisme éducatif.

De troublantes similitudes avec la Hongrie

Depuis plusieurs années, les autorités éducatives françaises ne font pas mystère de leur volonté d’orienter le système éducatif vers le modèle de la bureaucratie autoritaire. La dynamique d’hypercentralisation de la décision éducative et de détachement vis-à-vis de la recherche et des recommandations internationales est clairement revendiquée au travers des annonces chocs de la communication ministérielle. L’indexation de la rémunération des enseignants sur le respect des objectifs centraux a commencé avec la part variable du « Pacte ». Les procédures de rendre-compte sur la base des indicateurs de mesure de l’activité ont, elles-aussi, fait leur apparition, d’une manière plus violente et moins progressive que ce qui a été opéré en Hongrie. L’exemple le plus flagrant est l’injonction de « cocher la case » des remontées d’absences sur Pronote. Dans le souci de mesurer le volume de remplacement de courte durée – car il est bien connu que c’est en s’assurant que les professeurs absents sont bien remplacés que l’on augmente le gain social procuré par le service public – les autorités éducatives ont fait injonction aux personnels de direction d’autoriser la remontée des absences – remplacées ou non – par un logiciel privé, largement utilisé par les établissements scolaires. Autrement formulé, il était demandé de « cocher la case » sur Pronote, autorisant la remontée des indicateurs chiffrés, alors que plusieurs analyses montraient que les données remontées contenaient de nombreux biais les rendant exploitables. Beaucoup de personnels de direction se sont, dès lors, montrés récalcitrants, arguant que la démarche n’avait pas de sens. Les demandes courtoises de la hiérarchie se sont alors transformées en injonctions pressantes, sous forme de rappels écrits ou d’appels téléphoniques spécifiques, assortis, à certains endroits, de menaces dissimulées sur l’évolution de carrière ou sur la notation professionnelle. Les personnels de direction apprenaient alors que leur académie ou leur département étaient à la traine, beaucoup moins performants que les autres qui avaient un taux de « cocher la case » nettement supérieur. Certains supérieurs hiérarchiques ont même indiqué que la procédure de « cocher la case » devenait leur objectif prioritaire et qu’ils visaient à terme le 100%.

L’obsession montante pour la réalisation d’objectifs chiffrés, déconnectés de la logique d’évaluation du gain social procuré par le service public, interroge. La violence avec laquelle les indicateurs de mesure de l’activité pédagogique sont en train de s’imposer à l’ensemble du système éducatif a de quoi inquiéter. En France, il s’opère actuellement une bascule vers une bureaucratie autoritaire avec une forme d’acceptation des parties prenantes. Les réactions à la commande de « cocher la case » ont été timorées et malgré quelques nids de résistance, la procédure a finalement été généralisée. Fortes de cette victoire, les autorités éducatives cherchent maintenant à instaurer une forme de ségrégation scolaire au travers des groupes de niveau. En retirant aux établissements leur capacité à construire eux-mêmes les réponses éducatives aux élèves à besoin, la conception ministérielle du choc des savoirs va entériner l’hypercentralisation de la décision éducative. Là encore, on constate une forme d’acceptation des parties prenantes au sens où il n’existe pas un mouvement d’ampleur portant un refus catégorique de la dérive autoritaire. Faut-il y voir un basculement culturel ? La société française serait-elle en train de basculer dans l’autoritarisme comme c’est le cas en Hongrie ?

Stéphane Germain

 
 
 
 
 
  
 

 

 

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (12/1) « Pas de Vagues » / Un film de Teddy LUSSI-MODESTE avec François CIVIL et Shaïn BOUMEDINE (1) Passer à côté de l’essentiel ?

 

 

                      Que vaut vraiment le film Pas de Vagues de Teddy LUSSI-MODESTE, avec François CIVIL et Shaïn BOUMEDINE, qui sortira le 27 mars sur les écrans de cinéma ? Pour le moment on l’ignore. Mais 57 ans après la prestation de Jacques BREL dans Les Risques du Métier d’André CAYATTE, cette fiction dramatique inspirée de faits réels devrait contribuer à populariser l’expression « pas de vagues ».

#PasdeVague (ou #PasdeVagues), est cette formule issue du vaste mouvement de libération de la parole initié par les enseignants en octobre 2018 sur le réseau social X, qu’on appelait alors encore Twitter.

Libération de la parole face aux violences du quotidien, et surtout face aux Omertas, ces très violentes « lois du silence » entretenues par le personnel de direction comme par le personnel d’encadrement de l’institution scolaire, à chaque strate de la pyramique hiérarchique.

C’est la marche de l’histoire : depuis toujours on parvenait à tout cacher, ou à peu près, et depuis longtemps la Grande Muette n’était plus l’armée, mais… l’Ecole. Depuis longtemps on cachait tout. Mais dans ce domaine des violences faites aux enseignants, l’histoire est en marche, qui avance très lentement, mais qui avance ! Et qui avance grâce à une poignée de précurseurs et de lanceurs d’alerte. Et grâce aux réseaux sociaux, contre-points salutaires d’une industrie médiatique systématiquement focalisée sur d’autres sujets.

Face aux rumeurs, aux calomnies, et aux diffamations, Julien, professeur passionné et dévoué à son métier, risque fort de se retrouver rapidement isolé, lâché par ses collègues et enfoncé par sa hiérarchie. S’il n’existe aucun garde-fou efficace contre ces violences, n’est-ce pas parce que le pouvoir politique s’en accommode très bien, depuis 60 ans et plus ?

           Attendons d’avoir vu le film en son entier pour en juger sur pièces, mais il semble que Julien, le personnage central du drame, commette des maladresses de gestion de classe, ce qui n’est pas le cas de tous les enseignants violentés sur leur lieu de travail. A moins d’être assuré d’avoir une classe avec un bon état d’esprit, ou une classe bien en main depuis plusieurs mois, on évite, pour expliquer et commenter une figure de style d’un poème de Pierre de Ronsard, de complimenter la coiffure d’un élève. Or, un des aspects les plus intéressants du film pourrait être la façon dont le réalisateur a construit les personnages des collègues et des supérieurs hiérarchiques du professeur plongé dans la tourmente. Si l’enseignant est lâché – et pis ! – enfoncé et accablé par sa propre tutelle hiérarchique – ce qui est « habituel » et totalement minable en soi – Teddy LUSSI-MODESTE n’a peut-être pas fait du chef d’établissement un salaud aussi pervers que les Zoubinard qu’on subit pourtant réellement dans de nombreux collèges et lycées. Le film passerait alors peut-être à côté de l’essentiel, puisque le proviseur de William THIBAULT – un proviseur bien réel et toujours en poste en 2024… – lui, voulait avant tout s’en débarrasser, et qu’il a profité des mensonges de deux gosses pour le faire, comme il aurait pu user de n’importe quel autre prétexte. Voir, pour rappel, le récit de Jacques RISSO, ci-dessous :

https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2021/06/03/harcelement-hierarchique-le-grand-deni-de-leducation-nationale-28-le-proviseur-de-william-couvert-par-les-uns-et-par-les-autres-une-affaire-representative-de-milliers-dautres/

                                                                                                                Pierre-André DIONNET

*********************************************************************

*********************************************************************

« Pas de Vagues », le film avec François Civil sur le harcèlement scolaire, dévoile sa bande-annonce 

Ci-dessous, article de Aaricia Silvestre, Le Huffington Post, 14 février 2024.
 

*********************************************************************

*********************************************************************

Dans « Pas de vagues », François Civil joue un professeur de français accusé de harcèlement.© Fournis par Le Huffington Post
   
 

CINÉMA – Après avoir triomphé au box-office avec son rôle de d’Artagnan dans les deux volets des Trois Mousquetaires, François Civil est déjà de retour avec Pas de Vagues. Inspiré de faits réels, ce long-métrage de Teddy Lussi-Modeste qui sortira le 27 mars, a dévoilé sa bande-annonce ce mardi 13 février, comme vous pouvez le voir en tête d’article.

 

Dans le film, l’acteur de 34 ans incarne Julien, un professeur de français apprécié par ses élèves et dont l’existence est violemment bouleversée lorsqu’il se retrouve accusé de harcèlement par l’une d’entre elles. Confronté aux menaces de mort du frère aîné de l’adolescente et aux rumeurs propagées par les camarades de celle-ci, Julien se tourne alors vers ses pairs et sa hiérarchie, espérant trouver réconfort et soutien. Hélas, il se heurte à une politique assumée : « pas de vagues », soit la volonté de maintenir le calme et d’éviter tout scandale.

 

Inspiré par la vie du réalisateur

Pour son film, coécrit avec Audrey Diwan (L’Événement), Teddy Lussi-Modeste s’est profondément inspiré de sa propre expérience d’enseignant. Ayant lui-même été accusé à tort de harcèlement alors qu’il était professeur dans un collège d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, il a dû se battre afin de prouver son innocence.

 

« Mon film est un cri. Et ce cri porte en lui l’espoir. Il reste des hommes et des femmes qui sont passionnés par la transmission – moi-même, malgré les défis, je ne peux me résoudre à renoncer à mon rôle d’enseignant. Je suis trop reconnaissant envers l’école pour tout ce qu’elle m’a apporté », a-t-il expliqué au cours de la promotion du film. « Pour déconstruire les discours de haine qui traversent notre société, nous avons plus que jamais besoin que cette transmission entre les professeurs et les élèves se fasse. »

Outre François Civil, le casting du film comprend l’humoriste Fadily Camara, connue pour son rôle dans la série En Place sur Netflix ainsi que le comédien Shaïn Boumedine, vu dans Mektoub, My Love : Intermezzo.

   
 
 
 
 
 
  
 

 

 

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (41) Ces chefaillons qui instrumentalisent élèves et parents pour harceler d’excellents enseignants.

          

           Hier, c’est dans la rubrique « détente », celle des dessins rigolos, que j’ai choisi de publier le montage photo permettant de comprendre d’un seul coup d’oeil ce que certains élèves et certains parents font subir à d’excellents enseignants, sous le boisseau.

Depuis une trentaine d’années, de plus en plus de Bébert Zoubinard, de chefaillons grotesques, de proviseurs médiocres, de principaux pourris, d’ajoints minables et de CPE véreux manipulent et instrumentalisent sciemment ce genre de gamins tordus et de parents haineux, afin de nuire à d’honnêtes enseignants dont ces petits chefs corrompus estiment qu’ils pourraient être à même de les empêcher de faire carrière.

C’est donc logiquement qu’aujourd’hui je republie ici cette photographie, puisqu’elle a tout autant sa place dans cette autre rubrique, consacrée au H.M.H., le harcèlement moral hiérarchique. Un H.M.H. dont les pseudo-syndicalistes et la plupart des hauts fonctionnaires de l’Education nationale osent encore dire, écrire, prétendre, en 2024, qu’ils ne comprennent pas ce que c’est. Ou que cela n’existe pas. Ou alors, si ça existe, c’est tellement à la marge que c’est totalement insignifiant et vraiment pas grave. Le harcèlement moral cela ne concernerait que les élèves, à les écouter. Qui peut encore les croire ? 

                                                                                                                       Pierre-André DIONNET

.

 

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (11) « L’évaluation des principaux risques liés au travail de bureau : un enjeu majeur. » / Sébastien DECROIX.

 

 

                      Il n’y a pas que les enseignants à être malmenés dans leur travail quotidien. Tous les corps de métiers, tous les secteurs d’activités liés à la scolarité, tous les salariés de l’Education nationale peuvent être concernés par des formes diverses de violences.  Monsieur Sébastien DECROIX en a recensé quelques unes, à l’issue d’une enquête sur la Qualité de Vie et les Conditions de Travail (QVCT). Sa synthèse est loin d’être exhaustive, et fait l’impasse sur des questions encore totalement taboues dans l’institution scolaire. Mais elle présente l’intérêt de mettre en lumière 5 catégories de risques trop rarement prises en compte par notre employeur.

 

                                                                                                                              Pierre-André DIONNET

   
 
 
 
 
 
  
 

Revue_A&I_115_web-11 (2)

 

 

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (36) Mercredi 21 septembre, 15H00. Pour soutenir Monsieur Kai TERADA, et les milliers d’autres victimes des répressions arbitraires dans l’Ecole publique.

                                                                                                                               

         

         Trop longtemps les organisations syndicales de l’Education nationale ont minimisé ou nié les abus d’autorité hiérarchiques et les violences arbitraires infligées aux salariées et aux salariés dont la parole et l’action étaient considérés comme trop « libres ». On a même vu des secrétaires académiques de puissants syndicats protéger des chefaillons violeurs et harceleurs, et achever d’enfoncer leurs victimes. Il se murmure que ces mêmes dirigeants syndicaux corrompus ont été récompensés par leur administration, en recevant, par exemple, des bonifications de carrière indues (du passage au hors-classe, à l’agrégation sur tapis vert) ; et tous ces retours d’ascenseur pourraient facilement être identifiés et listés par un journaliste d’investigation un peu déterminé à creuser les pratiques opaques minant l’institution scolaire. 

En 2022 la Francétélécomisation de l’Ecole publique arrive à son terme. Nos syndicats sont globalement décrédibilisés, malgré le travail et l’engagement concret de nombreux syndicalistes intègres, oeuvrant efficacement à l’échelle locale. Il n’est pourtant jamais trop tard, ni pour faire illusion et se muer de collabo acharné en résistant de 1945 (comme le font sans vergogne quelques hauts responsables syndicaux et quelques figures médiatisées), ni pour bien faire et aider les victimes de harcèlement hiérarchique.

Le mercredi 21 septembre, à 15h00, devant le Ministère de l’Education nationale. Pour soutenir Monsieur Kai TERADA, et les milliers d’autres victimes des répressions arbitraires dans l’Ecole publique.  

                                                                                                                                Pierre-André DIONNET

 

******************************************************************************************************************************************

Fc6wEH4XgAAWtIp

******************************************************************************************************************************************

 

 

         

         Trop longtemps les organisations syndicales de l’Education nationale ont minimisé ou nié les abus d’autorité hiérarchiques et les violences arbitraires infligées aux salariées et aux salariés dont la parole et l’action étaient considérés comme trop « libres ». On a vu des secrétaires académiques de puissants syndicats protéger des chefaillons violeurs et harceleurs, et achever d’enfoncer leurs victimes. Il se murmure que ces mêmes dirigeants syndicaux corrompus ont été récompensés par leur administration, en recevant, par exemple, des bonifications de carrière indues (du passage au hors-classe, à l’agrégation sur tapis vert) ; et tous ces retours d’ascenseur pourraient facilement être identifiés et listés par un journaliste d’investigation un peu déterminé à creuser les pratiques opaques minant l’institution scolaire. 

En 2022 la Francétélécomisation de l’Ecole publique arrive à son terme. Nos syndicats sont globalement décrédibilisés, malgré le travail et l’engagement concret de syndicalistes intègres, oeuvrant efficacement à l’échelle locale. Il n’est pourtant jamais trop tard ni pour faire illusion et se muer de collabo acharné en résistant de 1945, ni pour bien faire et aider les victimes de harcèlement hiérarchique.

Le mercredi 21 septembre, à 15h00, devant le Ministère de l’Education nationale.   

                                                                                                                                Pierre-André DIONNET

 

******************************************************************************************************************************************

Fc6wEH4XgAAWtIp

******************************************************************************************************************************************

Bile indiquer que la partie de jenga touche à sa fin. Les « Jobdatings », les 4000 enseignants manquant à l’appel ou l’embau

 
partie de jenga © Grimo

[1] Selon Laval, C., Vergne, F., Clément, P., & Dreux, G. (2011). La nouvelle école capitaliste. Paris : la

Découverte.p.28.

[2] https://www.senat.fr/rap8et-la-liberte-2/

 

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (34) La CGT Educ’Action Alsace auprès des victimes des chefaillons.

                                                                                                                               

 

 

        

         Les violences hiérarchiques envers les salariés de l’Education nationale ne sont pas conjoncturelles, mais structurelles. Elles ne sont pas le fruit du hasard de la rencontre malheureuse d’individus, de tempéraments et de personnalités ne s’accordant guère. Non. Elles sont systémiques, volontaires, conscientes. Et totalement « assumées » par chaque échelon de la pyramide hiérarchique, quoi qu’invisibilisées et soustraites aux regards du plus grand nombre.
Ces violences visent à francetélécomiser le personnel, puisque la feuille de route depuis 30 ans est de détruire le service public éducatif, ni plus ni moins cyniquement qu’on détruit les autres services d’Etat tournés vers la population.

Aux brutalités de toutes natures supportées par les enseignants figurent aussi bien les violences salariales – via la paupérisation des professeurs – que ces abus de pouvoir d’une hiérarchie locale dont le recrutement est de plus en plus douteux.
Coups tordus, calomnies, diffamations, accusations infondées, pièges crasseux, mobbing sont les seuls moyens pour les chefaillons incompétents de faire illusion est de maintenir une petite aura de crainte leur assurant la docilité de leurs courtisans.

Dans la lutte contre ces méthodes déloyales, minables et indignes de l’Ecole publique, plusieurs syndicats sont très actifs : SUD Education, Action Démocratie et – surtout – la CGT Educ’Action.
Les bonnets d’âne reviennent sans conteste aux déclinaisons des fédérations de l’UNSA Education (SE-UNSA, SNPDEN, …) et de la FSU (SNES, SNUIPP, SNUPDEN, SNUEP, SNES SUP, SNETAP, etc.). Il se murmure qu’on a vu et qu’on voit encore certaines et certains secrétaires académiques de puissantes structures syndicales baigner dans des degrés de corruption aux logiques quasi mafieuses, dans l’opacité du #PasdeVague et de cette « nouvelle Grande Muette » qu’est l’Education nationale.

Dans l’académie de Strasbourg, la CGT Educ’Action Alsace est à la pointe du combat, comme le prouve la publication de la double page reproduite ci-dessous.
Désinvisibiliser ces pratiques et les faire reculer, aider les victimes broyées par une administration repliée dans le déni du réel, voilà quelques unes des missions qu’accomplit la CGT Educ’Action, et c’est un des points qui distingue radicalement cette structure d’autres syndicats – parfois plus « grands », mais tellement « petits », trop souvent.

 

  

                                                                                                                                Pierre-André DIONNET

 

 

 

FWgp66mXwAEHmQFFWgp-vOXoAQ2rCN

L’Ecole, enjeu politique ? (3) Grève du 13 janvier 2022 : pourquoi des dirigeants syndicaux se disent « satisfaits »… de n’avoir obtenu que des miettes ?

 

On peut rappeler, comme je l’ai fait hier, que sous le titre « De la grève, de l’unité syndicale et de sa pertinence », le brillant enseignant Jadran SVRDLIN est revenu de façon précise sur la mobilisation du 13 janvier et sur l’incroyable incapacité de certains représentants syndicaux à freiner la casse de l’Ecole.

On peut aussi s’interroger sur la capacité de certains dirigeants syndicaux à assumer les fonctions que les « premiers de corVée » et le personnel de terrain leur délèguent.

Lisez ci-dessous un petit poème marquant le coup, et quelques réactions à chaud de professeurs, AESH, personnels administratifs ou d’entretien, recueillis sur Twitter le 13 janvier, après que les leaders de certains syndicats d’enseignants aient déclarés face caméra être « satisfaits » de n’avoir obtenu que des miettes. 

                                                                                                                           Pierre-André DIONNET

 

******************************************************************************************************************************************

Lire De la grève, de l’unité syndicale et de sa pertinence, article du 16 janvier 2022, Jadran SVRDLIN, blog hébergé par le site Médiapart.

https://blogs.mediapart.fr/jadran-svrdlin/blog/150122/de-la-greve-de-lunite-syndicale-et-de-sa-pertinence

******************************************************************************************************************************************

 

En vérité le 13 janvier.

 

Le 13 janvier… Le 13 janvier ?
Les astres étaient bien alignés.
Parents d’élèves et salariés
De l’Ecole se soulevaient,
Pour les élèves, en vérité.

Le 13 janvier ? Le 13 janvier ?
On avait tous bien précisé
Ce qu’on voulait, ce qu’il fallait.
Les Stylos Rouges avaient bossé
Mieux que ceux dont c’est le « métier ».

La grève de ce 13 janvier ?
Syndiqués ou non syndiqués,
On savait bien quoi demander :
Du Respect. Qui se déclinait
Concrètement, là, dans les faits.

Faire grève ce 13 janvier ?
Mille raisons de protester !
Manifester, revendiquer,
Et tout bloquer, jusqu’à gagner !
Pour les élèves et pour de vrai.

La grève donc, du 13 janvier ?
Du jamais vu, en 20 années !
Ce mouvement inespéré
Allait enfin faire changer
Les conditions de nos métiers.

En premier lieu ? « Respect… Respect… »
« Il faut vraiment nous respecter
Et cesser de nous écoeurer. »
« Nous sommes bien trop méprisés. »
« Je n’en peux plus, je vais craquer… »

« On ne veut plus être exploités ! »
« Nous méritons d’être payés
Mieux que cela, en vérité ! »
« Le point d’indice est congelé ? »
« Pourquoi ces classes surchargées ? »

« Où est le sens de nos métiers ? »
« On est broyés. Broyés. Broyés… »
« L’AESH s’est suicidée
Et quatre collègues ont craqué
Dans mon lycée. Vous comprenez ? »

Le 13 janvier, en vérité ?
Une vraie grève, un grand succès !
Alors le soir on négociait…
Ils négociaient ; on attendait,
Confiants dans les hauts délégués.

Et là, t’as vraiment déconné…
T’as déconné, Vénétitay !
On s’était tous mobilisés,
Tu n’avais plus qu’à dérouler,
Le plus dur avait été fait !

T’as déconné, Vénétitay !
Car quand on ne sait pas négocier,
Qu’on cherche la célébrité,
Qu’on est là que pour se montrer…
On ne se dit pas « satisfait » !

Le 13 janvier, t’as tout cassé.
Les astres étaient bien alignés,
Mais un désastre a découlé
De ta grosse incapacité
A négocier. Calamité !

 

01

 

 

L’Ecole, enjeu politique ? (2) Quand le plus influent des syndicats d’enseignants accompagne et précipite la mise à mort volontaire de l’Ecole… Tout savoir sur cette impasse ahurissante grâce à Jadran SVRDLIN.

 

Sous le titre « De la grève, de l’unité syndicale et de sa pertinence », l’excellent enseignant Jadran SVRDLIN revient sur la mobilisation du 13 janvier et sur l’incroyable incapacité de certains représentants syndicaux à freiner la casse de l’Ecole.

                                                                                                                           Pierre-André DIONNET

 

******************************************************************************************************************************************

Ci-dessous, De la grève, de l’unité syndicale et de sa pertinence, article du 16 janvier 2022, Jadran SVRDLIN, blog hébergé par le site Médiapart.

https://blogs.mediapart.fr/jadran-svrdlin/blog/150122/de-la-greve-de-lunite-syndicale-et-de-sa-pertinence

******************************************************************************************************************************************

Billet de blog 16 janv. 2022

De la grève, de l’unité syndicale et de sa pertinence

Attention : ce billet n’est pas anti-syndicaliste. Il sera peut-être qualifié comme tel par des gens qui ne savent pas lire. Je laisse volontiers ceux-là dans leur monde noir et blanc. Je suis syndiqué et j’invite tout le monde à l’être. Sans syndicats nous mourrons. On n’aimerait juste pas mourir avec. 

                                                                                                                                          Jadran SVRDLIN

      

 
   

La journée du 13 janvier a bien été une journée historique. Une mobilisation massive dans l’Education nationale a eu lieu portant en elle une potentialité forte. Depuis quatre ans et neuf mois que M Blanquer règne rue de Grenelle, jamais il n’a été secoué d’une telle manière. Les commentaires médiatiques relayant sa fébrilité en sont bien une preuve. Ces médias qui n’avaient jamais songé à le mettre face à ses contradictions et manipulations pointent désormais une mise sous tutelle ou des conflits avec les autres membres du gouvernement, notamment Olivier Véran. 

Autre signe du potentiel que porte cette grève, M Blanquer a été obligé de reconnaitre son importance sur le perron de la rue de Grenelle. Même si cette fois encore il a minimisé les chiffres concernant le taux de grévistes il n’a pas adopté son refrain habituel selon lequel seule une minorité d’enseignants n’apprécierait pas sa politique. 

Tentons d’analyser comment semble être exploitée cette potentialité par les syndicats et les militants.

Tout d’abord, rappelons que le prétexte pour cette grève était la situation sanitaire et sa non-gestion par le gouvernement et M Blanquer en particulier. La goutte d’amertume qui a tout fait déborder ont été les allègements successifs du protocole depuis la fin novembre et la vague Omicron. Mais nous savions depuis deux ans déjà que le ministre ne nous protégeait pas et qu’il jouait sans arrêt avec la réalité. Ses promesses non-tenues sur les vaccins, les différents protocoles, l’hommage à Samuel Paty, la revalorisation « historique » (la liste peut être longue) n’ont fait qu’exaspérer les personnels sur le terrain. Ses manipulations des chiffres de contamination et sa stratégie consistant à répéter ad nauseam qu’on ne se contamine pas dans les écoles ont fait leur temps. 

Mais indépendamment de la crise sanitaire, nous avons bien des raisons de nous opposer à M Blanquer. En dehors de la non-revalorisation, qui avait pourtant été annoncée comme historique par le ministre qui n’a pas froid aux yeux, habitué depuis longtemps à travestir éhontément le lexique, il y en a d’autres. Des raisons essentielles quant à la simple survie de notre métier. Pour le premier degré, la loi Rilhac et l’expérience marseillaise sont là pour nous achever. Si cette expérience est généralisée comme c’est annoncé par M Macron lui même, qui sera là pour faire une grève ou même protester de quelque manière que ce soit alors qu’on risquera de perdre le poste qu’on occupe ou le passage à l’échelon supérieur?

En effet, dans le projet prôné par M Macron, il faut plus de souplesse et d’autonomie dans les établissements. Concrètement ces jolis mots signifient que le directeur d’école devenu chef d’établissement aura la possibilité de recruter lui-même les enseignants de son école mais aussi que la part du « mérite » dans le salaire doit être plus importante. Quand on voit qu’aujourd’hui, même la perte d’un jour de salaire est un énorme frein à la mobilisation, imaginez ce qui en sera lorsque les conséquences seront bien plus graves. Entraînés dans cette spirale de précarisation, et même de prolétarisation, les enseignants sont enchainés à cette trajectoire qui les fait aller vers la perte totale du sens de leur métier. 

Les premières victimes de ce logiciel néolibéral appliqué à l’école ne sont pourtant pas les enseignants mais bien les élèves et leurs familles (lire à ce propos mon précédent billet). Pour bénéficier d’autre chose que d’un enseignement au rabais il faudra débourser ou bien emprunter puis rembourser. D’ailleurs, M Macron, sûr de sa victoire, annonce la couleur : l’université gratuite et les bourses sont des choses dont il faut savoir se séparer. Le fait qu’il fasse cette annonce au moment-même de la mobilisation du monde de l’éducation montre bien sa détermination. 

Nous sommes devant un vrai choix de société et pas seulement une lutte corporatiste comme aiment présenter la situation des experts des chaînes de désinformation. Chacun peut d’ores et déjà envisager les conséquences concrètes d’une telle trajectoire et éventuellement à la lumière de ce questionnement réévaluer son positionnement vis à vis des luttes enseignantes. 

Concernant les réformes dans le premier degré, des syndicats sont conscients du danger. Ainsi, au Snuipp, syndicat majoritaire, on a évoqué la « ligne rouge » à propos de ces deux projets dont l’un est concrétisé (la loi Rilhac a été votée et s’appliquera à la rentrée prochaine alors que l’expérience marseillaise débute au même moment et sera généralisée si elle se révèle « efficace »). Avant les vacances d’automne ils avaient même communiqué sur une mobilisation en novembre qui n’est jamais venue alors que la loi était en train d’être discutée et finalement votée.

Donc ligne rouge mais sans réelle opposition à son franchissement. Ce paradoxe apparent s’explique par plusieurs paramètres. L’explication la plus souvent donnée était que les enseignants ne se mobiliseraient pas. Et c’est vrai! La dépolitisation des salles de maîtres ou profs a atteint un tel niveau que beaucoup ne voient pas en quoi consiste le danger. Ce positionnement syndical traduit une fébrilité qui se justifie par une peur de se décrédibiliser en cas d’appel à la mobilisation et que celle-ci ne soit pas suivie. Mais il faudrait déjà prendre la mesure du danger. Si c’est une ligne rouge alors il s’agirait de jouer en conséquence. Si le danger est si grave (et il l’est) et que la dépolitisation empêche une lutte contre celui-là, alors la seule manière de lutter efficacement serait de repolitiser les débats. Or, c’est précisément ce que se refusent ces centrales syndicales, en particulier la majoritaire. 

Nous avons donc, de façon tout à fait inattendue, bénéficié d’un « moment » avec la journée du 13 janvier. L’appel intersyndical se limitait à la question sanitaire. On y réclamait des masques, des capteurs de CO2 et un protocole cohérent avec la situation réelle. Mais une fois cette journée réussie à ce point-là et ce fameux rapport de forces pointant enfin le bout de son nez, il y a là un nouveau potentiel à exploiter. Mais pour l’exploiter il aurait fallu faire un travail de repolitisation auparavant. 

Arrêter par exemple de faire comme si notre problème était l’incompétence du ministre alors que ce qui constitue le véritable danger sont sa détermination et sa capacité à « vendre » une mise à mort comme de la bienveillance ou du bon sens « dans l’intérêt de tous ». Il y a certes eu des actions, des communiqués, mais pas de stratégie globale au niveau de la communication et de la sensibilisation des collègues, mais aussi des parents (puisque cela concerne vraiment tout le monde). Bref, il n’y a pas eu de moyens mobilisés à la hauteur des enjeux. 

Cela s’explique en partie par la conjoncture sanitaire. En effet, depuis bientôt deux ans, les syndicats enseignants courent après les multiples injonctions contradictoires avec le réel et souvent avec elles-mêmes. Cohérent dans son incohérence, M Blanquer peut dérouler tranquillement sa stratégie du choc. Tétanisés, les enseignants ne sont sortis de leurs gonds ni lors de l’annonce du 43ème protocole sanitaire, ni lors du scandaleux Grenelle de l’éducation ni par exemple lors de la confiscation et de l’instrumentalisation de l’hommage à Samuel Paty. 

Mais maintenant que ce potentiel est là, que les gonds ont enfin lâché, on aurait pu imaginer que ce potentiel serait investi en agrégeant des revendications portant sur toutes ces attaques visant le cœur du métier. Celles justement concernant cette mise à mort annoncée du service public de l’éducation (décrite entre autres ici). Or, en sortant de plus de trois heures de discussions au ministère ce 13 janvier au soir, la première déclaration de la représentante du Snuipp était basée sur la satisfaction concernant la qualité du dialogue avec les ministres. M Véran a même été complimenté sur sa manière toute pédagogue d’expliquer la situation sanitaire. Résultat : bien sûr, les radios et télévisions n’ont pas arrêté depuis lors de déclarer les syndicats « satisfaits » et ayant eu gain de cause. (« Vous vous rendez compte: 5 millions de masques et des contractuels en pagaille! » – résumé succinct mais fidèle de l’émission d’Eric Brunet ce même soir). Comment, le lendemain, convaincre les parents (et l’opinion publique en général) que la mobilisation se poursuit? 

Depuis, les communiqués rectifient quelque peu la trajectoire jubilatoire de sortie de réunion en prônant la poursuite de la mobilisation. Mais dans le communiqué du Snuipp, même s’il réembraye vers l’offensive, deux lignes seulement  concernent « la politique éducative ». Ce sont celles sur le report des évaluations nationales de mi-CP. Pas de Marseille ni de Rilhac. Pourtant j’ai bien cherché. Pour quelle raison cette fébrilité et ce refus de revenir sur les anciennes lignes pourtant déclarées « rouges »? Maintenant que l’occasion se présente et que la mobilisation est là, quelle pourrait être la raison de ce non-investissement?

Cela aurait-il détruit cette unité syndicale si précieuse? Il faut bien croire que la raison est là car certains syndicats (en particulier Sud éducation) ont « poussé » vers une nouvelle journée de grève le 20 janvier alors que le Snuipp se cantonne à appeler à la mobilisation du 27 janvier, date de grève interprofessionnelle déjà prévue auparavant. Cette recherche d’unité pourrait ainsi expliquer également l’absence de toute mention de la loi Rilhac et de l’expérience marseillaise dans le communiqué du syndicat majoritaire. Et c’est là que ça devient très problématique car pour avoir cette unité, il faut s’allier avec des alliés objectifs du ministre concernant la casse du métier. Rappelons tout de même que les syndicats SE-Unsa et le SGEN-CFDT soutiennent la loi Rilhac. Même après que le sénateur Max Brisson ait été explicite lors du vote de la loi au sénat. 

Les syndicats qui défendaient cette loi qui est censée donner une « autorité fonctionnelle » aux directeurs d’école arguaient qu’il ne s’agissait aucunement d’une autorité hiérarchique. La nuance est essentielle. En effet, tous les défenseurs de cette loi (y compris les syndicats précités, la députée Cécile Rilhac et donc le sénateur Brisson) n’ont pas arrêté de clamer que les directeurs ne seront en rien des supérieurs hiérarchiques au sein des écoles. Mais une fois la loi votée, voilà que les loups sortent du bois. Ainsi M Brisson est allé jusqu’à citer Jacques Chirac pour expliquer le nouveau rôle des directeurs : « Un chef est fait pour cheffer. » Il a aussi été on ne peut plus clair dans cette autre déclaration : « Contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes (…) les directeurs jusqu’à présent n’avaient aucune autorité sur les professeurs de l’école qu’ils dirigent. Voilà une curieuse anomalie. (…) Ce que le sénat a fait c’est de leur donner une autorité fonctionnelle. » Nous voyons bien que cette autorité fonctionnelle est porteuse d’un potentiel destructeur et que celui-ci est clairement assumé.

Tout ceci nous oblige donc à questionner le sens et la pertinence de cette unité syndicale. Si nous sommes obligés pour lutter contre la casse du métier, de le faire aux côtés de ceux qui soutiennent celle-ci et que de plus, nous devons nous plier à leurs exigences et donc ne pas évoquer ces choses qui fâchent, alors nous nous condamnons d’emblée à l’impuissance. Il me parait évident qu’en nous enchainant de la sorte nous n’avons rien à espérer d’autre que des masques ou des primes. 

Nous luttons juste pour que l’attente de notre mise à mort soit un peu plus confortable et décente. Je reprends volontiers ici l’image des grenouilles qui réclament l’ajout d’un glaçon dans la casserole sur le feu plutôt qu’une échelle pour en sortir. Est-ce vraiment cette stratégie-là qui représente une riposte à la hauteur des enjeux? Surtout lorsqu’on sait bien que des « moments » comme celui que nous vivons ne se produisent que trop rarement. Ne pas les investir pleinement serait désastreux. 

Je rappelle donc que je ne me considère pas comme un anti-syndicaliste primaire en posant un certain nombre de questions. Je suis syndiqué et j’invite tout le monde à l’être. Sans syndicats nous mourrons. On n’aimerait juste pas mourir avec. 

 

******************************************************************************************************************************************

Ci-dessus, De la grève, de l’unité syndicale et de sa pertinence, article du 16 janvier 2022, Jadran SVRDLIN, blog hébergé par le site Médiapart.

https://blogs.mediapart.fr/jadran-svrdlin/blog/150122/de-la-greve-de-lunite-syndicale-et-de-sa-pertinence

******************************************************************************************************************************************

 

 

ASD Pro, une association qui pèse et qui agit, contre le harcèlement et les violences en milieu professionnel. (1) Un travail de fond, de réflexion et de terrain, depuis 2008.

                                                                                                                               

 

 

         Depuis 2008 l’association ASD-Pro mène un travail de fond, un travail de réflexion et de terrain, un travail de lutte contre le harcèlement et les violences en milieu professionnel. Béatrice, Etienne, Frédérique, Pascal, Michel et les autres ont sauvé des vies, et ils en sauveront encore. Ne vous y trompez pas ! L’Association pour la prévention du Suicide et de la Dépression Professionnelle ne traite pas de problèmes médicaux, intimes, personnels, mais bien de fléaux de notre temps : harcèlement, abus de pouvoir, mobbing, humiliations, brutalités hiérarchiques, violations des droits humains, atteintes à la dignité, violences du néo-management, déni institutionnellement organisé, omertas… la liste est longue et aucune secteur professionnel ne peut se targuer d’échapper totalement à ces dérives.

Dans l’Education nationale, le mouvement #PasdeVague est né en octobre 2018 de l’inadaptation de la plupart des syndicats enseignants et de l’inertie trop souvent « complice » de leurs dirigeants (à de notables exceptions près) face à ces violences liées à une organisation du travail et un encadrement pathogènes. L’association oeuvre entre autres à impliquer davantage les acteurs de terrain – dont les organisations syndicales – dans la compréhension de ces violences, dans des actions de prévention, et dans la défense des droits des victimes. Le personnel, les agents, les salariés de l’Education nationale ont tout à gagner à s’enrichir de l’expérience et des actions de l’association ASD-Pro, qui tiendra sa prochaine Assemblée Générale le 11 décembre 2021.

                                                                                                                                Pierre-André DIONNET

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

Le site de l’association :  https://asdpro.fr/

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%lettre-asdpro-novembre2-2021-modifs_page-0001

Ils parlent de l’Ecole (2) François RUFFIN / « Je ne crois pas que l’Ecole peut tout résoudre […] Ils voudraient faire de l’Ecole un îlot [et que] les gamins soient extraits de ce monde alentour où on veut faire de toi un bon producteur, un bon consommateur, et pas trop un citoyen, quand même ! »

Dès mes premiers pas dans l’enseignement, un de mes plus grands plaisirs a été de contribuer à former des citoyens. Vaste et noble ambition !
Ambition atteinte ? Davantage que par tous ces « profs » qui jamais ne se sont engagés dans cette voie, en tout cas.

Ce plaisir ne m’a jamais quitté. Et l’éveil à l’esprit critique constitue un des plus importants bénéfices que j’ai pu apporter à mes élèves.

Mais assez vite, ma hiérarchie locale a exigé de moi que je renonce à éduquer à la citoyenneté. Et que je me borne à mouler de bons cons sots mateurs, et de futurs producteurs bien sages et très dociles.
Mes collègues, pour une bonne part, n’étaient pas concernés par ce type d’enjeux. Cela en arrangeait d’autant mieux quelques-uns d‘entre eux qu’ils se montraient incapables d’autre chose que d’animer des séances de jeux pseudo-pédagogiques, d’abaisser chaque année le niveau des maigres connaissances réellement transmises, et d’acheter la paix sociale en copinant avec des pré-ados.
Se borner à faire semblant d’agir comme un vrai enseignant : c’est toute la différence entre le « prof’ » et le « professeur ». Par la démagogie, on évite les difficultés, et tant pis si on ne permet pas aux élèves de « s’élever ».

Pour avoir refusé de me coucher devant des Zoubinard dont la place devrait encore aujourd’hui être en prison (parmi des violents, des voleurs et des violeurs – mais oui ! ma bonne dame), on m’a causé quelques soucis.

le-proces-des-proces-staliniens,M300261

bef

Bien plus tard, des années plus tard, c’est au pied du beffroi de Béthune, lors d’une agora improvisée de Nuit Debout que m’est venue cette formule, évoquée dans mon précédent billet. « L’Ecole ne permet plus aux enseignants de former des citoyens. Elle les contraint à mouler des cons sots mateurs. ». Non, François RUFFIN n’a bien sûr jamais repris cette expression, contrairement à ce que peut laisser suggérer le titre dudit billet (1). Personne ne verrait ce député de la Somme employer les termes « cons » ou « sots » dans un tel contexte. Pour être au cœur de la « machine Ecole », je puis me permettre, pour ma part, de les employer. Non pas pour dénigrer des élèves ! Bien au contraire ! Mais pour les défendre : les élèves méritent mille fois mieux que d’être bernés par des contre-réformes qui, au fil des ans, ont effroyablement diminué le nombre d’heures de cours dont ils pouvaient bénéficier ; ont effacé les exigences minimales à l’entrée en collège, à l’entrée en lycée, à l’entrée à la faculté ; ont mis à bas et empêché tout enseignement de qualité, sous couvert de modernisation, de pédagogolisme ubuesque, et de passage à l’ère du numérique et à on ne sait quel « monde d’après ».

Ma brève rencontre avec le créateur du Journal Fakir, je l’ai récemment évoquée, ici-même. (2) François RUFFIN n’en a rien gardé et peu importe. L’essentiel est qu’au fil d’autres échanges, de lectures, et de réflexions, ce député, dont la parole est relayée par les médias, ait aujourd’hui une conscience pertinente de quelques-uns des enjeux liés aux dérives de l’Ecole publique.
Qu’on l’écoute :

« Moi je ne crois pas que l’Ecole peut tout résoudre. […] T’as le tout écran à l’extérieur, t’as des gosses qui sont éduqués à l’extérieur pour devenir quoi ? Des bons petits consommateurs, avec des heures de pub’ qu’on leur met dans la tête, et puis à l’école il faudrait qu’ils apprennent à bouffer des légumes ? Tu vois un peu ce que je veux dire ? Et là, tu as l’impression qu’ils espèrent faire de l’Ecole non seulement l’îlot de sainteté, mais qu’en plus, au milieu de ce monde de merde, il faudrait que l’Ecole parvienne à contaminer le monde alentour, et que les gamins ils soient extraits de tout ce monde alentour où on veut faire de toi un bon producteur, un bon consommateur, et pas trop un citoyen, quand même. […] » (3) 

 

Quant à savoir si ma petite formule (qui ne mérite tout de même pas d’être déposée à l’INPI), a fait ou non florès, là aussi peu importe.
Ce qui compte est que les idées passent. Que petit-à-petit on pige que la casse de l’Ecole de la République – et donc la casse de la République – passe tout autant, sinon davantage, par exemple – par les conséquences mortifères de la « fausse bienveillance » – que par la comptabilité sèche de la diminution constante du nombre de postes d’enseignants, de leur pouvoir d’achat, et de leurs droits les plus élémentaires.
« L’Ecole ne permet plus aux enseignants de former des citoyens. Elle les contraint à mouler des cons sots mateurs. »
On m’a dit que sur les réseaux sociaux, des collègues reprenaient parfois cette formule, par exemple en « bannière » de leur compte. Et qu’on y relayait régulièrement les articles de ce blog.
Je remercie celles et ceux qui les relayent, et plutôt deux fois qu’une. Merci, j’en suis ravi.
Non que j’en tire une quelconque satisfaction narcissique, d’orgueil mal placé. Mais parce qu’il faudra bien, un jour, parvenir à dés-invisibiliser les violences faites au personnel de l’Education nationale, comme on commence enfin un peu, ces jours-ci (4), sur le tard, à reconnaître l’ampleur des violences policières, trop longtemps volontairement occultées par certains syndicalistes, par les journalistes, par les médias, par la plupart des politiques, par les décideurs et les gens de pouvoir.

845380

1186699-prodlibe-gilet-jaune-acte9-toulouse-ul-myop-1008645jpg

 

Le parallèle me semble pertinent. Si nous disposions d’images-chocs, de vidéos, de bandes-sons montrant jusqu’à quel paroxysme ces violences, ces brutalités, et – j’ose le mot – ces atrocités, sont aujourd’hui cautionnées par l’institution scolaire, les choses en seraient facilitées. Le grand public ne pourrait y rester insensible.
Oui, il faudrait – entre autres – un David DUFRESNE (5) pour porter ce combat. Un homme, une femme, qui puisse par un recensement méthodique, ou toute autre méthode novatrice, changer les choses.
François RUFFIN mène déjà de nombreuses batailles. Et le milieu enseignant, comme le milieu de l’Education nationale, sont des mondes bien particuliers. Des milieux qu’il vaut mieux connaître « de l’intérieur » si on veut un peu en parler, et en parler de façon qui puisse peut-être être fine, pertinente, loin des clichés dont on nous rebat les oreilles. Aussi est-il compréhensible que ce terrain-là n’attire pas plus que cela le député de la première circonscription de la Somme. Et il n’est pas si étonnant qu’à ce jour, l’Ecole de la République n’ait pas encore trouvé « son » David DUFRESNE.

maxresdefault

« Allô @Rue_ de_Grenelle – c’est pour un signalement » ? Ce pourrait être un beau pendant au « @Allô Place_Beauvau – c’est pour un signalement » de David DUFRESNE, deux fois lauréat du Grand Prix du Jury des Assises du Journalisme.
Samuel FRANCOIS anime le site Transparency Education Nationale avec méthode et rigueur. Le défunt Philippe, et ses amies Jeanne et Marie ont pendant des années recensé les suicides, les faits de harcèlement, le mobbing et divers scandales de l’Education nationale – ce qui a fort irrité et plus fortement encore inquiété un petit réseau de pseudo-syndicalistes solidement « implantés » dans le système éducatif (6). Daniel ARNAUD a écrit un ouvrage de référence, d’autres enseignants ont expliqué leurs lourds déboires dans des livres poignants. REMEDIUM a choisi le support de la bande dessinée. Il y a eu Maurice MASCHINO, Paul VILLACH, Guy LANDEL, Roland VEUILLET. Il y a Françoise LIGNIER, Bruno LE COZ, Isabelle LE FOLL-REMOUE, René CHICHE, Gérard LENFANT, les Tableaux noirs, le Comité Jean WILLOT, les Stylos Rouges. Et aussi sur les réseaux sociaux les vaillantes Joëlle, Bérényce, Rebecca, Hipauline, Claire, Catherine, Christine, Katie, Maud, Dominique, Nathalie, Isabelle, Sophie, Nicole, Agnès, Laurence… ; les vaillants Harold, Laurent, Eric, Renaud, Gérard, Vincent, Hervé, Marc, Manu, Hans, Jacques, Olivier, et bien d’autres.

Tous ceux-là ne suffisent pas. Tout cela ne suffit pas, malgré le talent et toute la bonne volonté de ces lanceurs d’alerte. Non, décidément, il aurait fallu l’aura d’un François RUFFIN.
Dites, François, vous ne voulez vraiment pas nous aider ?
Plus d’un million de salariés paupérisés, dans l’Education nationale… des salariés malmenés, ô, si vous saviez ! Si vous pouviez leur donner un petit coup de pouce…

Pierre-André DIONNET

FRANCE-POLITICS-GOVERNMENT-ASSEMBLY
French leftist La France Insoumise (LFI) party member of Parliament François Ruffin (C) reacts during a session of questions to the government at the National Assembly in Paris on May 28, 2019. (Photo by JACQUES DEMARTHON / AFP)

(1) et (2) Billet du 27 novembre 2020 : https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2020/11/27/ils-parlent-de-lecole-1-francois-ruffin-lecole-moule-des-cons-sots-mateurs-mais-ne-forme-plus-de-citoyens/

(3) Bulletin 83 de François RUFFIN, #BDR83, de 11’46 à 13’16 :
https://www.youtube.com/watch?v=7_VMb-QpUCs

(4) Article du 27 novembre 2020, Florian DELAFOI, Le Temps : https://www.letemps.ch/opinions/violences-policieres-un-deshonneur-francais

(5) Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas le travail de David DUFRESNE : https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Dufresne

(6) De hauts dirigeants syndicalistes, planqués et pas des plus honnêtes (euphémisme) ont longtemps relayé des théories saugrenues et franchement malodorantes au sujet du trio Marie, Jeanne et Philippe, qui a créé et animé le site Omerta au Rectorat. Bien sûr, ces prénoms sont des pseudonymes qui protègent ces trois fonctionnaires : il faut être un peu inconscient pour parler de ces sujets tabous sans masquer son identité – j’en sais quelque chose, pour en payer le prix fort depuis 18 années maintenant.
Non, Marie n’est pas une référence à la mère de Jésus.
Non, Jeanne n’est pas une allusion à Jeanne d’Arc.
Non, Philippe n’était ni royaliste, ni pétainiste.
La rectrice de l’académie de Lille, en poste à l’époque, avait une conception toute particulière du respect des droits de « ses » agents ». Elle se nommait… Marie-Jeanne PHILIPPE. Voilà tout, du choix de ces trois pseudonymes.
Et pour le reste… il n’est pas impossible qu’un jour toute la lumière soit faite sur cette affaire de  bidouilles, de magouilles, et de syndicalistes « jaunes », corrompus jusqu’à la moëlle des os, et qu’on reparle – peut-être – de dizaines d’autres affaires effrayantes évoquées à l’époque sur ce site, et censurées depuis, et enterrées maintenant. Il y a là, pour un journaliste d’investigation sérieux, opiniâtre et courageux, une matière qui pourrait s’avérer très riche, stimulante, et particulièrement croustillante. Sous les tapis la poussière… et quelle poussière !

https://omertaaurectorat.wordpress.com/2018/11/26/le-snes-fsu-et-lunsa-snpden-obtiennent-la-fermeture-definitive-du-blog-omerta-au-rectorat/

 

 

 

 

 

 

.

 

 

5 octobre, Journée française des sous-citoyens de l’Education nationale !

 

 

5 octobre, Journée mondiale

des enseignants.

 

 

 

     En France, le personnel de l’Education nationale a un statut de sous-citoyen, privé dans les faits de la plupart de ses droits, soumis à des violences (salariales, verbales, morales, psychologiques, physiques, symboliques, sexistes, sexuelles, administratives, hiérarchiques, institutionnelles et institutionnalisées, quotidiennes, banales, banalisées), des brutalités, des abus de pouvoir et diverses formes de francetelecomisation le poussant à toujours plus d’inconfort et au renoncement à apprendre quoi que ce soit de solide aux élèves. Notre propre administration oeuvre à truquer les chiffres et à masquer l’effondrement du niveau scolaire réel.

Casser du prof’, détruire de l’humain, harceler, humilier, frapper à terre, démolir. Mettre à bas le service public éducatif et privatiser tout ce qui peut l’être, voilà le projet politique et sociétal qui semble en place depuis une trentaine d’années. Ne surtout plus former de citoyens. Trop souvent, le projet dit de l’Ecole de la confiance brise les enseignants de valeur, ramenés au rang d’animateurs de jeux, et de sous-citoyens : des femmes et des hommes qu’il faut mépriser sinon haïr, des parasites plombant le budget du pays, des inutiles, dont les droits sont bafoués dans l’indifférence de l’opinion publique.

 

5 octobre, Journée française

des sous-citoyens.

 

 

Hommages à Madame Christine RENON. Nous n’oublierons pas. Jamais. (2) Un rassemblement contre l’oubli, le mercredi 23 septembre, devant le rectorat de Lyon.

Rassemblement 23 septembre 14h au Rectorat : Nous n’oublierons pas Christine Renon

Rassemblement mercredi 23 septembre à 14h devant le Rectorat de Lyon pour rappeler à l’institution que, chaque semaine : une personne se suicide dans l’Éducation Nationale !

Il y a un an Christine Renon mettait fin à ses jours.

Dans le sillage de ce drame, le chiffre d’un suicide par semaine dans l’Éducation nationale nous a montré, à toutes et tous, que la maltraitance que nous inflige notre institution est loin d’être un fantasme : elle tue.

Les conditions de travail ne cessent de se dégrader depuis des années dans le primaire comme dans le secondaire sans parler des médias qui se livrent au prof-bashing régulièrement et y sont encouragés par le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer !

Ses réponses face aux collègues en souffrance :

  • Renforcer l’autorité des rectorats et des chef.fe.s d’établissement
  • Instituer une hiérarchie dans les écoles primaires avec un nouveau statut de directeur.trice dont les collègues ne veulent pas !
  • Nier le ressenti des agents, qu’ils soient enseignant.e.s, AED,AESH, ATSEM, administratifs (établissements et rectorat) ou ATSS : toutes ces personnes n’ont aucune raison de se plaindre, il n’y a aucun problème selon lui alors que les démissions, les burn out, les dépressions et les suicides ne cessent d’augmenter !

Les syndicats CGTeduc, Sud Education et CNT appellent donc à un rassemblement mercredi 23 septembre à 14h devant le rectorat de Lyon pour rappeler à notre hiérarchie que nous n’oublions pas.

Non, une fois encore, la rentrée n’est pas « joyeuse » !

mercredi 23 septembre 2020

Rassemblement « Nous n’oublierons pas Christine Renon »

14h00 – 16h00

Rectorat de Lyon

92 Rue de Marseille, 69007 Lyon, France

La parole aux victimes (2) Témoignage d’Isabelle LE FOLL-REMOUE, enseignante de philosophie : « Les profs aussi sont harcelés ».

C’est aujourd’hui que sort en librairie cet ouvrage, publié par Jean-Claude Lattès, dans lequel  Isabelle LE FOLL-REMOUE témoigne du calvaire qu’elle a vécu, dans un lycée, en France, au 21ème siècle.

 

Les profs aussi sont harcelés

/ Trois ans de pression dans un lycée.

 

 

Egdkse5XsAIKCdZ

EgdksuzXsAE0jHPEgdktw8WoAMR4kOEgdktRZXgAEhO16

Un sujet que je connais bien, et pour cause. Les détails des situations de harcèlement subies par le personnel de l’Education nationale sont souvent parfaitement connus de qui de droit, dans divers services des rectorats. Voir un harceleur, un chefaillon-soudard, un mobbeur-assassin, un agresseur sexuel, un violeur, mener carrière sans jamais être inquiété… être félicité publiquement et honoré du glorieux titre-hochet d’Officier des Palmes Académique… être confortablement rétribué par l’Etat malgré (je n’ose écrire « pour ») ses délits, voire ses  crimes… c’est quelque chose qui ne devrait pas être accepté en silence. Aussi je comprends ce qui a amené cette collègue à publier son témoignage – décision rarissime dans l’Education nationale, tant les mesures de répression de l’institution scolaire sont féroces, suivant la logique ultra-violente dite de « l’Omerta au rectorat ».

Pierre-André DIONNET

 

 

Des médias aveugles et silencieux ? (10) Ça commence aujourd’hui, France 2, Vendredi 4 septembre en direct.

              Les hauts fonctionnaires du Rectorat de Lille sauront bien sûr m’en être reconnaissants : j’ai décliné la proposition qui vient de m’être faite, ce matin, de participer à une émission de France 2, Ça commence aujourd’hui, le vendredi 4 septembre, à 14h00, en direct (*).

J’aurais pu y évoquer – et pour cause ! – quelques uns des détails les plus sordides, les plus poignants, les plus terrifiants et glaçants, des délits de harcèlement moral, des violences arbitraires, des agressions ciblées, des brutalités insoupçonnées, des abus d’autorité, des actes de sauvagerie commis en col blanc, des dérapages et des graves dysfonctionnements hiérarchiques, et des mobbing ultra-violents. Mais aussi l’impunité et les multiples Omerta entretenues par qui de droit. Emotion garantie. Pleurs dans les chaumières. Et indignation bien légitime de la ménagère de moins de 50 ans.

Pour les téléspectateurs de France 2, j’aurais pu expliquer comment et pourquoi une mère d’élève peut en toute bonne foi accabler et acculer au suicide un collègue pourtant solide et vaillant, en se laissant manipuler et instrumentaliser par un principal tordu et des plus douteux. Pourquoi telle élue syndicale de premier plan accepte de fermer les yeux sur des agressions sexuelles ou des faits de viol, y compris après le mouvement #metoo. Comment tel proviseur adjoint a les mains libres pour détruire méthodiquement quelques uns des meilleurs enseignants d’un lycée de centre-ville – ce dont rien ne paraît filtrer auprès des médias locaux. Détailler le fonctionnement concret et bien vivace de la promotion canapé. Exposer le lien direct entre la fausse bienveillance, l’effondrement du niveau scolaire, les incivilités, les primes financières accordées aux personnels-de-direction-chefaillons et les violences ou l’ « ensauvagement » (?) de notre société dont on nous parle tant ces jours-ci. Donner à voir la volonté politique de francetelecomiser à bas bruit et pas-à-pas le personnel de l’Education nationale. Cerner le rôle précis des uns et des autres, dans la consolidation active des Omerta et le renforcement de la culture de la complicité à vaste échelle. Et le reste, encore pis…

De quoi secouer un peu le cocotier, quoi.

cocos-nucifera-184456

Chaque enseignant présent sur le plateau aura 20 minutes pour s’exprimer et parler librement de son expérience personnelle. Les témoignages seront diffusés en direct. Ma collègue Isabelle LE FOLL-REMOUE devrait y présenter son livre, dont je vous toucherai un mot demain. Les frais d’hébergement et de déplacement jusque Paris sont pris en charge par l’émission, produite par Réservoir Prod.

Si vous souhaitez participer à cette émission, contactez Morgane ZOUABI (vous m’envoyez sur ce site votre adresse mél, et je vous envoie par mél ses coordonnées). A l’heure où je vous parle, on manque de témoignages d’enseignants masculins. Pourquoi pas vous ?

Pierre-André DIONNET

 

(*) Ce jour-là je ferai cours en lycée, suivant un emploi-du-temps-gruyère des plus gratinés. Mais, dans le strict intérêt du service, j’aurais très bien pu faire reporter mes cours, pour la raison impérieuse de faire connaître ces horreurs, puisque « Le harcèlement, si vous n’en parlez pas, on ne peut rien faire pour vous».

 

N.B. :

Sur l’ensauvagement qui fait l’actualité de ce jour : https://www.huffingtonpost.fr/entry/dupond-moretti-retacle-ensauvagement-cher-a-darmanin_fr_5f4e00f4c5b697186e3ada18

Sur le harcèlement qui cesserait dès qu’on en parlerait : https://video.lefigaro.fr/figaro/video/harcelement-si-vous-ne-parlez-pas-on-peut-rien-faire-pour-vous-explique-brigitte-macron/6044067405001/

 

 

 

Des médias aveugles et silencieux ? (8) François JARRAUD et Le Café pédagogique évoquent (enfin) la francetecomisation de l’Education nationale.

              Il y a quelques jours je rappelais l’urgence qu’il y avait à dés-invisibiliser la francetelecomisation de l’Education nationale, telle que programmée et mise en place pas-à-pas depuis une bonne vingtaine d’années. De nouveau j’appelais de mes voeux à ce qu’on nomme les choses comme elles devaient l’être. Violences faites au personnel (et violences de mille ordres…) ; harcèlement hiérarchique ; abus d’autorité ; humiliations multiples ; agressions à caractère sexuel ; mobbing ; volonté de briser, casser, détruire des êtres humains ; impunité de fait des pires chefs d’établissements scolaires ; instauration d’une véritable Omerta ; déni constant de la réalité entretenu par l’institution elle-même ; culture de la complicité à vaste échelle ; dilution des responsabilités des hauts fonctionnaires et des pouvoirs politiques ; désintérêt absolu des magistrats ; absence totale de volonté politique de faire appliquer les textes de lois en vigueur ; etc.

Cette expression de francetelecomisation devait, sinon faire florès, être progressivement popularisée (1) . Le parallèle entre France Telecom et l’Education nationale devait nécessairement être observé, analysé, pensé puis mis en pleine lumière par les journalistes, les éditorialistes, les syndicalistes, les influenceurs, les décideurs, les citoyens et … les enseignants eux-mêmes.  

Eh bien… voilà que ce jour et pour la toute première fois, ce parallèle est ENFIN établi, sous la plume de François JARRAUD, rédacteur en chef du site Le Café pédagogique, dès la première phrase d’un article révélant de façon exclusive l’enfer du décor de la DGESCO… 

Il aura fallu du temps, il aura fallu beaucoup d’énergie, d’investissement et de ténacité pour que la poignée de lanceurs d’alerte travaillant contre vents et marées (et parfois contre certains dirigeants dévoyés de grosses centrales syndicales…) parvienne enfin à ce qu’on commence – encore bien trop timidement – à cesser de fermer les yeux, à cesser de se boucher les oreilles, à cesser de refuser de dire le réel pourtant placé là, en plein soleil (2) .

Reste très révélateur que cet article s’intéresse non pas – toujours pas ! – aux sous-citoyens que sont les professeurs, non pas aux agents d’entretien, non pas au personnel des cantines scolaires, non pas aux AESH, non pas aux petites mains, aux sans-grades, aux sans-gloire, aux sans-droits, aux centaines de milliers de prolétaires et sous-prolétaires dépendant du ministère… mais que le début de cette prise de conscience passe par l’intérêt accordé à une des parties les plus « nobles » du Mammouth.

Pierre-André DIONNET

(1)  On me confirme que ce terme de francetelecomisation a commencé à être relayé sur les réseaux sociaux, lieux essentiels de contre-pouvoir. Par exemple,  le compte twitter du @cafepedagogique a été ces derniers temps ciblé par quantité de tweets reprenant cette notion de francetelecomisation, en lien avec mon article du 26 janvier dernier. Un très léger lien de cause à effet. Ou aucun ?…  😉

(2)   « Tout est caché » mais « rien n’est caché », loin de là.

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

Ci-dessous article de François JARRAUD, 11 février 2020, publié sur le site Le Café pédagogique.

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/02/11022020Article637170032780125798.aspx?actId=ebwp0YMB8s1_OGEGSsDRkNUcvuQDVN7aFZ1E4yS5hsazRMcXqUKFtBUvLyE_GwFW&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=501124

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

 

 

Exclusif : Faillite des relations humaines de proximité au sein même du ministère… 

L’éducation nationale est-elle devenue France Telecom ? Les enseignants se plaignent souvent du mépris qui les accable. Il n’est pas indifférent de montrer que celui-ci a maintenant cours également à « la centrale », au sein même des services centraux du ministère. Deux documents que le Café pédagogique s’est procuré, le rapport d’audit sur les relations humaines au sein de la Dgesco de décembre 2019 et le compte-rendu de la réunion du CHSCT du 28 juin 2019, en attestent. Souffrance au travail, guerre des chefs, absence d’écoute, dévalorisation des agents sont le quotidien des agents de la rue de Grenelle. Alors que JM Blanquer promet le « bonheur professionnel » au personnel de l’éducation nationale, il est loin de régner à la porte de son bureau. Des indicateurs objectifs mesurent la dégradation de la situation depuis 2017.

 

Un rapport officiel sur la Dgesco

 

A l’origine de ce rapport une demande d’expertise des représentants du personnel au CHSCT de l’administration centrale en juin 2019. Elle se traduit par une mission confiée par la secrétaire générale du ministère aux inspectrices santé et sécurité au travail Delphine Demoncheaux Raggiri et Véronique Juban. La lettre leur demande d’étudier les risques psychosociaux après la réorganisation de la Dgesco décidée par JM Blanquer en juillet 2019.

 

En charge de l’enseignement scolaire, la Dgesco compte 283 agents issus pour partie des corps administratifs, pour partie de personnels propres à l’éducation nationale (enseignants, inspecteurs, personnels de direction). C’est la direction la plus importante de l’administration centrale et son directeur apparait comme le numéro 2 du ministère. C’est aussi une administration que connait bien JM Blanquer puis qu’il l’a dirigée durant deux années entre 2010 et 2012. La réorganisation de 2019 a par exemple supprimé la « sous direction du socle commun » pour la remplacer par une « sous direction des savoirs fondamentaux et des parcours scolaires »…

Pour élaborer leur rapport, les deux inspectrices ont rencontré quelques obstacles : rapports non transmis, données non transmises par exemple sur les demandes de mutation ou le nombre d’arrêts de maladie. Mais elles ont pu mener des entretiens individuels discrets, lancer un questionnaire anonyme, interroger les chefs de service.

 

Souffrance et mépris au travail

Ce qui ressort de leur rapport ce sont des relations humaines très dégradées au sein même du ministère.  » Lors des entretiens individuels, la mission a pu relever des situations de souffrance, concentrées sur certains bureaux. »

La charge de travail pèse sur les employés.  » « Les agents font part à la mission ; d’horaires extensibles, de pauses repas devant l’ordinateur, de travail le soir, les week-ends et pendant les congés. Les dépassements d’horaires sont banalisés, connus de l’encadrement et les récupérations sont difficiles à obtenir ». D’autant que le travail n’est pas priorisé. Par exemple toutes les demandes des deux cabinets (Blanquer et Attal) passent comme prioritaires en court circuitant la voie hiérarchique. Les questionnaires anonymes montrent à 83% un dépassement des horaires de travail régulier.

La Dgesco est animée par une belle guerre de bureaux avec des chefs interdisant à leurs employés d’échanger avec le bureau voisin.  » Les agents font part à la mission des difficultés à travailler avec les collègues des autres bureaux de la DGESCO (voire interdiction), rivalités entre chefs de bureaux de la centrale, des pratiques managériales inappropriées (« vous êtes payés pour obéir, pas pour penser », « management brutal, infantilisant, pinailleur », « dévalorisant voire humiliant ») », note le rapport. Selon les questionnaires, 80% des agents signalent des injonctions contradictoires et 64% une absence d’écoute des managers.

Dans cette guerre des chefs, « il est signalé à la mission une volonté de faire partir les anciens à l’arrivée d’un nouveau chef de bureau, pour se créer sa propre équipe ».

La réorganisation de la Dgesco et l’arrivée d’un nouveau directeur avaient éveillé des espoirs qui sont déçus. Des employés  » ne voient pas d’amélioration possible et font état de leur désarroi et de leur souffrance ». 80% des personnels ayant répondu au questionnaire anonyme disent être au contact de collègues en souffrance.

Dégradation de la santé des agents

Le rapport évalue sans ambiguïté la dégradation de la situation depuis 2017. Les inspectrices constatent « une augmentation des demandes de visites médicales sur les sujets risques psycho sociaux entre 2016 et 2019 (0 en 2016, 7 en 2017, 17 en 2018 et non renseigné pour 2019). Elles notent aussi une augmentation du nombre de postes vacants entre 2016 et 2019 (10 en 2016, 21 en 2017, 18 en 2018 et 26 sur les neuf premiers mois de 2019).

Dans leurs préconisations, les inspectrices demandent de revoir l’organisation de la charge de travail. Notamment elles souhaitent que soit revue « l’orientation des demandes des cabinets » en leur faisant suivre la voie hiérarchique. Elles demandent aussi que les chefs de service se voient rappeler leurs obligations en matière de prévention des risques psycho sociaux, déjà en remplissant les données légales.

Les révélations du CHSCT

Ce rapport sévère est pourtant en dessous de la réalité décrite dans le compte rendu de la réunion du CHCT du 28 juin, un autre document que nous nous sommes procurés. Ce compte rendu cible précisément des bureaux de la Dgesco (et aussi de la DNE) et certains chefs de bureau, parmi les principaux.  La réorganisation des services du ministère a entrainé des départs forcés mais le compte-rendu montre aussi que des agents sont heureux de partir tant la situation est dégradée.

Une experte CGT du CHSCT rappelle que « les chefs de bureau sont évalués sur ce qu’ils produisent, sur la production qu’ils obtiennent des agents par rapport aux commandes, mais ils ne sont jamais évalués sur les conditions dans lesquelles il l’obtiennent ». A propos des cadres elle note « une absence de considération, de respect, de bienveillance, des  humiliations publiques dans les couloirs ». Par exemple une chef de bureau qui dit à une de ses agentes « ici vous n’êtes rien ». Bonjour l’ambiance !

Si le rapport est moins percutant cela tient sans doute au fait que les personnes arrêtées pour risques psycho sociaux n’ont pas été entendues. Celles qui sont parties ne l’ont pas été non plus. A la différence du compte-rendu, le rapport se garde bien de citer les bureaux et les chefs de service qui sont responsables des risques psycho-sociaux. Rien ne dit qu’ils soient sanctionnés.

Un autre regard sur « la gestion de proximité »

JM Blanquer a fait de l’amélioration de la gestion des ressources humaines à l’éducation nationale un de ses thèmes favoris quand il s’adresse au Parlement ou dans les médias. Il a lancé l’idée d’une gestion « des relations humaines de proximité ». Il n’hésite pas à promettre un mieux-être à ses personnels et même leur « bonheur professionnel ».

Il semble pourtant qu’à la porte de son bureau, dans l’administration qu’il connait le mieux, les réformes qu’il a introduites et le type de gestion qu’il impulse quotidiennement aient considérablement dégradé la vie des agents du ministère.

François Jarraud

Le rapport

Sur le décret sur la réorganisation de la Dgesco

 

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (17) Le mobbing ? Mobbing ! Mobbing ! Mobbing !

 

MOBBING ?

 

         Dans mon précédent billet, j’employais pour la première fois sur ce blog le terme de « mobbing ». Mon modeste travail sur les violences faites au personnel de l’Education Nationale m’amène à penser que cette notion de mobbing (tout comme celle de la fausse bienveillance) est une notion clef, un élément phare et un sésame pour saisir l’essence et le fonctionnement de ces violences. Le terme de mobbing soulève beaucoup de questions et d’interrogations, notamment de la part de collègues.

Il n’est pas inutile de rappeler que le mobbing peut se définir comme « un processus concerté d’élimination d’un employé, d’un collègue, qu’on appellera la « cible ».

 

 

« Processus concerté », cela signifie qu’il suffit qu’un principal de collège et son adjoint s’y mettent pour qu’un professeur pourtant solide soit acculé au burn-out ou au suicide. Qu’une CPE et un proviseur s’accordent, que les collègues fassent mine de ne pas piger, et en toute discrétion, un crime se déroulera, une enseignante se foutra en l’air et ses meurtriers s’en tireront avec de belles promotions de carrière, en se retranchant derrière la dilution de responsabilité, et la méconnaissance, par la plupart – comme par les magistrats, procureurs, juges, et avocats – de ce qu’est le mobbing.

 

Il serait donc salutaire que les enseignants, tous les agents du service public éducatif, les parents d’élèves, les syndicats d’enseignants, les associations de lutte contre le harcèlement ou contre le suicide, les professionnels du droit, les journalistes et les médias, les pouvoirs publics s’emparent de cette notion, et la fassent connaître le plus largement possible. C’est le meilleur moyen de faire reculer ce processus francetelecomien : le sortir de l’ombre et de l’opacité dans lesquels l’institution scolaire elle-même s’efforce de le maintenir.

 

On s’interroge : « Mobbing ? ». Il faut répondre : « Mobbing ! Mobbing ! Mobbing ! ».

 

                                                                                                                                                                                     Pierre-André DIONNET

Hommages à Monsieur Jean WILLOT. Nous n’oublierons pas. Jamais. (2) Quels hommages ?

 

 

Qui est Monsieur Jean WILLOT ?

En quoi l’institution scolaire est-elle coupable et responsable de la disparition tragique de cet excellent enseignant ?

Une partie des réponses à ces questions ici, dans ce précédent billet; mais aussi bien sûr dans les nombreux articles et documents traitant du sujet.

 

Comment lui rendre hommage ?

Et comment contribuer à faire en sorte que cela ne se produise plus jamais ?

De mille façons différentes.

1) En s’informant de la manière la plus fine possible sur les mécanismes institutionnels qui ont engendré ce drame.

2) En en parlant autour de soi, par le bouche à oreille ou via les réseaux sociaux, au hasard des rencontres et des conversations avec des inconnus comme avec des proches ou en famille, dans des réunions publiques ou privées.

3) En sensibilisant à ces questions les enseignants, les personnes travaillant dans l’Education Nationale, les étudiants, les élèves, les parents d’élèves, tout un chacun.

4) En interpellant directement les chefs d’établissements scolaires, les directeurs d’école, les Inspecteurs d’Académie, les Inspecteurs Pédagogiques Régionaux, les DASEN, les recteurs d’académie, les chefs de service des rectorats, le ministère, la DEGESCO, Monsieur le D.R.H. de l’Education Nationale, Monsieur le ministre Jean-Michel BLANQUER lui-même.

5) En sollicitant la Justice de ce pays, qui en est encore à la préhistoire dans le domaine des violences faites aux enseignants.

6) En mettant au pied du mur les élus, nos représentants, le personnel politique.

7) En notant comment tel et tél média s’emparent – ou non – des questions des violences subies par le personnel de l’Education Nationale : ce que tel média en dit et ce qu’il n’en dit pas.

8) Par des actions concrètes et des actions symboliques, en observant chaque année une minute de silence en date du 15 mars ou dans les jours suivants, dans chaque classe, dans chaque salle de cours et dans chaque amphithéâtre.

9) En renommant des établissements scolaires du nom de Monsieur Jean WILLOT, au cours de cérémonies publiques (d’initiatives locales, officieuses ou non, tolérées ou pas par les pouvoirs publics) : école Jean Willot, collège Jean Willot, lycée Jean Willot, mais aussi – et pourquoi pas – salle Jean Willot, centre Jean Willot, amphithéâtre Jean Willot, faculté Jean Willot, université Jean Willot, rue Jean Willot, avenue Jean Willot, boulevard Jean Willot…

10) En signant des pétitions, en lisant et en diffusant des articles de presse, en contribuant à leur diffusion sur les réseaux sociaux, sur les blogs, sur les sites informatiques, sur facebook et sur twitter, etc.

Par mille autres moyens : à chacune et à chacun de se montrer inventif, créatif, et d’agir.

Pour qu’on n’oublie pas de sitôt Monsieur Jean WILLOT.

 

Pierre-André DIONNET

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (13) Violences faites aux enseignants et au personnel de l’Education Nationale : les taire, c’est les cautionner.

« Les enseignants et le personnel de l’Education Nationale subissent de nombreuses formes de violences.

Violences salariales,
violences verbales,
violences morales,
violences psychologiques,
violences physiques,
violences symboliques,
violences sexistes,
violences sexuelles,
violences administratives,
violences hiérarchiques,
violences institutionnelles et institutionnalisées,
violences quotidiennes,
violences banales, banalisées.
»

Les taire, c’est les cautionner.

                                                                                                                                                                                                                          Pierre-André DIONNET

Marlène SCHIAPPA : les enseignantes considérées comme des sous-citoyennes ? (1) Une Secrétaire d’Etat nommée depuis 20 mois.

Par bien des aspects, les enseignantes sont considérées en France comme des « sous-citoyennes ». Il n’est pas excessif de l’écrire.

Je ne pense pas seulement ici à leur traitement salarial étique ; ni à la différence de rémunération et d’avancée de carrière entre femmes et hommes ; ni au décalage entre le niveau de recrutement et de responsabilité des enseignantes, et celui de fonctionnaires exerçant dans d’autres ministères et bénéficiant d’un salaire très largement supérieur.

Je ne pense pas seulement au mépris qui s’exerce tout autant envers les enseignants qu’envers les enseignantes. Mépris qui, parfois sous couvert d’humour, se diffuse aussi bien au comptoir du Café du Commerce, que parmi ceux qu’on nomme les « élites », en passant par toutes les strates de la population, sans exception aucune. Mépris généralisé. Mépris bien commode pour que se défoulent les uns, et pour que les autres ciblent de parfaits bouc-émissaires : les professeurs seraient responsables  de tous les maux sociaux et financiers qui épuisent un pays en son entier (« ce sont ces fonctionnaires paresseux qui sont à l’origine de la « dette » de la France, l’évasion fiscale n’y est pour rien », selon une petite musique aussi répandue que pernicieuse et efficace).

Je pense d’abord à leurs Droits. Je pense aux Droits. Aux Droits dont chaque humain dispose, selon les Lois, les textes souverains, les règles d’équité, les Chartes, les Conventions, les normes juridiques, les principes internationaux, le bon sens débonnaire qui considèrent comme égaux tous les êtres vivants identifiés comme appartenant au genre et au groupe des humains.

Oui, du point de vue du Droit, en pratique, les enseignantes sont considérées en France comme des « sous-citoyennes ».

Les lectrices et les lecteurs de ce site le savent. Celles et ceux qui lisent les (rares) ouvrages, les (rares) articles de presse, les (quelques) autres blogs traitant plus ou moins du sujet ou – plus souvent – de sujets connexes, le constatent comme moi. Et la démonstration n’est plus à faire. La Grande Muette ? Ce n’est plus l’armée, qui depuis la publication en 2014 par Leila MINANO et Julia PASCUAL de La Guerre invisible. Révélations sur les Violences sexuelles dans l’Armée française travaille (trop) lentement à libérer la parole et à agir concrètement. La Grande Muette, depuis longtemps déjà, c’est d’abord l’Education Nationale. Celle que dirige le Ministre Monsieur Jean-Michel BLANQUER. Celle qu’a dirigée avant lui Madame Najat VALLAUD BELKACEM, et bien d’autres avant eux.

Chance. Le 25 novembre 2017, notre Président de la République a choisi de déclarer Grande Cause Nationale de son quinquenat l’Egalité entre les femmes et les hommes. Auparavant, le 17 mai 2017, Madame Marlène SCHIAPPA a été nommée Secrétaire d’Etat auprès du premier Ministre – ce n’est pas rien, et il n’est pas possible que rien n’en sorte, il n’est pas possible qu’il n’en sorte rien, ni trois fois rien. Les choses ne peuvent que bouger, dès lors. Cela ne peut se faire d’un claquement de doigts, mais des mesures fortes, concrètes, de terrain, efficaces, efficientes, visibles, novatrices, innovantes, vont venir modifier pas-à-pas le réel.

Par exemple, il ne sera plus possible, pour un chef d’établissement scolaire, d’agresser sexuellement une enseignante, ou – au choix, selon son bon vouloir et la vulnérabilité de ses victimes – « sa » secrétaire, « ses » collaboratrices, « son » personnel chargé de l’entretien, le personnel de cantine, l’infirmière, les surveillantes, les A.E.D., les A.V.S., « son » adjointe, « sa » C.P.E., « sa » gestionnaire, « son » intendante… Du moins, le « grand patron » au-dessus des lois n’aura plus l’assurance que tout sera fait pour étouffer les faits ; pour minimiser l’affaire ; pour éviter le scandale ; et « au pire », pour inverser les rôles des victimes et de l’agresseur ; pour que les victimes doivent rendre compte judiciairement de prétendues diffamations ; pour que les juges se montrent très magnanimes, très tolérants, fort bienveillants et très à l’écoute des théories fumeuses du supérieur hiérarchique coupable de viols mais jamais condamné.

Cela ne se fera plus dans l’impunité, une impunité de fait. Dans une totale impunité pénale. Dans l’opacité. Dans une ombre entretenue par l’administration elle-même. Dans un brouillard voulu et entretenu par l’institution, par chaque pan de cette institution, puissants syndicats compris; et relayé par l’institution judiciaire. Par exemple, on assistera à quelques procès pénaux forts, symboliques, édifiants. Des procès  dont le verdict, le retentissement et la portée « éducative » dissuaderont une fois pour toutes les minuscules Harvey WEINSTEIN sévissant dans l’Education Nationale.

Par exemple, le harcèlement moral hiérarchique sera lui aussi éradiqué, lui qui produit les mêmes dégâts, les mêmes effets, les mêmes gâchis humains que les agressions sexuelles : je parle bien du vrai harcèlement moral, ultra-violent et prolongé dans le temps – 5 ans, 10 ans , 15 ans et plus de calvaire sans répit ! – et par rapport auquel il n’existe aucun garde-fou, aucune issue, aucune échappatoire : qu’on lise ou relise Daniel ARNAUD, Paul VILLACH, Guy LANDEL, Roland VEUILLET, le trio Marie Jeanne et Philippe, Pierre-Yves CHEREUIL, Samuel FRANCOIS, ou les articles de ce blog.

Le 8 mars 2018, Journée internationale des Droits des femmes, j’ai pris l’initiative d’écrire à Madame Marlène SCHIAPPA, Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre (ou si l’on préfère, j’ai alerté sans détour et sans fard l’équipe de travail qui l’entoure, sa Directrice de Cabinet, son Directeur de Cabinet adjoint, et sa Cheffe de Cabinet). Et je ne me suis pas arrêté là. Que croyez-vous qu’il se soit passé, depuis lors ? De prochains billets le préciseront si cela devient nécessaire.

suspense.jpg

shutterstock_100448047.jpg

     

Ce soir, 25 janvier 2019, à partir de 22h00, Madame la Secrétaire d’Etat en personne co-animera l’émission de Cyril HANOUNA Balance ton Post sur la chaîne de télévision C 8. Il se murmure que sous une très relative pression « médiatique » (on se demande bien qui aurait pu agir en ce sens, et par quels biais…) un moment d’échange pourrait être consacré aux violences faites aux enseignantes, ou plutôt à un vague « mal-être enseignant » – l’équipe de la Secrétaire d’Etat aurait préparé une petite fiche permettant, le cas échéant, de répondre avec assurance à toute question sur le sujet.

Wait and see…

picmonkey-collage-tpmp-d831fb-0@1x

         

            Une chose est claire. Au cas où le « malaise enseignant » serait abordé, il sera tentant et facile de se contenter de vagues et bonnes intentions. Ou de promesses creuses. Ou de renvoyer à l’existence d’un énième numéro vert d’ « écoute » ou d’un « tchat’ en ligne » qui ne résolvent rien de la situation particulière des enseignantes piégées et contraintes par leur propre administration, par leur propre employeur, par les dysfonctionnements de l’Education Nationale, cet Etat en roue libre dans l’Etat.

Pas plus que ne convaincront la possibilité de missionner un quantième Comité Théodule,  ou de se référer aux médiateurs de l’Education Nationale (l’académie de Lille en compte pas moins de 3, dont je puis assurer que pas un seul – pas un seul de ces trois fonctionnaires – n’agit efficacement dans ce domaine précis, je puis l’affirmer et en parler d’expérience, documents à l’appui).

Il faudra – il faudrait – autre chose que de la communication. Autre chose que la comm’. Autre chose que du blablablabla. Autre chose que de l’enfumage. Il faudra – il faudrait – des actes forts. A la fois concrets et symboliques, qui marquent les esprits, qui marquent un tournant, qui marquent un virage à 180 ° de la politique publique de notre pays.

Seul le pouvoir politique peut nettoyer les écuries d’Augias de l’Education Nationale.

Seul le pouvoir politique peut décider de mettre un terme à l’aveuglement institutionnalisé, au déni, au tabou, à l’Omerta.

Seul le pouvoir politique peut changer le sort des enseignantes.

Que de « sous-citoyennes », elles puissent demain jouir de leurs Droits, plutôt que d’être, ici et là, malgré elles, le réceptacle déshumanisé des basses jouissances de ces chefaillons criminels que sont leurs agresseurs et leurs violeurs.

Que de « sous-citoyennes », elles puissent demain relever la tête, et commencer à se reconstruire, plutôt que d’être, ici et là, « au mieux », figées ad vitam aeternam dans un statut de victimes d’abus d’autorité, d’excès de pouvoir, de délits patents de harcèlement moral les détruisant au coeur de leur humanité, sans que cela jamais ne soit reconnu. Seul le pouvoir politique possède la clef de ce grand changement, une clef qu’il est seul à pouvoir actionner. Mais en a-t-il la volonté ?

Pierre-André DIONNET, 25 janvier 2019, 22h00.

La commission disciplinaire montée de toutes pièces : marque des recteurs qui perdent pied ? (1) Responsabilité politique des ministres de l’Education Nationale.

Il y a plus de deux mois j’annonçais ici la création d’une nouvelle catégorie d’articles sur le thème de la commission disciplinaire dans l’Education Nationale.

Une décision aussi récente que stupide d’une chef de service (qui se reconnaîtra ou non) m’amène à ne pas postposer plus longtemps l’écriture du premier article de cette rubrique.

Disons-le : la commission disciplinaire (communément appelée « conseil de discipline ») est fréquemment employée dans l’Education Nationale pour briser d’excellents fonctionnaires considérés – par tels ou tels chefs de service d’un rectorat – comme « gênants ». Autrement dit, il arrive souvent que cette procédure disciplinaire soit détournée de ses fonctions, dans un but politique ou une volonté de protéger l’une ou l’autre personne, voire d’étouffer un scandale potentiel. Dans quelles limites ? Pédophilie ? Détournements d’argent public ? Affaires de moeurs ? Favoritisme ? Promotion canapé ? Magouilles et chantages de syndicats dits « majoritaires » ? Viols collectifs sur personnes vulnérables ? Délits pénaux ? Crimes sexuels ? A des journalistes, à des fonctionnaires dont c’est le rôle, à des citoyens soucieux d’équité et de transparence d’ « enquêter » et de répondre – ou non – à cette question.

Un constat : un million de personnes sont employées par l’Education Nationale, dans divers corps de profession fortement féminisés, or, aucun chef d’établissement n’a jamais été condamné, en France, pour violences sexuelles ni pour délits de harcèlement moral envers « son » « petit » personnel. Statistiquement, ce point aveugle de la Justice française est des plus troublants, mais aussi des plus éclairants : l’Education Nationale fonctionne comme un Etat dans l’Etat, où les mieux placés évoluent au-dessus des lois et des principes de notre République. La démonstration en a été faite aussi bien par Paul VILLACH, Daniel ARNAUD, que par les rédacteurs des sites Omerta au Rectorat et Transparency Education Nationale.

L’emploi abusif et déviant des commissions disciplinaires est un des axes forts des conditions permettant de conforter et de perpétuer cette faille judiciaire. Si on peut blâmer le manque de lucidité, de courage ou d’éthique de plusieurs magistrats, il faut aussi pointer du doigt ces déviances organisées institutionnellement au sein de nombreux rectorats. La responsabilité personnelle et individuelle de certains  recteurs, de rectrices, de directions des pôles académiques des affaires juridiques, de Directeurs des Ressources Humaines est à soulever. Celle – politique – des ministres successifs de l’Education Nationale est également à interroger. Elle sera interrogée demain, dans telle ou telle affaire, dans un jour, dans un mois, dans un an ou dix ans. Wait and see… Comme pour le mouvement #PasdeVague, pas bien difficile de prédire que l’insupportable ne sera éternellement supporté.

Pierre-André DIONNET

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (13) Atteinte à la liberté d’expression au rectorat de Dijon.

        Ce n’est pas à proprement parler du « harcèlement hiérarchique », c’est « juste » une manoeuvre d’intimidation, un coup de pression, une forme d’abus de pouvoir, comme on en pratique dans tous les rectorats, depuis toujours. Ne comptez pas sur les gros syndicats de cogestion pour y mettre un terme définitif : ils cogèrent, donc gèrent et accompagnent sans trop regimber. « Négocier la taille des chaînes », ils y sont prêts.

D’autres enseignantes ont eu moins de chance que cette collègue. Agressées sexuellement par leur chef d’établissement, on les a fait taire ; harcelées moralement par leur hiérarchie et leur administration, on les a déboutées avec un cynisme implacable et une arrogance inique ;  acculées sous des prétextes dérisoires à passer devant un conseil de discipline (commission disciplinaire), on les a le plus souvent soutenues comme la corde soutient le pendu. Quoi qu’il en soit, le mouvement #PasdeVague né il y a moins de deux mois n’a pas suffi à faire revenir à la raison tous les Directeurs des Ressources Humaines des rectorats.

L’information est toute fraîche, je laisse mes lecteurs en prendre connaissance et juger par eux-mêmes.

Pierre-André DIONNET

*********************************************************************

*********************************************************************

Ci-dessous, article de Maurice ULRICH, L’Humanité, 18 décembre 2018.

https://www.humanite.fr/au-rectorat-de-dijon-peut-croiser-big-brother-665400?fbclid=IwAR0_sBtI3qLNycf9hmkatuWxUjnzB87eoU38KYd8JWoTB7tIjnLlxGAxgbo

*********************************************************************

*********************************************************************

 

 

Photo : AFP

Photo : AFP

Au rectorat de Dijon on peut croiser Big Brother

Mercredi 19 Décembre 2018
Une enseignante y est convoquée après avoir publié un texte ironique sur un site indépendant à propos de la prestation télévisée d’Emmanuel Macron de la semaine passée. 
Le rectorat de l’Académie de Dijon veille à ce que l’ordre règne en Macronie. Une professeure de Lettres au lycée le Castel de la capitale bourguignonne, Sophie Carrouge, y est convoquée par la direction des ressources humaines après avoir publié sur un site indépendant, Disjoncter info, un texte ironique après la prestation télévisée d’Emmanuel Macron la semaine passée. Datée du 13 décembre la convocation évoquant directement la publication de ce texte  stipule laconiquement « Je vous demande donc de bien vouloir vous présenter à l’entretien prévu le jeudi 20 décembre à 15 heures 30 ». 
« Le grand chef blanc, écrivait-elle, a parlé treize minutes pour apaiser le ressentiment de millions d’indiens. Le grand chef blanc, au début de sa palabre, a prévenu que si les millions d’indiens continuaient de lui courir sur le calumet, il allait être intraitable pour rétablir l’ordre. Il en va de l’autorité du grand tipi de l’Élysée. Le grand chef blanc accorde une part de bison fumé supplémentaire pour les fêtes et chaque mois, les vieux indiens recevront une galette de maïs et une bouteille d’eau de feu ». Et plus loin, « Emmanuel Macron pendant treize minutes a montré son vrai visage, mains sur la table, yeux rivés au prompteur avec l’empathie du dompteur pour le lion. Saute dans le cerceau, français en gilet jaune ou pas, et ferme ta gueule.»
Au pays de Voltaire le rectorat ne goûte guère la charge. Ce qui a toutes les allures d’un véritable abus de pouvoir a vivement fait réagir les personnels enseignants, administratifs et les parents d’élèves du lycée concerné. Appelant à un rassemblement aujourd’hui à 15 h15 devant le rectorat. Ils écrivent dans un communiqué :
« Nous, personnels de l’Éducation Nationale, parents d’élèves, représentants syndicaux du lycée le Castel, avons appris avec consternation la convocation de l’une de nos collègues par le rectorat, suite à l’écriture d’une tribune dans une publication dijonnaise. Nous l’assurons collectivement de tout notre soutien. Dans la période de mobilisation actuelle contre les différentes réformes dans l’Éducation nationale, une telle convocation apparaît comme une volonté de faire pression sur l’enseignante et de faire taire toute expression de contestation. Un tel contre-feu ne nous empêchera pas de nous mobiliser contre les réformes en cours. Où est la « liberté d’expression » dans « l’école de la confiance »? 
Le même communiqué rappelle la volonté des personnels d’être reçus par la rectrice d’Académie sur leurs revendications.
Maurice Ulrich
Par Ailleurs la professeure concernée, Sophie  Carrouge nous a fait parvenir le texte suivant :
 « 1968-2018. Le cinquantenaire du joli mois de mai. Et chacun de s’extasier benoîtement devant l’inventivité des slogans, des affiches, des modes de lutte. Même si la « commémoration » n’est pas celle du 11 novembre et que le président n’a pas fait de périple mémoriel rue Gay Lussac, il n’empêche que 68 se retrouve muséifié et que les enseignants peuvent analyser par exemple la fameuse photographie de Dany-le-Rouge face aux CRS. De même, en tant que professeur de lettres on m’encourage à faire étudier les textes les plus subversifs de l’histoire de la littérature qui, bien entendu, selon les programmes de l’éducation nationale, nous-ont-permis-de-devenir-ce-que-nous-sommes, c’est-à-dire des citoyens libres de circuler, de penser, de manifester. Je n’aurai pas l’audace de me comparer à tous ceux qui, dans le passé, ont risqué leur peau pour que vivent leurs idées. Moi, j’ai juste écrit dans mon coin un texte mal embouché, révoltée par les treize minutes d’allocution d’Emmanuel Macron et qui a été publié sur un site étiqueté libertaire et protestataire. Je l’ai signé et, audace suprême, j’ai cité ma fonction, enseignante, et le nom de mon lycée. Pour cette raison et d’autres peut-être, me voilà convoquée au rectorat de mon académie par le service des ressources humaines et je suppose que je devrais rendre des comptes à ma hiérarchie sur le « droit de réserve » aussi insaisissable que l’Arlésienne mais que j’ai apparemment bafoué. Et cela, c’est grave, plus grave que les violences policières contre nos élèves, plus qu’une réforme du lycée qui réinvente la lutte des classes, plus qu’un monde qui ressemble à une dystopie de roman d’anticipation des années 50. L’Education nationale a le sens des priorités. S’en prendre à une enseignante qui depuis 30 ans fait son travail et le fait correctement est une urgence beaucoup plus urgente que de proposer une réforme qui corrigerait les inégalités sociales et ne serait pas une machine à broyer les cerveaux et les cœurs. »

 

Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (18) Une Marche le 24 novembre contre les violences sexistes.

 


250 personnalités appellent à manifester contre les violences sexistes le 24 novembre

Tu as le sentiment que malgré une certaine prise de conscience, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles patine ? Viens marcher avec #NousToutes le 24 novembre !

250 personnalités appellent à manifester contre les violences sexistes le 24 novembre

Mise à jour du 19 novembre 2018

Charlotte Abramow, Marine Baousson, Clémentine Autain, Léa Bordier, Guillaume Meurice, Ovidie, Martin Winckler…

Autant de noms qui te sont sans doutes familiers, surtout si tu lis madmoiZelle régulièrement. Autant de personnes qui ont signé, avec près de 250 autres, une tribune publiée ce 19 novembre dans Mediapart et sur France Inter.

Rendez-vous le 24 novembre pour la marche contre le sexisme

Ils et elles appellent dans leur texte à marcher contre les violences sexistes et sexuelles dont sont victimes de trop nombreuses femmes en France et dans le monde.

« Les violences sexistes et sexuelles empêchent plus de la moitié de l’humanité, les femmes et les filles, d’exercer leurs droits fondamentaux. Elles bouleversent leur vie entière.

Les solutions sont connues. Elles sont portées de longue date par les associations qui accueillent, avec des moyens dérisoires, des femmes victimes partout en France.

Nous avons besoin de politiques publiques ambitieuses de prévention qui pourraient changer les comportements, comme elles l’ont fait pour des sujets de santé publique.

Nous avons besoin d’une éducation obligatoire dès le plus jeune âge à la non-violence et à l’égalité filles-garçons, d’une formation systématique des professionnel·les qui accueillent les victimes, de l’utilisation effective des outils de protection prévus par la loi, de l’augmentation significative des moyens alloués aux associations et de places suffisantes pour l’hébergement des femmes victimes. »

La manifestation, sous le mot d’ordre #NousToutes, est prévue le samedi 24 novembre 2018.

Personnellement, j’y serai. Parce que ça fait plus de deux ans que j’écris chaque semaine au sujet des violences sexistes et sexuelles. Deux ans et demi que je m’exhorte à sensibiliser, sur Internet et dans mon entourage.

Et quel meilleur moyen de faire entendre ce message, si ce n’est descendre dans la rue pour réclamer l’attention de la France entière ?

Tu seras avec nous ?

À lire aussi : À qui profitent les divisions entre féministes ?

Mise à jour du 18 octobre 2018

Quelques semaines après le premier rassemblement du mouvement #NousToutes, ses instigatrices passent à la vitesse supérieure, dans de très nombreuses villes en France.

Le 24 novembre, une grande marche féministe

Ce 8 octobre, 600 femmes appellent à marcher le 24 novembre prochain, pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.

Parmi elles, Rebecca Amsellem, des Glorieuses; Pénélope Bagieu que tu connais bien sur madmoiZelle; Lauren Bastide, du podcast La Poudre; Fatima Benomar, militante aux Effronté.es; Nadia Daam, journaliste féministe; Maïa Mazaurette, Chroniqueuse sexe; Hapsatou SY, animatrice TV et entrepreneure, mais aussi Cécile Duflot; Audrey Pulvar et bien d’autres.

Leur tribune a été publiée sur France Info :

« Nous marcherons le 24 novembre pour dire haut et fort que nous voulons en finir avec toutes les violences sexistes et sexuelles.

Nous marcherons le 24 novembre car nous sommes convaincues que si nous faisons reculer ces violences, nous ébranlerons ce système injuste que nous subissons toutes à des degrés divers.

Nous marcherons le 24 novembre pour exiger des mesures ambitieuses et des moyens.

Nous marcherons le 24 novembre pour que celles qui viendront après nous vivent dans un monde dans lequel être femme n’expose pas à plus de violences et ne donne pas moins de droits que d’être homme.

Nous marcherons le 24 novembre, rassemblées, pour montrer notre force. »

Toi aussi, tu peux les rejoindre en signant l’appel qui est le leur sur change.org, mais aussi et surtout en descendant dans la rue le 24 novembre !

Le mouvement est entrain de se répandre partout en France, avec des comités locaux par dizaines. Tu peux trouver la carte ici-même !

Leur rôle est simple, même si très important :

« Un comité local, c’est simplement la réunion des volontaires #NousToutes qui se retrouvent pour mener des actions (diffusions de flyers, collages) ou animer des débats sur la question des violences.

Les comités locaux seront aussi chargés d’organiser les différentes marches partout en France le samedi 24 novembre. »

Et si tu n’en trouves pas près de chez toi… N’hésite pas à le créer ! Pour cela rien de plus simple : il suffit de remplir ce formulaire.

Pour en savoir plus sur #NousToutes, c’est ci-dessous.

Publié le 21 septembre 2018

La déferlante #MeToo, c’était il y a bientôt un an.

Elle a provoqué des prises de conscience par centaines et par milliers, des débats et polémiques sans arrêt, surtout, elle a permis d’enclencher un mouvement pour que la honte change de camp.

Pourtant, en janvier dernier, quelques mois après que les témoignages aient inondé les réseaux sociaux, 37% des Françaises et Français ne savaient pas ce que c’était.

Nous Toutes, la suite de #MeToo

Cela signifie qu’il reste sans doutes un paquet de personnes à convaincre que les violences sexistes et sexuelles sont une réalité quotidienne dans la vie des femmes.

C’est pour cela qu’un groupe de militantes issues de divers courants et associations a décidé de lancer #NousToutes.

Le but ? Que l’on se retrouve toutes dans les rues de France pour une grande marche le samedi 24 novembre, à la veille de la journée internationale de lutte contre les violences de genre.

#NousToutes, un mouvement né de la colère et de l’envie de faire avancer les choses

« Nous toutes, c’est d’abord une colère. »

C’est par ces mots qu’a démarré la présentation du mouvement ce 20 septembre à Paris, retransmise en direct sur Facebook.

Une colère due au fait que nous sommes si nombreuses à nous mobiliser depuis si longtemps pour faire disparaître les violences sexistes et sexuelles, mais qu’elles demeurent une triste réalité.

« Mais si chacune et chacun d’entre nous, on maîtrise les outils de détection des violences, d’emprise […], si on maîtrise ça et qu’on est capable de les transmettre à d’autres […], en trois ans, on peut changer les choses. »

L’idée est de diffuser ce savoir, de sensibiliser autour de soi, « dans les repas de famille, à la machine à café », et de frapper très fort le 24 novembre avec une marche qui nous réunira toutes.

#NousToutes, un mouvement qui veut réunir malgré les divisions

#NousToutes veut frapper fort donc, avec une marche à Paris mais également des marches, partout en France, pour celles qui ne pourraient pas se déplacer.

Je trouve important de mentionner ce qui a été dit au cours de cette première soirée, au sujet des divisions qui traversent le mouvement féministe :

« Il y a des débats – notamment sur la laïcité, la prostitution, l’économie – qui divisent profondément.

On n’est pas toutes et tous d’accord, et il y a même des divergences qui peuvent paraître insurmontables.

Ça ne veut pas dire qu’on les dépassera, qu’on les oubliera, mais l’idée qu’on a eu c’est que Nous Toutes puisse être un formidable mouvement d’éducation populaire.

On s’est dit qu’on pouvait être ensemble ponctuellement, ce 24 novembre, même si on était en radical désaccord sur certains points. »

C’est à mes yeux un point clé de ce mouvement : sans nier les divergences qui existent, ce 24 novembre, nous pouvons défiler ensemble, dans toutes la France, pour réclamer la fin des violences sexistes et sexuelles.

Comme l’ont fait les Argentines, les Américaines, les Espagnoles, les Sud-Africaines, et tant d’autres encore.

Nous sommes capables, en France aussi, de nous réunir et de frapper fort pour sensibiliser aux violences sexistes et sexuelles.

Tu seras de la partie ? 

Pour participer et suivre #NousToutesPour être tenue informé·e de l’organisation de la marche contre les violences sexistes et sexuelles, tu peux t’inscrire sur le site de #NousToutes.

Tu peux aussi suivre le mouvement sur les réseaux sociaux :

Et pour t’engager plus concrètement dans leurs actions, tout est indiqué dans ce post :

https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2FNousToutes241118%2Fposts%2F277315069777596&width=500

COMMENT AVOIR UN TEINT PARFAIT ?

Esther

Esther est tombée dans la marmite de madmoiZelle quand elle était petite. Elle n’a pas grandi, mais elle a depuis développé de fortes convictions féministes. Au croisement de la rubrique actu et de la rubrique témoignages, elle passe de temps en temps une tête à l’étranger pour tendre son micro aux madmoiZelles du monde entier !

Tous ses articles

Commentaires
  • ShyBGirly
    ShyBGirly, Le 22 novembre 2018 à 23h43
    Calli

    Je voulais dire « rares sont les hommes à s’engager au sujet des difficultés des hommes » ! Je me suis mal exprimée…
    Ce’ n’est pas aux femmes de porter cet engagement, et pourtant, elles le font par la force des choses. Les assos féministes reçoivent des hommes victimes de violences, des hommes en questionnement sur leur sexualité… Donc les assos féministes font déjà des choses pour les hommes, même quand ce n’est pas vraiment le but de leur existence.
    Sinon je n’ai pas bien compris ton message. C’est vrai que les hommes peuvent être mal reçus quand ils veulent aborder leurs propres difficultés face à leur genre. Mais je ne vois toujours pas pourquoi on ne pourrait pas pour autant consacrer une journées pour les violences faites aux femmes seulement, qui sont plus fréquentes et fortes. On a pas à parler des problèmes des hommes dès qu’on parle des problèmes des femmes, surtout quand ils ne sont pas comparables.

    Il y a des associations spécialement pour les hommes battus ou toutes sorte de violences qui s’engagent et même à envoyer des rapports, tenir des rendez-vous avec le gourvement.
    Des féministes et des MRA s’engage et en parle des problèmes.

    C’est une bonne chose que les féministes aide les hommes, mais est-ce que les hommes n’ont pas peur de la réponse d’une association féministe, ou leurs site ne mentionne pas les hommes victimes car ils ne sont pas renseigné comme les sites du gouvernement et du coup ils ne sont pas nombreux ?

    La seule chose qui manque c’est plus d’aide pour ces hommes, comme un hébergement d’urgence pour les hommes battus, des spot de campagne et affiches mixtes, etc. Ça serait idéale pour contrer les réflexions sexistes et préjugés des femmes et hommes (surtout eux avec le fantasmes de se faire violer par une femme) une association canadienne à rassemblé presque tous les mythes et préjugés sur les garçons et hommes victimes.
    Je suis bien contente qu’ils ont rajouté « forcer à pénètrer » dans la loi du viol au mois d’août.
    Ça avance à petit pas, c’est déjà bien.

    Les violences faites aux femmes sont plus fréquente car c’est le plus médiatisé et compris de la société, elles sont plus aidé par la société car la femme à un statut de victime, comparé aux hommes qui n’est pas tant médiatisé et compris.
    Comme Muriel Robin a dit dans une émission, un homme a des muscles et une force donc il peut se défendre contre une femme et du coup elle ne mentionne pas dans sa pétition.
    Sauf que problème, un homme est battu ou abusé sexuellement dans son couple toutes les 4 minutes, il y a 146 000 hommes victimes de violences conjugales par an, etc il y a d’autres chiffres et pourtant ces résultats ne sont pas connu et compris de tous, ça vient de ONDRP 2017. Une étude 2016 dit que 3% des hommes battus et 10% des femmes battues décident de se tourner vers la justice.
    Un autre problème si l’homme battu se défend et touche sa femme, il risque d’avoir des ennuis, d’après des témoignages, ils ont eu des plaintes.

    Et comme toujours les chiffres sont sous estimé, selon un sondage américaine et prendre en considération forcé à pénètrer (c’est à dire que la femme ou l’homme utilise le pénis de l’homme sans son consentement comme un sextoys) il y a autant d’homme victimes de violences sexuelles que de femme mais les femmes sont plus, cependant si on rajoute les chiffres des viols en prison, ils sont majoritaires.
    Ce genre de sondage prenant en compte forcé à pénètrer n’en a pas en France.

    La justice est inégalé chez les deux sexes, si la femme est victimes il y a plus de chance que l’homme s’en sort ou que l’officier ne croit pas la victime, il va s’en doute d’aller voir les médecins, alors que si c’est l’inverse, l’homme sera plus ou moins être mis en garde à vue et prouvé qu’il est victime, si ce n’est pas le cas, l’officier ne le croierait pas ou alors main courante de même pour la femme, de ce côté là la femme et l’homme on le même problème pour déposer plainte sauf que on considera systématiquement l’homme comme coupable.

    J’ai lu un témoignage comme des tas de témoignages, où des hommes sont faussement accusés alors qu’ils sont eux même victimes de violences conjugales et dans ces moment là, les flics vont toute suite arrêter l’homme.
    Le témoignage que j’ai lu, c’est un homme battu pendant x année, des fois devant sa fille, un jour sa été trop il s’est enfui avec des traces de coups et griffes, il est parti porté plainte, le premier officier n’a pas accepter sa plainte, une femme policière demande de porter plainte avec elle, sauf qu’il faut une carte identité. Du coup il retourne chez lui pour récupérer la carte identité mais sur le paillasson de la maison, il se fait arrêter pour violences sur sa femme. Retour au commissariat, la femme policière reconnais l’homme et décide finalement de porter plainte. Il y a plusieurs cas comme ça, pour la garde de l’enfant ou autre.

    Mais même comme ça, un homme battu sont très rare à avoir la garde de l’enfant, c’est le cas d’un autre témoignage et c’est carrément sa fille qui témoigne à la place de son père.

    Pour moi, il n’y a pas plus important que l’autre, car l’autre est plus présent. Non, moi je considère toutes types de violences important.

    On m’a dit que ça serait bien qu’il y est une journée pour les hommes. Sauf que ça risque de faire polémique, crier à la misogyne et sexiste, ou à minimiser les violences faites aux femmes, etc.

    Apres on peut faire une journée pour toutes violences sexuelles et sexistes qui inclut tout le monde, mais si on fait une journée pour tout le monde que devient les autres journées, il ne serait pas plus sur de rendre une journée déjà existante sur les violences et de le rendre mixte ?

    Après ce n’est que mon avis sur la dernière question.

    C’est simple si on fait seulement pour les femmes et seulement pour les hommes, il y aurait des complications et toujours du mépris pour les hommes, comme c’est toujours le cas pour la journée internationale de l’homme (ça date depuis longtemps et non listé ou officiel de l’ONU) qui est toujours incompris et reçoit de la colère (on entend parler tous les jours des hommes ou la journée de l’homme c’est tous les jours) des moqueries car c’est aussi la journée des toilettes (très récent et officiel). Enfin si vous m’avez compris ce que je voulais dire.

    Désolée pour les fautes et si mon message parrait bizarre.

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (10) La CGT-FERC en pointe de la lutte contre le harcèlement sexuel.

Contre le harcèlement hiérarchique la CGT FERC est sans doute un des rares syndicats enseignants à agir réellement, là où d’autres instances se payent de mots et laissent faire. Un communiqué diffusé il y a moins d’une heure par la CGT FERC vient le rappeler.

Reste à agir concrètement de façon plus efficace et plus visible, pas seulement en matière de harcèlement sexuel mais aussi et surtout en matière de harcèlement hiérarchique moral et d’abus de pouvoir banalisés. Dans les lycées. Dans les collèges. Dans les écoles. Là où pour le moment rien ne bouge vraiment.

La violence – les violences – exercée par certains proviseurs, certaines principales adjointes, certaines directrices d’école reste en 2018 un sujet tabou, et les harceleurs bénéficient, dans les faits, d’une indulgence et d’une impunité absolues. L’administration de l’Education Nationale ferme les yeux. Les procureurs et les juges ont mieux à faire qu’à demander des comptes aux Zoubinards. Les syndicats enseignants peinent à traduire concrètement les bonnes intentions, qui du reste sont très rarement affichées (raison de plus pour relayer le communiqué ci-dessous 😉 ).    

Pierre-André DIONNET 

 

*********************************************************************

*********************************************************************

Ci-dessous, communiqué de la CGT FERC, 20 juin 2018.

http://www.ferc-cgt.org/communique-lutte-contre-le-harcelement-sexuel-une-sanction-exemplaire-qui-doit

*********************************************************************

*********************************************************************

 

Voir cette Infolettre dans votre navigateur.

Communiqué – Lutte contre le harcèlement sexuel : une sanction exemplaire qui doit en appeler d’autres !

La CGT FERC Sup se félicite d’une toute récente décision (voir en annexe) de la section disciplinaire de l’université Lyon 2 qui a reconnu le harcèlement sexuel et l’emprise exercés par un directeur de thèse sur une doctorante.

La sanction prononcée est de 12 mois d’interdiction d’exercer toute fonction d’enseignement et de recherche, avec privation du salaire. Décision qui met en évidence des situations d’abus de pouvoir.

Cette décision est exemplaire, en comparaison aux nombreux dysfonctionnements des procédures disciplinaires.

Les faits se sont déroulés dans un laboratoire de recherche (UMR) hébergé par l’ENS Lyon, mais l’enseignant-chercheur et la victime relèvent de l’université Lyon 2.

L’Union Nationale CGT FERC Sup salue le courage de la victime, le soutien inconditionnel des doctorants qui l’entouraient, mais aussi l’accompagnement et les conseils tout au long de la procédure du syndicat CGT FERC Sup de l’ENS Lyon, dont les mandatés au CHSCT avaient parallèlement déposé un droit d’alerte qui était resté lettre morte, contrairement à l’obligation d’enquête qui pesait sur la direction de l’ENS Lyon.

La CGT FERC Sup se mobilise pour que cessent ces violences sexuelles dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche (ESR) et qu’enfin nos chefs d’établissements prennent les mesures qui s’imposent dans l’organisation du travail. Nous rappelons aux employeurs publics leur obligation de protection des agents et des usagers de leurs établissements. (Voir la Directive européenne du 12 juin 1989 et plus précisément les prescriptions faites dans la circulaire du 9 mars 2018 relative à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans la fonction publique)

Montreuil, le 20 juin 2018