« Défense et Illustration des professeurs de Français » (1) Lettre ouverte d’enseignants de Lettres de l’académie d’Orléans-Tours à leurs I.P.R.

            Defense Titre (1)

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Des médias aveugles et silencieux ? (20) Les professeurs de Mathématiques du collège Emile Zola de Marles-les-Mines.

             

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Monsieur Michel RODRIGUEZ : un cas d’école de harcèlement moral hiérarchique ? Déni de Justice, ou proviseur condamné ? (1) « Rentrée des Clashs (1) ».

               

                     
         

          Monsieur Michel RODRIGUEZ est un excellent professeur de Mathématiques, au parcours et à l’évolution professionnelle atypiques, méritoires et épatants.
Malheureusement, la fin de carrière de cet enseignant s’est transformée en véritable cauchemar.
Pourquoi ?
    

Tout porte à croire qu’un petit chef local a exercé à son encontre des abus de pouvoir répétés qui l’ont brisé, et qui ont commencé alors que ce professeur agrégé devait temporairement faire face à une situation familiale particulièrement difficile.

 
 
 
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           « Des abus de pouvoir » ? Mais… qu’est-ce à dire ? …
Maladresses répétées ? Impairs réalisés sans mauvaises intentions ? Bourdes survenues quasiment d’elles-mêmes et sans que leur auteur ait jamais fait preuve d’une quelconque malice ? 
Ou bien harcèlement moral volontaire, mené sciemment, en toute conscience ?
 
Stupidités d’un chef médiocre, occupant un poste dont les responsabilités le dépassent ?
Ou réelle intention de nuire, de faire du mal, de casser, de briser, de détruire ?
 
Faits anodins ?
Ou délits ?
Ce n’est pas la même chose.
Qui dit délit dit possibilité de procès, et condamnations potentielles. Ce n’est pas rien. A moins que le « pas de vague »…  
 
 
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         On le sait peu car le sujet est totalement tabou. Il est interdit, défendu, impossible d’en parler si on veut travailler en paix, sans être inquiété – et plus encore si on souhaite mener carrière. Et pourtant, le harcèlement moral hiérarchique est très courant dans l’Education nationale, c’est un instrument de la « nouvelle gestion publique » (le « néo management » en « bon » franglais) qui vise à affaiblir, fragiliser et francetélécomiser les salariés de l’Ecole publique. Redoutable, hyper-violent, très efficace… le plus solide et le mieux structuré des êtres humains ne peut en sortir indemne. La culture de l’Omerta et du « pas de vague » ancrée dans toutes les structures de l’Education nationale achève le travail, et « protège » quasi systématiquement les agresseurs, parfois même lorsque ceux-ci commettent des crimes (viols, agressions sexuelles).
 
 
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       Sachant cela, comment juger « de l’extérieur » de ce qu’a vécu Monsieur RODRIGUEZ ?

Comment juger de cette situation, sinon en s’informant au plus près, en découvrant et en examinant méthodiquement les éléments de ce dossier ?
C’est justement la démarche que permet l’initiative prise par cet enseignant agrégé, de dévoiler une partie des faits qu’il a subis, sur un blog (1) qu’il tient de façon publique.  
A vous, donc, si cela vous intéresse, de prendre connaissance des éléments exposés publiquement par cette victime de procédés et mécanismes méconnus du grand public. 
   

Il faut le savoir, quoi que lourdement affecté par ces brutalités et ces violences répétées, Monsieur Michel RODRIGUEZ reste fort, il est solide, et déterminé.   

Il a dû entamer de nombreux litiges contentieux compte tenu des mesures qui ont été prises à son encontre par la direction de son lycée d’exercice, au cours de ses trois dernières années de carrière.
Le tribunal traitant de ces litiges a accueilli favorablement le premier d’entre eux, mais n’a pas retenu les autres car, à la date des décisions de justice, le harcèlement moral au travail qu’il invoquait n’était pas encore établi, du fait de son noviciat et de son « amateurisme » en matière de droit de la fonction publique, face à des professionnels du droit aguerris, sans scrupules ni états d’âmes, et souvent retors (pour ne pas dire plus).
    
Une plainte judiciaire très solidement étayée a été déposée en février 2021 sur le bureau du procureur de la ville dans laquelle s’est exercé le supposé délit de harcèlement. Mais ce dossier tarde à être traité.
A la lecture des éléments étayant la plainte, on affirme ici et là qu’en bonne Justice, le proviseur qui aurait mésusé de son pouvoir et tenté de manipuler des élèves et des parents d’élèves sera à coup sûr condamné, d’autant qu’il serait coutumier de ce type de coups tordus, menés en toute impunité. D’autres victimes potentielles se seraient manifestées auprès de diverses instances. Mais ce « on » n’est-il pas un peu trop naïf ? Combien à ce jour de proviseurs ont été condamnés, en France, pour des faits similaires ou autrement plus graves ? Aucun, jusqu’il y a peu (2).   Selon que vous serez puissant ou misérable… 
   
    
 
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       Y aura-t-il un procès, seulement ?
C’est à voir (3).

Une condamnation pénale d’un des supérieurs hiérarchiques de Monsieur RODRIGUEZ ?
Ce serait quasiment une première en France ! Alors qu’on compte des milliers de chefs d’établissements scolaires et d’adjoints qui sont des harceleurs patents, et qui parfois s’en vantent auprès de leur entourage, la culture des magistrats français veut qu’en 2024 encore, on épargne systématiquement ces délinquants (comme il y a trois ou quatre décennies on se montrait souvent encore particulièrement « indulgent » avec les pédophiles, par exemple).

Oui, plus d’un observateur avisé affirme qu’en bonne Justice, la plainte déposée par Monsieur Michel RODRIGUEZ doit – en théorie du moins – obligatoirement, immanquablement, logiquement, déboucher sur une condamnation de ce proviseur au bras long, aux appuis nombreux, et aux relations influentes. Mais qu’ – en pratique – il y a peu de chances que…
 
 
 
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Qu’en sera-t-il ?
 
* Condamnation à la hauteur des enjeux ?
Ce serait une grande première en France, de l’inédit, de l’inouï, du jamais-vu, un tournant, et disons-le : une véritable petite REVOLUTION !
 
* Condamnation mollassonne ?
Cela aurait encore, encore, et encore, une fois de plus, valeur d’énième « aval », « blanc-seing », « incitation » et « encouragement » auprès des plus dangereux principaux, des plus malfaisants proviseurs, des plus sanglants adjoints de ces petits chefs destructeurs, médiocres caporaux et chefaillons. Le message envoyé serait très clair, d’ores et déjà il est parfaitement reçu et profondément intégré par les personnels de direction : « Continuez à malmener vos subalternes, et à casser des humains, les « salauds de profs » n’ont que ce qu’ils méritent, et vous ne risquez rien ! ».
 
* Ou énième déni de justice, confirmant s’il en était encore besoin que sur bien des plans, concrètement, de fait, les enseignantes et les enseignants sont des « sous-citoyennes » et des « sous-citoyens », en France ?
   

A suivre…

                                                                                                                 Pierre-André DIONNET

   

N.B. : le proviseur visé par la plainte de Monsieur Michel RODRIGUEZ bénéficie naturellement de la présomption d’innocence, aussi accablants soient les éléments factuels évoqués plus haut.
 
(1) « Le blog de Michel Rodriguez » / Le Club de Médiapart : michel.rodriguez1 | Le Club de Mediapart
 
 
SON ACTIVITÉ SUR LE CLUB
(2) A ma connaissance, seuls deux chefs d’établissement scolaires ont été condamnés en France pour des délits de harcèlement moral. Il y a quelques mois, il n’y en avait… aucun : preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que cela constitue un « angle mort » de la Justice, dans notre pays. 
 
(3) Malgré trois plaintes successives et malgré le travail et la vigilance de Monsieur Michel PAILLARD, enseignant et représentant de grande valeur du syndicat Action Démocratie, aucun procès ne s’est tenu dans le cadre des violences subies par Madame Marielle CROQUEFER. On trouve des centaines d’exemples similaires : le professeur est un « sous-citoyen », en France.
 
 
 
 
 

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« Rentrée des Clashs. L’administration centrale et rectorale de l’éducation nationale obéit-elle à une stratégie non écrite dans le traitement des litiges concernant le harcèlement moral hiérarchique ? Protège-t-on de la même manière un chef d’établissement que son subordonné ? Je décris ce que j’ai vécu et que je vis encore … »

Ci-dessous, billet de blog, Rentrée des Clashs / Michel RODRIGUEZ, Le Blog de Michel RODRIGUEZ, 10 octobre 2022.

 
 

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BILLET DE BLOG 10 OCTOBRE 2022

rentrée des clashs

L’administration centrale et rectorale de l’éducation nationale obéit-elle à une stratégie non écrite dans le traitement des litiges concernant le harcèlement moral hiérarchique ? Protège-t-on de la même manière un chef d’établissement que son subordonné ? Je décris ce que j’ai vécu et que je vis encore …

michel.rodriguez1

professeur retraité

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Rentrée des clashs !..

J’aurais tellement préféré ne pas me trouver contraint aujourd’hui de mettre sur la place publique le(s) différend(s) qui m’oppose(nt) à l’institution scolaire et à ses représentants locaux.

Cette institution, je lui ai consacré 39 ans de ma vie sur le plan professionnel, mais, lorsque j’y pense, c’est encore bien plus que cela :

C’est elle qui a motivé l’exil de mes parents, avec leurs cinq enfants, d’Espagne . De leur pays, de leurs racines …

Il fallait donner à ces enfants une formation scolaire et universitaire pour qu’ils réussissent dans la vie, et l’école de Franco, en 1964 ne pouvait pas rivaliser avec l’école de France, gratuite, obligatoire, exigeante, laïque, égalitaire.

La France, à cette époque, qui manquait de bras et de jeunesse accueillait à bras ouverts les familles comme la mienne, voulant s’intégrer.

L’école de France a donc été mon « monde » depuis que j’ai eu cinq ans, et représente une bonne moitié de mes souvenirs de vie …

Cette école, je l’ai tout de suite aimée, et m’y suis tout de suite senti bien, en confiance, rassuré, considéré.

Tout ce que j’ai de français, dans ma culture, c’est l’École de France qui me l’a apporté, je veux dire l’Institution Scolaire française …

Mes parents ont ressenti, lorsque j’ai intégré le monde de l’enseignement, une fierté indicible, eux qui voyaient dans les enseignants en général, mais surtout dans ceux qui s’occupaient de nous, des « modèles » d’êtres humains, et dans l’institution scolaire un temple du savoir, de la raison, et de la transmission…

J’ai été nourri de cet idéal … Et moi aussi, comme j’étais fier, ce jour-là, de leur apprendre mon admission à ce concours de recrutement d’enseignants, même s’il me conduisait à une séparation géographique de 1000 km. Nous habitions Toulouse, j’étais nommé dans le Pas-de-Calais.

Je n’aurais jamais cru à l’époque, qu’un jour viendrait où je ne pourrais faire autrement que de « dire du mal » de cette « grande famille de l’enseignement » dont on m’accordait de faire partie. Ma vie s’annonçait heureuse et mes parents se sentaient « récompensés » pour leurs sacrifices.

Il me faut pourtant en passer par là, on ne m’a pas laissé le choix.

Les « officiels », Ministres successifs, député, Rectrice, ne répondent pas à mes sollicitations ; font comme si mon histoire ne les concernaient pas, comme si la dignité perdue d’un enseignant ne valait pas plus cher que son empreinte carbone !

La première procédure administrative pour me voir attribuer la protection fonctionnelle a pris trois ans, et le jugement annulant la décision de refus d’attribution de cette protection est tombé le 8/04/2022, et pourtant …

… Pourtant, bien qu’il soit aujourd’hui établi que la Rectrice a commis une faute en rejetant ma demande, bien qu’il soit évident que cette faute a porté à conséquences dans la suite des événements, c’est par une nouvelle faute qu’elle choisit de faire obstacle à la manifestation de la vérité et à mon accès à la justice !…

Lorsque j’aurai précisé que le problème central est lié à une situation de harcèlement moral que j’ai subi de la part de mon supérieur hiérarchique, Proviseur de mon dernier établissement d’exercice, chacun comprendra que les motivations de l’administration sont à rapprocher de la règle du « pas-de vagues » qui gangrène notre institution depuis quelques années …

J’ai choisi, faute pour l’administration de me laisser un autre choix, de devenir « lanceur d’alerte ».

Je le fais malgré moi ; et je tiens à ce qu’il soit clair, qu’à mes yeux ce n’est pas l’institution scolaire qui est pourrie, et que les textes fondateurs et les statuts ne sont pas en cause.

Qu’il n’y a donc pas à « refonder l’école », mais seulement à la protéger des dérives managériales qui lui sont appliquées ces dernières années, souvent au mépris des lois les plus élémentaires.

Je veux tout particulièrement parler de ce principe, si élémentaire, si évident, si précieux en République, voulant que tout agent de service public soit protégé par l’État contre les risques liés à sa fonction dès lors qu’aucune faute personnelle, détachable de son service, ne peut lui être opposé … Ce principe qui est consubstantiel à celui de la rigueur dans le recrutement et dans le suivi disciplinaire des mêmes agents, car ils collaborent ensemble à la qualité réelle des services publics et à l’assurance que ces services respectent les finalités que leur confère l’État …

Car c’est bien là que « ça pêche » dans notre institution : Des personnes, nommées dans la chaîne hiérarchique, détournent leur pouvoir et abusent de leur autorité, et une « méta-législation », celle du « pas-de-vagues », vient faire obstacle à ce que la loi de la République vienne s’appliquer à eux comme à n’importe quel agent.

…Au point qu’on en arrive, dans le but de les disculper à prétendre qu’ils agissent « dans l’intérêt du service » quand ce n’est pas « par nécessité absolue du service » !…

Mon histoire n’est sans doute pas la plus scandaleuse, loin de là, parmi celles qui parviennent à la connaissance du public ; mais c’est la seule que je connaisse dans les détails, et dont je peux relater la chronologie et les circonstances de manière suffisamment précise pour que chacun puisse se faire une idée claire.

C’est ce que je vais m’employer à faire dans la suite de cette série d’articles. Cependant, une introduction s’impose, afin de mettre en perspective ma propre histoire dans son contexte sociétal et dans son contexte local.

Environnement sociétal :

Voici quelques exemples de la manière dont étaient, et sont encore aujourd’hui, traitées, au sein de l’éducation nationale, quelques situations en lien avec l’obligation de protection imposée à l’État envers chacun de ses personnels…

J’ai volontairement sélectionné des situations qui ont émaillé l’époque de mes propres démêlés avec l’administration dans le cadre de ma demande de protection fonctionnelle, mais on pourrait remonter plus loin …

On ne pourra que constater que la ligne de force majeure qui se dessine, commune aux divers points évoqués, est la mauvaise foi flagrante et le peu de considération du Ministère et de l’administration scolaire, tant pour le problème de la prévention des risques psycho-sociaux ou pour celui de la protection fonctionnelle, que pour celui du simple respect du droit syndical

a) prévention des risques psycho-sociaux, méthodes managériales.

15 mars 2019 : Suicide de Jean Willot

Le suicide de Jean Willot a mis au grand jour les carences de l’Éducation Nationale à protéger ses personnels.

C’est un fait, la hiérarchie de l’Éducation nationale ne met en œuvre que trop rarement l’application de l’article 11 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 (modifié par l’article 73 de la loi du 10 août 2018). Le cadre juridique (dit de « protection fonctionnelle ») est pourtant explicite lorsqu’un enseignant est victime d’une plainte (de parents d’élève) : « Lorsque le fonctionnaire fait l’objet de poursuites pénales à raison de faits qui n’ont pas le caractère d’une faute personnelle détachable de l’exercice de ses fonctions, la collectivité publique doit lui accorder sa protection. » ou lorsqu’un enseignant est victime d’attaques diverses (de parents d’élèves notamment, mais pas seulement) : « La collectivité publique est tenue de protéger le fonctionnaire contre les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne, les violences, les agissements constitutifs de harcèlement, les menaces, les injures, les diffamations ou les outrages dont il pourrait être victime sans qu’une faute personnelle puisse lui être imputée. »

L’administration ne pourra faire moins qu’accorder à ce suicide le caractère d’accident de service…

En revanche, il ne semble pas acquis qu’elle ait « gardé cette mort sur la conscience » afin d’en éviter d’autres.

02 mai 2019 : Suicide de Jan-Pascal VERNET …

Quarante-huit heures plus tôt, il avait fait l’objet d’une convocation devant l’inspection académique puis d’une suspension à titre conservatoire pour « suspicion d’attitude déviante ». Un « choc » pour cet enseignant décrit comme «passionné », doublé d’une « erreur technique » sur son arrêté de suspension …

la déléguée syndicale qui l’a accompagné à l’entretien raconte : « Durant l’entretien, on lui a bien précisé qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une sanction, mais bien d’une mesure conservatoire, qui ouvrait une enquête. J’ai moi-même insisté sur ce point pour le rassurer ». Elle souligne néanmoins que les questions qui lui ont été posées étaient parfois «vindicatives et insidieuses . Cela n’a pas aidé. Je suis même intervenue à un moment pour dire que ça allait trop loin. Même quand il hésitait à répondre, ça se retournait contre lui.».

Ce n’est qu’en décembre 2020, un an et demi après, que l’administration reconnaîtra l’événement (son suicide) comme un accident imputable au service … Alors que tout était clair depuis le début puisque c’est le jour même du suicide que l’administration adressait une lettre où elle reconnaissait son erreur dans les faits retenus contre lui !

Le courrier est arrivé trop tard … C’est ballot !…

21 septembre 2019 : Suicide de Frédéric Boulé à VALLBONE

Frédéric Boulé, 58 ans, professeur de SVT (Sciences de la vie et de la Terre) depuis 28 ans au lycée international de Valbonne, un établissement réputé au nord de Cannes, s’est suicidé à son domicile. Il n’a pas laissé d’écrits expliquant son geste.

Sur son site, le syndicat Snes-FSU de Nice appelait à une manifestation. Le syndicat lie le drame à « l’absence d’aménagement des fins de carrière, d’une véritable médecine du travail, et de possibilité de reconversion », en soulignant que l’enseignant de SVT s’est donné la mort « cinq jours après avoir rencontré le médecin de la prévention du rectorat ».

Ce même jour, Christine RENON rédigeait sa lettre d’adieux …

22 septembre 2019 : Suicide de Christine RENON à PANTIN (Seine St-Denis)…

Sa lettre dans laquelle elle décrit les raisons de son suicide met en évidence le « marche ou crève » auquel sont confrontés les directeurs d’écoles en France, et plus généralement l’existence d’un traitement inhumain des ressources humaines au sein de notre administration scolaire…

Deux semaines plus tôt, Laurent GATIER s’était donné la mort, sans que cet évènement n’ait mérité la moindre couverture médiatique, alors qu’il était question d’un mal-être qui mettait en cause sa hiérarchie, et de harcèlement moral…

C’est le suicide de Christine RENON et l’émotion qu’il a suscitée qui a convaincu le fils de Laurent GATIER d’organiser une « marche blanche » afin d’attirer l’attention des médias sur le cas de son père …

L’administration, évoquait déjà, le 12/10/2019, par la voix de son Recteur, qu’il convenait de « rester prudent » sur les causes du suicide, qu’il fallait « regarder les faits avec distance », et que « le geste de ce professeur pouvait renvoyer à un mal-être plus général » … bien sûr, bien sûr…

Qui peut prétendre après cette terrible série que le nouveau management imposé dans l’éducation nationale ces dernières années n’a aucun impact au niveau des risques psycho-sociaux ?…

On ne va pas tarder à pouvoir répondre à cette question …

Le 8 novembre 2019 :

Monsieur BLANQUER souligne que les 58 suicides d’enseignants sur l’année 2018/2019, rapportés à la population, ne donnent que 5,85 pour 100 000 au sein de son ministère, contre comparativement 16,7 pour 100 000 au sein de la population générale !… Autant prétendre qu’être professeur, cela protège des tendances suicidaires !

Il annonce par la même occasion, dans la même déclaration, un recrutement massif de médecins de prévention dans l’éducation nationale …

Cette annonce n’était peut-être pas étrangère à la plainte lancée contre lui au pénal pour “manquement de suivi médical” devant la cour de Justice de la République.

Bonjour la cohérence !..

N’y a-t-il pas une mauvaise foi criante à comparer le nombre de suicides à partir d’une statistique émanant exclusivement du ministère ?

Tous les enseignants morts par suicide sont-ils effectivement recensés dans cette liste ministérielle ? …

-Alors que rien n’impose aux familles de déclarer à l’administration la cause du décès,

-Alors que rien n’impose à un chef d’établissement, à supposer qu’il en soit informé, de « faire remonter » l’information,

-Alors que des statistiques indépendantes du ministère (organisées par l’INSERM et concernant l’ensemble des professions) donnaient en 2002 le résultat de 39 suicides d’enseignants pour 100000 (soit 2,4 fois plus que la moyenne générale de l’époque) … Est-il concevable que la situation soit devenue si « calme » dans le milieu enseignant sur les 17 années qui séparent ces deux chiffres ?

Était-il vraiment nécessaire d’ajouter encore à cette mauvaise foi le biais qui consiste à parler des chiffres du Ministère en mélangeant les enseignants avec les personnels administratifs et techniques ?…

Conclusion sur ce point : L’administration communique énormément, dans ce domaine, ces dernières années, largement influencée par les rapports annuels du Médiateur de l’éducation nationale constatant la recrudescence des dossiers qui lui parviennent sur ce thème …

Mais en termes de crédits, comme en termes de décisions de nature à changer les habitudes managériales, rien ne bouge vraiment, et les demandes de ruptures conventionnelles comme les démissions ne cessent de se multiplier.

Le cas du lycée Léon BLUM à CRÉTEIL :

Dans ce lycée, le rectorat avait nommé une chef d’établissement qui s’était déjà donnée à connaître pour ses condamnations dans un autre département pour ses mauvaises méthodes managériales ( En particulier, l’annulation de la non-reconnaissance d’un accident de travail suite à une agression verbale particulièrement violente dont fut victime un personnel administratif. Le tribunal avait enjoint le rectorat de reconnaître l’accident de service.…)

Pendant deux années, les mêmes méthodes produisant les mêmes effets, le personnel du lycée se sont plaints d’un climat toxique, au point que 25 % d’entre eux ont demandé et obtenu leur mutation lors du dernier mouvement !

 Une médiation a été décidée en juin dernier par le Rectorat, mais cette médiation ne débouchant sur aucune décision susceptible de satisfaire le personnel (maintien de la chef d’établissement et dégradation des conditions de fonctionnement…) un mouvement de grève fut lancé à la rentrée.
 Le corps enseignant mettait en cause les comportements de la proviseure, dénonçait des humiliations publiques, des propos discriminatoires et des menaces abusives de retenue de salaire. 
Un «management de la terreur», comme le décrivent plusieurs professeurs et membres du personnel, « un syndrome France Télécom dans l’éducation nationale », ayant conduit à de multiples suivis psychologiques du personnel, et à des mutations anormalement élevées cet été. 

L’histoire a fragilisé les liens entre le rectorat de Créteil et les professeurs, alors que ces derniers attendent encore les résultats d’une enquête administrative lancée mi-septembre et toujours en cours, selon l’académie.

Devant l’ampleur du mouvement et sa médiatisation, la chef d’établissement demanda à être déchargée de ses fonctions, ce qui n’a rien d’une sanction disciplinaire.

Aujourd’hui, un nouveau proviseur est en poste, mais le rectorat entend retenir le salaire des grévistes pendant les 9 jours du mouvement, au cours duquel ils étaient tous présents au lycée, y compris la journée où s’est tenue l’enquête administrative à laquelle ils ont participé …

Qui était en faute ? Qui fait les frais de ces fautes ?…

b) protection du fonctionnaire par l’État …


16 octobre 2020 :

Samuel PATY était décapité sur la voie publique non loin de son collège qu’il venait de quitter !…

Cet acte concluait une série d’outrages à sa dignité depuis que, dix jours avant, il avait, dans le cadre de son cours sur la liberté d’expression, montré en classe deux caricatures de Mahomet.

L’administration s’est défendu, après son décès, d’avoir voulu lui reprocher quoi que ce soit, mais il est largement établi que dès le 8 octobre et jusqu’au 16, Samuel Paty, la principale et les enseignants ont identifié une menace grave pour leur intégrité physique et la sécurité du collège…

David di Nota, dans son livre « j’ai exécuté un chien de l’enfer[…] » décrit en détail le mécanisme ayant conduit au drame :

On y découvre un Samuel Paty désemparé et agacé face à la réaction, ou l’absence de réaction, de sa hiérarchie, alors que se répand un récit mensonger du cours où il a montré des caricatures de Mahomet.

« Tout est parti d’une élève qui n’était pas présente à ce cours. Cela entraîne des pressions de la part de ceux qui se disent offensés, et en vertu de la politique des accommodements raisonnables, il a fallu absolument que le prof reconnaisse une erreur qu’il n’avait pas commise: demander aux musulmans de sortir. Lui le répétera trois jours avant sa mort: ce n’est pas ce qu’il a demandé », insiste David di Nota.

Le livre décortique deux écrits administratifs, avant et après l’assassinat, où l’Éducation nationale se dédouane de toute faute.

« L’administration est tombée dans le piège de sa propre idéologie (…) Le problème des rapports qui ont été écrits sur ces faits est qu’elle passe son temps à faire son propre éloge », selon l’écrivain.

c)respect du droit syndical et des procédures :

Le cas du lycée DE MELLE :

Au lycée Desfontaines de Melle (79), comme dans plus de 500 lycées en France, la communauté éducative, les parents et les lycéens se sont mobilisés en janvier 2020 lors de la passation des premières épreuves du « bac Blanquer », si largement décriées, les fameuses E3C.

Le ministère ne peut alors admettre l’ampleur de cette mobilisation nationale et les foudres du rectorat de Poitiers s’abattent sur 3, puis 4 enseignants de ce lycée rural :

C’est un véritable acharnement répressif qu’ils subissent, suspendus à titre conservatoire pendant 8 mois, ils sont sanctionnés début novembre à l’issue de conseils de discipline où aucun avis majoritaire n’avait pourtant été émis.

Il s’agit d’en faire des exemples. Il s’agit de réprimer et d’intimider. Il s’agit de faire taire la contestation. La conclusion du compte-rendu de l’enquête administrative assume d’ailleurs ouvertement les motivations politiques et idéologiques à l’origine de cette affaire en affirmant qu’« ils restent dans leur logique de combat de la réforme » et qu’il faut donc a minima les déplacer d’office. Pourtant, confronté à une forte mobilisation et à ses propres contradictions, le rectorat de Poitiers recule, proposant des sanctions de plus en plus basses au fur et à mesure de la semaine des conseils de discipline.

Seule Sylvie Contini, passée la première, a à subir, pour l’exemple et de manière arbitraire, cette sanction de déplacement d’office. Elle attaque alors cette décision en référé au tribunal administratif de Poitiers, avec ses avocats financés par la caisse de solidarité.

Le 22 décembre, le verdict tombe : l’ordonnance du TA suspend la sanction du rectorat de Poitiers et demande la réintégration provisoire de Sylvie sur son poste à Melle en attendant le jugement sur le fond. C’est un revers pour le rectorat de Poitiers et Blanquer, piqué au vif, prend officiellement la main sur ce dossier des 4 de Melle, en se pourvoyant en cassation devant le Conseil d’Etat pour annuler cette victoire en référé.

Peine perdue : le Conseil d’Etat a statué, aucun des arguments avancés par le ministère n’est jugé recevable, ce pourvoi ne sera donc pas même examiné, il n’est pas admis !

Le cas du lycée Joliot-Curie à NANTERRE :

Kaï TERADA a appris sa suspension à la rentrée , puis, le 22 septembre, sa mutation d’office dans un lycée de Saint-Germain en Laye , à une heure de trajet de son lycée Joliot Curie de Nanterre.

Il se trouve que ce professeur est une figure connue du syndicat « Sud-éducation ».

Il se trouve que, par ailleurs, il est reconnu comme un enseignant sérieux, qualifié, et compétent, par l’ensemble de ses collègues au sein de son établissement ainsi que par ses élèves et leurs parents.

Il se trouve enfin que, malgré cela, la Rectrice de l’Académie de Versailles, sans qu’aucune faute ne soit reprochée nommément à ce professeur, sans qu’aucun conseil de discipline ni aucune commission paritaire n’aient été consultés, alors qu’une suspension est une décision conservatoire réservée aux cas de manquement graves et doit être accompagnée d’une enquête disciplinaire (ce qui n’a pas été le cas ici…), présente pourtant la mutation de K Terada comme visant « à créer des conditions renouvelées pour reconstruire un climat apaisé, indispensable au bien être des personnels et des élèves« 

Une formule assez provocatrice dans un lycée très perturbé par la sanction qui frappe un enseignant à qui aucune faute n’est reproché et qui est en poste depuis 16 ans dans l’établissement.

… On « perturbe le climat » en annonçant la suspension, et on prétend ensuite l’apaiser par la mutation d’office ?…

Focus à présent sur ce que j’ai vécu moi-même 

1)Qui suis-je ?…

« Un professeur au parcours atypique qui fait profiter ses élèves de sa grande culture, sans oublier l’accomplissement indispensable du programme .» Voilà comment me qualifiait, au printemps 2016, le Proviseur qui allait prendre sa retraite le 1er novembre suivant, son remplacement faisant l’objet d’une période de « doublon » à la tête de l’établissement sur les deux premiers mois de l’année scolaire.

Cette appréciation n’était pas mon seul sujet de satisfaction puisque je venais d’être admis à la hors-classe du corps des agrégés quelques mois plus tôt, et que, pour la première fois de ma carrière pourtant bien remplie, le Conseil d’enseignement de juin 2016, m’avait désigné pour assurer (pour la première fois de ma carrière!) l’une des classes de Terminale scientifique à la rentrée suivante …

Le « parcours atypique » évoqué par le chef d’établissement mérite d’être un peu détaillé, non pas pour faire le malin en bombant le torse, mais pour mettre en évidence, plus loin dans le récit, le niveau d’incohérence des allégations qui vont m’être opposées :

a) les « promotions » successives :

Entré dans l’enseignement à 22 ans, dans le cadre d’un recrutement exceptionnel d’instituteurs (intitulé FIS/DEUG 1982) qui envoyait directement les lauréats en plein exercice sur le terrain, avec une formation réduite à quelques semaines de rassemblement en école Normale, étalées sur trois ans avec titularisation dès la fin de la première année, j’ai été successivement, par concours successifs :

-instituteur stagiaire puis titulaire, (1982)

-PEGC-Maths/SciencesPhysiques, stagiaire puis titulaire (1985)

-Professeur Certifié de maths, stagiaire puis titulaire (1987)

-Professeur Agrégé de maths, stagiaire puis titulaire (1994)

Précisons que seul le « stage » de PEGC a donné lieu à une véritable formation « initiale », pour les autres, et notamment pour celui du CAPES ( que j’avais pourtant passé en candidat externe), il s’agissait de stages « sur le terrain à temps plein »…


b) La formation et les activités périphériques en lien avec la profession :

Ce manque flagrant de formation initiale, je l’ai compensé par une formation, et surtout une auto-formation continue, tout au long de ma carrière, c’est ainsi que je me suis systématiquement inscrit aux stages de l’IREM de Lille axés sur l’histoire des mathématiques, et suis moi-même devenu animateur au sein de cette structure, où j’ai par la suite, en dehors de mon service complet, participé aux groupes de travail sur l’histoire des mathématiques, mais aussi sur les relations Maths-Physique, sur l’enseignement Primaire, sur l’enseignement des maths en Europe (comparaison des modèles éducatifs) …

Sur cette même lancée, j’ai participé, sur mon temps de loisirs, à de nombreux congrès, colloques, journées nationales, consacrés à l’enseignement des mathématiques, et me suis investi dans les activités de la Régionale de LILLE de l’APMEP en tant que secrétaire, et rédacteur du bulletin trimestriel « convergences » (« le bulletin qui a de la suite dans les idées sans être monotone et borné… »).

Je faisais partie de l’équipe organisatrice des journées nationales APMEP de 2001 à LILLE (« mathématiques au carrefour de l’Europe »), notamment en me chargeant de l’invitation et de la traduction de la conférence de Miguel de GUZMAN (ancien président de l’ICMI, « International Commission of Mathematics Instruction »), et de la co-animation d’ un atelier sur « les mathématiques du Bridge ».

c) les postes occupés …

Ma carrière m’a conduit à enseigner les mathématiques à des publics divers, que je résume ainsi … J’ai assuré :

-Tous les niveaux de maternelle et d’enseignement primaire y compris la classe de perfectionnement (devenue CLIS aujourd’hui…). Une année en tant que titulaire remplaçant a beaucoup contribué à la diversification de mon expérience…

-Tous les niveaux de collège, y compris en SES (devenu SEGPA aujourd’hui).

-Tous les niveaux de lycée, à l’exception notable de la terminale scientifique.

-Des BTS technologiques

-Des étudiants en « licence d’enseignement » préparant, à l’Université d’Artois, le concours de professeur des écoles (vacations)

-Des élèves-maîtres et stagiaires IUFM (De Lille et de Montpellier) en formation initiale et continue ainsi qu’en direction de mémoire professionnel (PE et PLC-maths)

-Des élèves-ingénieurs à l’école des Mines de DOUAI (vacations)

-Des professeurs de mathématiques en formation continue

-Des adultes ayant abandonné très tôt le cursus scolaire, au sein du CUEEP de LILLE

Voilà qui devrait justifier amplement la référence de mon ancien chef d’établissement qui parlait de « parcours atypique » … et aurait dû donner quelques doutes à l’IPR ayant retenu à mon sujet, sans m’avoir jamais inspecté, l’appréciation suivante : « on lui conseillera d’adapter son enseignement à la diversité de son public » …

2) Mon environnement professionnel (à la rentrée 2016)

Un lycée de centre-ville dans une ville moyenne du Pas-de-Calais, jouissant d’une bonne image dans son secteur, notamment par ses sections de Bachi-Bac, ses sections sportives, sa section musique, et plusieurs classes européennes et aussi par ses BTS tertiaires.

Bref, un poste idéal pour un enseignant en fin de carrière qui voulait arriver à la retraite « en douceur » …

Le départ à la retraite du proviseur au 01/11/2016 a motivé une période de « passage du témoin » au cours de laquelle le nouveau chef d’établissement intervenait en doublon.

Mais, c’est au mois de juin qui précéda cette rentrée que mon histoire commence par deux anecdotes aux effets diamétralement opposés :

conseil d’enseignement :

Grand bonheur !…

à la suite de deux années scolaires effectuées dans le lycée, qui avaient visiblement donné satisfaction au Proviseur puisque celui-ci m’avait accordé une appréciation dithyrambique dans le cadre de la promotion à la Hors-classe, et dans le contexte du départ d’un collègue, agrégé comme moi qui était nommé sur un poste de classes préparatoires, il fut décidé que l’on m’attribuerait la terminale scientifique qu’il assurait jusque là.

surveillance de Bac :

Patatras !

La Proviseur-adjointe de l’époque avait une conception très personnelle de ce que devait être l’autorité hiérarchique, une conception à la limite du caricatural, elle prenait la moindre remarque face à une de ses affirmations comme une offense, et ne se privait pas de son côté de lancer, même en plein conseil de classe des observations acerbes à des enseignants à propos de leur formulation des appréciations trimestrielles.

Pendant les épreuves écrites du Bac, elle se chargea de la « police des examens », et là encore, sa conception en était caricaturale : Alors que je surveillais une épreuve de 5 heures non-stop, j’avais trouvé judicieux d’amener avec moi un livret de Su-Do-Ku.

En effet il s’agissait pour moi, et ce dans le but d’assurer une surveillance plus efficace, d’éviter de m’endormir : résoudre un sudoku, contrairement à lire un roman ou un journal, n’est pas une activité qui demande concentration et qui diminue la vigilance. Il suffit de baisser les yeux une seconde, de temps en temps, pas plus …

Pourtant, aux yeux de la Proviseur-adjointe, quel crime j’avais fait là !

Elle déboula littéralement dans la classe, pour m’intimer à voix haute, devant des candidats médusés (dont certains avaient été mes élèves cette année-là…), de ranger mon livret immédiatement. Elle ajouta même une réplique cinglante sur les risques d’invalidation de l’épreuve que je faisais courir à l’établissement si l’un des candidats s’avisait de porter une réclamation là-dessus !

Pour mettre fin au dérangement, je rangeai immédiatement « l’arme du crime », et ne répondis pas. Mais sitôt rentré chez moi, j’adressai un message électronique au Proviseur lui décrivant la scène et le priant d’expliquer à son adjointe que :

– c’était elle qui avait dérangé le bon déroulement de l’épreuve et qui faisait risquer une annulation en cas de réclamation

– il eut été plus convenable de me faire signe depuis le couloir, afin de m’adresser toute remarque utile de manière discrète, et me permettre accessoirement de lui répondre.

Le Proviseur organisa un entretien quelques jours plus tard, pour obtenir « la paix des braves »… mais il y avait toujours un grave différend : son adjointe prétendait que je devais m’excuser pour le mail offensant, je me déclarais le premier offensé et refusais donc de m’excuser si elle ne regrettait pas sa propre attitude. Dans ce débat, elle alla même jusqu’à évoquer la sanction disciplinaire qu’elle pouvait réclamer, et je lui répondais « chiche ! Au moins, devait un conseil de discipline, je serais entendu »…
Comme on peut s’y attendre, il n’y eut pas de procédure disciplinaire … Mais en revanche, sans aucune explication, à la mi-juillet, le projet de répartition pour la rentrée suivante me privait de la fameuse terminale scientifique. Voilà comment on punissait le vilain garnement insoumis !

J’appris bien plus tard que la Proviseur-adjointe était « débutante » et effectuait son stage pratique dans l’établissement cette année-là. J’appris aussi que l’année de stage de la Proviseur-adjointe n’avait pas été validée, et qu’elle devait refaire une année de stage… Ce qui me valut de la côtoyer une année de plus …

Pour ma part, je contestais la décision du Proviseur de changer mes attributions de classe, et, en réaction à cette mesure injuste et tardive (j’avais largement avancé mes préparations pour cette classe nouvelle…), je déclarais mon refus des heures supplémentaires au-delà du maximum imposable .

C’est dans ce contexte de « guerre ouverte » que le nouveau Proviseur prit ses fonctions au lycée…

Voilà.

Le tableau est dressé.

Tout est mis en place pour pouvoir raconter l’épopée qui, sur une période de 6 ans, va se traduire par :

-2 dossiers pénaux successifs,

-une dizaine de procédures au tribunal administratif toutes en lien avec une situation de harcèlement moral au travail,

-un dossier d’accident de service du 08/10/2019, pas encore clôturé aujourd’hui, du fait que la consolidation de la pathologie déclenchée par l’accident, « syndrome dépressif majeur en lien avec une problématique professionnelle », n’a pas été retenue par l’expertise médicale de juin dernier.

Et bien sûr une multitude de péripéties relationnelles aboutissant à ce que mon proviseur obtienne à mon égard de l’administration centrale, la déchéance suprême consistant, pour mes deux derniers mois d’exercice, de voir mon poste supprimé de l’établissement et mon affectation changée en « titulaire-remplaçant dispensé de remplacements », sans que ma contestation ne puisse seulement être vraiment considérée par le tribunal, cette décision étant présentée non comme une sanction disciplinaire, mais comme une mesure d’ordre intérieur, dans l’intérêt du service !

Aujourd’hui, alors que, quatre ans plus tôt, j’étais encore dans la peau d’un professeur passionné, compétent, consciencieux, considéré, droit et digne, me voilà changé en enseignant à la retraite brisé, meurtri, déshonoré, malade, dégoûté … mais surtout, tellement indigné …

Mon âme est naufragée sur l’île de la Rumination, au milieu de l’océan des Incertitudes, peuplée de fantômes obsessionnels, d’où je vous adresse ces quelques « bouteilles à la mer ».
SOS … Enseignant en détresse …


Le feuilleton peut commencer …


… merci de m’avoir lu et, à la prochaine … L’épisode suivant est accessible par le lien : SUITE du récit

Des médias aveugles et silencieux ? (19) Quand Le Café pédagogique s’éveillera… (2) « L’éthique », la « déontologie » et les « principes » des chefs d’établissements scolaires : la bonne blague du jour, et le plus gros poisson du mois d’avril.

               

                     Ne jamais essentialiser, ne jamais généraliser, ne jamais faire d’amalgames. On ne met pas tout un groupe d’individus dans le même sac. Mais quand 34 chefs d’établissements scolaires publient en plein mois d’avril une tribune évoquant « éthique » « déontologie » et « principes » des personnels de direction, dans le média en ligne Le Café pédagogique, immédiatement relayée sur Mediapart, on rigole ! On rit de peur d’avoir à en pleurer (1).

Qu’on pense au chef d’établissement de William (2), à celui de Monsieur Michel RODRIGUEZ (3), ou à la Lettre de Direction n° 502 (4) publiée le 30 mars 2015 par l’écrasant, hégémonique, hyper puissant syndicat ultra majoritaire des chefs d’établissements, l’incontournable SNPDEN-UNSA, on se marre ! Invisibiliser systématiquement et réduire des milliers de situations d’une brutalité et d’une violence barbares, des délits patents de harcèlement moral, des cas de mobbing, de suicides provoqués, de violences et d’agressions sexuelles au fait que – citons ce bulletin syndical tout droit issu de « l’ancien monde » – « là un collègue a osé faire remarquer que ce serait bien d’être à l’heure ; ailleurs la connexion internet ne marche pas ou encore la direction refuse de « virer » les élèves « délinquants » sans les entendre », c’est d’un humour franchement cynique et d’un comique assez tordant. Quid des chefaillons criminels et des délinquants qui jamais n’ont été condamnés, et qui ne le seront jamais ? Soyons heureusement assurés qu’aucun d’entre eux n’a jamais été adhérent de cette structure syndicale à la réputation sans taches.

Certes, tous les « perdirs » ne sont pas des « perdirs pervers », loin s’en faut. Mais tous les perdirs pervers (5) n’ont-ils pas très longtemps été « protégés » par tous les perdirs (6) ? La corporation a-t-elle envisagé de commencer à faire un peu le ménage dans ses rangs, après les deux grands mouvements de libération de la parole et de prise de conscience, que sont #metoo et #PasdeVague ? Les bons connaisseurs de ces sujets affirment que non (7). Les Zoubinards criminels ou délinquants qui jouissent de leurs méfaits sans encore jamais avoir été inquiétés sont légion, et l’institution scolaire gagnerait à accélérer sa réforme et son évolution, en la matière. 

                                                                                                                      Pierre-André DIONNET

P.S. : force est de reconnaître aux 34 signataires de cette tribune, une certaine forme d’honnêteté et de courage. A priori, ces personnes semblent se situer à l’extrême opposé des Zoubinards et autres chefaillons de bas étage évoqués régulièrement sur ce blog. Respect à eux si – comme je le crois – c’est bien le cas. 😉

(1) Ce n’était pas son but, mais cette information a fait rire plus d’un salarié de l’École publique comme de l’École privée. Ils en ont – nous en avons- ri jaune, mais bien ri. Ils en ont ri jaune, ou se sont tordus au sol de douleur.

(2) Voir, par exemple cet article, ici :

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (28) Le proviseur de William couvert par les uns et par les autres : une affaire représentative de milliers d’autres…

(3) Voir le blog de monsieur Michel RODRIGUEZ : https://blogs.mediapart.fr/michelrodriguez1/blog/091022/rentree-des-clashs

(4) Voir ce document du « monde d’avant » ici : https://omertaaurectorat.wordpress.com/category/spden/

(5) (6) Le terme « perdir » signifie : « personnel de direction » (proviseur, principal, adjoint, et dans une certaine mesure, parfois, directeur d’école, etc.). Pour être plus exact et au plus près de la réalité, non, tous les perdirs pervers n’ont pas été « protégés » par un système corporatiste archaïque ; régulièrement on a non pas « sacrifié » mais livré à la Justice l’un ou l’autre agresseur sexuel, ou pour le dire autrement, depuis le choc de Villemoison-sur-Orge en février 2016, l’institution scolaire ne fait (en principe) aucun obstacle d’aucune nature à la Justice en matière de pédophilie. En 2024, mettre hors d’état de nuire un principal de collège ayant violé une enseignante n’est plus totalement inenvisageable. Malheureusement, quant aux supérieurs hiérachique auteurs de harcelement moral caractérisé, combien ont été condamnés sinon zéro, jusque très récemment  ?

(7) Nous ne sommes qu’une poignée de lanceurs d’alerte à travailler sur ces questions en France, on nous compte sur les doigts d’une main. Ces derniers temps, des progrès ont été faits, les Omerta et l’impunité qui gangrènent l’institution scolaire commencent très lentement à reculer un peu. Mais nous sommes encore très, très, très loin du compte.  

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« Appliquer le Choc des savoirs ? Perte de sens et reniement de l’éthique pour 34 chef·fes d’établissement »

 

 
Ci-dessous, article de Mathilde GOANNEC, Médiapart, 12 avril 2024 :
 
 
 

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ÉDUCATION ET ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Le cri d’alarme de chefs d’établissement à Belloubet sur les groupes de niveau

Ils s’engagent, fait rare, en leur nom : plus d’une trentaine principaux de collèges de l’ouest de la France interpellent dans un texte commun la ministre de l’éducation, critiquant la mise en place des groupes de niveau, qu’ils estiment contraire à leur « déontologie ».   

La lecture des articles est réservée aux abonné·es.

 les parents, les enseignant·es, c’est au tour des chef·fes d’établissement de sortir du bois. Dans une longue tribune publié  vendredi 5 avril dans le Café pédagogique, plus d’une trentaine de principaux et principales de collèges de Loire-Atlantique et de Vendée, certains syndiqués, d’autres non, font savoir à Nicole Belloubet leur opposition et leurs craintes quant à la mise en œuvre de la réforme des groupes de niveaux, pourtant défendue mordicus par le premier ministre Gabriel Attal lui même.

Casser du prof’ (5) Les « salauds de profs » ont condamné le petit Tom.

               

       Placer l’élève au centre du système éducatif, cela signifie-t’il donner tout pouvoir aux pires élèves et aux pires parents ?
Au détriment de la transmission des savoirs ?
Au détriment de la sérénité des cours ?
Au détriment des autres élèves ?
Et – trèèèèès accesoirement – au détriment des enseignants ?

Le culte de l’enfant-roi et la règle de l’ado-tyran trouvent-ils toujours des limites sur lesquelles s’émousser ?
C’est à voir…

Pauvre chérubin sans défense, pauvre innocente et chère tête blonde, pauvre petit Tom.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi des salauds de profs « s’acharnent contre lui » ?
Pourquoi des salauds de profs l’ont-ils « condamné » ?
C’est si triste. Et tellement méssant. C’est vraiment trop injuste. 

Après tout, comme le précisent les parents de Tom (qui ont un vrai métier, eux… ils sont actifs, eux… ils ne partent pas en vacances à Quiberon avec leurs élèves, eux…) tant qu’ « aucune plainte n’est déposée», tant que le zentil Tom n’est pas reconnu par la Justice comme étant devenu un mineur auteur d’une infraction à caractère sexuel (MAICS), pourquoi prendre la moindre mesure de précaution ? Après tout, si l’on veut bien écouter ses parents, et faire preuve d’un peu de bienveillance, « jusqu’ici, tout va bien ».

                                                                                                                       Pierre-André DIONNET

P.S : c’est loin d’être toujours le cas, alors soulignons-le : ici, l’Inspection académique a pris la bonne décision, et elle est allée dans le sens des enseignantes. Merci aux administratifs qui, dans cette affaire, ont fait preuve de prudence et de bon sens.               

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Ci-dessous, article de Florent REGNAULT, Oise Hebdo, 9 avril 2024, « Sainte-Geneviève. Un garçon de 9 ans interdit de voyage scolaire suite à des «comportements inappropriés», ses parents révoltés. »

… et en prime quelques commentaires lus sur Twitter / X … merci aux collègues qui me les ont transmis. 😉
 

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Sainte-Geneviève. Un garçon de 9 ans interdit de voyage scolaire suite à des «comportements inappropriés», ses parents révoltés.

 

Alors qu’il devait partir une semaine à Quiberon en voyage scolaire, un enfant de 9 ans n’a pas eu l’autorisation de partir. Ses parents sont scandalisés.

 

Par Florent Regnault

 

 
Lundi 8 avril, des dizaines d'enfants sont montés dans le car, direction Quiberon pour un voyage scolaire d'une semaine. (Photo : mairie de Sainte-Geneviève)Lundi 8 avril, des dizaines d’enfants sont montés dans le car, direction Quiberon pour un voyage scolaire d’une semaine. (Photo : mairie de Sainte-Geneviève)
  

Lundi 8 avril, 5h du matin, Sainte-Geneviève (Oise). Des élèves de CM1 et CM2 de l’école Camille-Claudel montent dans le car en direction de Quiberon (Morbihan) pour une semaine de classe découverte. À l’appel, il manque Tom (prénom modifié), 9 ans, scolarisé en CM1. «Il préparait cet événement depuis la rentrée de septembre», se désole sa maman. Malheureusement, le petit Tom ne verra pas Quiberon. La faute à «des comportements inappropriés de cet élève envers des camarades, constatés à plusieurs reprises cette année et depuis l’an dernier» selon la direction de l’école et l’inspection académique. Une décision que ses parents n’acceptent pas.

Un doigt dans les fesses d’un camarade en CE2…

Pour comprendre cette décision, il faut remonter le temps. «ll a eu des petits soucis de comportement en maternelle et CP, mais depuis il s’est métamorphosé», assure sa maman. Sauf qu’en octobre 2022, alors que Tom est en CE2, ses parents apprennent via son carnet de correspondance qu’il aurait mis un doigt dans les fesses de l’un de ses camarades. «Avec un autre garçon, ils ont reproduit une prise japonaise de combat vue dans le dessin animé Naruto, explique sa maman après explications du grand frère. Bien que cela puisse sembler inapproprié, il est important de noter que ce geste était inspiré par un dessin animé populaire autorisé pour les enfants de plus de 8 ans.» Pour qu’il comprenne que ce geste n’était pas à reproduire, le petit garçon a tout de même été sévèrement puni par ses parents.

… puis une main dans la culotte de son amoureuse

En novembre 2023, rebelote. Les parents de Tom sont convoqués pour un nouvel incident survenu à l’école. «J’avais devant moi la directrice et la psychologue de l’école, se souvient sa maman. La psychologue m’explique que Tom aurait mis la main dans la culotte d’une petite fille sans son consentement, l’année scolaire précédente. Je comprends qu’on parle de son ancienne amoureuse. Elle m’indique que les parents envisagent de porter plainte.»

Après explications entre parents, aucune plainte n’est déposée. Après avoir nié les faits pendants plusieurs jours, Tom a finalement avoué que c’était bien arrivé, dans le bus pour aller à la piscine. «Lors d’un second entretien, la psychologue m’a affirmé qu’après discussion avec la jeune fille et ses parents, cette dernière est revenue sur ses dires en expliquant qu’il s’agissait plus d’une découverte entre deux enfants que d’un acte non consenti, complète la maman de Tom. Avec son père, on lui a expliqué qu’à son âge il était normal de se poser des questions et d’avoir envie de se découvrir, mais que néanmoins ce n’était pas autorisé et ça ne devait pas avoir lieu. Nous en avons profité pour aborder la question du consentement avec lui.» Bref, tout est rentré dans l’ordre.

«Les enseignantes ne partent pas sereines avec lui»

Sauf que le 22 mars, quelques semaines avant le départ pour Quiberon, les parents de Tom sont de nouveau convoqués dans le bureau de la directrice de l’école. Cette dernière les informe que leur enfant ne pourra pas participer au voyage scolaire tant attendu. «Selon les dires des enseignantes, elles ne partent pas sereines avec lui», lâche sa mère, scandalisée.

«Par principe de précaution pour la sécurité des élèves, l’école et sa hiérarchie, qui engagent pleinement leur responsabilité dans l’organisation de ce voyage et sont garants de son bon déroulement, ont tout d’abord proposé des solutions d’accompagnement à la famille, indique le rectorat. Aucun accord n’ayant été trouvé, l’école a été contrainte de refuser la participation de l’élève.»

L’une des solutions proposées par l’école était que les parents de Tom l’accompagnent lors du voyage. «Nous sommes actifs tous les deux, on ne peut pas poser de vacances comme ça du jour au lendemain», réplique la maman. Résultat, Tom restera à l’école pendant que ses camarades seront en Bretagne.

Des courriers de soutien, sans succès

«Depuis un mois, il nous répétait qu’il allait faire du char à voile, qu’il allait en Bretagne… Si on l’avait su avant, on aurait pu trouver une solution ! Je ne comprends pas cet acharnement contre lui. Le dernier événement a eu lieu en avril 2023. Pourquoi on le condamne un an après ? Et sur quelles bases ? Aucune plainte n’a été déposée.» Mieux, les parents de la petite fille mise en cause ont appelé la direction de l’école pour montrer leur soutien envers le petit Tom et sa famille. Une dizaine d’autres parents, qui le côtoient au quotidien, ont également adressé des courriers de soutien. «Certains ont même précisé que Tom pourrait dormir avec leur garçon», précise sa maman. Sans succès.

Malgré une énième réunion entre la direction, l’inspectrice de l’Éducation nationale de la circonscription de Méru et les parents de Tom jeudi 4 avril, le petit garçon n’a pas pu monter dans le bus ce lundi 8 avril, pour vivre le voyage qu’il préparait avec ses camarades de classe depuis six mois.

@PigeonEngage
Soutien aux profs qui ne souhaitent plus prendre d’énormes responsabilités sur leurs épaules « On fera tout pour que chouchou parte mais nous on a un métier » « Il a été mimi depuis 1 an » Ptet que les profs en ont eu marre d écrire des mots et se justifier…
 
Sainte-Geneviève. Un garçon de 9 ans interdit de voyage scolaire suite à des «comportements…
 
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@mxtrsm
·
Un doigt dans les fesses d’un enfant en ce2, la main dans la culotte d’une autre de cm1 il y a quelques mois . Ce gosse a un sérieux problème, ça se comprend que ses profs ne veulent pas le surveiller h24.
 
 
 
@MoutonMatheux·
 
Comment j’aurais annulé tout le voyage pour tout le monde moi… « Ok, vous me faites chier ? On reste à la maison » (je crois que c’est pour ça que personne envisage jamais de me confier l’organisation d’une sortie )
 

 
Fourmi laborieuse 
 
@enmodesurvie·
 
Oh les parents…Oh l’article… Non, sérieusement on devrait condamner tous les parents à faire classe un mois,ils verraient les choses autrement.
 
 

 
Almaza @Almaza78855609
Article aussi stupide que partial: on le dirait écrit par les parents eux-mêmes. Si les PE ont obtenu le soutien de l’inspection académique dans cette affaire, c’est qu’il n’y avait pas qu’un problème de manga mal interprété…
 
 
Spouik @chocapouik
Non mais en même temps, le gamin a mis un doigt dans l’anus d’un autre?!?! Ok c’était comme un dessin animé stupide mais c’est un viol en fait. Et après chopé la main dans la culotte d’une élève? Il est dangereux. Je comprends qu’il soit exclu.
 
 
Krine @alicette1502
Ba encore heureux désolé mais les parents ont intérêt à se poser les bonnes questions, on va pas mettre les autres enfants en danger pour pas blesser choupinou
 
 

 
Caroline Phettence
 
@CPhettence
Visiblement, les instits ont été soutenues par leur hiérarchie. Les gens ne se rendent pas compte de la responsabilité que portent les enseignants qui emmènent des gamins avec nuitées. Enfin, si, les parents qui ont un peu de bon sens s’en rendent compte.
 

 
ENIGMA
 
@feuillemagik
 
Ptdr et les parents font tout un scandale ? Le gosse il reste bien à l’école et c’est mérité.
 
 
 

 
Marie Laure Larriviere
 
@Larriviere51053
 
des dégâts de l’éducation bienveillante ?
 
 
 
 
 
Cruella
 
@Anatidess
 
Je connais une reloue qui a voulu porter plainte contre la mairie qui ne voulait plus de son gosse au périscolaire. Motif : il avait foutu une gamine à poil à la cantine. 8 ans. Un gosse pareil, je ne l’emmène pas en voyage. Et si on me fait chier, plus de voyage.
 
 

 
 
¡Profesoraaa! o.1% 
@lnprofe
Franchement oui soutien aux collègues. Les parents ne se rendent pas compte ce que nous devons porter sur nos épaules. Franchement chez ns la direction nous oblige à emmener tt le monde dc parfois pas de voyage avec tel classe pr 1 élève de 13 ans violent,dealer etc. #stopmepris
 
 
#PayUsMore #SilentQuitting
 I am a WOMAN !
@pitchan111
Les parents qui écrivent pour soutenir le garçon sont ils prêts à prendre la responsabilité pénale lors du voyage ? Soutien aux enseignants car oui un comportement inapproprié pendant l’ année doit entraîner une impossibilité de partir en voyage. 
 
 
 
Smnzt @ManzatoSophie
‘Le petit Tom’ et tout ce qui ne figure pas dans l’ article. Merci à l’ien de soutenir les enseignants. Il doit s’en valoir la peine du ‘petit Tom’…
 
 

 
Bobonyan
 
@Bobonyatsu
Les parents sont tellement dans le déni sur les dérives de leur gosse ça fait peur.
 
 
 
Sunny Bulle (A.) @SunyFinebulle
Ces gosses …on voit d’où viennent leur connerie héréditaire parfois. Si un pb survient,c dégénérés hydrocéphales diraient qu’on aurait pu éviter d agressions sexuelles ou autres si on avait pris en compte les antécédents de la « créature ». Qu’ils aillent élever leur gosse. Next
 
 

 
Nadège Chipdel   @NadegeChipdel
Je ne sais pas ce qui est le plus lunaire : 8 ans devant Naruto ou bien le fait qu’il ait mis la main dans la culotte d’une fille mais pas n’imp laquelle : son amoureuse 
 
 
 
Anna Loob  @MaliAnnabel
J’en ai eu un comme ça. On a fini par faire une IP. Qui n’a rien donné car les parents « connaissent du monde ». Et l’ont mis dans le privé.
Delphine LT
 
@DelphineLt1990
Les explications des parents sont tellement… lunaires.
 
 

 
MulotLandDrive  #PasDeVague #StopSuicidesEN
 
@Souris_Sotte
Dans l’article, on apprend que le gamin a mis sa main dans la culotte d’une gamine de 8 ans. L’article parle d’une  » jeune fille  ». 8 ans. N’importe quoi.
 

 
BibiFuck @BibiFeuck
Sanction validée et je sais de quoi je parle !
turbogauche KohLanta era
 
@smoooothAF
L’écriture de l’article c’est aberrant vraiment on décrit des faits SUPER GRAVES d’autant plus quand c’est fait par UN ENFANT et ça répète en boucle « les parents sont scandalisés » comme si c’était eux les victimes alors que leur enfant est un danger pour les autres c’est lunaire
 
 

 
Dupuis anne @Dupuisanne4
Évidemment ! Les enseignants engagent leur responsabilité dans un voyage ! Et au moindre pépin les parents leur tombent dessus … donc oui un comportement inadapté qui met en insécurité le groupe égal pas de séjour.
 
 

 
Quent’un  @Quintusluluff
Je caricature volontairement la position de la mère mais en gros ça donne « Rho ça va, il n’a commis que 2 agressions sexuelles… Et c’était l’année dernière … Et y’a pas eu de plainte ». Ton gosse c’est d’un psy dont il a besoin, pas d’un voyage en Bretagne !
 

 
cecileuhmachin  @Chamallow8310
Ils sont Ok pour que leur garçon dorme avec lui jusqu’à ce qu il revienne en disant qu il a eu droit au doigt dans les fesses… Et on sait d avance de qui ce sera la faute !
 
 

 
𝓡. @Elphedine
 
Franchement… pour que la décision soit soutenue par l’IEN… Il doit y avoir un de ces dossiers sur le gamin, ça fait peur. 
 

 
Nebula City @Nebula_City
Pour que l’inspection soutienne c’est qu’il n’a pas fait que ça et qu’il n’est pas gérable au quotidien…
 
 
 
Nadsfi  @nadia_sfia
Le pire dans cette histoire c les parents ou plutôt la mère elle m’a halluciné !
 
 
 
mamiza @mamiza1
Doit-on rappeler que les voyages scolaires organisés par des enseignants sur leur temps libre ne sont pas un droit ? J’en ai organisé des dizaines. Dans les closes de participation il était tjrs précisé que la présence de l’enfant était conditionnée par son comportement général

Madame Valérie CABUIL, la rectrice qui fait bouger les choses (2) De très bons résultats pour les actions favorisant le respect dû aux femmes, en attendant mieux dans la lutte contre le harcèlement hiérarchique.

               

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LE MONDE D’AVANT
 
 
                 Le 15 février 2018 je m’interrogeais ici (1) sur le bilan de l’ancien recteur Monsieur Luc JOHANN en terme de lutte contre le viol, contre la pédophilie, contre le harcèlement hiérarchique, qu’il soit moral ou sexuel. Depuis les annonces officielles dès octobre 2018 de la fin (toute théorique ? ou bien réelle ?) du « pas de vague » (c’est-à-dire la fin des nombreuses Omertas qui minent l’institution scolaire), c’est là – en principe – un des grands chantiers et une des grandes priorités de l’Education Nationale (2).
 
Mais comment cela se traduit-il, dans les faits ? Entre l’affichage et les actions concrètes, entre la théorie et la pratique, entre les intentions et le terrain, est-ce une feuille de papier à cigarette, ou un gouffre immense ?
 

Le bilan de ce qui a été fait – ou pas – avant 2018 au rectorat de Lille n’a jamais été dressé publiquement ; être dans l’action c’est être tiraillé entre le déchiffrage des résultats obtenus, et la nécessité d’aller de l’avant et de défricher de nouveau terrains.

 
 
 
 
 
UNE RECTRICE APPLAUDIE
 
 
             L’arrivée à la tête du rectorat de Lille de Madame Valérie CABUIL a été applaudie en son temps : une femme dynamique et déterminée, pour lutter contre les fléaux évoqués plus haut, cela a été un excellent choix (3).
 
 

Hands applauding

 
              Six ans plus tard, les applaudissements restent de mise. Le bilan semble très positif dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Mais il reste contrasté en ce qui concerne le harcèlement moral hiérarchique : oui, une certaine dynamique a été enclenchée – c’est une petite révolution en soit – mais trop de victimes attendent d’être reconnues comme telles, et aucune n’a encore été indemnisée. Pourquoi ces différences de résultats ? Quels sont les freins à l’action menée au sommet du rectorat ?
 
 
 
 
LA VOLONTE ET L’ACTION POSITIVE DE DEUX FEMMES DE POUVOIR
 
 
               On peut souligner et saluer ici la volonté réelle de Madame la Rectrice d’académie – volonté partagée et efficacement relayée par Madame Christelle DERACHE, Directrice des Ressources Humaines – de changer les choses, et d’impulser ce changement auprès de chacun des services du rectorat.
Tout cela ne coule pas de source, et d’autres hauts fonctionnaires, dans d’autres académies, ne donnent pas autant pour ces causes, restent attentistes et prennent moins de risques. 
D’autres personnes auraient fait moins, et moins bien, si elles avaient eu en charge ces postes à grande responsabilité, et cela ne doit ni être perdu de vue aujourd’hui, ni être oublié demain.
 
 
 
 
 
HARCELEMENT MORAL HIERARCHIQUE : TROP DE VICTIMES NON RECONNUES
 
 
                Certes, malgré tous ces efforts, ne nous voilons pas la face, mais disons-le, répétons-le, martelons-le : pour ce qui est des abus et des violences hiérarchiques, trop de dossiers épineux restent encore en souffrance – c’est un euphémisme exacerbé, et je suis assez souvent en contact direct avec assez de victimes pour ne pas oublier ni occulter – jamais ! – ce qu’elles endurent.
Tant de résistances sont encore en jeu.
Tant de mauvais plis ont été pris par des individus habitués depuis trop longtemps à se comporter localement en tyranneaux sanglants, sans le moindre garde-fou.
Tant certains chefs de bureaux refusent encore de reconnaître un seul délit – de peur d’avoir à tous les reconnaître ? – et d’admettre leur « bienveillance » fautive et coupable à l’encontre de nombreux délinquants, durant des années et des années de service au cours desquelles ils ont accepté de « fermer les yeux », et fait mine de ne pas voir, de ne pas savoir, de ne pas comprendre, de ne pas entendre les cris des victimes.
Tant la masse de dossiers et de données à traiter est colossale.
Ce manque ou cette absence de reconnaissance constituent une violence supplémentaire pour les victimes, une violence souvent atroce – une violence qu’on n’exposera jamais assez ! – et, quoi que très rarement relayés par l’industrie médiatique, les témoignages en ce sens ne manquent pas, qui bouleversent toute âme auprès de laquelle ils parviennent.
 
 
 
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VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : LES PREMIERS BONS RESULTATS SONT LA.
 
 
              Cependant, si le harcèlement hiérarchique est loin – très loin – d’être résorbé malgré les efforts réels de nos autorités de tutelle, dans les domaines de la lutte contre les violences sexuelles, de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la défense des droits des femmes, de tous premiers résultats sont là, car les actions ne manquent pas, qui s’enchaînent et se complètent, concrètement, sur le terrain. Ce n’est qu’un début. Un premier pas. Une avancée. Il convient de rester prudent et mesuré. Il faut rester extrêmement vigilant. Actif, constructif, volontaire, et poursuivre ce qui a été impulsé. Rien n’est gagné, loin de là, et ce progrès peut très vite être résorbé. Il reste énormément à faire ! Une seule victime à venir, c’est encore une victime de trop, qu’il aurait fallu éviter, qui aurait dû être évitée.
 
 
 
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UN DISPOSITIF AMBITIEUX A EVALUER EN TOUTE TRANSPARENCE
 
 
Restons optimistes et voyons ce qui se fait.
 
Le 17 janvier 2024 a été signée par Madame la Rectrice de l’académie de Lille une circulaire VDHA (actes de Violences, de Discrimination, de Harcèlement et d’Agissements sexistes) comportant 8 pages denses et ambitieuses. Des pages dont, sur plusieurs points, la lettre et l’esprit tranchent avec « le monde d’avant ».
L’objet précis en est le « dispositif académique de signalement, de traitement et de suivi des actes de violence (dont actes de violences sexistes et sexuelles), de discriminations, de harcèlement moral ou sexuel et d’agissements sexistes ». Ce dispositif déployé est-il parfait ? Bien sûr que non. S’il peut éviter des violences similaires à celles qui ont acculé ma collègue béthunoise Madame Marielle CROQUEFER (4) à mettre fin à ses jours, c’est une bonne chose. Sera-t-il systématiquement efficace, en toutes circonstances ? On le verra à l’usage, et il pourra d’autant plus facilement être simplifié et amélioré qu’il comporte sur le papier un volet évaluatif (« VII Suivi, bilan et évaluation du dispositif ») qui gagnera à faire l’objet de toutes les attentions, avec le maximum de transparence, de loyauté et d’honnêteté.  
 
« Violence, discrimination, harcèlement et agissements sexistes » : c’est également un des multiples thèmes abordés avec optimisme, enthousiasme et clarté par le « numéro spécial 8 mars » de la Lettre d’information Ressources Humaines de l’académie de Lille, paru le mois dernier à l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes.
 
On ne pourra pas dire que rien n’est fait et qu’on a fermé les yeux. Car au-delà des actions de prévention (encore trop timides) et de la mise en place « classique » d’une ligne d’écoute et d’un formulaire de contact, sans entrer dans le détail de dossiers qui n’ont pas vocation à être étalés publiquement dès lors que leurs victimes ne le souhaitent pas, oui, on peut d’ores et déjà affirmer que les lignes ont bougé et que les choses changent, petit-à-petit, peu-à-peu, pas-à-pas. On me dira que c’est insuffisant, que c’est encore trop lent, trop peu, trop chiche, et je ne pourrai qu’y souscrire. Mais quel progrès, déjà !
 
Le mouvement de bascule a été amorcé, enclenché, mis sur les rails. Encore une fois, la volonté est là, des actions sont menées, des mesures sont prises, au sommet du rectorat, indéniablement.
Que par réflexes archaïques sinon claniques, quelques chefs de service ou chefs de bureau freinent encore des quatre fers, cela reste déplorable, et relève trop souvent d’intérêts individualistes et de logiques relationnelles douteuses mais vieilles comme le monde.
 
Verre à moitié vide, ou à moitié plein ? Hier vide, c’est certain. Et demain ?  
 
 
                                                                                                                  Pierre-André DIONNET
 
 
 
(1)  Article du 15 février 2018.
 
(2) Voir les multiples déclarations officielles faites en ce sens ces dernières années.
 
(3) Article du 23 février 2018.

(4) Voir les différents articles de presse de l’année 2013 ayant traité de cette tragédie, consultables notamment sur le site « Omerta au Rectorat« .
 
 
 
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Des médias aveugles et silencieux ? (17) Quand Le Café pédagogique s’éveillera… (1) « L’institution est devenue maltraitante » / Sandrine GARCIA.

               

                     La journaliste Lilia BEN HAMOUDA travaille depuis une année au sein du média en ligne Le Café pédagogique, une référence incontournable en ce qui concerne l’information liée aux institutions scolaires et à ses acteurs. Aujourd’hui, 4 avril, elle donne la parole avec un professionnalisme impeccable à la chercheuse en sociologie Sandrine GARCIA, dans la rubrique « Le fait du jour », sous un titre qui, à plus d’un lecteur, semblera plein d’audace, « L’institution est devenue maltraitante ».

L’article est intéressant, je ne peux que conseiller de le lire et de le diffuser, mais… il y manque un petit quelque chose. Oh… Trois fois rien. Si peu de choses. Quoi ? Saurez-vous le repérer ? 

A suivre…

                                                                                                                      Pierre-André DIONNET

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L’Expresso du 4 avril 2024

 

– Le fait du jour –

« Les professions de l’enseignement vont globalement mal », nous dit Sandrine Garcia, sociologue et spécialiste de la question du sens des métiers du professorat. Lors d’un entretien avec le Café pédagogique, à la sortie de son dernier livre « Enseignants de la vocation au désenchantement », elle évoquait déjà une crise de la vocation et expliquait ne pas croire au « choc d’attractivité » promis par Pap N’Diaye, alors ministre de l’Éducation nationale. Selon elle, c’est « l’institution qui est devenue maltraitante ». Elle note aussi « un écart entre le discours officiel, ce que les enseignants appellent l’affichage et la réalité concrète : ce qui est beau dans le ciel des idées ou dans les grandes déclarations peut vite se transformer en cauchemar ». Pour la chercheuse, pour que le métier redevienne attractif, « il faudrait que la profession reprenne la main sur le travail ».

     

Qu’est-ce qui pousse certains professeurs à quitter la profession ?

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Clairement, c’est la dégradation des conditions de travail qui les pousse à partir. Les causes qui conduisent les enseignants à démissionner sont nombreuses : surcharge de travail administratif, classes trop nombreuses, élèves en situation de handicap sans AESH ou avec un nombre d’heures insuffisantes, réformes incessantes, demandes de l’encadrement sans rapport avec les moyens octroyés, faible reconnaissance. Dans les entretiens menés avec les enseignants qui démissionnent dans le cadre d’une étude menée au sein du laboratoire IREDU – avec Géraldine Farges et Magali Danner – revenait très souvent le sentiment de n’être « qu’un numéro », un « matricule » voire « un pion » qu’il s’agit de placer devant les élèves. Ce sentiment s’explique par l’impossibilité de la hiérarchie, peut être elle-même surchargée de tâches absurdes et chronophages, d’être à l’écoute et d’apporter un soutien en cas de besoin, qu’il s’agisse d’exprimer une difficulté professionnelle ou de demander conseil pour résoudre un problème.

À qui doit-on ce mal-être de la profession ?

C’est l’institution qui dans son ensemble – ce qui n’empêche pas les exceptions – est devenue maltraitante. Elle est devenue maltraitante comme beaucoup d’administrations aujourd’hui en ce sens qu’elle attend beaucoup de ses agents, leur fixe des objectifs exorbitants – lutter contre l’échec scolaire, inclure des élèves au comportement parfois très perturbé, mettre en place sans cesse de nouveaux dispositifs, faire des projets nouveaux, s’intéresser à des réformes qui ne tiendront que quelques années, rendre sans cesse des comptes sur leurs actions pédagogiques, etc.- sans qu’ elle-même, à travers sa hiérarchie ne soit en mesure, elle, de bien faire son travail d’accompagnement, de résolution des difficultés rencontrées. Il y a comme partout une austérité budgétaire, mais qui serait plus supportable si elle ne s’accompagnait pas d’une augmentation des exigences, démesurées par rapport à ce l’institution donne comme moyens. Il arrive très régulièrement que de jeunes enseignants soient envoyés sur des postes de très mauvaise qualité, fractionnés, sur plusieurs écoles, plusieurs niveaux, etc., sans même parler des élèves qui pour être canalisés, absorbent une attention et une énergie démesurée, et ce, au détriment de la classe, du travail pédagogique. Les professeurs, même expérimentés, en proie à de telles difficultés constatent pourtant la pareille impuissance de leur supérieur hiérarchique direct, quand ils ne sont pas soupçonnés par une hiérarchie plus éloignée du terrain, de faire entrave à des politiques pourtant impossibles à mettre en œuvre concrètement, comme l’inclusion telle qu’elle est demandée et avec les moyens alloués. D’ailleurs, les enseignants regrettent ironiquement que l’injonction à la bienveillance exigée en classe ne s’applique pas aussi aux règles de management.

Il existe ainsi un écart entre le discours officiel, ce que les enseignants appellent l’affichage et la réalité concrète : ce qui est beau dans le ciel des idées ou dans les grandes déclarations peut vite se transformer en cauchemar lorsqu’au ras du sol, il n’existe tout simplement rien pour permettre aux enseignants de gérer des situations incontrôlables ou tout simplement épuisantes. Mis en difficulté par les conditions de prise de poste ou de travail, ils sont souvent culpabilisés plus que soutenus, car l’institution peine à reconnaître qu’elle ne fait pas le travail qui permettrait d’exercer le métier dans des conditions acceptables.

Parmi les anecdotes que livrent les enseignants, il y a celle d’une inspectrice appelée pour constater l’impossibilité de canaliser une élève et qui répond qu’en effet c’est le cas, mais qu’il y a tellement pire, ce qui n’apporte évidemment aucune aide, l’enseignant étant alors obligé de se résigner d’être « tombée » sur cette élève particulièrement turbulente. Il y a aussi ces enseignants obligés d’aller enseigner au moment du COVID, alors même qu’ils sont des individus « fragiles » qui ne doivent pas s’exposer. Ou encore le fait de « dépanner » la hiérarchie sur une mission impliquant une personne en arrêt, s’entendre promettre une prime pour apprendre ensuite qu’il n’y a pas le budget pour accorder cette prime. On peut aussi mentionner les inspections ou les « visites » humiliantes, durant lesquelles le travail est discrédité, rabaissé, alors même que la formation laisse tant à désirer et que les moyens font défaut.

Ce qui fait la cohérence de tout cela, c’est une pratique qui consiste à gérer les enseignants plutôt qu’à les former et les soutenir en tant que professionnels. Peu importe qu’ils soient dans des conditions insoutenables de travail, l’essentiel, c’est, comme ils le ressentent, qu’il y ait un enseignant devant chaque classe, peu importe dans quelles conditions.

Et le mal est maintenant tellement profond que la hiérarchie de l’Éducation nationale a peu de marges de manœuvre pour affecter au mieux les enseignants et éviter aux nouveaux entrants, par exemple, les postes les plus difficiles.

En 2023, le gouvernement a concédé ce qu’il estime être une « revalorisation historique » à laquelle s’ajoute la possibilité de signer des briques de pacte. Estimez-vous que cela permettra de résorber « l’hémorragie » et de créer de nouvelles vocations ?

C’est peu probable, car une des causes de départ, c’est la multiplicité des tâches. En rajouter encore en échange d’un meilleur salaire me laisse dubitative.

Mais alors de quoi ont donc besoin les métiers du professorat pour redevenir attractifs ?

Le mal est tellement profond que j’ai du mal à imaginer un mouvement inverse. En effet, ce qui a réduit l’attractivité du métier, c’est la perte d’autonomie – sauf en classe, et encore – au sens où le temps qui n’est pas devant élèves est désormais contraint par une multitude de tâches qui se sont ajoutées les uns aux autres au fil du temps. Les Obligations Réglementaires de Service se sont alourdies, les suivis des élèves à besoins particuliers exigent de nombreuses réunions, etc. Toutes ces taches suscitent un sentiment d’accablement là où les enseignants, dans un autre état du métier, pouvaient gérer leur temps. Un enseignant qui accueille par exemple des élèves en inclusion dans sa classe est censé faire des « fiches navette » en direction de l’enseignant spécialisé sur lesquelles sont inscrites les activités pratiquées. Et c’est presque toujours comme cela : chaque tâche ajoutée se double d’un travail bureaucratique à réaliser.

Les enseignants doivent par exemple – alors cela dépend aussi des inspecteurs qui amortissent parfois les directives – fournir des tableaux pour justifier des 108 heures qu’ils doivent à l’institution – dans le cadre des ORS donc hors heures devant élève, etc. Et tout est comme cela, avec des variations locales importantes, ils peuvent tomber sur des inspecteurs plus ou moins zélés.

Alors, tout est perdu ?

Pour que le métier devienne attractif, il faudrait que la profession reprenne la main sur le travail. Or, il y a une réalité profonde dont il faut tenir compte, c’est que la Nouvelle Gestion Publique qui s’est imposée en France à l’instar d’autres pays est un processus de rationalisation du travail qui est le plus souvent antinomique avec des professions fortes.

Évidemment, il faut voir au cas par cas, toutes les professions ne sont pas dans la même situation, mais le fait est qu’un véritable rouleau compresseur – machine de guerre de la réforme de l’État – oblige de nombreuses professions pour les obliger à entrer dans un cadre cognitif et pratique de la Nouvelle Gestion Publique, ce qui revient concrètement à faire plus ou autant avec moins. Cela engendre nécessairement une dégradation des conditions de travail et la difficulté de penser son métier, car il est pensé par d’autres qui ne l’exercent pas et n’en connaissent pas nécessairement les contraintes. Ceux qui travaillent doivent alors agir avec deux définitions du travail, une définition professionnelle et une définition managériale, qui entrent en dissonance.

Les syndicats du premier degré ont d’ailleurs été écartés de ce qu’on appelle le Mouvement, c’est-à-dire la gestion des affectations, qui leur assurait une position forte et ce n’est pas pour rien. Même si certaines professions ou segments d’une même profession peuvent tirer leur épingle du jeu, ce qui fait dire à certains ou certaines sociologues qu’on ne peut pas parler de perte d’autonomie ou de dégradation des conditions de travail, dans l’ensemble, elles y perdent essentiellement, en tous cas s’agissant de ces professions intermédiaires de l’éducatif, du soin, du travail social, d’ailleurs souvent occupées par des femmes.

La rationalisation correspond parfois à des politiques supranationales menées à partir d’indicateurs chiffrés, et qui ont parfois des effets inattendus dans les contextes éducatifs nationaux. La notion de « besoin particulier », par exemple, répond à l’objectif comptable de recenser les élèves dont la prise en charge nécessite un enseignement adapté. Cependant, elle se traduit en France par des procédures relevant de la reconnaissance de handicap, dans le but d’allouer des moyens supplémentaires à ces élèves, et on observe une lutte pour s’approprier ces moyens, comme le montre le déficit actuel d’accompagnants. Le nombre d’enfants en situation de handicap a plus que doublé en 15 ans, le nombre d’élèves scolarisés en milieu ordinaire a triplé.

Partout on rencontre les mêmes phénomènes de rationalisation, avec des formes différentes, mais toujours les mêmes effets : la perte de sens.

Je ne vois donc rien qui permette aujourd’hui d’inverser la tendance : la réforme récente des groupes de niveau ou, si l’on préfère de besoin, est imposée comme les autres l’ont été aux enseignants et à leurs représentants, alors même qu’elle ne repose scientifiquement sur rien. Comme le souligne un article récent du Monde (3 avril), « les nombreux dispositifs d’aide mis en place les années antérieures deviennent obsolètes : comment mobiliser les enseignants si chaque rentrée est présentée comme un désaveu de la précédente ? » La réponse est déjà donnée par l’augmentation continue des démissions.

Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda

 

 
                                                                                                                        4 avril 2024

                                                                                                           

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (19) Le témoignage de Mioumi, enseignante certifiée de Sciences Economiques et Sociales.

               

      

« Les enseignants et le personnel de l’Education Nationale subissent de nombreuses formes de violences.

Violences salariales,
violences verbales,
violences morales,
violences psychologiques,
violences physiques,
violences symboliques,
violences sexistes,
violences sexuelles,
violences administratives,
violences hiérarchiques,
violences institutionnelles et institutionnalisées,
violences quotidiennes,
violences banales, banalisées. »

Les taire, c’est les cautionner.

Voilà ce que j’écrivais ici en mars 2019, il y a 5 ans.

Sur ce blog j’ai l’habitude de présenter des situations de violence « extrêmes » mais relativement courantes dans l’Education nationale. Un proviseur à qui l’administration du rectorat lâche la bride pour détruire socialement une enseignante qui a refusé de lui accorder des faveurs sexuelles. Un professeur des écoles accusé à tort de brutalités et qu’on accule au suicide ou à la dépression. Un excellent enseignant qu’on calomnie sciemment et contre qui on monte des élèves paumés et hyper-violents, afin de favoriser la nièce du principal qui est infoutue de faire un cours de qualité. Un Zoubinard violeur qui traîne en Commission Disciplinaire un « p’tit prof' » qu’il faut absolument faire taire…

Mais j’ai eu l’occasion de l’écrire ici même – bien avant la naissance du mouvement « #PasdeVague »  qui était initialement un mouvement libérateur de la parole des victimes (à l’instar de « #metoo, et dans sa foulée) – et de l’exposer publiquement lors de diverses réunions de travail ou réunions publiques : les violences que peuvent subir et que subissent de plus en plus de salariés de l’Education nationale dépassent tout ce que peuvent imaginer les parents d’élèves et les habitants de notre pays. 

Les pires violences sont parfois les plus insidieuses et les plus discrètes. Quotidiennes, banales, banalisées. La goutte d’eau qui tombe régulièrement au même endroit finit au fil des ans par fendre la pierre.

Ces derniers mois j’ai vu des collègues solides, expérimentés, équilibrés, bien structurés, s’effondrer dans le cadre de leur travail. Ce n’est pas d’uniformes coûteux dont ils avaient besoin, mais d’un salaire décent, de moyens de travailler correctement, et surtout, de respect. De respect.

                                                                                                                  Pierre-André DIONNET

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Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (18) Textes adoptés par les Assises de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses, 13 et 14 mars 2024.

               

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Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (32) « Violences et viols dans un collège privé du Béarn : pourquoi 33 anciens élèves brisent le silence ».

 

 

       Ce lundi 25 mars, Le Parisien consacre  un reportage audio sous forme de « podcast » à un des innombrables scandales au croisement de deux Omertas, PasdeVague et metoo, celui du collège Notre-Dame de Bétharram, dans le Béarn.  

                                                                                                                        Pierre-André Dionnet

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« Violences et viols dans un collège privé du Béarn : pourquoi 33 anciens élèves brisent le silence » 

Ci-dessous, lien vers un article « audio » réalisé par une équipe du Parisien, 25 mars 2024.
 
 
 
 

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Violences et viols dans un collège privé du Béarn : pourquoi 33 anciens élèves brisent le silence

Article de L’équipe de Code source
 • 2 h • 2 min de lecture
L’actuel Collège le Beau Rameau de Bétharram. Cet établissement privé catholique s’appelait autrefois Notre-Dame de Bétharram.© Lilian Cazabet

Écoutez Code source, le podcast d’actualité du Parisien

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Résumé. C’est un ensemble imposant aux façades blanches, situé en bordure du gave de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Notre-Dame de Bétharram, de son ancien nom, est aujourd’hui un groupe scolaire privé et catholique qui accueille des élèves de la maternelle au lycée.

 

Mais pendant près de deux siècles, l’institution religieuse se destinait à l’enseignement des jeunes garçons au collège et au lycée. Un établissement réputé pour ses excellents résultats, mais aussi connu pendant longtemps pour la discipline de fer qui y régnait.

En février dernier, 33 anciens élèves ont porté plainte pour des faits de violences physiques et sexuelles. Des décennies après leur passage à Bétharram, certains se disent encore marqués par la violence gratuite et disproportionnée qu’ils ont subi de la part des adultes.

Outre les punitions arbitraires, plusieurs témoignages font état d’abus sexuels et de viols commis par des surveillants. À la fin des années 1990, un ecclésiastique qui avait dirigé l’institution avait lui-même été mis en examen pour viol.

Cet épisode de Code source est raconté par Timothée Boutry, journaliste au service police-justice du Parisien.

 

Crédits. Direction de la rédaction : Pierre Chausse – Rédacteur en chef : Jules Lavie – Reporter : Ambre Rosala – Production : Clara Garnier-Amouroux, Barbara Gouy et Thibault Lambert – Réalisation et mixage : Julien Montcouquiol – Musiques : François Clos, Audio Network – Archives : INA.

À propos de Code source. Code source est le podcast quotidien d’actualité du Parisien. Des histoires racontées par les journalistes de la rédaction ou par celles et ceux qui les ont vécues directement. Un rendez-vous porté par le présentateur Jules Lavie et la reporter Ambre Rosala, à retrouver du lundi au vendredi à partir de 18 heures sur LeParisien.fr ou sur les principales plates-formes d’écoute.

Un commentaire ? Écrivez-nous par courriel à codesource@leparisien.fr ou interpellez-nous sur Twitter (@codesource)

 

 

 

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« Violences et viols dans un collège privé du Béarn : pourquoi 33 anciens élèves brisent le silence » 

Ci-dessus, lien vers un article « audio » réalisé par une équipe du Parisien, 25 mars 2024.
 
 

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Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (31) « Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes ».

 

 

       Vous enseignez ou travaillez dans un établissement scolaire. Vous constatez que le gestionnaire détourne de l’argent, que le proviseur viole les AESH avec la complicité de quelques collègues, qu’il arrive à l’adjointe de séquestrer une enseignante dans son bureau après l’avoir humiliée et poussée à bout. Comment réagissez-vous ? Que faire ? L’article 40 du code de procédure pénale vous impose d’en informer le Procureur de la République. Mais que vous arrivera-t-il, ensuite ?

 « Au fil des mois, l’enseignante explique se sentir de plus en plus isolée et ressentir un harcèlement sur sa personne au sein de l’établissement. « On me faisait passer pour une menteuse, une manipulatrice, une hystérique. Il y a eu une pétition qui a circulé contre moi de la part du corps enseignant. Des élèves ont été poussés à témoigner contre moi », retrace Madame B., la voix tremblante. »

« Pas de vague », Omerta, donc représailles contre le lanceur d’alerte.

Alors que faut-il faire ?

Peut-être « Parler de loin, ou bien se taire », comme nous l’enseigne La Fontaine ?

                                                                                                                        Pierre-André Dionnet

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« Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes » 

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Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes

INFO ACTU PARIS. Plusieurs témoignages évoquent des situations de harcèlement sexuel et d’attouchements de la part d’un surveillant sur des élèves du lycée Ledoux à Vincennes.

Au lycée Claude-Nicolas Ledoux EBTP de Vincennes, des soupçons de violences sexuelles pèsent sur un surveillant.
Au lycée Claude-Nicolas Ledoux EBTP de Vincennes, des soupçons de violences sexuelles pèsent sur un surveillant. (©Google Street View)
   
   
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INFO ACTU PARIS. « P*. nous touche, D*. le couvre. » Après des années de silence, la colère a explosé sur les murs du lycée privé Claude-Nicolas Ledoux – EBTP de Vincennes, recouverts de tags en novembre 2023. Depuis avril, des témoignages ont fait surface contre un surveillant en poste depuis une quinzaine d’années au sein de l’établissement qui prépare aux métiers du BTP, d’art et du design. Dans des récits signés ou anonymes, dix jeunes femmes, lycéennes ou étudiantes, évoquent de multiples cas de violences sexuelles dont elles auraient été victimes et témoins. Madame B*., enseignante en philosophie, qui a porté leurs signalements, affirme être depuis la cible d’ « une cabale ». 

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« J’ai ouvert une brèche »

C’est pendant ses cours, durant lesquels la question du harcèlement a parfois été abordée, que plusieurs élèves s’ouvrent à l’enseignante. Elles disent subir des comportements inacceptables de la part de Monsieur P., surveillant d’une quarantaine d’années, chargé de gérer les entrées, retards et punitions des élèves. L’homme serait coutumier d’attouchements physiques et de propos à caractère sexuel

J’ai bel et bien ouvert une brèche sur le harcèlement en général. En tant qu’enseignante, il était de mon devoir de veiller au bien-être de mes élèves. Je leur ai conseillé d’en parler ou de porter plainte.

Madame B.      Enseignante en philosophie

Au fil des mois, plusieurs élèves décident de confier à l’enseignante leur témoignage écrit, anonyme ou signé, pour que celle-ci en parle à la direction. Dans ces écrits qu’actu Paris a pu consulter, se dessine un harcèlement systématisé de la classe féminine.

Bisous, caresses et allusions sexuelles

Les témoignages évoquent des caresses non sollicitées sur les cuisses, le dos, la nuque, les épaules et, parfois, des bisous sur la joue ou la tempe.

Il est venu vers moi et m’a caressé les joues en me disant ‘tu sais comment il faut faire pour justifier tes absences’ et m’a pris par les épaules (bras au-dessus) en me faisant un bisou sur la tempe.

Une élève

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« Régulièrement, il passe sa main sur mes hanches et le bas de mon dos pour me décaler en passant, et j’ai observé ce même geste sur mes amies », témoigne une autre. Deux autres étudiantes dépeignent une fois où le surveillant a voulu se faire « une petite place » sur le banc où elles étaient assises en s’étalant sur elles. « On a dû le pousser, car il ne voulait pas se lever, il insistait pour rester sur nous. »

Les victimes évoquent aussi des regards qui mettent « mal à l’aise », des œillades insistantes sur le corps ; des « remarques furtives », suggérant des propositions indécentes ; des gestes sans équivoque.

Je passais devant Monsieur P., qui me regarde passer avec un sourire perturbant en mimant avec ses mains un geste de fellation et par la suite de masturbation.

Une élève

Les réflexions sur le physique des jeunes femmes semblent omniprésentes. Scolarisée au lycée, une élève revient sur plusieurs événements survenus lors de sa classe de seconde, alors qu’elle avait 16 ans : « Il commence à faire des réflexions déplacées qu’il fait passer pour de l’humour tel que : ‘Oh les filles, vous avez de gros …’, en mimant une forte poitrine avec ses mains. Lorsque le lycée nous a fourni des tablettes lors du confinement, il a suggéré à ma copine et à moi de faire des appels visio pour, je cite : ‘Pas du porno, juste un apéro’.  » 

 

Chargé de s’assurer que les élèves portent des tenues conformes au règlement, Monsieur P. se montrerait sur ce point particulièrement insistant, comme le décrit Kiana, interne entre 2020 et 2023 au lycée, que nous avons contactée au téléphone. 

Il était posté à un endroit où on était obligées de passer, on appelait ça la douane. Il nous regardait de haut en bas, longtemps, pendant environ deux minutes. Il nous demandait d’ouvrir nos vestes ou nos manteaux pour vérifier qu’on n’avait pas un crop-top en dessous. 

Kiana      Ancienne interne du lycée

Les internes devaient subir des fouilles répétées de la part du surveillant, se souvient Kiana. Après l’inspection de l’un de ses sacs, une de ses colocataires aurait eu des remarques sur la taille de ses soutiens-gorge. « Je savais que c’était à toi, accompagné d’un regard prononcé sur sa poitrine », relaye l’ancienne interne, qui évoque un sentiment d’insécurité au contact de cette personne et une scolarité « ruinée » par « une angoisse constante ».

Un binôme craint par les élèves

Nombreux sont les témoignages décrivant un homme intrusif dans la vie des jeunes filles. « C’est quelqu’un de beaucoup trop proche de ses étudiantes. Il posait des questions intimes, cherchait à savoir si on avait des relations », assure Kiana. « Monsieur P. m’interdit de fréquenter [un] garçon, car, d’après-lui, ‘il voudra juste te niquer et te dégager, tu crois que si j’avais ton âge, j’aurais pas essayé non plus’, avec une caresse sur l’épaule en me disant : ‘C’est pour toi que je dis ça ma choupette’ », écrit une étudiante. Une autre raconte que le surveillant aurait interrogé une élève sur un suçon dans son cou, avant d’ajouter : « J’aurais bien aimé être là. »

Souvent accompagné de Monsieur D., ancien militaire devenu CPE, dont les scènes de colère terrorisent plusieurs élèves, le surveillant semble agir en toute impunité. « Ils faisaient la paire. On n’a jamais essayé de parler avec le CPE de ce qu’on subissait avec le surveillant. On ne voulait surtout pas attiser sa colère », relate Kiana, qui a fait de nombreuses fois les frais des sorties tempétueuses du CPE. 

Monsieur D. me convoquait régulièrement, presque tous les matins, et me hurlait dessus en frappant sur son bureau. Il me répétait que j’étais « une petite peste qui ne pète pas plus haut que son cul ».

Kiana    Ancienne interne du lycée

Des alertes restées sans réponse

Dès les premières alertes, la direction est informée. « On m’a dit : ‘C’est de l’affection mal placée’ » , précise la professeure de philosophie. En octobre 2023, la transmission de nouveaux témoignages n’a pas plus de retentissements. « Nous n’envisageons rien », répond la direction à Madame B. dans un mail qu’actu Paris a pu consulter. 

Au fil des mois, l’enseignante explique se sentir de plus en plus isolée et ressentir un harcèlement sur sa personne au sein de l’établissement. « On me faisait passer pour une menteuse, une manipulatrice, une hystérique. Il y a eu une pétition qui a circulé contre moi de la part du corps enseignant. Des élèves ont été poussés à témoigner contre moi », retrace Madame B., la voix tremblante.

Très affectée, elle s’étonne encore du renversement de situation qu’elle a vécu en quelques mois. « J’avais une situation confortable. J’étais réputée pour être proche de la direction. Dans cette histoire, j’ai simplement été une lanceuse d’alerte. Depuis, tout s’est effondré », murmure-t-elle. Après avoir subi de nombreuses représailles, notamment de la part du CPE, elle indique avoir été arrêtée à plusieurs reprises. « J’ai perdu 6 kg en une semaine. Je me réveille la nuit en pensant à cette histoire, à essayer de chercher du rationnel dans de l’irrationnel. » 

Face à l’inaction de sa direction, la professeure se tourne vers le rectorat, puis vers le ministère de l’Éducation. Elle reçoit une réponse du cabinet de Gabriel Attal. « Je n’ai pas manqué de transmettre votre correspondance à madame la rectrice de l’académie de Créteil », lui écrit le chef du bureau des cabinets, dans un mail que nous avons pu consulter.

Des tags sur le lycée

En novembre 2023, soit huit mois après les premières alertes, des tags incriminant le surveillant, le CPE et l’administration font leur apparition sur les différents bâtiments. « Administration à dégager », « Surveillant à surv. », « P. touche ta bite, pas nos cuisses » et enfin, « P. nous touche, D. le couvre ».

Une semaine après, les filles ayant témoigné sont reçues dans le bureau de Monsieur Michel Oudin, directeur général. Elles confirment et signent leur déclaration. Contacté, le directeur confirme avoir audité et vérifié les témoignages de « trois ou quatre filles ». « Il y a eu certainement une faute » , reconnaît-il, réfutant néanmoins tout soupçon d’attouchement sexuel. Il estime que les comportements problématiques relèvent « peut-être d’affection mal placée », avant d’ajouter qu’ « il y a eu des gestes mal placés », « au moins un bisou ». 

À la lumière de ces éléments, le surveillant a été « immédiatement suspendu », affirme auprès d’actu Monsieur Michel Oudin. « C’est un garçon assez fragile, il s’est mis en congé maladie depuis cette date-là, on avait peur qu’il fasse une bêtise », ajoute le directeur général. Sa réintégration ou non dans l’établissement après son congé maladie et sa mise à pied n’est pas tranchée. « Je ne peux pas me prononcer à ce sujet », ajoute-t-il, refusant tout commentaire sur d’éventuels faits de harcèlement visant l’enseignante de philosophie.

En décembre 2023, Madame B., après avoir alerté le rectorat et le ministre de l’Éducation nationale, décide de se tourner vers le procureur de la République de Créteil. « Je m’en remets à vous devant le silence de mes hiérarchies directes. Ni M. Rousselet, chef d’établissement, ni M. Oudin, directeur général, n’ont proposé à ces jeunes filles de porter plainte », écrit-elle dans son courrier. Elle indique qu’une enquête a été ouverte. Contacté, le parquet de Créteil n’a pas, à ce jour, répondu à nos sollicitations.

Des années au passé trouble 

Derrière ces soupçons, des craintes plus grandes encore émergent. « Y penser me noue le ventre, j’éprouve de l’inquiétude et de l’angoisse en imaginant ce qu’il pourrait faire, et la colère et de la haine en pensant à tout ce qu’il a déjà fait », décrit une jeune femme dans un témoignage.

Les agissements qui sont reprochés au surveillant semblent traverser les classes et les époques. Les témoignages reçus émanent de différentes filières, allant du lycée aux formations post-bac. « La plupart des filles qui ont témoigné ne se connaissent pas, elles n’ont pas de lien entre elles », indique Madame B. La réputation du surveillant semble dépasser même les grilles de l’établissement. « Lorsque je parle à des anciens élèves, tout le monde le surnomme le pointeur ou l’obsédé », écrit une élève dans son témoignage. 

Omerta et stratégie d’esquive

« C’est un établissement où il ne faut rien dire, appuie l’enseignante. Si on parle, le CPE convoque, hurle, tape sur la table… » Les élèves, elles, optent généralement pour la stratégie de l’esquive. « On faisait souvent tout pour éviter Monsieur P., tout le monde savait pertinemment pourquoi. Il ne se cachait pas d’être proche des filles. Il s’en vantait même », estime Kiana. Beaucoup de victimes n’osent pas protester, selon les témoignages.

Ainsi, une étudiante raconte comment elle s’est vue infliger par surprise un bisou : « Je me suis figée sur place en le regardant avec de grands yeux. Et à ce moment, il est déjà très proche de mon visage, comme s’il était sûr que je n’allais pas refuser. Alors, pour ne pas créer de problème, sachant que c’est le surveillant principal, j’ai effectué un sourire forcé en sortant un petit ‘oui’ à contrecœur. »

Une autre élève, « par peur de déclarer une guerre perdue d’avance », écrit avoir décidé de ne rien dire aux blagues à connotations sexuelles que lui faisait le surveillant. 

Je pense que plein de jeunes filles sont dans ma situation et préfèrent ne rien dire pour éviter d’être dans son viseur, comme il dit.

Une élève

Depuis que la parole se libère, des élèves déclarent avoir vécu des formes de pression et de manipulation de la part de l’administration de l’établissement. Dans un enregistrement que nous avons pu nous procurer, on entend le CPE balayer auprès d’une classe de lycéens les signalements faits sur le surveillant, estimant que les élèves ont été manipulés par leur professeur. « Ça ne vous concerne pas. Méfiez-vous de ce qu’on vous dit », répète-t-il. 

De son côté, Madame B. explique avoir obtenu la protection fonctionnelle de la part du rectorat de Créteil, concernant des faits de harcèlement et de diffamation de la part de collègues. Contacté, ce dernier n’a pas répondu à nos sollicitations à cette heure. Épuisée, l’enseignante estime avoir rempli son rôle. Et met ses espoirs vers une « nouvelle génération convaincue de la nécessité de briser cette omerta ». 

*Les noms ont été anonymisés

                                     

 

 

 

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« Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes » 

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Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (42) « La tension monte au Lycée Voltaire d’Orléans »…

          

           

Conflit

La tension monte d’un cran entre les professeurs et le proviseur : le lycée Voltaire d’Orléans occupé

La tension monte d’un cran entre les professeurs et le proviseur : le lycée Voltaire d'Orléans occupé

En colère, les enseignants du lycée Voltaire, à Orléans, ont décidé d’occuper leur établissement.

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Article du 19 mars 2024, Maude MILEKOVIC, La République du Centre :

https://www.larep.fr/orleans-45000/actualites/la-tension-monte-dun-cran-entre-les-professeurs-et-le-proviseur-le-lycee-voltaire-d-orleans-occupe_14470767/

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Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (17) « Ecole : la Seine-Saint-Denis lance l’alerte ». / L’Humanité, 14 mars 2024.

               

         

Huma14marsEcoleSeineSaintDenis

                  

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (16) « Ce que subissent vraiment les profs. Le règne du pas de vagues ». / Le Point, 4 mars 2021.

               

         

le-pointn-2533mars-2021

                  

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (15) Assises de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses, 13 et 14 mars 2024.

               

         

 

                  

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (14) 8 mars, Journée internationale des Droits des Femmes. Pourquoi et en quoi les femmes travaillant dans l’Education nationale ont moins de droits que d’autres ?

               

         L’Education nationale ? C’est  1 200 000 salariés, dont 860 000 professeurs, selon les chiffres de la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance, dépendante du ministère de l’Education nationale). Un million deux cent mille postes, correspondants à des professions essentiellement féminisées, c’est-à-dire autant d’emplois pourvus surtout par des femmes, d’abord par des femmes, en plus grand nombre par des femmes (enseignantes, AED, AESH, secrétaires, personnels d’entretien, personnels administratifs, etc.).

Des employées particulièrement malmenées. Malmenées dans de nombreux domaines, et pas seulement sur le plan financier. Bien que cela ne soit jamais mis en avant par l’industrie médiatique, et trop peu porté par nos propres structures syndicales, les enseignants sont à plusieurs égards des « sous-citoyens ». C’est une réalité. Ce qui veut dire que les enseignantes ont moins de droits que bien des femmes, en 2024 en France. La journée du 8 mars est peut-être l’occasion (et il en faut d’autres !) de « penser » cette question des droits effectifs. De réfléchir à ce que cela signifie concrètement, de comprendre comment cela se traduit, aussi bien au quotidien que sur la longueur d’une « carrière », sur le temps long d’une vie professionnelle dédiée à l’Ecole et aux élèves.

                                                                                                                           Pierre-André DIONNET 

 

                  

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (13) « Education : le retour inquiétant du New Public Management, une aberration conceptuelle » / Stéphane GERMAIN. Le quantitatif mis en avant… et le qualitatif toujours invisibilisé ?

               « Le basculement des systèmes éducatifs vers des bureaucraties autoritaires n’est pas sans effet. Les enseignants connaissent une perte de sens de leur métier, un sentiment de mal-être et une démotivation généralisée. Pour eux, la tentation de la démission est grande. Considérés comme des exécutants de politiques éducatives dont ils ne perçoivent pas le sens et qui viennent parfois interroger leurs valeurs, les enseignants ne se retrouvent pas dans la vision portée par les bureaucraties autoritaires, ce qui aggrave la crise des vocations. Pour les élèves, lancés dans des activités pédagogiques en décalage avec les recommandations internationales, la perte de sens, le mal-être et la démotivation sont tout aussi sensibles. Le résultat est une baisse généralisée de la réussite scolaire qui affecte plus fortement les élèves des milieux défavorisés, grands perdants de l’autoritarisme éducatif. » 

Voilà ce qu’observe et souligne très justement Monsieur Stéphane GERMAIN dans l’article publié ce jour dans Le Café pédagogique.

Une autre approche – complémentaire à celle de ce chercheur, et aucunement en opposition avec la sienne – consiste à souligner en premier lieu la distinction nécessaire entre deux paradigmes, le quantitatif et le qualitatif, en terme d’offre éducative.

Presque toujours, c’est par une approche exclusivement quantitative que les responsables politiques, les parents d’élèves, les élèves et les étudiants, les électeurs, l’industrie médiatique abordent les questions liées à l’Ecole. Une fermeture d’école ou une suppression de classe ? C’est du quantitatif. Une journée de grève, donc des cours non dispensés ? Du quantitatif. Le budget annuel de l’Education nationale ? Un quantitatif artificiellement gonflé par les 2 milliards du SNU (Service National Universel, qui devrait en réalité relever du budget des armées), et les coûts du projet de l’uniforme imposé aux élèves. Un professeur absent parce que convoqué pour une formation ou une correction d’épreuves ? Ses cours sautent, et c’est encore du quantitatif, mesurable par un chiffre « objectif ». Le bidonnage d’un taux de réussite au baccalauréat de 99 % dans un lycée de centre-ville à la réputation totalement surfaite ? De la poudre aux yeux, purement quantitative.

Mais la qualité réelle des cours ? Les capacités et les connaissances effectives d’un enseignant ? La vraie valeur du diplôme décerné à nos chères têtes blondes ? Les connaissances réellement transmises aux élèves ? La qualité du climat scolaire ? La considération accordée aux élèves, non pas en tant que « cons sots mateurs » potentiels, mais bien en tant qu’élèves, élèves véritables, et futurs citoyens ? Le bien-être au travail, et le respect des salariés de l’Education nationale ? Angles morts des commentateurs médiatisés, trop souvent. Alors que c’est bel et bien l’articulation entre le quantitatif et le qualitatif qui est ici en jeu, et qui devrait être davantage en débat, afin que les parents d’élèves s’emparent plus facilement de ces questions.

Ce que Monsieur Stéphane GERMAIN relève ici très clairement, avec ses propres constats, ses propres outils d’analyse et ses propres approches, gagnerait sans doute à être « popularisé » par ce type de questions directes : « Quid de la qualité des cours ? Quid de la qualité de vie, au travail, des élèves et des enseignants ? ».

                                                                                                                           Pierre-André DIONNET 

 

                     

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« Education : le retour inquiétant du New Public Management » 

Ci-dessous, article de Stéphane GERMAIN, Le Café pédagogique, 29 février 2024.
 
 

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Le New Public Management est une doctrine de régulation des services publics qui consiste à appliquer les principes de gestion des entreprises privées au secteur public. Face au constat d’une bureaucratie sclérosante, le New Public Management propose de supprimer la lourdeur des normes écrites de fonctionnement en les remplaçant par des indicateurs chiffrés de mesure de l’activité. L’idée générale est d’introduire une rationalisation par le calcul des coûts, ce qui est la logique d’une entreprise privée pour maximiser son profit. Dans les faits, le New Public Management est un puissant levier de démantèlement du service public puisqu’il ne s’agit plus de s’interroger sur ce qu’il apporte aux usagers mais de pointer ce qu’il coûte à la société.

Une image contenant Visage humain, personne, habits, sourire Description générée automatiquementUne pratique décriée par la recherche

En matière d’éducation, le New Public Management a été introduit dans plusieurs systèmes éducatifs au début des années 2000, notamment avec le concept de School Based Management (SBM) qui a été développé dans les pays anglo-saxons, puis en Asie, et dans les pays en voie de développement. En théorie, le SBM donne une large autonomie aux établissements scolaires : autonomie pédagogique, liberté de gestion et de partenariat, implication des enseignants dans les décisions. Il repose sur le principe du rendre compte, pris au sens littéral du terme : les enseignants d’un établissement doivent rendre des comptes à l’autorité centrale sur la base des indicateurs standardisés qui doivent permettre de contrôler la réalisation des objectifs et de mesurer ainsi l’efficacité. Dans la pratique, le New Public Management consiste à remplacer une régulation par la norme écrite – souvent inapplicable, confuse et contradictoire – par une régulation basée sur le contrôle chiffré de l’activité. Ainsi, en définissant des indicateurs standardisés, appliqués de façon uniforme aux établissements scolaires, et en développant les procédures de contrôle basées sur ces indicateurs, le New Public Management ne donne pas l’autonomie pédagogique aux enseignants. Il introduit seulement un nouveau mode de régulation orienté vers la performance, entendue comme la capacité à respecter les objectifs chiffrés définis par l’autorité centrale, dans une logique de réduction des coûts. Il s’agit d’une approche très restrictive du management, envisagé presque exclusivement sous l’angle de la rationalisation budgétaire en occultant totalement le volet pédagogique, qui favorise la construction collective.

Quelques temps après son introduction dans certains systèmes éducatifs, le New Public Management en éducation a été largement décrié. Les analyses du SABER (System Assessment and Benchmarking for Education Results) ainsi que les travaux de la Banque Mondiale, notamment au travers d’un célèbre article de 2011, ont montré que le New Public Management ne parvenait pas à améliorer les performances des systèmes éducatifs. La logique de rationalisation par les indicateurs quantitatifs n’a d’influence, ni sur les pratiques, ni sur l’implication, ni sur le développement professionnel des enseignants.

La mesure n’est pas l’évaluation

A bien y réfléchir, le New Public Management est une aberration conceptuelle. Chercher à mesurer l’activité pédagogique en définissant des indicateurs chiffrés atteste d’une volonté de normalisation. La prétendue liberté pédagogique prônée par le New Public Management est bridée par des objectifs centraux imposant un strict respect des limites budgétaires. Ainsi, les innovations pédagogiques qui apportent aux usagers beaucoup plus qu’elles ne coûtent aux contribuables ne sont pas envisageables lorsqu’on applique une logique de rationalisation budgétaire assortie de l’obligation de rendre des comptes, au sens quantitatif du terme. Or, l’essence même d’un service public est d’apporter aux usagers un service à forte valeur sociale – du fait des gains qu’il procure à la société – qui n’est pas pleinement mesurable. Qu’on se le dise : l’éducation n’a pas de prix ! Qui peut quantifier la valeur de ce que procure à l’ensemble de la société, dans la durée, l’éducation des générations montantes ? Qui peut prétendre mesurer avec précision le gain social de chacune des activités éducatives ? Quand il n’est pas possible de mesurer avec précision la valeur produite par un service public, il est insensé de chercher à quantifier ce qu’il coûte, car le calcul du rapport coût-bénéfice est tronqué. La démarche de rationalisation par les coûts conduit alors inévitablement à réduire des activités de service public pourtant fortement génératrices de bénéfices sociaux. Le principe de la mesure conduit intrinsèquement à une logique de démantèlement.

Il faut le répéter : non, les principes de management des entreprises privées ne sont pas applicables aux services publics. Cela tient avant tout à la différence de raison d’être. Lorsque la finalité d’une entreprise est de maximiser son profit, on conçoit aisément qu’il se développe en interne une véritable culture de la mesure. Mais la raison d’être d’un service public est le service public lui-même, sans aucune considération pour les profits qui pourraient être obtenus. La culture des services publics est celle de l’évaluation et non celle de la mesure. Dans la logique des services publics, il s’agit d’évaluer ce que l’activité publique procure aux usagers, et non de la mesurer. C’est cette évaluation qui guide l’évolution des services publics, selon un principe de maximisation du gain social qu’ils procurent à la société.

Pour un service public comme l’éducation, la question centrale est celle de la pertinence de l’activité pédagogique. De façon unanime, la recherche universitaire et les grands organismes internationaux indiquent que, dans un contexte éducatif devenu complexe et fortement évolutif, il faut faire confiance aux enseignants pour qu’ils définissent eux-mêmes leur activité pédagogique – dans le respect des attendus nationaux – car ce sont eux qui sont en prise avec la réalité mouvante du terrain. En imposant des procédures de rendre-compte portant sur des indicateurs chiffrés, le New Public Management oriente vers des activités pédagogiques qui font bonne mesure mais qui sont de moindre pertinence au regard des gains sociaux qui peuvent évalués. Il faut le répéter : c’est une démarche insensée pourtant enterrée, une aberration conceptuelle qui avait fait dire à de grands auteurs, que, les tenants de la rationalisation, dans leur logique de quantification par les indicateurs chiffrés ont « donné de la valeur à ce qu’ils mesuraient au lieu de mesurer ce à quoi ils donnaient de la valeur » (Hargreaves et Shirley 2009).

L’arrivée du New Public Management en Europe

Le New Public Management commence à faire son arrivée dans certains systèmes éducatifs européens, selon une forme nouvelle bien spécifique. En Hongrie, l’introduction des indicateurs de mesure de l’activité pédagogique s’est faite de concert avec un renforcement de la centralisation bureaucratique. Ainsi, au lieu de se substituer à la normalisation écrite, les indicateurs chiffrés sont venus compléter les prescriptions centrales, offrant ainsi un procédé de contrôle efficace de l’activité pédagogique. Le New Public Management est ainsi envisagé comme un moyen de contrôle du travail des enseignants et permet d’introduire de nouvelles modalités de rémunération basées sur le respect des objectifs centraux. Le mariage de la normalisation prescriptive avec les procédés de rendre-compte sur la base d’indicateurs chiffrés a donné naissance à une nouvelle forme de régulation scolaire : celle de la bureaucratie autoritaire dont la forme la plus aboutie existe actuellement en Hongrie.

Les bureaucraties éducatives autoritaires sont identifiables par différents aspects :

– une hypercentralisation de la décision éducative qui laisse peu ou pas de marge aux acteurs de terrain,

– une absence de références à la recherche universitaire ou aux recommandations des organismes internationaux dans la motivation des grandes orientations du système scolaire,

– une gouvernance de type administratif qui envisage l’encadrement comme un vecteur d’application des prescriptions centrales et comme un organe de contrôle,

– des procédures de rendre-compte sur la base d’indicateurs de mesure de l’activité généralisées à tous les niveaux hiérarchiques,

– une indexation des rémunérations et des promotions selon une logique de performance basée sur le respect des objectifs centraux.

Le basculement des systèmes éducatifs vers des bureaucraties autoritaires n’est pas sans effet. Les enseignants connaissent une perte de sens de leur métier, un sentiment de mal-être et une démotivation généralisée. Pour eux, la tentation de la démission est grande. Considérés comme des exécutants de politiques éducatives dont ils ne perçoivent pas le sens et qui viennent parfois interroger leurs valeurs, les enseignants ne se retrouvent pas dans la vision portée par les bureaucraties autoritaires, ce qui aggrave la crise des vocations. Pour les élèves, lancés dans des activités pédagogiques en décalage avec les recommandations internationales, la perte de sens, le mal-être et la démotivation sont tout aussi sensibles. Le résultat est une baisse généralisée de la réussite scolaire qui affecte plus fortement les élèves des milieux défavorisés, grands perdants de l’autoritarisme éducatif.

De troublantes similitudes avec la Hongrie

Depuis plusieurs années, les autorités éducatives françaises ne font pas mystère de leur volonté d’orienter le système éducatif vers le modèle de la bureaucratie autoritaire. La dynamique d’hypercentralisation de la décision éducative et de détachement vis-à-vis de la recherche et des recommandations internationales est clairement revendiquée au travers des annonces chocs de la communication ministérielle. L’indexation de la rémunération des enseignants sur le respect des objectifs centraux a commencé avec la part variable du « Pacte ». Les procédures de rendre-compte sur la base des indicateurs de mesure de l’activité ont, elles-aussi, fait leur apparition, d’une manière plus violente et moins progressive que ce qui a été opéré en Hongrie. L’exemple le plus flagrant est l’injonction de « cocher la case » des remontées d’absences sur Pronote. Dans le souci de mesurer le volume de remplacement de courte durée – car il est bien connu que c’est en s’assurant que les professeurs absents sont bien remplacés que l’on augmente le gain social procuré par le service public – les autorités éducatives ont fait injonction aux personnels de direction d’autoriser la remontée des absences – remplacées ou non – par un logiciel privé, largement utilisé par les établissements scolaires. Autrement formulé, il était demandé de « cocher la case » sur Pronote, autorisant la remontée des indicateurs chiffrés, alors que plusieurs analyses montraient que les données remontées contenaient de nombreux biais les rendant exploitables. Beaucoup de personnels de direction se sont, dès lors, montrés récalcitrants, arguant que la démarche n’avait pas de sens. Les demandes courtoises de la hiérarchie se sont alors transformées en injonctions pressantes, sous forme de rappels écrits ou d’appels téléphoniques spécifiques, assortis, à certains endroits, de menaces dissimulées sur l’évolution de carrière ou sur la notation professionnelle. Les personnels de direction apprenaient alors que leur académie ou leur département étaient à la traine, beaucoup moins performants que les autres qui avaient un taux de « cocher la case » nettement supérieur. Certains supérieurs hiérarchiques ont même indiqué que la procédure de « cocher la case » devenait leur objectif prioritaire et qu’ils visaient à terme le 100%.

L’obsession montante pour la réalisation d’objectifs chiffrés, déconnectés de la logique d’évaluation du gain social procuré par le service public, interroge. La violence avec laquelle les indicateurs de mesure de l’activité pédagogique sont en train de s’imposer à l’ensemble du système éducatif a de quoi inquiéter. En France, il s’opère actuellement une bascule vers une bureaucratie autoritaire avec une forme d’acceptation des parties prenantes. Les réactions à la commande de « cocher la case » ont été timorées et malgré quelques nids de résistance, la procédure a finalement été généralisée. Fortes de cette victoire, les autorités éducatives cherchent maintenant à instaurer une forme de ségrégation scolaire au travers des groupes de niveau. En retirant aux établissements leur capacité à construire eux-mêmes les réponses éducatives aux élèves à besoin, la conception ministérielle du choc des savoirs va entériner l’hypercentralisation de la décision éducative. Là encore, on constate une forme d’acceptation des parties prenantes au sens où il n’existe pas un mouvement d’ampleur portant un refus catégorique de la dérive autoritaire. Faut-il y voir un basculement culturel ? La société française serait-elle en train de basculer dans l’autoritarisme comme c’est le cas en Hongrie ?

Stéphane Germain

 
 
 
 
 
  
 

 

 

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (12/1) « Pas de Vagues » / Un film de Teddy LUSSI-MODESTE avec François CIVIL et Shaïn BOUMEDINE (1) Passer à côté de l’essentiel ?

 

 

                      Que vaut vraiment le film Pas de Vagues de Teddy LUSSI-MODESTE, avec François CIVIL et Shaïn BOUMEDINE, qui sortira le 27 mars sur les écrans de cinéma ? Pour le moment on l’ignore. Mais 57 ans après la prestation de Jacques BREL dans Les Risques du Métier d’André CAYATTE, cette fiction dramatique inspirée de faits réels devrait contribuer à populariser l’expression « pas de vagues ».

#PasdeVague (ou #PasdeVagues), est cette formule issue du vaste mouvement de libération de la parole initié par les enseignants en octobre 2018 sur le réseau social X, qu’on appelait alors encore Twitter.

Libération de la parole face aux violences du quotidien, et surtout face aux Omertas, ces très violentes « lois du silence » entretenues par le personnel de direction comme par le personnel d’encadrement de l’institution scolaire, à chaque strate de la pyramique hiérarchique.

C’est la marche de l’histoire : depuis toujours on parvenait à tout cacher, ou à peu près, et depuis longtemps la Grande Muette n’était plus l’armée, mais… l’Ecole. Depuis longtemps on cachait tout. Mais dans ce domaine des violences faites aux enseignants, l’histoire est en marche, qui avance très lentement, mais qui avance ! Et qui avance grâce à une poignée de précurseurs et de lanceurs d’alerte. Et grâce aux réseaux sociaux, contre-points salutaires d’une industrie médiatique systématiquement focalisée sur d’autres sujets.

Face aux rumeurs, aux calomnies, et aux diffamations, Julien, professeur passionné et dévoué à son métier, risque fort de se retrouver rapidement isolé, lâché par ses collègues et enfoncé par sa hiérarchie. S’il n’existe aucun garde-fou efficace contre ces violences, n’est-ce pas parce que le pouvoir politique s’en accommode très bien, depuis 60 ans et plus ?

           Attendons d’avoir vu le film en son entier pour en juger sur pièces, mais il semble que Julien, le personnage central du drame, commette des maladresses de gestion de classe, ce qui n’est pas le cas de tous les enseignants violentés sur leur lieu de travail. A moins d’être assuré d’avoir une classe avec un bon état d’esprit, ou une classe bien en main depuis plusieurs mois, on évite, pour expliquer et commenter une figure de style d’un poème de Pierre de Ronsard, de complimenter la coiffure d’un élève. Or, un des aspects les plus intéressants du film pourrait être la façon dont le réalisateur a construit les personnages des collègues et des supérieurs hiérarchiques du professeur plongé dans la tourmente. Si l’enseignant est lâché – et pis ! – enfoncé et accablé par sa propre tutelle hiérarchique – ce qui est « habituel » et totalement minable en soi – Teddy LUSSI-MODESTE n’a peut-être pas fait du chef d’établissement un salaud aussi pervers que les Zoubinard qu’on subit pourtant réellement dans de nombreux collèges et lycées. Le film passerait alors peut-être à côté de l’essentiel, puisque le proviseur de William THIBAULT – un proviseur bien réel et toujours en poste en 2024… – lui, voulait avant tout s’en débarrasser, et qu’il a profité des mensonges de deux gosses pour le faire, comme il aurait pu user de n’importe quel autre prétexte. Voir, pour rappel, le récit de Jacques RISSO, ci-dessous :

https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2021/06/03/harcelement-hierarchique-le-grand-deni-de-leducation-nationale-28-le-proviseur-de-william-couvert-par-les-uns-et-par-les-autres-une-affaire-representative-de-milliers-dautres/

                                                                                                                Pierre-André DIONNET

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« Pas de Vagues », le film avec François Civil sur le harcèlement scolaire, dévoile sa bande-annonce 

Ci-dessous, article de Aaricia Silvestre, Le Huffington Post, 14 février 2024.
 

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Dans « Pas de vagues », François Civil joue un professeur de français accusé de harcèlement.© Fournis par Le Huffington Post
   
 

CINÉMA – Après avoir triomphé au box-office avec son rôle de d’Artagnan dans les deux volets des Trois Mousquetaires, François Civil est déjà de retour avec Pas de Vagues. Inspiré de faits réels, ce long-métrage de Teddy Lussi-Modeste qui sortira le 27 mars, a dévoilé sa bande-annonce ce mardi 13 février, comme vous pouvez le voir en tête d’article.

 

Dans le film, l’acteur de 34 ans incarne Julien, un professeur de français apprécié par ses élèves et dont l’existence est violemment bouleversée lorsqu’il se retrouve accusé de harcèlement par l’une d’entre elles. Confronté aux menaces de mort du frère aîné de l’adolescente et aux rumeurs propagées par les camarades de celle-ci, Julien se tourne alors vers ses pairs et sa hiérarchie, espérant trouver réconfort et soutien. Hélas, il se heurte à une politique assumée : « pas de vagues », soit la volonté de maintenir le calme et d’éviter tout scandale.

 

Inspiré par la vie du réalisateur

Pour son film, coécrit avec Audrey Diwan (L’Événement), Teddy Lussi-Modeste s’est profondément inspiré de sa propre expérience d’enseignant. Ayant lui-même été accusé à tort de harcèlement alors qu’il était professeur dans un collège d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, il a dû se battre afin de prouver son innocence.

 

« Mon film est un cri. Et ce cri porte en lui l’espoir. Il reste des hommes et des femmes qui sont passionnés par la transmission – moi-même, malgré les défis, je ne peux me résoudre à renoncer à mon rôle d’enseignant. Je suis trop reconnaissant envers l’école pour tout ce qu’elle m’a apporté », a-t-il expliqué au cours de la promotion du film. « Pour déconstruire les discours de haine qui traversent notre société, nous avons plus que jamais besoin que cette transmission entre les professeurs et les élèves se fasse. »

Outre François Civil, le casting du film comprend l’humoriste Fadily Camara, connue pour son rôle dans la série En Place sur Netflix ainsi que le comédien Shaïn Boumedine, vu dans Mektoub, My Love : Intermezzo.

   
 
 
 
 
 
  
 

 

 

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (41) Ces chefaillons qui instrumentalisent élèves et parents pour harceler d’excellents enseignants.

          

           Hier, c’est dans la rubrique « détente », celle des dessins rigolos, que j’ai choisi de publier le montage photo permettant de comprendre d’un seul coup d’oeil ce que certains élèves et certains parents font subir à d’excellents enseignants, sous le boisseau.

Depuis une trentaine d’années, de plus en plus de Bébert Zoubinard, de chefaillons grotesques, de proviseurs médiocres, de principaux pourris, d’ajoints minables et de CPE véreux manipulent et instrumentalisent sciemment ce genre de gamins tordus et de parents haineux, afin de nuire à d’honnêtes enseignants dont ces petits chefs corrompus estiment qu’ils pourraient être à même de les empêcher de faire carrière.

C’est donc logiquement qu’aujourd’hui je republie ici cette photographie, puisqu’elle a tout autant sa place dans cette autre rubrique, consacrée au H.M.H., le harcèlement moral hiérarchique. Un H.M.H. dont les pseudo-syndicalistes et la plupart des hauts fonctionnaires de l’Education nationale osent encore dire, écrire, prétendre, en 2024, qu’ils ne comprennent pas ce que c’est. Ou que cela n’existe pas. Ou alors, si ça existe, c’est tellement à la marge que c’est totalement insignifiant et vraiment pas grave. Le harcèlement moral cela ne concernerait que les élèves, à les écouter. Qui peut encore les croire ? 

                                                                                                                       Pierre-André DIONNET

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Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (11) « L’évaluation des principaux risques liés au travail de bureau : un enjeu majeur. » / Sébastien DECROIX.

 

 

                      Il n’y a pas que les enseignants à être malmenés dans leur travail quotidien. Tous les corps de métiers, tous les secteurs d’activités liés à la scolarité, tous les salariés de l’Education nationale peuvent être concernés par des formes diverses de violences.  Monsieur Sébastien DECROIX en a recensé quelques unes, à l’issue d’une enquête sur la Qualité de Vie et les Conditions de Travail (QVCT). Sa synthèse est loin d’être exhaustive, et fait l’impasse sur des questions encore totalement taboues dans l’institution scolaire. Mais elle présente l’intérêt de mettre en lumière 5 catégories de risques trop rarement prises en compte par notre employeur.

 

                                                                                                                              Pierre-André DIONNET

   
 
 
 
 
 
  
 

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Lettre ouverte d’une enseignante à nos dirigeants / Isabelle MARTINEZ.

 

 

                      

Dans ce courrier qu’elle adresse au président de la République, au premier ministre et à la ministre de l’Éducation Nationale, Isabelle Martinez, professeure des écoles, lance un cri de désespoir. Un cri de colère dans lequel se retrouveront bon nombre de professeur·es. « J’ai besoin de vous dire que nous, nous croyons en l’Éducation Nationale, nous œuvrons au quotidien en équipe et nous avons des idées pour faire grandir notre société et nos élèves, ne vous passez pas de notre expertise », écrit-elle. Une lettre ouverte qu’Isabelle a décidé de publier dans le Café pédagogique. Peut-être sera-t-elle lue par les conseillers des destinataires de ce courrier…

Enseignante depuis plus de 23 ans, passionnée par ma fonction, ma mission, engagée au quotidien pour la réussite et l’épanouissement de nos futurs concitoyens, j’ai besoin de vous dire…

Besoin de vous dire l’école pleine de défis exaltants d’aujourd’hui, vous dire les élèves prometteurs d’aujourd’hui, vous dire les richesses à côté desquelles vous passez faute de connaître les enseignants d’aujourd’hui, vous dire aussi nos souffrances, nos blessures, nos humiliations, nos frustrations non pas dues à nos élèves, aux familles comme vous voulez le faire croire mais dues au mépris de nos dirigeants d’aujourd’hui et au manque de moyens.

Les combats d’hier, la volonté de progrès social, économique, scientifique, démocratique ont imposé une ambition à l’école d’aujourd’hui : l’ampleur des tâches d’instruction, d’éducation, d’élévation des femmes et hommes de demain est considérable. Nous nous devons d’être à la hauteur ensemble et de ne renoncer à aucun idéal pour aller vers l’école de demain.

C’est pour nous, en tant que nation que nous le devons aujourd’hui.

Besoin de vous dire que je ne vous parlerai pas en tant que mère de trois enfants, comme vous madame la ministre , car mes valeurs de mère sont identiques à celles de ma fonction, identiques à mes valeurs de femme, de citoyenne. Je souhaite à mes enfants les mêmes bonheurs, les mêmes obstacles, les mêmes opportunités, les mêmes libertés qu’à mes élèves, pas plus, pas moins. Or, aujourd’hui j’ai besoin de vous dire que ce n’est pas le cas et que vous le savez.

Besoin de vous dire que je ne veux pas signer de pacte avec mon employeur, je ne veux pas subir de choc de savoir ou d’autre chose d’ailleurs, je ne veux pas de l’action, de l’action, de l’action à tout prix, je ne veux pas de cours d’empathie. Je veux une société empathique ! Une société respectueuse et bienveillante.

Pourquoi devrions-nous former nos élèves à l’empathie alors que vous construisez une société où il faut dépasser les autres, être en compétition, gagner, diriger. L’empathie est-elle un critère d’entrée dans les grandes écoles, dans les recrutements de grandes entreprises ? Alors pourquoi ? Est-ce une volonté d’apprendre aux plus faibles à se faire dominer et humilier avec sourire et résilience ? Nous luttons contre le harcèlement, les insultes sur les réseaux sociaux …c’est à nous de le faire à l’école ! Mais nos dirigeants montrent-ils cela ? L’exemplarité dans les propos, la délicatesse, le souci des autres, l’accueil des autres en difficulté, la tolérance, le langage modéré ? La publicité, les médias, le monde du travail montrent-ils cela ?

Nous pouvons être votre caution morale jusqu’à un certain point mais personne n’est dupe, vous créez une monde violent et clivant et vous souhaitez que nous compensions cela par des leçons de morale. Pourquoi ne pas former nos élèves aux punchlines, aux mensonges devant caméras, au mépris de la justice, des règles, à la façon de se placer à côté des bonnes personnes, à l’hypocrisie ? Cela ne leur serait-il pas plus utile au fond ?

Besoin de vous dire que j’ai besoin d’entendre vos véritables intentions, à l’école on enseigne avec des objectifs précis, quels sont les vôtres ? Créer deux écoles : une privée qui formera l’élite et les dirigeants de demain avec tous les moyens nécessaires et une école publique formant la main d’œuvre qualifiée, docile et ignorante ? Si c’est votre projet de société dites-le, assumez-le !

Les fameuses évaluations et classements internationaux que vous aimez tant montrent que nous sommes les champions de la reproduction sociale, vous réussissez donc !

Mais vous allumez des feux au passage, la haine monte, vous ne voulez pas entendre, entendre les souffrances, les blessures, les rêves arrachés, les idéaux piétinés, vous ne voulez pas entendre qu’à force de chercher le coupable, le responsable de tous les maux, de montrer du doigt les uns pour éviter aux autres de penser…oui à force de crier fort, de vouloir couvrir et étouffer les braises, la cité va exploser, les campagnes vont mourir et le responsable sera celui qui a attisé les brasiers de la misère. Espérons alors que vous ne laisserez pas vos bons petits soldats de fonctionnaires (écoles, services publics..) en première ligne prendre les coups qu’ils n’auront eu de cesse de retarder.

Besoin de vous dire que vous voulez faire de notre profession humaine et sociale, un métier technique mais vous n’arriverez pas à nous priver de cette liberté et de cette relation privilégiée avec nos élèves. Certes la recherche et les évaluations doivent nous aider à trouver la pédagogie efficace et les supports didactiques pertinents, nous aimerions y participer, avoir le temps d’y réfléchir, d’innover, de comprendre ; nous en avons le droit en tant qu’acteur.

Mais vous ne pourrez instruire, éduquer, passionner un élève comme vous assemblez des pièces détachées sur une chaîne de montage automobile. Le professeur qui vous a éveillé, donné envie d’apprendre, surpris, bousculé, remis en question était un professeur pas comme les autres non ? Son humanité, sa psychologie, sa personnalité vous ont marqués pour toujours et il n’enchaînait pas les exercices du manuel comme un robot.

Aujourd’hui comme hier et comme demain, le professeur efficace est l’individu intelligent empli de passion, d’enthousiasme, de projets pour ses élèves et j’ose…d’amour ! Que vous le vouliez ou non.

Besoin de vous dire que vous ne nous achetez pas avec vos primes, nous ne marchons pas au résultat et à la rentabilité. Nous voulons vivre correctement de notre métier qui nous demande bien plus d’heures que ce que vous estimez, nous ne les comptons pas ces heures car notre récompense est en classe : une réussite, un éclair dans le regard, un gros sourire, un « ah oui, j’ai compris », un merci des familles, un collègue solidaire… Les moments qui nous valorisent sont là en face de nos élèves et l’échec scolaire est notre menace au quotidien car il nous touche au plus profond de nous. Donnez-nous les moyens de réussir vraiment et gardez votre primes qui n’ont rien d’une revalorisation mais qui sont un os à ronger pour étouffer notre colère.

Besoin de vous dire qu’aujourd’hui notre métier est difficile, il n’est pas le seul, les professions usantes, humiliantes, aliénantes, il y en d’autres et bien moins rémunérées que la nôtre… Nous ne sommes pas pauvres, nous avons des vacances, nous avons notre envie, notre équipe, nos loisirs…mais pourquoi finit-on parfois sa journée en pleurant même après des années d’expérience ? Pourquoi n’a-t-on pas de médecine du travail ? Pourquoi ne dort-on pas la nuit car les difficultés d’un élève vous obsèdent ? Pourquoi se forme-t-on sur son temps personnel ? Pourquoi culpabilise-t-on chaque fin d’année de ne pas avoir fini votre programme? Pourquoi notre supérieur ne nous adresse-t-il la parole que tous les 4 ou5 ans pour nous évaluer ?Pourquoi reçoit-on ses instructions des médias ? Pourquoi les priorités changent-elles tous les mois ? Pourquoi nos ministres ne nous écoutent-ils jamais et nous accusent-ils de tous les maux au lieu d’être à nos côtés dans l’intérêt collectif ?

Aujourd’hui vous ignorez dans les deux sens du terme nos difficultés, vous nous reprochez les difficultés de la société, nous sommes enseignants mais nous ne sommes pas infirmiers, médecins, psychologues, médiateurs, chefs de projet, assistants sociaux, éducateurs, AESH, techniciens informatiques, secrétaires, policiers. Et j’en passe…

Besoin de vous dire que votre école inclusive est violente pour les enfants en situation de handicap, abandonnés sans soin dans un milieu parfois agressif et non adapté, violente pour les autres élèves conscients du non-respect de la qualité de soin et de vie de leurs camarades et perturbés dans leurs propres apprentissages, violente pour les enseignants qui ne sont ni formés ni compétents pour assurer un rôle de soignant, violente et mensongère pour les familles qui mettent leurs espoirs en nous et que nous décevons. Une école inclusive est possible mais encore faudrait-il la penser sérieusement : donnez-vous les moyens de réussir réellement sinon améliorez le système de soin et de prise en charge en milieu spécialisé, eux aussi délaissés et sacrifiés alors que compétents. Aujourd’hui nous souffrons tous de vos manquements.

Besoin de vous dire que la solidarité avec les professeurs, ce n’est pas simplement s’émouvoir et s’indigner d’un assassinat, c’est être à nos côtés, comprendre nos souffrances, nous protéger, nous connaître nous écouter, nous consulter avant de rendre les conclusions de la consultation. Ce n’est pas brandir l’autorité, l’ordre quand on a peur de faire face à ses failles, ni instrumentaliser le beau principe émancipateur de la laïcité afin de mieux stigmatiser l’Autre.

C’est aussi comprendre l’importance de la formation des futurs professionnels, prendre le temps de leur donner des savoirs, des techniques et les guider peu à peu dans la réflexion qu’exige notre mission. Les rendre praticiens réflexifs et non exécutants car ce métier, que vous méconnaissez, est trop impliquant pour s’y engager sans armes intellectuelles et émotionnelles. Il ne suffit pas de conduire pour savoir construire une voiture, il ne suffit pas d’être allé à l’école pour savoir enseigner.

Besoin de vous dire que la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme, le fanatisme n’est pas notre travail, désolée mais cela dépasse nos compétences ! En revanche former des esprits critiques, des êtres conscients, des jeunes acteurs de leurs apprentissages et de leur vie, des enfants qui ont des rêves, des ambitions, qui savent comment les atteindre et s’émancipent, oui nous devons et pouvons le faire. Aujourd’hui, le voulez-vous vraiment ?

Besoin de vous dire que moi j’y crois !

Je crois en chacun de mes élèves, je crois que chacun d’eux a des richesses à partager avec la société, je crois aux valeurs de la France et je les fais vivre dans ma classe comme mes collègues. Mais la bulle où liberté, égalité, fraternité existent se nomme l’école et ensuite ? Et dehors ? Et le soir ? Et à la télé ? Et dans vos décisions ?

Je veux croire que le sentiment d’appartenance à la société, les ouvertures culturelles, les outils pour réussir, les rêves d’enfant, le bonheur d’apprendre, de partager, de vivre ensemble, tout ce qui nous est précieux et que nous protégeons à l’école vaincra. Sinon je ne crois plus en l’humanité.

Besoin de vous dire de laisser les enfants de France s’enrichir les uns des autres, laissez-les se connaître, laissez-les vivre des vies d’enfants insouciants, rêveurs et joueurs.

Besoin de vous dire de nous laisser nous, enseignants, œuvrer calmement ensemble en misant sur notre conscience professionnelle, notre passion, notre intelligence, notre envie d’offrir la base la plus solide à tous les élèves.

Besoin de vous dire que l’école va mal parce que la société va mal et non l’inverse.

La société a besoin de se retrouver autour de valeurs, de partage, de projet et de vision d’avenir où chacun a sa place ; l’école fera sa part mais seule, elle ne fait pas le poids, elle se décourage et désespère…

J’ai besoin de vous dire que nous, nous croyons en l’Éducation Nationale, nous œuvrons au quotidien en équipe et nous avons des idées pour faire grandir notre société et nos élèves, ne vous passez pas de notre expertise.

Isabelle MARTINEZ

Professeur des écoles   

  

   

      

 
 

                                                                                                                             

 
 
 
 
 
  
 

 





 

 

 




 

 

  

 

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (40) « Difficile pour l’Education nationale d’enrayer le harcèlement quand elle s’en sert comme d’outil de gestion des personnels » / Johan FAERBER.

          

           Les parents d’élèves s’émeuvent à juste titre des dangers que courent leurs enfants face aux phénomènes de harcèlement scolaire. Mais qui peut protéger leurs bambins et leurs charmants ados, sinon les salariés de l’Education nationale ? Or… impossible pour eux de le faire, lorsqu’eux-mêmes subissent du harcèlement de leur propre administration et de leur propre hiérarchie ! Finalement, la maman de Loana et le papa de Kévin, la mère de Clémentine et le père de Jean-Eudes ont tout intérêt à se mêler de la façon dont on francetélécomise les professeurs, en France, plutôt que de participer au profbashing ambiant. Dans leur intérêt, et dans l’intérêt de leurs enfants, les parents gagneraient eux aussi à s’emparer de ces sujets tabous.

                                                                                                                       Pierre-André DIONNET

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Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (10) « Un monde où chaque personne professionnelle de l’éducation peut exercer son métier en toute sécurité et avec des moyens adaptés. » / Amnesty International.

 

 

                      C’est vrai. Bien sûr. « Ailleurs c’est pire ». On ne l’oublie pas et on agit pour qu’ailleurs ce soit « mieux » demain.

Et ce n’est certainement pas une raison – au contraire ! – pour accepter ici la casse de l’Ecole publique. Ni la casse et la francetélécomisation à bas bruit des hommes et des femmes qui exercent, en France, le métier d’enseignant. 

 

                                                                                                                              Pierre-André DIONNET

   
 
 
 
 
 
  
 

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Amnesty International :

 « Défendre le droit à l’éducation » 

https://www.amnesty.fr/education-droits-humains-enseignants?utm_medium=email&utm_source=emailing-pee&utm_campaign=journee_internationale_education

https://www.amnesty.fr/education?utm_medium=email&utm_source=emailing-pee&utm_campaign=journee_internationale_education

Ci-dessous, communiqué de Maud Bernard d’Heilly, Responsable du service Éducation aux droits humains chez Amnesty International France

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Aujourd’hui c’est la Journée internationale de l’éducation.

L’occasion de rappeler que le droit à l’éducation et le personnel enseignant sont attaqués dans de nombreuses parties du monde (attaques contre des enseignants en France, violation du droit à l’éducation pour les filles en Afghanistan… ).

Face à ces défis, Amnesty International s’engage pour l’éducation, et ce tout au long de l’année, notamment grâce à l’Éducation aux droits humains.

Nous croyons en un monde où chaque personne a le droit à une éducation de qualité, une éducation visant à favoriser le plein épanouissement de la personnalité humaine et à renforcer le respect des droits humains et des libertés fondamentales, comme le stipule l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Nous croyons en un monde où chaque personne professionnelle de l’éducation peut exercer son métier en toute sécurité et avec des moyens adaptés.

Pour cela, nous accompagnons le public enseignant dans la sensibilisation et l’éducation aux droits humains de leurs élèves, en mettant à leur disposition diverses ressources pédagogiques.

Parce que l’Éducation aux droits humains est un droit universel, chaque personne peut accéder à nos ressources pédagogiques gratuitement depuis notre Espace Éducation.

Vous pouvez faire connaître nos outils ressources autour de vous et ainsi contribuer à défendre ce droit fondamental.

Ensemble, défendons les droits humains !

Solidairement,

Maud Bernard d’Heilly
Responsable du service Éducation aux droits humains
chez Amnesty International France

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (9) « 84 % du corps enseignant n’est pas respecté par l’Education nationale »… Si même Le Figaro le dit…

 

 

                      « 84 % du corps enseignant n’est pas respecté par l’Education nationale ».

Si même Le Figaro le dit… c’est peut-être que les violences institutionnelles déjà dénoncées il y a 20 ans par une poignée de lanceurs d’alerte ne relevaient pas du phantasme. Qui sait ?

Pour répondre à la question « Combien de victimes ? », le calcul est simple, si l’on se fie à ces données. 84 % de 853 700 enseignants, cela fait un peu moins de 720 000 êtres humains malmenés par ceux-là mêmes qui sont payés pour faciliter leur travail de transmission des savoirs. Chapeau ! Bon bilan.

 

                                                                                                                              Pierre-André DIONNET

   
 
 
 
 
 
  
 

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« Un tiers des Français serait « inquiet » pour un proche qui souhaite devenir enseignant », Le Figaro, 23 janvier 2024, Quentin PERINEL.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/pas-calais/bethune/harcelement-presume-a-la-cite-scolaire-lavoisier-d-auchel-mobilisation-de-bikers-colere-des-enseignants-la-rectrice-tente-de-calmer-le-jeu-2881487.html

 

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Un tiers des Français serait « inquiet » pour un proche qui souhaite devenir enseignant

 
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Le plus beau métier du monde est en difficulté.
Le plus beau métier du monde est en difficulté.JeanLuc / stock.adobe.com
       

Il faut réenchanter les carrières des professeurs. Quasiment 90% du grand public estime qu’il faut améliorer les conditions de travail des enseignants, que ces derniers ont infiniment de mérite. Explications.

C’est un métier qui devrait avoir le vent en poupe et continuer de susciter des vocations. Il était le plus beau métier du monde, disait-on. L’est-il toujours ? C’est moins sûr… La crise de recrutement des professeurs qu’est en train de vivre le monde de l’éducation ne désemplit pas. Elle s’aggrave d’années en années…

Un métier qui fait moins rêver

À chaque rentrée des classes en septembre, le suspense demeure… Toutes les classes disposeront-elles d’un professeur des écoles (au primaire) ou de professeurs dans l’ensemble des matières du programme (au collège et au lycée) ? À la crise de vocation (la diminution du nombre de candidats au concours donc) s’ajoutent de nombreuses démissions et réorientations de professeurs, aussi bien parmi les titulaires que les contractuels… Une étude OpinionWay met des chiffres sur ces tendances… Plus de 400 enseignants en poste actuellement ont été sondés… ainsi qu’un millier de citoyens formant un échantillon représentatif du «grand public.»

Résultat ? Ce métier fait moins rêver qu’avant François… C’est notre époque qui veut cela… 65% des enseignants (et 68% de l’ensemble des Français) considèrent qu’aujourd’hui ce métier se résume davantage à faire la discipline et la garderie qu’à réellement transmettre des savoirs. C’est 80% des professeurs qui vont jusqu’à dire que le métier d’enseignant est menacé, qu’ils ont peur de l’avenir…

84% du corps enseignant ne se sent pas respecté par l’Education Nationale

Pire encore 84% du corps enseignant actuellement en poste ne se sent pas respecté par l’Éducation Nationale, et peu soutenu par sa hiérarchie… À savoir, petite précision. Il existe écart de perception entre les enseignants du public et du privé, ces derniers se montrant systématiquement plus optimistes ou moins en souffrance que leurs homologues. Malgré tout, une large majorité d’enseignants du privé ont la même opinion et le même ressenti que leurs confrères du public… Ce sont donc des constats partagés.

Le grand public est de tout cœur avec les profs. Quasiment 90% du grand public estime qu’il faut améliorer les conditions de travail des enseignants, que ces derniers ont infiniment de mérite… Ils sont estimés par la population mais pas spécialement enviés. D’ailleurs à la question «Si l’un de vos proches envisageait de devenir enseignant, quelle serait votre réaction ?», un tiers des personnes sondées répondent qu’elles seraient inquiètes pour leur proche mais ne lui en parleraient pas, 12% affirment qu’elles essaieraient de l’en dissuader… et 40% soutiennent que cela les rendrait fiers, lit-on encore dans cette étude commandée par Indeed.

« N’importe qui peut devenir professeur » : une idée tenace

Enfin ce dernier phénomène qui illustre le cercle vicieux dans lequel se situe le monde enseignant. L’idée tenace selon laquelle aujourd’hui « n’importe qui peut devenir professeur », est partagée à la fois par la moitié des profs et la moitié du grand public. Il faut donc réenchanter la carrière des profs de toute urgence. Pour que chacun continue à garder en tête un ou plusieurs professeurs qui ont marqué sa vie. Au travail…

 

 

Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (30) Rassemblements devant les préfectures et les tribunaux le jeudi 11 janvier.

 

                 

 

       Il n’est pas normal que le fonctionnement des écoles, collèges et lycées permette d’offrir une impunité – de fait – à la plupart des agresseurs sexuels qui y exercent leurs méfaits.
Les chefaillons de l’Education nationale comportent dans leurs rangs d’innombrables agresseurs sexuels, prédateurs, et violeurs. Une frange fangeuse de zoubinards qui savent parfaitement qu’en 2024 encore, plusieurs mécanismes spécifiques à l’institution scolaire les protègent et musèlent leurs victimes.

Cela n’évolue que bien trop lentement. Les pressions hiérarchiques, les travers administratifs, les diverses opacités et Omerta de l’Ecole ainsi que le fameux #PasdeVague n’accordent quasi aucune possibilité, pour les victimes de ces innombrables violences sexuelles, de simplement commencer à parler.

En tant qu’acteur précurseur (#) de la lutte contre ce fléau, je tiens à relayer l’appel national à multiplier les rassemblements devant les préfectures et les tribunaux le jeudi 11 janvier.

                                                                                                                        Pierre-André DIONNET

(#) Le tout premier lanceur d’alerte à avoir publiquement porté la lumière sur l’impunité des agressions et crimes sexuels dans l’Education nationale, c’est bibi.
C’est « le p’tit prof’ qu’il faut faire taire ».
Bien avant la naissance du mouvement #PasdeVague (octobre 2018).
Bien avant #Metoo (octobre 2017).
La répression a été féroce, immonde, atroce, et elle perdure encore après 20 années d’acharnement minable et de harcèlement hiérarchique caractérisé ; bien que depuis peu, au moins deux hauts fonctionnaires du rectorat de Lille agissent enfin un peu pour que cesse ce retour de bâton. A suivre…

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Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (8) La cité scolaire Lavoisier d’Auchel. Réhabiliter les « mauvaises » victimes pour éviter le pire.

 

 

Oui ou non, de mauvaises décisions administratives peuvent briser des salariés de l’Education nationale pourtant dévoués à leur métier et à leur employeur ?

La réponse est OUI. Mille fois OUI.
 
Oui, de mauvaises décisions de l’administration peuvent détruire d’excellents fonctionnaires qui n’ont rien à se reprocher.
Le dire écorche au sang la bouche en coeur des bons petits soldats qui ont toujours nié en bloc ces dérives – ou qui en ont usé, mésusé, abusé et profité – tant que cela ne les frappait pas eux-mêmes.
On en connaît plus d’un qui ont été contraints de l’admettre, et contraints de reconnaître qu’ils n’auraient jamais dû soutenir le contraire, qu’ils n’auraient jamais dû jurer que tout cela était faux, qu’ils n’auraient jamais dû mentir en la matière, qu’ils n’auraient jamais dû entretenir le déni du réel en se persuadant que cela ne pouvait arriver qu’aux autres.
Tant que cela les épargne, ce sont les bons et les meilleurs apôtres ; mais si la roue tourne en leur défaveur, ce n’est plus la même limonade.
 
Oui, bien sûr, c’est la réalité, c’est une évidence : de très nombreux salariés de l’Ecole publique sont cassés par les mauvais choix des décisionnaires de leur propre administration.
C’est trop fréquent pour passer totalement inaperçu, même si – #PasdeVague oblige – ne parviennent jusqu’aux médias qu’une toute petite portion de ces violences institutionnelles et de ces aberrations innombrables.
L’affaire de la cité scolaire Lavoisier d’Auchel en est un très bon exemple.
Plusieurs médias s’en font aujourd’hui l’écho, parmi lesquels BFM Télé, France Bleue, et France 3 Hauts-de-France qui titre « Harcèlement présumé à la cité scolaire Lavoisier d’Auchel : mobilisation de bikers, colère des enseignants, la rectrice tente de calmer le jeu ».
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« Calmer le jeu » ? 
 
C’est très bien que Madame la Rectrice d’Académie se déplace en personne au lycée et au collège Lavoisier.
C’est très bien que la protection fonctionnelle soit accordée aux agents de cet EPLE.
C’est très bien – ou plutôt, c’
est déjà ça… –  que le ministère de l’Education nationale reconnaisse officieusement et du bout des lèvres « avoir peut-être agi avec précipitation ».
C’est très bien qu’en quelques semaines les choses se dénouent et qu’on laisse le bon sens et le rationnel l’emporter.
Oui, c’est très bien.
 
« Calmer le jeu » ? 
       

C’est moins bien de laisser pourrir pendant des années des situations autrement plus lourdes, plus graves, plus destructrices, et de les noyer dans des mensonges saupoudrés d’émotions primaires sciemment instrumentalisées.
C’est moins bien que le ministère refuse de reconnaître qu’on a agi fautivement en broyant d’excellents enseignants auxquels on ne pouvait rien reprocher.
C’est moins bien que le rectorat de Lille n’accorde pas la protection fonctionnelle à quantité d’agents qui y ont pourtant droit. (*) 
C’est moins bien que personne ne se déplace pour soutenir les victimes de violences sexuelles, les victimes de violences hiérarchiques, les victimes de mobbing et de harcèlements hyper-violents, toutes ces victimes dont on nie l’existence et que l’on cache.
Oui, c’est beaucoup moins bien.

Vous avez dit 2 poids, 2 mesures ?
Rien de neuf sous le soleil et sous les nuages du Pas-de-Calais. Selon que vous serez puissant ou misérable, selon que vous serez un chef d’établissement doté de solides appuis et soutenu par de multiples réseaux d’influence, ou que vous serez un simple p’tit prof’ ayant pour seule ambition de se donner à plein dans son métier et de faire son travail honnêtement, on vous rendra Blanc ou Noir, on vous dira Bon ou Mauvais.
Heureusement que les « bonnes » victimes, celles qui sont reconnues, choyées, et indemnisées, ne sont jamais les bourreaux des « mauvaises » victimes, celles qui sont invisibilisées, celles qu’on ne réhabilitera probablement jamais et auxquelles on tarde à offrir une porte de sortie honorable.
Heureusement !
Cela ferait très mauvais genre, n’est-ce pas ?

Mais… j’y songe… et si c’était le cas ? Pour de vrai ? Réellement ? A toucher du doigt ?
Si les « bonnes » victimes étaient réellement les bourreaux de quelques « mauvaises » victimes ?
Ce serait atroce, c’est entendu.

Ce serait totalement immoral.
Ce serait immonde.
Mais dans ce cas, comment faudrait-il réagir ?
Je me le demande, parfois.
Le rectorat de Lille devrait le savoir, lui, et si ce scénario cruel s’avérait bien réel, il aurait du depuis longtemps agir, en réhabilitant les « mauvaises » victimes.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire… mais n’attendons pas qu’il soit tard.
N’attendons pas trop tout de même, pour « calmer le jeu » et pour le clore en sortant par le haut.
 

                                                                                                                              Pierre-André DIONNET

   
 
 
 
(*)  Oui, en tant que lanceur d’alerte, bien au courant de ces dérives institutionnelles, je suis en contact avec plusieurs enseignants auxquels le rectorat de Lille a choisi de ne pas accorder la protection fonctionnelle, alors que ce droit ne peut légalement pas leur être refusé. Entre autres exemples, un enseignant violemment agressé à plusieurs reprises par un élève condamné pour ce délit à une peine de trois mois de prison avec sursis, attend toujours que le rectorat de Lille cesse de le balader et lui accorde enfin cette fameuse protection.
 
  
 

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https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/pas-calais/bethune/harcelement-presume-a-la-cite-scolaire-lavoisier-d-auchel-mobilisation-de-bikers-colere-des-enseignants-la-rectrice-tente-de-calmer-le-jeu-2881487.html

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Jeudi 30 novembre 2023, la rectrice de l’académie de Lille s’est rendue au collège lycée Lavoisier d’Auchel pour soutenir proviseur, professeurs et équipe éducative. Depuis plusieurs semaines, la cité scolaire est sous pression d’un club de bikers qui aurait décidé de protéger une jeune victime de harcèlement présumé. Explications

Le 9 novembre, quatre motards de l’association Black Shadow North se rendent à la sortie du collège Lavoisier pour venir en aide à une jeune élève se disant victime de harcèlement depuis deux ans. Une présence qui se fait remarquer, les bikers font vrombir leurs moteurs, des insultes pleuvent. « Il y a eu une altercation avec le chef d’établissement qui nous a demandé de dégager », explique dans les colonnes de La Voix du Nord, un des motards qui a ensuite ramené la jeune fille chez elle. Selon ce dernier, la police était présente et les élèves ont été bloqués dans l’établissement. 

Le proviseur et son adjoint ont porté plainte pour menaces sur personnes chargées d’une mission de service public.

À l’origine de ces faits, selon nos informations, une bagarre organisée et filmée entre deux élèves. À la suite de cette bagarre perdue par Aurélie (prénom d’emprunt), cette dernière révèle qu’elle est victime de harcèlement depuis 2 ans. 

L’affaire est gérée par l’équipe éducative, qui est entendue par une adjointe de la direction académique, laquelle écoute longuement la mère d’Aurélie  dans l’établissement (1). Mais l’affaire rebondit après un courrier du ministère de l’Education nationale.

Un courrier du ministère « inacceptable »

Adressé à l’association Black Shadow North MC, celle des bikers intervenus le 9 novembre, le courrier signé du chef de cabinet du ministre Gabriel Attal, explique : « le ministre m’a confié le soin de cous répondre et de vous remercier ainsi que l’ensemble des membres de l’association Black Shadow North MC pour votre action et votre engagement ». 

« C’est un courrier inacceptable », pour Nicolas Penin, secrétaire régional Unsa Education qui explique qu’il n’y a qu’une seule police, une seule justice et qu’il n’est pas possible de valoriser ainsi « des pseudo-milices ou des justiciers. Des Zorro à motos, comme je l’ai déjà dit ». 

La rectrice de l’académie de Lille s’est donc rendue  jeudi 30 novembre 2023 à l’établissement scolaire pour tenter de calmer le jeu. Elle a rappelé « très clairement son plein soutien, ainsi que de celui du ministère, à l’ensemble des personnels et aux personnels de direction de l’établissement ».

Mardi 5 décembre 2023, une manifestation pacifique et silencieuse des parents d’élèves doit s’organiser à 8h30 devant l’établissement. « Nous apporterons ainsi notre soutien dans le calme à nos équipes éducatives et pédagogiques qui ont notre totale confiance dans leur méthodologie de travail. Sans oublier les élèves qui chaque jour doivent composer avec ces évènements et en souffrent énormément », nous écrit une parente d’élève. 

(1) Aujourd’hui Aurélie est scolarisée dans un autre établissement