Catégorie : Des médias aveugles et silencieux ?
Quand François RUFFIN rend sa copie sur l’Ecole. (2) 02/20. « Sale. Nul. Deux. » En attendant au moins 18/20 la prochaine fois. ;-) /// Deuxième partie.
Quand François RUFFIN rend sa copie sur l’Ecole. (1) 02/20. « Sale. Nul. Deux. » En attendant au moins 18/20 la prochaine fois. ;-)
« Défense et Illustration des professeurs de Français » (1) Lettre ouverte d’enseignants de Lettres de l’académie d’Orléans-Tours à leurs I.P.R.
Des médias aveugles et silencieux ? (20) Les professeurs de Mathématiques du collège Emile Zola de Marles-les-Mines.
Mais empêchez ces p’tits profs de rire, bon sang ! … (43) « C’est IMPOSSIBLE : mon fils ne fait JAMAIS ce genre de choses à la maison. » / Compte Facebook « Wesh Wesh Prof ».
Monsieur Michel RODRIGUEZ : un cas d’école de harcèlement moral hiérarchique ? Déni de Justice, ou proviseur condamné ? (1) « Rentrée des Clashs (1) ».
Malheureusement, la fin de carrière de cet enseignant s’est transformée en véritable cauchemar.
Pourquoi ?
Tout porte à croire qu’un petit chef local a exercé à son encontre des abus de pouvoir répétés qui l’ont brisé, et qui ont commencé alors que ce professeur agrégé devait temporairement faire face à une situation familiale particulièrement difficile.
Sachant cela, comment juger « de l’extérieur » de ce qu’a vécu Monsieur RODRIGUEZ ?
Il faut le savoir, quoi que lourdement affecté par ces brutalités et ces violences répétées, Monsieur Michel RODRIGUEZ reste fort, il est solide, et déterminé.
Le tribunal traitant de ces litiges a accueilli favorablement le premier d’entre eux, mais n’a pas retenu les autres car, à la date des décisions de justice, le harcèlement moral au travail qu’il invoquait n’était pas encore établi, du fait de son noviciat et de son « amateurisme » en matière de droit de la fonction publique, face à des professionnels du droit aguerris, sans scrupules ni états d’âmes, et souvent retors (pour ne pas dire plus).
A la lecture des éléments étayant la plainte, on affirme ici et là qu’en bonne Justice, le proviseur qui aurait mésusé de son pouvoir et tenté de manipuler des élèves et des parents d’élèves sera à coup sûr condamné, d’autant qu’il serait coutumier de ce type de coups tordus, menés en toute impunité. D’autres victimes potentielles se seraient manifestées auprès de diverses instances. Mais ce « on » n’est-il pas un peu trop naïf ? Combien à ce jour de proviseurs ont été condamnés, en France, pour des faits similaires ou autrement plus graves ? Aucun, jusqu’il y a peu (2). Selon que vous serez puissant ou misérable…
Une condamnation pénale d’un des supérieurs hiérarchiques de Monsieur RODRIGUEZ ?
Ce serait quasiment une première en France ! Alors qu’on compte des milliers de chefs d’établissements scolaires et d’adjoints qui sont des harceleurs patents, et qui parfois s’en vantent auprès de leur entourage, la culture des magistrats français veut qu’en 2024 encore, on épargne systématiquement ces délinquants (comme il y a trois ou quatre décennies on se montrait souvent encore particulièrement « indulgent » avec les pédophiles, par exemple).
Oui, plus d’un observateur avisé affirme qu’en bonne Justice, la plainte déposée par Monsieur Michel RODRIGUEZ doit – en théorie du moins – obligatoirement, immanquablement, logiquement, déboucher sur une condamnation de ce proviseur au bras long, aux appuis nombreux, et aux relations influentes. Mais qu’ – en pratique – il y a peu de chances que…
Ce serait une grande première en France, de l’inédit, de l’inouï, du jamais-vu, un tournant, et disons-le : une véritable petite REVOLUTION !
Cela aurait encore, encore, et encore, une fois de plus, valeur d’énième « aval », « blanc-seing », « incitation » et « encouragement » auprès des plus dangereux principaux, des plus malfaisants proviseurs, des plus sanglants adjoints de ces petits chefs destructeurs, médiocres caporaux et chefaillons. Le message envoyé serait très clair, d’ores et déjà il est parfaitement reçu et profondément intégré par les personnels de direction : « Continuez à malmener vos subalternes, et à casser des humains, les « salauds de profs » n’ont que ce qu’ils méritent, et vous ne risquez rien ! ».
A suivre…
Pierre-André DIONNET
SES BILLETS DE BLOG
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« Rentrée des Clashs. L’administration centrale et rectorale de l’éducation nationale obéit-elle à une stratégie non écrite dans le traitement des litiges concernant le harcèlement moral hiérarchique ? Protège-t-on de la même manière un chef d’établissement que son subordonné ? Je décris ce que j’ai vécu et que je vis encore … »
Ci-dessous, billet de blog, Rentrée des Clashs / Michel RODRIGUEZ, Le Blog de Michel RODRIGUEZ, 10 octobre 2022.
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BILLET DE BLOG 10 OCTOBRE 2022
rentrée des clashs
L’administration centrale et rectorale de l’éducation nationale obéit-elle à une stratégie non écrite dans le traitement des litiges concernant le harcèlement moral hiérarchique ? Protège-t-on de la même manière un chef d’établissement que son subordonné ? Je décris ce que j’ai vécu et que je vis encore …
professeur retraité
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Rentrée des clashs !..
J’aurais tellement préféré ne pas me trouver contraint aujourd’hui de mettre sur la place publique le(s) différend(s) qui m’oppose(nt) à l’institution scolaire et à ses représentants locaux.
Cette institution, je lui ai consacré 39 ans de ma vie sur le plan professionnel, mais, lorsque j’y pense, c’est encore bien plus que cela :
C’est elle qui a motivé l’exil de mes parents, avec leurs cinq enfants, d’Espagne . De leur pays, de leurs racines …
Il fallait donner à ces enfants une formation scolaire et universitaire pour qu’ils réussissent dans la vie, et l’école de Franco, en 1964 ne pouvait pas rivaliser avec l’école de France, gratuite, obligatoire, exigeante, laïque, égalitaire.
La France, à cette époque, qui manquait de bras et de jeunesse accueillait à bras ouverts les familles comme la mienne, voulant s’intégrer.
L’école de France a donc été mon « monde » depuis que j’ai eu cinq ans, et représente une bonne moitié de mes souvenirs de vie …
Cette école, je l’ai tout de suite aimée, et m’y suis tout de suite senti bien, en confiance, rassuré, considéré.
Tout ce que j’ai de français, dans ma culture, c’est l’École de France qui me l’a apporté, je veux dire l’Institution Scolaire française …
Mes parents ont ressenti, lorsque j’ai intégré le monde de l’enseignement, une fierté indicible, eux qui voyaient dans les enseignants en général, mais surtout dans ceux qui s’occupaient de nous, des « modèles » d’êtres humains, et dans l’institution scolaire un temple du savoir, de la raison, et de la transmission…
J’ai été nourri de cet idéal … Et moi aussi, comme j’étais fier, ce jour-là, de leur apprendre mon admission à ce concours de recrutement d’enseignants, même s’il me conduisait à une séparation géographique de 1000 km. Nous habitions Toulouse, j’étais nommé dans le Pas-de-Calais.
Je n’aurais jamais cru à l’époque, qu’un jour viendrait où je ne pourrais faire autrement que de « dire du mal » de cette « grande famille de l’enseignement » dont on m’accordait de faire partie. Ma vie s’annonçait heureuse et mes parents se sentaient « récompensés » pour leurs sacrifices.
Il me faut pourtant en passer par là, on ne m’a pas laissé le choix.
Les « officiels », Ministres successifs, député, Rectrice, ne répondent pas à mes sollicitations ; font comme si mon histoire ne les concernaient pas, comme si la dignité perdue d’un enseignant ne valait pas plus cher que son empreinte carbone !
La première procédure administrative pour me voir attribuer la protection fonctionnelle a pris trois ans, et le jugement annulant la décision de refus d’attribution de cette protection est tombé le 8/04/2022, et pourtant …
… Pourtant, bien qu’il soit aujourd’hui établi que la Rectrice a commis une faute en rejetant ma demande, bien qu’il soit évident que cette faute a porté à conséquences dans la suite des événements, c’est par une nouvelle faute qu’elle choisit de faire obstacle à la manifestation de la vérité et à mon accès à la justice !…
Lorsque j’aurai précisé que le problème central est lié à une situation de harcèlement moral que j’ai subi de la part de mon supérieur hiérarchique, Proviseur de mon dernier établissement d’exercice, chacun comprendra que les motivations de l’administration sont à rapprocher de la règle du « pas-de vagues » qui gangrène notre institution depuis quelques années …
J’ai choisi, faute pour l’administration de me laisser un autre choix, de devenir « lanceur d’alerte ».
Je le fais malgré moi ; et je tiens à ce qu’il soit clair, qu’à mes yeux ce n’est pas l’institution scolaire qui est pourrie, et que les textes fondateurs et les statuts ne sont pas en cause.
Qu’il n’y a donc pas à « refonder l’école », mais seulement à la protéger des dérives managériales qui lui sont appliquées ces dernières années, souvent au mépris des lois les plus élémentaires.
Je veux tout particulièrement parler de ce principe, si élémentaire, si évident, si précieux en République, voulant que tout agent de service public soit protégé par l’État contre les risques liés à sa fonction dès lors qu’aucune faute personnelle, détachable de son service, ne peut lui être opposé … Ce principe qui est consubstantiel à celui de la rigueur dans le recrutement et dans le suivi disciplinaire des mêmes agents, car ils collaborent ensemble à la qualité réelle des services publics et à l’assurance que ces services respectent les finalités que leur confère l’État …
Car c’est bien là que « ça pêche » dans notre institution : Des personnes, nommées dans la chaîne hiérarchique, détournent leur pouvoir et abusent de leur autorité, et une « méta-législation », celle du « pas-de-vagues », vient faire obstacle à ce que la loi de la République vienne s’appliquer à eux comme à n’importe quel agent.
…Au point qu’on en arrive, dans le but de les disculper à prétendre qu’ils agissent « dans l’intérêt du service » quand ce n’est pas « par nécessité absolue du service » !…
Mon histoire n’est sans doute pas la plus scandaleuse, loin de là, parmi celles qui parviennent à la connaissance du public ; mais c’est la seule que je connaisse dans les détails, et dont je peux relater la chronologie et les circonstances de manière suffisamment précise pour que chacun puisse se faire une idée claire.
C’est ce que je vais m’employer à faire dans la suite de cette série d’articles. Cependant, une introduction s’impose, afin de mettre en perspective ma propre histoire dans son contexte sociétal et dans son contexte local.
Environnement sociétal :
Voici quelques exemples de la manière dont étaient, et sont encore aujourd’hui, traitées, au sein de l’éducation nationale, quelques situations en lien avec l’obligation de protection imposée à l’État envers chacun de ses personnels…
J’ai volontairement sélectionné des situations qui ont émaillé l’époque de mes propres démêlés avec l’administration dans le cadre de ma demande de protection fonctionnelle, mais on pourrait remonter plus loin …
On ne pourra que constater que la ligne de force majeure qui se dessine, commune aux divers points évoqués, est la mauvaise foi flagrante et le peu de considération du Ministère et de l’administration scolaire, tant pour le problème de la prévention des risques psycho-sociaux ou pour celui de la protection fonctionnelle, que pour celui du simple respect du droit syndical
a) prévention des risques psycho-sociaux, méthodes managériales.
15 mars 2019 : Suicide de Jean Willot
Le suicide de Jean Willot a mis au grand jour les carences de l’Éducation Nationale à protéger ses personnels.
C’est un fait, la hiérarchie de l’Éducation nationale ne met en œuvre que trop rarement l’application de l’article 11 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 (modifié par l’article 73 de la loi du 10 août 2018). Le cadre juridique (dit de « protection fonctionnelle ») est pourtant explicite lorsqu’un enseignant est victime d’une plainte (de parents d’élève) : « Lorsque le fonctionnaire fait l’objet de poursuites pénales à raison de faits qui n’ont pas le caractère d’une faute personnelle détachable de l’exercice de ses fonctions, la collectivité publique doit lui accorder sa protection. » ou lorsqu’un enseignant est victime d’attaques diverses (de parents d’élèves notamment, mais pas seulement) : « La collectivité publique est tenue de protéger le fonctionnaire contre les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne, les violences, les agissements constitutifs de harcèlement, les menaces, les injures, les diffamations ou les outrages dont il pourrait être victime sans qu’une faute personnelle puisse lui être imputée. »
L’administration ne pourra faire moins qu’accorder à ce suicide le caractère d’accident de service…
En revanche, il ne semble pas acquis qu’elle ait « gardé cette mort sur la conscience » afin d’en éviter d’autres.
02 mai 2019 : Suicide de Jan-Pascal VERNET …
Quarante-huit heures plus tôt, il avait fait l’objet d’une convocation devant l’inspection académique puis d’une suspension à titre conservatoire pour « suspicion d’attitude déviante ». Un « choc » pour cet enseignant décrit comme «passionné », doublé d’une « erreur technique » sur son arrêté de suspension …
la déléguée syndicale qui l’a accompagné à l’entretien raconte : « Durant l’entretien, on lui a bien précisé qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une sanction, mais bien d’une mesure conservatoire, qui ouvrait une enquête. J’ai moi-même insisté sur ce point pour le rassurer ». Elle souligne néanmoins que les questions qui lui ont été posées étaient parfois «vindicatives et insidieuses . Cela n’a pas aidé. Je suis même intervenue à un moment pour dire que ça allait trop loin. Même quand il hésitait à répondre, ça se retournait contre lui.».
Ce n’est qu’en décembre 2020, un an et demi après, que l’administration reconnaîtra l’événement (son suicide) comme un accident imputable au service … Alors que tout était clair depuis le début puisque c’est le jour même du suicide que l’administration adressait une lettre où elle reconnaissait son erreur dans les faits retenus contre lui !
Le courrier est arrivé trop tard … C’est ballot !…
21 septembre 2019 : Suicide de Frédéric Boulé à VALLBONE
Frédéric Boulé, 58 ans, professeur de SVT (Sciences de la vie et de la Terre) depuis 28 ans au lycée international de Valbonne, un établissement réputé au nord de Cannes, s’est suicidé à son domicile. Il n’a pas laissé d’écrits expliquant son geste.
Sur son site, le syndicat Snes-FSU de Nice appelait à une manifestation. Le syndicat lie le drame à « l’absence d’aménagement des fins de carrière, d’une véritable médecine du travail, et de possibilité de reconversion », en soulignant que l’enseignant de SVT s’est donné la mort « cinq jours après avoir rencontré le médecin de la prévention du rectorat ».
Ce même jour, Christine RENON rédigeait sa lettre d’adieux …
22 septembre 2019 : Suicide de Christine RENON à PANTIN (Seine St-Denis)…
Sa lettre dans laquelle elle décrit les raisons de son suicide met en évidence le « marche ou crève » auquel sont confrontés les directeurs d’écoles en France, et plus généralement l’existence d’un traitement inhumain des ressources humaines au sein de notre administration scolaire…
Deux semaines plus tôt, Laurent GATIER s’était donné la mort, sans que cet évènement n’ait mérité la moindre couverture médiatique, alors qu’il était question d’un mal-être qui mettait en cause sa hiérarchie, et de harcèlement moral…
C’est le suicide de Christine RENON et l’émotion qu’il a suscitée qui a convaincu le fils de Laurent GATIER d’organiser une « marche blanche » afin d’attirer l’attention des médias sur le cas de son père …
L’administration, évoquait déjà, le 12/10/2019, par la voix de son Recteur, qu’il convenait de « rester prudent » sur les causes du suicide, qu’il fallait « regarder les faits avec distance », et que « le geste de ce professeur pouvait renvoyer à un mal-être plus général » … bien sûr, bien sûr…
Qui peut prétendre après cette terrible série que le nouveau management imposé dans l’éducation nationale ces dernières années n’a aucun impact au niveau des risques psycho-sociaux ?…
On ne va pas tarder à pouvoir répondre à cette question …
Le 8 novembre 2019 :
Monsieur BLANQUER souligne que les 58 suicides d’enseignants sur l’année 2018/2019, rapportés à la population, ne donnent que 5,85 pour 100 000 au sein de son ministère, contre comparativement 16,7 pour 100 000 au sein de la population générale !… Autant prétendre qu’être professeur, cela protège des tendances suicidaires !
Il annonce par la même occasion, dans la même déclaration, un recrutement massif de médecins de prévention dans l’éducation nationale …
Cette annonce n’était peut-être pas étrangère à la plainte lancée contre lui au pénal pour “manquement de suivi médical” devant la cour de Justice de la République.
Bonjour la cohérence !..
N’y a-t-il pas une mauvaise foi criante à comparer le nombre de suicides à partir d’une statistique émanant exclusivement du ministère ?
Tous les enseignants morts par suicide sont-ils effectivement recensés dans cette liste ministérielle ? …
-Alors que rien n’impose aux familles de déclarer à l’administration la cause du décès,
-Alors que rien n’impose à un chef d’établissement, à supposer qu’il en soit informé, de « faire remonter » l’information,
-Alors que des statistiques indépendantes du ministère (organisées par l’INSERM et concernant l’ensemble des professions) donnaient en 2002 le résultat de 39 suicides d’enseignants pour 100000 (soit 2,4 fois plus que la moyenne générale de l’époque) … Est-il concevable que la situation soit devenue si « calme » dans le milieu enseignant sur les 17 années qui séparent ces deux chiffres ?
Était-il vraiment nécessaire d’ajouter encore à cette mauvaise foi le biais qui consiste à parler des chiffres du Ministère en mélangeant les enseignants avec les personnels administratifs et techniques ?…
Conclusion sur ce point : L’administration communique énormément, dans ce domaine, ces dernières années, largement influencée par les rapports annuels du Médiateur de l’éducation nationale constatant la recrudescence des dossiers qui lui parviennent sur ce thème …
Mais en termes de crédits, comme en termes de décisions de nature à changer les habitudes managériales, rien ne bouge vraiment, et les demandes de ruptures conventionnelles comme les démissions ne cessent de se multiplier.
Le cas du lycée Léon BLUM à CRÉTEIL :
Dans ce lycée, le rectorat avait nommé une chef d’établissement qui s’était déjà donnée à connaître pour ses condamnations dans un autre département pour ses mauvaises méthodes managériales ( En particulier, l’annulation de la non-reconnaissance d’un accident de travail suite à une agression verbale particulièrement violente dont fut victime un personnel administratif. Le tribunal avait enjoint le rectorat de reconnaître l’accident de service.…)
Pendant deux années, les mêmes méthodes produisant les mêmes effets, le personnel du lycée se sont plaints d’un climat toxique, au point que 25 % d’entre eux ont demandé et obtenu leur mutation lors du dernier mouvement !
Une médiation a été décidée en juin dernier par le Rectorat, mais cette médiation ne débouchant sur aucune décision susceptible de satisfaire le personnel (maintien de la chef d’établissement et dégradation des conditions de fonctionnement…) un mouvement de grève fut lancé à la rentrée.
Le corps enseignant mettait en cause les comportements de la proviseure, dénonçait des humiliations publiques, des propos discriminatoires et des menaces abusives de retenue de salaire.
Un «management de la terreur», comme le décrivent plusieurs professeurs et membres du personnel, « un syndrome France Télécom dans l’éducation nationale », ayant conduit à de multiples suivis psychologiques du personnel, et à des mutations anormalement élevées cet été.
L’histoire a fragilisé les liens entre le rectorat de Créteil et les professeurs, alors que ces derniers attendent encore les résultats d’une enquête administrative lancée mi-septembre et toujours en cours, selon l’académie.
Devant l’ampleur du mouvement et sa médiatisation, la chef d’établissement demanda à être déchargée de ses fonctions, ce qui n’a rien d’une sanction disciplinaire.
Aujourd’hui, un nouveau proviseur est en poste, mais le rectorat entend retenir le salaire des grévistes pendant les 9 jours du mouvement, au cours duquel ils étaient tous présents au lycée, y compris la journée où s’est tenue l’enquête administrative à laquelle ils ont participé …
Qui était en faute ? Qui fait les frais de ces fautes ?…
b) protection du fonctionnaire par l’État …
16 octobre 2020 :
Samuel PATY était décapité sur la voie publique non loin de son collège qu’il venait de quitter !…
Cet acte concluait une série d’outrages à sa dignité depuis que, dix jours avant, il avait, dans le cadre de son cours sur la liberté d’expression, montré en classe deux caricatures de Mahomet.
L’administration s’est défendu, après son décès, d’avoir voulu lui reprocher quoi que ce soit, mais il est largement établi que dès le 8 octobre et jusqu’au 16, Samuel Paty, la principale et les enseignants ont identifié une menace grave pour leur intégrité physique et la sécurité du collège…
David di Nota, dans son livre « j’ai exécuté un chien de l’enfer[…] » décrit en détail le mécanisme ayant conduit au drame :
On y découvre un Samuel Paty désemparé et agacé face à la réaction, ou l’absence de réaction, de sa hiérarchie, alors que se répand un récit mensonger du cours où il a montré des caricatures de Mahomet.
« Tout est parti d’une élève qui n’était pas présente à ce cours. Cela entraîne des pressions de la part de ceux qui se disent offensés, et en vertu de la politique des accommodements raisonnables, il a fallu absolument que le prof reconnaisse une erreur qu’il n’avait pas commise: demander aux musulmans de sortir. Lui le répétera trois jours avant sa mort: ce n’est pas ce qu’il a demandé », insiste David di Nota.
Le livre décortique deux écrits administratifs, avant et après l’assassinat, où l’Éducation nationale se dédouane de toute faute.
« L’administration est tombée dans le piège de sa propre idéologie (…) Le problème des rapports qui ont été écrits sur ces faits est qu’elle passe son temps à faire son propre éloge », selon l’écrivain.
c)respect du droit syndical et des procédures :
Le cas du lycée DE MELLE :
Au lycée Desfontaines de Melle (79), comme dans plus de 500 lycées en France, la communauté éducative, les parents et les lycéens se sont mobilisés en janvier 2020 lors de la passation des premières épreuves du « bac Blanquer », si largement décriées, les fameuses E3C.
Le ministère ne peut alors admettre l’ampleur de cette mobilisation nationale et les foudres du rectorat de Poitiers s’abattent sur 3, puis 4 enseignants de ce lycée rural :
C’est un véritable acharnement répressif qu’ils subissent, suspendus à titre conservatoire pendant 8 mois, ils sont sanctionnés début novembre à l’issue de conseils de discipline où aucun avis majoritaire n’avait pourtant été émis.
Il s’agit d’en faire des exemples. Il s’agit de réprimer et d’intimider. Il s’agit de faire taire la contestation. La conclusion du compte-rendu de l’enquête administrative assume d’ailleurs ouvertement les motivations politiques et idéologiques à l’origine de cette affaire en affirmant qu’« ils restent dans leur logique de combat de la réforme » et qu’il faut donc a minima les déplacer d’office. Pourtant, confronté à une forte mobilisation et à ses propres contradictions, le rectorat de Poitiers recule, proposant des sanctions de plus en plus basses au fur et à mesure de la semaine des conseils de discipline.
Seule Sylvie Contini, passée la première, a à subir, pour l’exemple et de manière arbitraire, cette sanction de déplacement d’office. Elle attaque alors cette décision en référé au tribunal administratif de Poitiers, avec ses avocats financés par la caisse de solidarité.
Le 22 décembre, le verdict tombe : l’ordonnance du TA suspend la sanction du rectorat de Poitiers et demande la réintégration provisoire de Sylvie sur son poste à Melle en attendant le jugement sur le fond. C’est un revers pour le rectorat de Poitiers et Blanquer, piqué au vif, prend officiellement la main sur ce dossier des 4 de Melle, en se pourvoyant en cassation devant le Conseil d’Etat pour annuler cette victoire en référé.
Peine perdue : le Conseil d’Etat a statué, aucun des arguments avancés par le ministère n’est jugé recevable, ce pourvoi ne sera donc pas même examiné, il n’est pas admis !
Le cas du lycée Joliot-Curie à NANTERRE :
Kaï TERADA a appris sa suspension à la rentrée , puis, le 22 septembre, sa mutation d’office dans un lycée de Saint-Germain en Laye , à une heure de trajet de son lycée Joliot Curie de Nanterre.
Il se trouve que ce professeur est une figure connue du syndicat « Sud-éducation ».
Il se trouve que, par ailleurs, il est reconnu comme un enseignant sérieux, qualifié, et compétent, par l’ensemble de ses collègues au sein de son établissement ainsi que par ses élèves et leurs parents.
Il se trouve enfin que, malgré cela, la Rectrice de l’Académie de Versailles, sans qu’aucune faute ne soit reprochée nommément à ce professeur, sans qu’aucun conseil de discipline ni aucune commission paritaire n’aient été consultés, alors qu’une suspension est une décision conservatoire réservée aux cas de manquement graves et doit être accompagnée d’une enquête disciplinaire (ce qui n’a pas été le cas ici…), présente pourtant la mutation de K Terada comme visant « à créer des conditions renouvelées pour reconstruire un climat apaisé, indispensable au bien être des personnels et des élèves«
Une formule assez provocatrice dans un lycée très perturbé par la sanction qui frappe un enseignant à qui aucune faute n’est reproché et qui est en poste depuis 16 ans dans l’établissement.
… On « perturbe le climat » en annonçant la suspension, et on prétend ensuite l’apaiser par la mutation d’office ?…
Focus à présent sur ce que j’ai vécu moi-même …
1)Qui suis-je ?…
« Un professeur au parcours atypique qui fait profiter ses élèves de sa grande culture, sans oublier l’accomplissement indispensable du programme .» Voilà comment me qualifiait, au printemps 2016, le Proviseur qui allait prendre sa retraite le 1er novembre suivant, son remplacement faisant l’objet d’une période de « doublon » à la tête de l’établissement sur les deux premiers mois de l’année scolaire.
Cette appréciation n’était pas mon seul sujet de satisfaction puisque je venais d’être admis à la hors-classe du corps des agrégés quelques mois plus tôt, et que, pour la première fois de ma carrière pourtant bien remplie, le Conseil d’enseignement de juin 2016, m’avait désigné pour assurer (pour la première fois de ma carrière!) l’une des classes de Terminale scientifique à la rentrée suivante …
Le « parcours atypique » évoqué par le chef d’établissement mérite d’être un peu détaillé, non pas pour faire le malin en bombant le torse, mais pour mettre en évidence, plus loin dans le récit, le niveau d’incohérence des allégations qui vont m’être opposées :
a) les « promotions » successives :
Entré dans l’enseignement à 22 ans, dans le cadre d’un recrutement exceptionnel d’instituteurs (intitulé FIS/DEUG 1982) qui envoyait directement les lauréats en plein exercice sur le terrain, avec une formation réduite à quelques semaines de rassemblement en école Normale, étalées sur trois ans avec titularisation dès la fin de la première année, j’ai été successivement, par concours successifs :
-instituteur stagiaire puis titulaire, (1982)
-PEGC-Maths/SciencesPhysiques, stagiaire puis titulaire (1985)
-Professeur Certifié de maths, stagiaire puis titulaire (1987)
-Professeur Agrégé de maths, stagiaire puis titulaire (1994)
Précisons que seul le « stage » de PEGC a donné lieu à une véritable formation « initiale », pour les autres, et notamment pour celui du CAPES ( que j’avais pourtant passé en candidat externe), il s’agissait de stages « sur le terrain à temps plein »…
b) La formation et les activités périphériques en lien avec la profession :
Ce manque flagrant de formation initiale, je l’ai compensé par une formation, et surtout une auto-formation continue, tout au long de ma carrière, c’est ainsi que je me suis systématiquement inscrit aux stages de l’IREM de Lille axés sur l’histoire des mathématiques, et suis moi-même devenu animateur au sein de cette structure, où j’ai par la suite, en dehors de mon service complet, participé aux groupes de travail sur l’histoire des mathématiques, mais aussi sur les relations Maths-Physique, sur l’enseignement Primaire, sur l’enseignement des maths en Europe (comparaison des modèles éducatifs) …
Sur cette même lancée, j’ai participé, sur mon temps de loisirs, à de nombreux congrès, colloques, journées nationales, consacrés à l’enseignement des mathématiques, et me suis investi dans les activités de la Régionale de LILLE de l’APMEP en tant que secrétaire, et rédacteur du bulletin trimestriel « convergences » (« le bulletin qui a de la suite dans les idées sans être monotone et borné… »).
Je faisais partie de l’équipe organisatrice des journées nationales APMEP de 2001 à LILLE (« mathématiques au carrefour de l’Europe »), notamment en me chargeant de l’invitation et de la traduction de la conférence de Miguel de GUZMAN (ancien président de l’ICMI, « International Commission of Mathematics Instruction »), et de la co-animation d’ un atelier sur « les mathématiques du Bridge ».
c) les postes occupés …
Ma carrière m’a conduit à enseigner les mathématiques à des publics divers, que je résume ainsi … J’ai assuré :
-Tous les niveaux de maternelle et d’enseignement primaire y compris la classe de perfectionnement (devenue CLIS aujourd’hui…). Une année en tant que titulaire remplaçant a beaucoup contribué à la diversification de mon expérience…
-Tous les niveaux de collège, y compris en SES (devenu SEGPA aujourd’hui).
-Tous les niveaux de lycée, à l’exception notable de la terminale scientifique.
-Des BTS technologiques
-Des étudiants en « licence d’enseignement » préparant, à l’Université d’Artois, le concours de professeur des écoles (vacations)
-Des élèves-maîtres et stagiaires IUFM (De Lille et de Montpellier) en formation initiale et continue ainsi qu’en direction de mémoire professionnel (PE et PLC-maths)
-Des élèves-ingénieurs à l’école des Mines de DOUAI (vacations)
-Des professeurs de mathématiques en formation continue
-Des adultes ayant abandonné très tôt le cursus scolaire, au sein du CUEEP de LILLE
Voilà qui devrait justifier amplement la référence de mon ancien chef d’établissement qui parlait de « parcours atypique » … et aurait dû donner quelques doutes à l’IPR ayant retenu à mon sujet, sans m’avoir jamais inspecté, l’appréciation suivante : « on lui conseillera d’adapter son enseignement à la diversité de son public » …
2) Mon environnement professionnel (à la rentrée 2016)
Un lycée de centre-ville dans une ville moyenne du Pas-de-Calais, jouissant d’une bonne image dans son secteur, notamment par ses sections de Bachi-Bac, ses sections sportives, sa section musique, et plusieurs classes européennes et aussi par ses BTS tertiaires.
Bref, un poste idéal pour un enseignant en fin de carrière qui voulait arriver à la retraite « en douceur » …
Le départ à la retraite du proviseur au 01/11/2016 a motivé une période de « passage du témoin » au cours de laquelle le nouveau chef d’établissement intervenait en doublon.
Mais, c’est au mois de juin qui précéda cette rentrée que mon histoire commence par deux anecdotes aux effets diamétralement opposés :
conseil d’enseignement :
Grand bonheur !…
à la suite de deux années scolaires effectuées dans le lycée, qui avaient visiblement donné satisfaction au Proviseur puisque celui-ci m’avait accordé une appréciation dithyrambique dans le cadre de la promotion à la Hors-classe, et dans le contexte du départ d’un collègue, agrégé comme moi qui était nommé sur un poste de classes préparatoires, il fut décidé que l’on m’attribuerait la terminale scientifique qu’il assurait jusque là.
surveillance de Bac :
Patatras !
La Proviseur-adjointe de l’époque avait une conception très personnelle de ce que devait être l’autorité hiérarchique, une conception à la limite du caricatural, elle prenait la moindre remarque face à une de ses affirmations comme une offense, et ne se privait pas de son côté de lancer, même en plein conseil de classe des observations acerbes à des enseignants à propos de leur formulation des appréciations trimestrielles.
Pendant les épreuves écrites du Bac, elle se chargea de la « police des examens », et là encore, sa conception en était caricaturale : Alors que je surveillais une épreuve de 5 heures non-stop, j’avais trouvé judicieux d’amener avec moi un livret de Su-Do-Ku.
En effet il s’agissait pour moi, et ce dans le but d’assurer une surveillance plus efficace, d’éviter de m’endormir : résoudre un sudoku, contrairement à lire un roman ou un journal, n’est pas une activité qui demande concentration et qui diminue la vigilance. Il suffit de baisser les yeux une seconde, de temps en temps, pas plus …
Pourtant, aux yeux de la Proviseur-adjointe, quel crime j’avais fait là !
Elle déboula littéralement dans la classe, pour m’intimer à voix haute, devant des candidats médusés (dont certains avaient été mes élèves cette année-là…), de ranger mon livret immédiatement. Elle ajouta même une réplique cinglante sur les risques d’invalidation de l’épreuve que je faisais courir à l’établissement si l’un des candidats s’avisait de porter une réclamation là-dessus !
Pour mettre fin au dérangement, je rangeai immédiatement « l’arme du crime », et ne répondis pas. Mais sitôt rentré chez moi, j’adressai un message électronique au Proviseur lui décrivant la scène et le priant d’expliquer à son adjointe que :
– c’était elle qui avait dérangé le bon déroulement de l’épreuve et qui faisait risquer une annulation en cas de réclamation
– il eut été plus convenable de me faire signe depuis le couloir, afin de m’adresser toute remarque utile de manière discrète, et me permettre accessoirement de lui répondre.
Le Proviseur organisa un entretien quelques jours plus tard, pour obtenir « la paix des braves »… mais il y avait toujours un grave différend : son adjointe prétendait que je devais m’excuser pour le mail offensant, je me déclarais le premier offensé et refusais donc de m’excuser si elle ne regrettait pas sa propre attitude. Dans ce débat, elle alla même jusqu’à évoquer la sanction disciplinaire qu’elle pouvait réclamer, et je lui répondais « chiche ! Au moins, devait un conseil de discipline, je serais entendu »…
Comme on peut s’y attendre, il n’y eut pas de procédure disciplinaire … Mais en revanche, sans aucune explication, à la mi-juillet, le projet de répartition pour la rentrée suivante me privait de la fameuse terminale scientifique. Voilà comment on punissait le vilain garnement insoumis !
J’appris bien plus tard que la Proviseur-adjointe était « débutante » et effectuait son stage pratique dans l’établissement cette année-là. J’appris aussi que l’année de stage de la Proviseur-adjointe n’avait pas été validée, et qu’elle devait refaire une année de stage… Ce qui me valut de la côtoyer une année de plus …
Pour ma part, je contestais la décision du Proviseur de changer mes attributions de classe, et, en réaction à cette mesure injuste et tardive (j’avais largement avancé mes préparations pour cette classe nouvelle…), je déclarais mon refus des heures supplémentaires au-delà du maximum imposable .
C’est dans ce contexte de « guerre ouverte » que le nouveau Proviseur prit ses fonctions au lycée…
Voilà.
Le tableau est dressé.
Tout est mis en place pour pouvoir raconter l’épopée qui, sur une période de 6 ans, va se traduire par :
-2 dossiers pénaux successifs,
-une dizaine de procédures au tribunal administratif toutes en lien avec une situation de harcèlement moral au travail,
-un dossier d’accident de service du 08/10/2019, pas encore clôturé aujourd’hui, du fait que la consolidation de la pathologie déclenchée par l’accident, « syndrome dépressif majeur en lien avec une problématique professionnelle », n’a pas été retenue par l’expertise médicale de juin dernier.
Et bien sûr une multitude de péripéties relationnelles aboutissant à ce que mon proviseur obtienne à mon égard de l’administration centrale, la déchéance suprême consistant, pour mes deux derniers mois d’exercice, de voir mon poste supprimé de l’établissement et mon affectation changée en « titulaire-remplaçant dispensé de remplacements », sans que ma contestation ne puisse seulement être vraiment considérée par le tribunal, cette décision étant présentée non comme une sanction disciplinaire, mais comme une mesure d’ordre intérieur, dans l’intérêt du service !
Aujourd’hui, alors que, quatre ans plus tôt, j’étais encore dans la peau d’un professeur passionné, compétent, consciencieux, considéré, droit et digne, me voilà changé en enseignant à la retraite brisé, meurtri, déshonoré, malade, dégoûté … mais surtout, tellement indigné …
Mon âme est naufragée sur l’île de la Rumination, au milieu de l’océan des Incertitudes, peuplée de fantômes obsessionnels, d’où je vous adresse ces quelques « bouteilles à la mer ».
SOS … Enseignant en détresse …
Le feuilleton peut commencer …
… merci de m’avoir lu et, à la prochaine … L’épisode suivant est accessible par le lien : SUITE du récit
Des médias aveugles et silencieux ? (19) Quand Le Café pédagogique s’éveillera… (2) « L’éthique », la « déontologie » et les « principes » des chefs d’établissements scolaires : la bonne blague du jour, et le plus gros poisson du mois d’avril.
Ne jamais essentialiser, ne jamais généraliser, ne jamais faire d’amalgames. On ne met pas tout un groupe d’individus dans le même sac. Mais quand 34 chefs d’établissements scolaires publient en plein mois d’avril une tribune évoquant « éthique » « déontologie » et « principes » des personnels de direction, dans le média en ligne Le Café pédagogique, immédiatement relayée sur Mediapart, on rigole ! On rit de peur d’avoir à en pleurer (1).
Qu’on pense au chef d’établissement de William (2), à celui de Monsieur Michel RODRIGUEZ (3), ou à la Lettre de Direction n° 502 (4) publiée le 30 mars 2015 par l’écrasant, hégémonique, hyper puissant syndicat ultra majoritaire des chefs d’établissements, l’incontournable SNPDEN-UNSA, on se marre ! Invisibiliser systématiquement et réduire des milliers de situations d’une brutalité et d’une violence barbares, des délits patents de harcèlement moral, des cas de mobbing, de suicides provoqués, de violences et d’agressions sexuelles au fait que – citons ce bulletin syndical tout droit issu de « l’ancien monde » – « là un collègue a osé faire remarquer que ce serait bien d’être à l’heure ; ailleurs la connexion internet ne marche pas ou encore la direction refuse de « virer » les élèves « délinquants » sans les entendre », c’est d’un humour franchement cynique et d’un comique assez tordant. Quid des chefaillons criminels et des délinquants qui jamais n’ont été condamnés, et qui ne le seront jamais ? Soyons heureusement assurés qu’aucun d’entre eux n’a jamais été adhérent de cette structure syndicale à la réputation sans taches.
Certes, tous les « perdirs » ne sont pas des « perdirs pervers », loin s’en faut. Mais tous les perdirs pervers (5) n’ont-ils pas très longtemps été « protégés » par tous les perdirs (6) ? La corporation a-t-elle envisagé de commencer à faire un peu le ménage dans ses rangs, après les deux grands mouvements de libération de la parole et de prise de conscience, que sont #metoo et #PasdeVague ? Les bons connaisseurs de ces sujets affirment que non (7). Les Zoubinards criminels ou délinquants qui jouissent de leurs méfaits sans encore jamais avoir été inquiétés sont légion, et l’institution scolaire gagnerait à accélérer sa réforme et son évolution, en la matière.
Pierre-André DIONNET
P.S. : force est de reconnaître aux 34 signataires de cette tribune, une certaine forme d’honnêteté et de courage. A priori, ces personnes semblent se situer à l’extrême opposé des Zoubinards et autres chefaillons de bas étage évoqués régulièrement sur ce blog. Respect à eux si – comme je le crois – c’est bien le cas. 😉
(1) Ce n’était pas son but, mais cette information a fait rire plus d’un salarié de l’École publique comme de l’École privée. Ils en ont – nous en avons- ri jaune, mais bien ri. Ils en ont ri jaune, ou se sont tordus au sol de douleur.
(2) Voir, par exemple cet article, ici :
Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (28) Le proviseur de William couvert par les uns et par les autres : une affaire représentative de milliers d’autres…
(3) Voir le blog de monsieur Michel RODRIGUEZ : https://blogs.mediapart.fr/michelrodriguez1/blog/091022/rentree-des-clashs
(4) Voir ce document du « monde d’avant » ici : https://omertaaurectorat.wordpress.com/category/spden/
(5) (6) Le terme « perdir » signifie : « personnel de direction » (proviseur, principal, adjoint, et dans une certaine mesure, parfois, directeur d’école, etc.). Pour être plus exact et au plus près de la réalité, non, tous les perdirs pervers n’ont pas été « protégés » par un système corporatiste archaïque ; régulièrement on a non pas « sacrifié » mais livré à la Justice l’un ou l’autre agresseur sexuel, ou pour le dire autrement, depuis le choc de Villemoison-sur-Orge en février 2016, l’institution scolaire ne fait (en principe) aucun obstacle d’aucune nature à la Justice en matière de pédophilie. En 2024, mettre hors d’état de nuire un principal de collège ayant violé une enseignante n’est plus totalement inenvisageable. Malheureusement, quant aux supérieurs hiérachique auteurs de harcelement moral caractérisé, combien ont été condamnés sinon zéro, jusque très récemment ?
(7) Nous ne sommes qu’une poignée de lanceurs d’alerte à travailler sur ces questions en France, on nous compte sur les doigts d’une main. Ces derniers temps, des progrès ont été faits, les Omerta et l’impunité qui gangrènent l’institution scolaire commencent très lentement à reculer un peu. Mais nous sommes encore très, très, très loin du compte.
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« Appliquer le Choc des savoirs ? Perte de sens et reniement de l’éthique pour 34 chef·fes d’établissement »
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ÉDUCATION ET ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Le cri d’alarme de chefs d’établissement à Belloubet sur les groupes de niveau
Ils s’engagent, fait rare, en leur nom : plus d’une trentaine principaux de collèges de l’ouest de la France interpellent dans un texte commun la ministre de l’éducation, critiquant la mise en place des groupes de niveau, qu’ils estiment contraire à leur « déontologie ».
Dans une longue tribune publié vendredi 5 avril dans le Café pédagogique, plus d’une trentaine de principaux et principales de collèges de Loire-Atlantique et de Vendée, certains syndiqués, d’autres non, font savoir à Nicole Belloubet leur opposition et leurs craintes quant à la mise en œuvre de la réforme des groupes de niveaux, pourtant défendue mordicus par le premier ministre Gabriel Attal lui même. les parents, les enseignant·es, c’est au tour des chef·fes d’établissement de sortir du bois.
Des médias aveugles et silencieux ? (18) Quand Laurent DECOTTE et La Voix du Nord abaissent les enseignants au rang d’objets et de bêtes.
Casser du prof’ (5) Les « salauds de profs » ont condamné le petit Tom.
Placer l’élève au centre du système éducatif, cela signifie-t’il donner tout pouvoir aux pires élèves et aux pires parents ?
Au détriment de la transmission des savoirs ?
Au détriment de la sérénité des cours ?
Au détriment des autres élèves ?
Et – trèèèèès accesoirement – au détriment des enseignants ?
Le culte de l’enfant-roi et la règle de l’ado-tyran trouvent-ils toujours des limites sur lesquelles s’émousser ?
C’est à voir…
Pauvre chérubin sans défense, pauvre innocente et chère tête blonde, pauvre petit Tom.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi des salauds de profs « s’acharnent contre lui » ?
Pourquoi des salauds de profs l’ont-ils « condamné » ?
C’est si triste. Et tellement méssant. C’est vraiment trop injuste.
Après tout, comme le précisent les parents de Tom (qui ont un vrai métier, eux… ils sont actifs, eux… ils ne partent pas en vacances à Quiberon avec leurs élèves, eux…) tant qu’ « aucune plainte n’est déposée», tant que le zentil Tom n’est pas reconnu par la Justice comme étant devenu un mineur auteur d’une infraction à caractère sexuel (MAICS), pourquoi prendre la moindre mesure de précaution ? Après tout, si l’on veut bien écouter ses parents, et faire preuve d’un peu de bienveillance, « jusqu’ici, tout va bien ».
Pierre-André DIONNET
P.S : c’est loin d’être toujours le cas, alors soulignons-le : ici, l’Inspection académique a pris la bonne décision, et elle est allée dans le sens des enseignantes. Merci aux administratifs qui, dans cette affaire, ont fait preuve de prudence et de bon sens.
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Ci-dessous, article de Florent REGNAULT, Oise Hebdo, 9 avril 2024, « Sainte-Geneviève. Un garçon de 9 ans interdit de voyage scolaire suite à des «comportements inappropriés», ses parents révoltés. »
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Sainte-Geneviève. Un garçon de 9 ans interdit de voyage scolaire suite à des «comportements inappropriés», ses parents révoltés.
Alors qu’il devait partir une semaine à Quiberon en voyage scolaire, un enfant de 9 ans n’a pas eu l’autorisation de partir. Ses parents sont scandalisés.
Lundi 8 avril, 5h du matin, Sainte-Geneviève (Oise). Des élèves de CM1 et CM2 de l’école Camille-Claudel montent dans le car en direction de Quiberon (Morbihan) pour une semaine de classe découverte. À l’appel, il manque Tom (prénom modifié), 9 ans, scolarisé en CM1. «Il préparait cet événement depuis la rentrée de septembre», se désole sa maman. Malheureusement, le petit Tom ne verra pas Quiberon. La faute à «des comportements inappropriés de cet élève envers des camarades, constatés à plusieurs reprises cette année et depuis l’an dernier» selon la direction de l’école et l’inspection académique. Une décision que ses parents n’acceptent pas.
Un doigt dans les fesses d’un camarade en CE2…
Pour comprendre cette décision, il faut remonter le temps. «ll a eu des petits soucis de comportement en maternelle et CP, mais depuis il s’est métamorphosé», assure sa maman. Sauf qu’en octobre 2022, alors que Tom est en CE2, ses parents apprennent via son carnet de correspondance qu’il aurait mis un doigt dans les fesses de l’un de ses camarades. «Avec un autre garçon, ils ont reproduit une prise japonaise de combat vue dans le dessin animé Naruto, explique sa maman après explications du grand frère. Bien que cela puisse sembler inapproprié, il est important de noter que ce geste était inspiré par un dessin animé populaire autorisé pour les enfants de plus de 8 ans.» Pour qu’il comprenne que ce geste n’était pas à reproduire, le petit garçon a tout de même été sévèrement puni par ses parents.
… puis une main dans la culotte de son amoureuse
En novembre 2023, rebelote. Les parents de Tom sont convoqués pour un nouvel incident survenu à l’école. «J’avais devant moi la directrice et la psychologue de l’école, se souvient sa maman. La psychologue m’explique que Tom aurait mis la main dans la culotte d’une petite fille sans son consentement, l’année scolaire précédente. Je comprends qu’on parle de son ancienne amoureuse. Elle m’indique que les parents envisagent de porter plainte.»
Après explications entre parents, aucune plainte n’est déposée. Après avoir nié les faits pendants plusieurs jours, Tom a finalement avoué que c’était bien arrivé, dans le bus pour aller à la piscine. «Lors d’un second entretien, la psychologue m’a affirmé qu’après discussion avec la jeune fille et ses parents, cette dernière est revenue sur ses dires en expliquant qu’il s’agissait plus d’une découverte entre deux enfants que d’un acte non consenti, complète la maman de Tom. Avec son père, on lui a expliqué qu’à son âge il était normal de se poser des questions et d’avoir envie de se découvrir, mais que néanmoins ce n’était pas autorisé et ça ne devait pas avoir lieu. Nous en avons profité pour aborder la question du consentement avec lui.» Bref, tout est rentré dans l’ordre.
«Les enseignantes ne partent pas sereines avec lui»
Sauf que le 22 mars, quelques semaines avant le départ pour Quiberon, les parents de Tom sont de nouveau convoqués dans le bureau de la directrice de l’école. Cette dernière les informe que leur enfant ne pourra pas participer au voyage scolaire tant attendu. «Selon les dires des enseignantes, elles ne partent pas sereines avec lui», lâche sa mère, scandalisée.
«Par principe de précaution pour la sécurité des élèves, l’école et sa hiérarchie, qui engagent pleinement leur responsabilité dans l’organisation de ce voyage et sont garants de son bon déroulement, ont tout d’abord proposé des solutions d’accompagnement à la famille, indique le rectorat. Aucun accord n’ayant été trouvé, l’école a été contrainte de refuser la participation de l’élève.»
L’une des solutions proposées par l’école était que les parents de Tom l’accompagnent lors du voyage. «Nous sommes actifs tous les deux, on ne peut pas poser de vacances comme ça du jour au lendemain», réplique la maman. Résultat, Tom restera à l’école pendant que ses camarades seront en Bretagne.
Des courriers de soutien, sans succès
«Depuis un mois, il nous répétait qu’il allait faire du char à voile, qu’il allait en Bretagne… Si on l’avait su avant, on aurait pu trouver une solution ! Je ne comprends pas cet acharnement contre lui. Le dernier événement a eu lieu en avril 2023. Pourquoi on le condamne un an après ? Et sur quelles bases ? Aucune plainte n’a été déposée.» Mieux, les parents de la petite fille mise en cause ont appelé la direction de l’école pour montrer leur soutien envers le petit Tom et sa famille. Une dizaine d’autres parents, qui le côtoient au quotidien, ont également adressé des courriers de soutien. «Certains ont même précisé que Tom pourrait dormir avec leur garçon», précise sa maman. Sans succès.
Malgré une énième réunion entre la direction, l’inspectrice de l’Éducation nationale de la circonscription de Méru et les parents de Tom jeudi 4 avril, le petit garçon n’a pas pu monter dans le bus ce lundi 8 avril, pour vivre le voyage qu’il préparait avec ses camarades de classe depuis six mois.
Madame Valérie CABUIL, la rectrice qui fait bouger les choses (2) De très bons résultats pour les actions favorisant le respect dû aux femmes, en attendant mieux dans la lutte contre le harcèlement hiérarchique.
Le bilan de ce qui a été fait – ou pas – avant 2018 au rectorat de Lille n’a jamais été dressé publiquement ; être dans l’action c’est être tiraillé entre le déchiffrage des résultats obtenus, et la nécessité d’aller de l’avant et de défricher de nouveau terrains.
Tant certains chefs de bureaux refusent encore de reconnaître un seul délit – de peur d’avoir à tous les reconnaître ? – et d’admettre leur « bienveillance » fautive et coupable à l’encontre de nombreux délinquants, durant des années et des années de service au cours desquelles ils ont accepté de « fermer les yeux », et fait mine de ne pas voir, de ne pas savoir, de ne pas comprendre, de ne pas entendre les cris des victimes.
Tant la masse de dossiers et de données à traiter est colossale.
(4) Voir les différents articles de presse de l’année 2013 ayant traité de cette tragédie, consultables notamment sur le site « Omerta au Rectorat« .
Des médias aveugles et silencieux ? (17) Quand Le Café pédagogique s’éveillera… (1) « L’institution est devenue maltraitante » / Sandrine GARCIA.
La journaliste Lilia BEN HAMOUDA travaille depuis une année au sein du média en ligne Le Café pédagogique, une référence incontournable en ce qui concerne l’information liée aux institutions scolaires et à ses acteurs. Aujourd’hui, 4 avril, elle donne la parole avec un professionnalisme impeccable à la chercheuse en sociologie Sandrine GARCIA, dans la rubrique « Le fait du jour », sous un titre qui, à plus d’un lecteur, semblera plein d’audace, « L’institution est devenue maltraitante ».
L’article est intéressant, je ne peux que conseiller de le lire et de le diffuser, mais… il y manque un petit quelque chose. Oh… Trois fois rien. Si peu de choses. Quoi ? Saurez-vous le repérer ?
A suivre…
Pierre-André DIONNET
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L’Expresso du 4 avril 2024
– Le fait du jour –
« Les professions de l’enseignement vont globalement mal », nous dit Sandrine Garcia, sociologue et spécialiste de la question du sens des métiers du professorat. Lors d’un entretien avec le Café pédagogique, à la sortie de son dernier livre « Enseignants de la vocation au désenchantement », elle évoquait déjà une crise de la vocation et expliquait ne pas croire au « choc d’attractivité » promis par Pap N’Diaye, alors ministre de l’Éducation nationale. Selon elle, c’est « l’institution qui est devenue maltraitante ». Elle note aussi « un écart entre le discours officiel, ce que les enseignants appellent l’affichage et la réalité concrète : ce qui est beau dans le ciel des idées ou dans les grandes déclarations peut vite se transformer en cauchemar ». Pour la chercheuse, pour que le métier redevienne attractif, « il faudrait que la profession reprenne la main sur le travail ».
Qu’est-ce qui pousse certains professeurs à quitter la profession ?
Clairement, c’est la dégradation des conditions de travail qui les pousse à partir. Les causes qui conduisent les enseignants à démissionner sont nombreuses : surcharge de travail administratif, classes trop nombreuses, élèves en situation de handicap sans AESH ou avec un nombre d’heures insuffisantes, réformes incessantes, demandes de l’encadrement sans rapport avec les moyens octroyés, faible reconnaissance. Dans les entretiens menés avec les enseignants qui démissionnent dans le cadre d’une étude menée au sein du laboratoire IREDU – avec Géraldine Farges et Magali Danner – revenait très souvent le sentiment de n’être « qu’un numéro », un « matricule » voire « un pion » qu’il s’agit de placer devant les élèves. Ce sentiment s’explique par l’impossibilité de la hiérarchie, peut être elle-même surchargée de tâches absurdes et chronophages, d’être à l’écoute et d’apporter un soutien en cas de besoin, qu’il s’agisse d’exprimer une difficulté professionnelle ou de demander conseil pour résoudre un problème.
À qui doit-on ce mal-être de la profession ?
C’est l’institution qui dans son ensemble – ce qui n’empêche pas les exceptions – est devenue maltraitante. Elle est devenue maltraitante comme beaucoup d’administrations aujourd’hui en ce sens qu’elle attend beaucoup de ses agents, leur fixe des objectifs exorbitants – lutter contre l’échec scolaire, inclure des élèves au comportement parfois très perturbé, mettre en place sans cesse de nouveaux dispositifs, faire des projets nouveaux, s’intéresser à des réformes qui ne tiendront que quelques années, rendre sans cesse des comptes sur leurs actions pédagogiques, etc.- sans qu’ elle-même, à travers sa hiérarchie ne soit en mesure, elle, de bien faire son travail d’accompagnement, de résolution des difficultés rencontrées. Il y a comme partout une austérité budgétaire, mais qui serait plus supportable si elle ne s’accompagnait pas d’une augmentation des exigences, démesurées par rapport à ce l’institution donne comme moyens. Il arrive très régulièrement que de jeunes enseignants soient envoyés sur des postes de très mauvaise qualité, fractionnés, sur plusieurs écoles, plusieurs niveaux, etc., sans même parler des élèves qui pour être canalisés, absorbent une attention et une énergie démesurée, et ce, au détriment de la classe, du travail pédagogique. Les professeurs, même expérimentés, en proie à de telles difficultés constatent pourtant la pareille impuissance de leur supérieur hiérarchique direct, quand ils ne sont pas soupçonnés par une hiérarchie plus éloignée du terrain, de faire entrave à des politiques pourtant impossibles à mettre en œuvre concrètement, comme l’inclusion telle qu’elle est demandée et avec les moyens alloués. D’ailleurs, les enseignants regrettent ironiquement que l’injonction à la bienveillance exigée en classe ne s’applique pas aussi aux règles de management.
Il existe ainsi un écart entre le discours officiel, ce que les enseignants appellent l’affichage et la réalité concrète : ce qui est beau dans le ciel des idées ou dans les grandes déclarations peut vite se transformer en cauchemar lorsqu’au ras du sol, il n’existe tout simplement rien pour permettre aux enseignants de gérer des situations incontrôlables ou tout simplement épuisantes. Mis en difficulté par les conditions de prise de poste ou de travail, ils sont souvent culpabilisés plus que soutenus, car l’institution peine à reconnaître qu’elle ne fait pas le travail qui permettrait d’exercer le métier dans des conditions acceptables.
Parmi les anecdotes que livrent les enseignants, il y a celle d’une inspectrice appelée pour constater l’impossibilité de canaliser une élève et qui répond qu’en effet c’est le cas, mais qu’il y a tellement pire, ce qui n’apporte évidemment aucune aide, l’enseignant étant alors obligé de se résigner d’être « tombée » sur cette élève particulièrement turbulente. Il y a aussi ces enseignants obligés d’aller enseigner au moment du COVID, alors même qu’ils sont des individus « fragiles » qui ne doivent pas s’exposer. Ou encore le fait de « dépanner » la hiérarchie sur une mission impliquant une personne en arrêt, s’entendre promettre une prime pour apprendre ensuite qu’il n’y a pas le budget pour accorder cette prime. On peut aussi mentionner les inspections ou les « visites » humiliantes, durant lesquelles le travail est discrédité, rabaissé, alors même que la formation laisse tant à désirer et que les moyens font défaut.
Ce qui fait la cohérence de tout cela, c’est une pratique qui consiste à gérer les enseignants plutôt qu’à les former et les soutenir en tant que professionnels. Peu importe qu’ils soient dans des conditions insoutenables de travail, l’essentiel, c’est, comme ils le ressentent, qu’il y ait un enseignant devant chaque classe, peu importe dans quelles conditions.
Et le mal est maintenant tellement profond que la hiérarchie de l’Éducation nationale a peu de marges de manœuvre pour affecter au mieux les enseignants et éviter aux nouveaux entrants, par exemple, les postes les plus difficiles.
En 2023, le gouvernement a concédé ce qu’il estime être une « revalorisation historique » à laquelle s’ajoute la possibilité de signer des briques de pacte. Estimez-vous que cela permettra de résorber « l’hémorragie » et de créer de nouvelles vocations ?
C’est peu probable, car une des causes de départ, c’est la multiplicité des tâches. En rajouter encore en échange d’un meilleur salaire me laisse dubitative.
Mais alors de quoi ont donc besoin les métiers du professorat pour redevenir attractifs ?
Le mal est tellement profond que j’ai du mal à imaginer un mouvement inverse. En effet, ce qui a réduit l’attractivité du métier, c’est la perte d’autonomie – sauf en classe, et encore – au sens où le temps qui n’est pas devant élèves est désormais contraint par une multitude de tâches qui se sont ajoutées les uns aux autres au fil du temps. Les Obligations Réglementaires de Service se sont alourdies, les suivis des élèves à besoins particuliers exigent de nombreuses réunions, etc. Toutes ces taches suscitent un sentiment d’accablement là où les enseignants, dans un autre état du métier, pouvaient gérer leur temps. Un enseignant qui accueille par exemple des élèves en inclusion dans sa classe est censé faire des « fiches navette » en direction de l’enseignant spécialisé sur lesquelles sont inscrites les activités pratiquées. Et c’est presque toujours comme cela : chaque tâche ajoutée se double d’un travail bureaucratique à réaliser.
Les enseignants doivent par exemple – alors cela dépend aussi des inspecteurs qui amortissent parfois les directives – fournir des tableaux pour justifier des 108 heures qu’ils doivent à l’institution – dans le cadre des ORS donc hors heures devant élève, etc. Et tout est comme cela, avec des variations locales importantes, ils peuvent tomber sur des inspecteurs plus ou moins zélés.
Alors, tout est perdu ?
Pour que le métier devienne attractif, il faudrait que la profession reprenne la main sur le travail. Or, il y a une réalité profonde dont il faut tenir compte, c’est que la Nouvelle Gestion Publique qui s’est imposée en France à l’instar d’autres pays est un processus de rationalisation du travail qui est le plus souvent antinomique avec des professions fortes.
Évidemment, il faut voir au cas par cas, toutes les professions ne sont pas dans la même situation, mais le fait est qu’un véritable rouleau compresseur – machine de guerre de la réforme de l’État – oblige de nombreuses professions pour les obliger à entrer dans un cadre cognitif et pratique de la Nouvelle Gestion Publique, ce qui revient concrètement à faire plus ou autant avec moins. Cela engendre nécessairement une dégradation des conditions de travail et la difficulté de penser son métier, car il est pensé par d’autres qui ne l’exercent pas et n’en connaissent pas nécessairement les contraintes. Ceux qui travaillent doivent alors agir avec deux définitions du travail, une définition professionnelle et une définition managériale, qui entrent en dissonance.
Les syndicats du premier degré ont d’ailleurs été écartés de ce qu’on appelle le Mouvement, c’est-à-dire la gestion des affectations, qui leur assurait une position forte et ce n’est pas pour rien. Même si certaines professions ou segments d’une même profession peuvent tirer leur épingle du jeu, ce qui fait dire à certains ou certaines sociologues qu’on ne peut pas parler de perte d’autonomie ou de dégradation des conditions de travail, dans l’ensemble, elles y perdent essentiellement, en tous cas s’agissant de ces professions intermédiaires de l’éducatif, du soin, du travail social, d’ailleurs souvent occupées par des femmes.
La rationalisation correspond parfois à des politiques supranationales menées à partir d’indicateurs chiffrés, et qui ont parfois des effets inattendus dans les contextes éducatifs nationaux. La notion de « besoin particulier », par exemple, répond à l’objectif comptable de recenser les élèves dont la prise en charge nécessite un enseignement adapté. Cependant, elle se traduit en France par des procédures relevant de la reconnaissance de handicap, dans le but d’allouer des moyens supplémentaires à ces élèves, et on observe une lutte pour s’approprier ces moyens, comme le montre le déficit actuel d’accompagnants. Le nombre d’enfants en situation de handicap a plus que doublé en 15 ans, le nombre d’élèves scolarisés en milieu ordinaire a triplé.
Partout on rencontre les mêmes phénomènes de rationalisation, avec des formes différentes, mais toujours les mêmes effets : la perte de sens.
Je ne vois donc rien qui permette aujourd’hui d’inverser la tendance : la réforme récente des groupes de niveau ou, si l’on préfère de besoin, est imposée comme les autres l’ont été aux enseignants et à leurs représentants, alors même qu’elle ne repose scientifiquement sur rien. Comme le souligne un article récent du Monde (3 avril), « les nombreux dispositifs d’aide mis en place les années antérieures deviennent obsolètes : comment mobiliser les enseignants si chaque rentrée est présentée comme un désaveu de la précédente ? » La réponse est déjà donnée par l’augmentation continue des démissions.
Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda
Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (19) Le témoignage de Mioumi, enseignante certifiée de Sciences Economiques et Sociales.
« Les enseignants et le personnel de l’Education Nationale subissent de nombreuses formes de violences.
Violences salariales,
violences verbales,
violences morales,
violences psychologiques,
violences physiques,
violences symboliques,
violences sexistes,
violences sexuelles,
violences administratives,
violences hiérarchiques,
violences institutionnelles et institutionnalisées,
violences quotidiennes,
violences banales, banalisées. »
Les taire, c’est les cautionner.
Voilà ce que j’écrivais ici en mars 2019, il y a 5 ans.
Sur ce blog j’ai l’habitude de présenter des situations de violence « extrêmes » mais relativement courantes dans l’Education nationale. Un proviseur à qui l’administration du rectorat lâche la bride pour détruire socialement une enseignante qui a refusé de lui accorder des faveurs sexuelles. Un professeur des écoles accusé à tort de brutalités et qu’on accule au suicide ou à la dépression. Un excellent enseignant qu’on calomnie sciemment et contre qui on monte des élèves paumés et hyper-violents, afin de favoriser la nièce du principal qui est infoutue de faire un cours de qualité. Un Zoubinard violeur qui traîne en Commission Disciplinaire un « p’tit prof' » qu’il faut absolument faire taire…
Mais j’ai eu l’occasion de l’écrire ici même – bien avant la naissance du mouvement « #PasdeVague » qui était initialement un mouvement libérateur de la parole des victimes (à l’instar de « #metoo, et dans sa foulée) – et de l’exposer publiquement lors de diverses réunions de travail ou réunions publiques : les violences que peuvent subir et que subissent de plus en plus de salariés de l’Education nationale dépassent tout ce que peuvent imaginer les parents d’élèves et les habitants de notre pays.
Les pires violences sont parfois les plus insidieuses et les plus discrètes. Quotidiennes, banales, banalisées. La goutte d’eau qui tombe régulièrement au même endroit finit au fil des ans par fendre la pierre.
Ces derniers mois j’ai vu des collègues solides, expérimentés, équilibrés, bien structurés, s’effondrer dans le cadre de leur travail. Ce n’est pas d’uniformes coûteux dont ils avaient besoin, mais d’un salaire décent, de moyens de travailler correctement, et surtout, de respect. De respect.
Pierre-André DIONNET
Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (18) Textes adoptés par les Assises de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses, 13 et 14 mars 2024.
Mais empêchez ces p’tits profs de rire, bon sang ! … (42) « Jetez-moi ce type dans la fosse des 4ème C ! » / Compte Facebook « Wesh Wesh Prof ».
Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (32) « Violences et viols dans un collège privé du Béarn : pourquoi 33 anciens élèves brisent le silence ».
Ce lundi 25 mars, Le Parisien consacre un reportage audio sous forme de « podcast » à un des innombrables scandales au croisement de deux Omertas, PasdeVague et metoo, celui du collège
Pierre-André Dionnet
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« Violences et viols dans un collège privé du Béarn : pourquoi 33 anciens élèves brisent le silence »
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Violences et viols dans un collège privé du Béarn : pourquoi 33 anciens élèves brisent le silence
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Résumé. C’est un ensemble imposant aux façades blanches, situé en bordure du gave de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Notre-Dame de Bétharram, de son ancien nom, est aujourd’hui un groupe scolaire privé et catholique qui accueille des élèves de la maternelle au lycée.
Mais pendant près de deux siècles, l’institution religieuse se destinait à l’enseignement des jeunes garçons au collège et au lycée. Un établissement réputé pour ses excellents résultats, mais aussi connu pendant longtemps pour la discipline de fer qui y régnait.
En février dernier, 33 anciens élèves ont porté plainte pour des faits de violences physiques et sexuelles. Des décennies après leur passage à Bétharram, certains se disent encore marqués par la violence gratuite et disproportionnée qu’ils ont subi de la part des adultes.
Outre les punitions arbitraires, plusieurs témoignages font état d’abus sexuels et de viols commis par des surveillants. À la fin des années 1990, un ecclésiastique qui avait dirigé l’institution avait lui-même été mis en examen pour viol.
Cet épisode de Code source est raconté par Timothée Boutry, journaliste au service police-justice du Parisien.
Crédits. Direction de la rédaction : Pierre Chausse – Rédacteur en chef : Jules Lavie – Reporter : Ambre Rosala – Production : Clara Garnier-Amouroux, Barbara Gouy et Thibault Lambert – Réalisation et mixage : Julien Montcouquiol – Musiques : François Clos, Audio Network – Archives : INA.
À propos de Code source. Code source est le podcast quotidien d’actualité du Parisien. Des histoires racontées par les journalistes de la rédaction ou par celles et ceux qui les ont vécues directement. Un rendez-vous porté par le présentateur Jules Lavie et la reporter Ambre Rosala, à retrouver du lundi au vendredi à partir de 18 heures sur LeParisien.fr ou sur les principales plates-formes d’écoute.
Un commentaire ? Écrivez-nous par courriel à codesource@leparisien.fr ou interpellez-nous sur Twitter (@codesource)
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« Violences et viols dans un collège privé du Béarn : pourquoi 33 anciens élèves brisent le silence »
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Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (31) « Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes ».
Vous enseignez ou travaillez dans un établissement scolaire. Vous constatez que le gestionnaire détourne de l’argent, que le proviseur viole les AESH avec la complicité de quelques collègues, qu’il arrive à l’adjointe de séquestrer une enseignante dans son bureau après l’avoir humiliée et poussée à bout. Comment réagissez-vous ? Que faire ? L’article 40 du code de procédure pénale vous impose d’en informer le Procureur de la République. Mais que vous arrivera-t-il, ensuite ?
« Au fil des mois, l’enseignante explique se sentir de plus en plus isolée et ressentir un harcèlement sur sa personne au sein de l’établissement. « On me faisait passer pour une menteuse, une manipulatrice, une hystérique. Il y a eu une pétition qui a circulé contre moi de la part du corps enseignant. Des élèves ont été poussés à témoigner contre moi », retrace Madame B., la voix tremblante. »
« Pas de vague », Omerta, donc représailles contre le lanceur d’alerte.
Alors que faut-il faire ?
Peut-être « Parler de loin, ou bien se taire », comme nous l’enseigne La Fontaine ?
Pierre-André Dionnet
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« Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes »
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Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes
INFO ACTU PARIS. Plusieurs témoignages évoquent des situations de harcèlement sexuel et d’attouchements de la part d’un surveillant sur des élèves du lycée Ledoux à Vincennes.
INFO ACTU PARIS. « P*. nous touche, D*. le couvre. » Après des années de silence, la colère a explosé sur les murs du lycée privé Claude-Nicolas Ledoux – EBTP de Vincennes, recouverts de tags en novembre 2023. Depuis avril, des témoignages ont fait surface contre un surveillant en poste depuis une quinzaine d’années au sein de l’établissement qui prépare aux métiers du BTP, d’art et du design. Dans des récits signés ou anonymes, dix jeunes femmes, lycéennes ou étudiantes, évoquent de multiples cas de violences sexuelles dont elles auraient été victimes et témoins. Madame B*., enseignante en philosophie, qui a porté leurs signalements, affirme être depuis la cible d’ « une cabale ».
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« J’ai ouvert une brèche »
C’est pendant ses cours, durant lesquels la question du harcèlement a parfois été abordée, que plusieurs élèves s’ouvrent à l’enseignante. Elles disent subir des comportements inacceptables de la part de Monsieur P., surveillant d’une quarantaine d’années, chargé de gérer les entrées, retards et punitions des élèves. L’homme serait coutumier d’attouchements physiques et de propos à caractère sexuel.
J’ai bel et bien ouvert une brèche sur le harcèlement en général. En tant qu’enseignante, il était de mon devoir de veiller au bien-être de mes élèves. Je leur ai conseillé d’en parler ou de porter plainte.
Au fil des mois, plusieurs élèves décident de confier à l’enseignante leur témoignage écrit, anonyme ou signé, pour que celle-ci en parle à la direction. Dans ces écrits qu’actu Paris a pu consulter, se dessine un harcèlement systématisé de la classe féminine.
Bisous, caresses et allusions sexuelles
Les témoignages évoquent des caresses non sollicitées sur les cuisses, le dos, la nuque, les épaules et, parfois, des bisous sur la joue ou la tempe.
Il est venu vers moi et m’a caressé les joues en me disant ‘tu sais comment il faut faire pour justifier tes absences’ et m’a pris par les épaules (bras au-dessus) en me faisant un bisou sur la tempe.
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« Régulièrement, il passe sa main sur mes hanches et le bas de mon dos pour me décaler en passant, et j’ai observé ce même geste sur mes amies », témoigne une autre. Deux autres étudiantes dépeignent une fois où le surveillant a voulu se faire « une petite place » sur le banc où elles étaient assises en s’étalant sur elles. « On a dû le pousser, car il ne voulait pas se lever, il insistait pour rester sur nous. »
Les victimes évoquent aussi des regards qui mettent « mal à l’aise », des œillades insistantes sur le corps ; des « remarques furtives », suggérant des propositions indécentes ; des gestes sans équivoque.
Je passais devant Monsieur P., qui me regarde passer avec un sourire perturbant en mimant avec ses mains un geste de fellation et par la suite de masturbation.
Les réflexions sur le physique des jeunes femmes semblent omniprésentes. Scolarisée au lycée, une élève revient sur plusieurs événements survenus lors de sa classe de seconde, alors qu’elle avait 16 ans : « Il commence à faire des réflexions déplacées qu’il fait passer pour de l’humour tel que : ‘Oh les filles, vous avez de gros …’, en mimant une forte poitrine avec ses mains. Lorsque le lycée nous a fourni des tablettes lors du confinement, il a suggéré à ma copine et à moi de faire des appels visio pour, je cite : ‘Pas du porno, juste un apéro’. »
Chargé de s’assurer que les élèves portent des tenues conformes au règlement, Monsieur P. se montrerait sur ce point particulièrement insistant, comme le décrit Kiana, interne entre 2020 et 2023 au lycée, que nous avons contactée au téléphone.
Il était posté à un endroit où on était obligées de passer, on appelait ça la douane. Il nous regardait de haut en bas, longtemps, pendant environ deux minutes. Il nous demandait d’ouvrir nos vestes ou nos manteaux pour vérifier qu’on n’avait pas un crop-top en dessous.
Les internes devaient subir des fouilles répétées de la part du surveillant, se souvient Kiana. Après l’inspection de l’un de ses sacs, une de ses colocataires aurait eu des remarques sur la taille de ses soutiens-gorge. « Je savais que c’était à toi, accompagné d’un regard prononcé sur sa poitrine », relaye l’ancienne interne, qui évoque un sentiment d’insécurité au contact de cette personne et une scolarité « ruinée » par « une angoisse constante ».
Un binôme craint par les élèves
Nombreux sont les témoignages décrivant un homme intrusif dans la vie des jeunes filles. « C’est quelqu’un de beaucoup trop proche de ses étudiantes. Il posait des questions intimes, cherchait à savoir si on avait des relations », assure Kiana. « Monsieur P. m’interdit de fréquenter [un] garçon, car, d’après-lui, ‘il voudra juste te niquer et te dégager, tu crois que si j’avais ton âge, j’aurais pas essayé non plus’, avec une caresse sur l’épaule en me disant : ‘C’est pour toi que je dis ça ma choupette’ », écrit une étudiante. Une autre raconte que le surveillant aurait interrogé une élève sur un suçon dans son cou, avant d’ajouter : « J’aurais bien aimé être là. »
Souvent accompagné de Monsieur D., ancien militaire devenu CPE, dont les scènes de colère terrorisent plusieurs élèves, le surveillant semble agir en toute impunité. « Ils faisaient la paire. On n’a jamais essayé de parler avec le CPE de ce qu’on subissait avec le surveillant. On ne voulait surtout pas attiser sa colère », relate Kiana, qui a fait de nombreuses fois les frais des sorties tempétueuses du CPE.
Monsieur D. me convoquait régulièrement, presque tous les matins, et me hurlait dessus en frappant sur son bureau. Il me répétait que j’étais « une petite peste qui ne pète pas plus haut que son cul ».
Des alertes restées sans réponse
Dès les premières alertes, la direction est informée. « On m’a dit : ‘C’est de l’affection mal placée’ » , précise la professeure de philosophie. En octobre 2023, la transmission de nouveaux témoignages n’a pas plus de retentissements. « Nous n’envisageons rien », répond la direction à Madame B. dans un mail qu’actu Paris a pu consulter.
Au fil des mois, l’enseignante explique se sentir de plus en plus isolée et ressentir un harcèlement sur sa personne au sein de l’établissement. « On me faisait passer pour une menteuse, une manipulatrice, une hystérique. Il y a eu une pétition qui a circulé contre moi de la part du corps enseignant. Des élèves ont été poussés à témoigner contre moi », retrace Madame B., la voix tremblante.
Très affectée, elle s’étonne encore du renversement de situation qu’elle a vécu en quelques mois. « J’avais une situation confortable. J’étais réputée pour être proche de la direction. Dans cette histoire, j’ai simplement été une lanceuse d’alerte. Depuis, tout s’est effondré », murmure-t-elle. Après avoir subi de nombreuses représailles, notamment de la part du CPE, elle indique avoir été arrêtée à plusieurs reprises. « J’ai perdu 6 kg en une semaine. Je me réveille la nuit en pensant à cette histoire, à essayer de chercher du rationnel dans de l’irrationnel. »
Face à l’inaction de sa direction, la professeure se tourne vers le rectorat, puis vers le ministère de l’Éducation. Elle reçoit une réponse du cabinet de Gabriel Attal. « Je n’ai pas manqué de transmettre votre correspondance à madame la rectrice de l’académie de Créteil », lui écrit le chef du bureau des cabinets, dans un mail que nous avons pu consulter.
Des tags sur le lycée
En novembre 2023, soit huit mois après les premières alertes, des tags incriminant le surveillant, le CPE et l’administration font leur apparition sur les différents bâtiments. « Administration à dégager », « Surveillant à surv. », « P. touche ta bite, pas nos cuisses » et enfin, « P. nous touche, D. le couvre ».
Une semaine après, les filles ayant témoigné sont reçues dans le bureau de Monsieur Michel Oudin, directeur général. Elles confirment et signent leur déclaration. Contacté, le directeur confirme avoir audité et vérifié les témoignages de « trois ou quatre filles ». « Il y a eu certainement une faute » , reconnaît-il, réfutant néanmoins tout soupçon d’attouchement sexuel. Il estime que les comportements problématiques relèvent « peut-être d’affection mal placée », avant d’ajouter qu’ « il y a eu des gestes mal placés », « au moins un bisou ».
À la lumière de ces éléments, le surveillant a été « immédiatement suspendu », affirme auprès d’actu Monsieur Michel Oudin. « C’est un garçon assez fragile, il s’est mis en congé maladie depuis cette date-là, on avait peur qu’il fasse une bêtise », ajoute le directeur général. Sa réintégration ou non dans l’établissement après son congé maladie et sa mise à pied n’est pas tranchée. « Je ne peux pas me prononcer à ce sujet », ajoute-t-il, refusant tout commentaire sur d’éventuels faits de harcèlement visant l’enseignante de philosophie.
En décembre 2023, Madame B., après avoir alerté le rectorat et le ministre de l’Éducation nationale, décide de se tourner vers le procureur de la République de Créteil. « Je m’en remets à vous devant le silence de mes hiérarchies directes. Ni M. Rousselet, chef d’établissement, ni M. Oudin, directeur général, n’ont proposé à ces jeunes filles de porter plainte », écrit-elle dans son courrier. Elle indique qu’une enquête a été ouverte. Contacté, le parquet de Créteil n’a pas, à ce jour, répondu à nos sollicitations.
Des années au passé trouble
Derrière ces soupçons, des craintes plus grandes encore émergent. « Y penser me noue le ventre, j’éprouve de l’inquiétude et de l’angoisse en imaginant ce qu’il pourrait faire, et la colère et de la haine en pensant à tout ce qu’il a déjà fait », décrit une jeune femme dans un témoignage.
Les agissements qui sont reprochés au surveillant semblent traverser les classes et les époques. Les témoignages reçus émanent de différentes filières, allant du lycée aux formations post-bac. « La plupart des filles qui ont témoigné ne se connaissent pas, elles n’ont pas de lien entre elles », indique Madame B. La réputation du surveillant semble dépasser même les grilles de l’établissement. « Lorsque je parle à des anciens élèves, tout le monde le surnomme le pointeur ou l’obsédé », écrit une élève dans son témoignage.
Omerta et stratégie d’esquive
« C’est un établissement où il ne faut rien dire, appuie l’enseignante. Si on parle, le CPE convoque, hurle, tape sur la table… » Les élèves, elles, optent généralement pour la stratégie de l’esquive. « On faisait souvent tout pour éviter Monsieur P., tout le monde savait pertinemment pourquoi. Il ne se cachait pas d’être proche des filles. Il s’en vantait même », estime Kiana. Beaucoup de victimes n’osent pas protester, selon les témoignages.
Ainsi, une étudiante raconte comment elle s’est vue infliger par surprise un bisou : « Je me suis figée sur place en le regardant avec de grands yeux. Et à ce moment, il est déjà très proche de mon visage, comme s’il était sûr que je n’allais pas refuser. Alors, pour ne pas créer de problème, sachant que c’est le surveillant principal, j’ai effectué un sourire forcé en sortant un petit ‘oui’ à contrecœur. »
Une autre élève, « par peur de déclarer une guerre perdue d’avance », écrit avoir décidé de ne rien dire aux blagues à connotations sexuelles que lui faisait le surveillant.
Je pense que plein de jeunes filles sont dans ma situation et préfèrent ne rien dire pour éviter d’être dans son viseur, comme il dit.
Depuis que la parole se libère, des élèves déclarent avoir vécu des formes de pression et de manipulation de la part de l’administration de l’établissement. Dans un enregistrement que nous avons pu nous procurer, on entend le CPE balayer auprès d’une classe de lycéens les signalements faits sur le surveillant, estimant que les élèves ont été manipulés par leur professeur. « Ça ne vous concerne pas. Méfiez-vous de ce qu’on vous dit », répète-t-il.
De son côté, Madame B. explique avoir obtenu la protection fonctionnelle de la part du rectorat de Créteil, concernant des faits de harcèlement et de diffamation de la part de collègues. Contacté, ce dernier n’a pas répondu à nos sollicitations à cette heure. Épuisée, l’enseignante estime avoir rempli son rôle. Et met ses espoirs vers une « nouvelle génération convaincue de la nécessité de briser cette omerta ».
*Les noms ont été anonymisés
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« Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes »
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Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (42) « La tension monte au Lycée Voltaire d’Orléans »…
La tension monte d’un cran entre les professeurs et le proviseur : le lycée Voltaire d’Orléans occupé
Publié
le 18/03/2024 à 23h48
Mis à jour
le 19/03/2024 à 08h28
La salle des professeurs a pris une allure inattendue. Lundi soir, des dizaines de matelas sont disposés au sol. Dans le couloir, des bagages et sacs de couchage s’entassent. Sur les casiers, de petites affiches alertent : « Lycée Voltaire en lutte ! ». Sur les tables hautes, trônent des légumes à croquer, quiches et autres gâteaux… « On pourrait tenir un siège ! », s’exclame une professeure en riant.
« D’autres collègues, absents parce qu’ils ont des obligations, nous soutiennent. Certains ont préparé à manger, par exemple, ou ont apporté des boissons. Les frigos sont pleins, on peut rester très longtemps ! »
Mardi 19 mars matin, ils étaient encore présents : un représentant des enseignants indique qu’il n’y a pas eu « d’incident cette nuit, pas de prise de contact de quelque autorité que ce soit. On attend pour le moment d’éventuels retours de la hiérarchie, direction ou inspection académique ». Il ajoute qu’il n’y aura « pas de grève aujourd’hui dans le cadre de notre lutte locale, sauf pour les collègues se joignant au mouvement national fonction publique ».
« L’occupation du lycée, c’est une situation inédite, commente un représentant du personnel. Pour qu’on en arrive là… C’est bien la preuve que les choses sont graves. » Tous accusent sans détour leur chef d’établissement, le proviseur Ali Arab, arrivé à ce poste en septembre dernier. Les mots sont durs, cinglants : « méconnaissance du lycée », « management erratique, toxique », « incompétence »…
L’escalade
Avant d’en arriver à ces extrémités, les représentants du personnel ont tenté d’alerter. D’abord en demandant un rendez-vous à l’inspection académique, où ils ont été reçus le 19 février. En envoyant « un dossier plein de témoignages détaillés sur ce qui se passe. » Puis, pendant les vacances d’hiver, ils ont expliqué leur « mal-être généralisé » dans les colonnes de La République du Centre, évoquant un incident grave. Enfin, mardi dernier, ils ont débrayé et manifesté sur le parvis de l’établissement, précisant l’existence d’un conflit ouvert avec le proviseur, et assurant que l’inspection académique n’avait pas répondu à leurs sollicitations.
Ce même jour, Philippe Ballé, le directeur académique des services de l’Éducation nationale, avait indiqué à La République du Centre avoir bien « connaissance d’une situation très tendue » au lycée Voltaire, qui concernait, selon lui, « deux problématiques : l’organisation et la communication. Nous avons proposé l’accompagnement d’un inspecteur “Établissements et vie scolaire”. Cet accompagnement est notre réponse », expliquait-il, précisant qu’il fallait « laisser [à cet inspecteur] le temps d’analyser, et de proposer des solutions. »
« Nous sommes dépités. Philippe Ballé a répondu à la presse, mais en réalité, nous n’avons, nous, eu aucune réponse. Nous avons dit les dysfonctionnements, notre souffrance, on nous avait, en février, promis des réponses rapides et visibles… Mais la seule chose visible, c’est l’absence de réponse. »
UN REPRÉSENTANT DU PERSONNEL
Car l’accompagnement proposé en la personne de Frédéric Clavé, inspecteur « établissements et vie scolaire » n’est pas, à leurs yeux, une réponse. « On l’a vu la semaine dernière, il nous a écoutés, puis il s’est contenté de nous dire : “Je ne suis qu’un intermédiaire, je ne peux rien décider.” Ensuite, il devait revenir aujourd’hui (lundi 18 mars, NDLR). Mais aujourd’hui, on ne l’a pas vu ! »
« Je suis à bout »
Alors, ce lundi soir, les enseignants en colère ont prévenu le chef d’établissement de leur démarche d’occupation. « On a toujours essayé de faire les choses dans les règles », assure un représentant du personnel. « Et on ne voulait surtout pas pénaliser les élèves », complète une professeure de physique-chimie. Une professeure de mathématiques s’avance à son tour, visiblement nerveuse : « Moi, je suis à bout : j’ai perdu cinq kilos, je n’en peux plus. Je ne suis plus concentrée, je n’arrive plus à corriger mes copies… Il faut que ça s’arrête. Qu’on nous écoute. »
« On s’est battus pour l’image de notre établissement, rappelle une autre enseignante. Il y a quelques années, on nous demandait comment faire pour ne pas aller à Voltaire. Aujourd’hui, on nous demande comment faire pour y venir ! Notre lycée, on le fait fonctionner, il est devenu attractif, et une personne s’emploie à le faire couler depuis six mois. C’est ça qu’on refuse ! »
La République du Centre n’était pas en mesure, ce lundi soir, de contacter le proviseur Ali Arab, ce dernier s’étant opposé, la semaine précédente, à toute communication.
Le directeur académique des services de l’Éducation nationale, Philippe Ballé, a quant à lui été contacté dans la soirée, mais il n’a pas répondu à notre sollicitation.
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Article du 19 mars 2024, Maude MILEKOVIC, La République du Centre :
https://www.larep.fr/orleans-45000/actualites/la-tension-monte-dun-cran-entre-les-professeurs-et-le-proviseur-le-lycee-voltaire-d-orleans-occupe_14470767/
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Mais empêchez ces p’tits profs de rire, bon sang ! … (41) « Quoi ?? J’ai encore eu une mauvaise note ??? » / Jacques RISSO.
Mais empêchez ces p’tits profs de rire, bon sang ! … (40) « Les ânes bâtés de l’Education nationale » / Robert DELORD.
Mais empêchez ces p’tits profs de rire, bon sang ! … (39) « Les professeurs et parents d’élèves du 93 demandent un plan d’urgence pour l’Ecole publique » / Allan BARTE.
Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (17) « Ecole : la Seine-Saint-Denis lance l’alerte ». / L’Humanité, 14 mars 2024.
Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (16) « Ce que subissent vraiment les profs. Le règne du pas de vagues ». / Le Point, 4 mars 2021.
Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (15) Assises de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses, 13 et 14 mars 2024.
Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (14) 8 mars, Journée internationale des Droits des Femmes. Pourquoi et en quoi les femmes travaillant dans l’Education nationale ont moins de droits que d’autres ?
L’Education nationale ? C’est 1 200 000 salariés, dont 860 000 professeurs, selon les chiffres de la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance, dépendante du ministère de l’Education nationale). Un million deux cent mille postes, correspondants à des professions essentiellement féminisées, c’est-à-dire autant d’emplois pourvus surtout par des femmes, d’abord par des femmes, en plus grand nombre par des femmes (enseignantes, AED, AESH, secrétaires, personnels d’entretien, personnels administratifs, etc.).
Des employées particulièrement malmenées. Malmenées dans de nombreux domaines, et pas seulement sur le plan financier. Bien que cela ne soit jamais mis en avant par l’industrie médiatique, et trop peu porté par nos propres structures syndicales, les enseignants sont à plusieurs égards des « sous-citoyens ». C’est une réalité. Ce qui veut dire que les enseignantes ont moins de droits que bien des femmes, en 2024 en France. La journée du 8 mars est peut-être l’occasion (et il en faut d’autres !) de « penser » cette question des droits effectifs. De réfléchir à ce que cela signifie concrètement, de comprendre comment cela se traduit, aussi bien au quotidien que sur la longueur d’une « carrière », sur le temps long d’une vie professionnelle dédiée à l’Ecole et aux élèves.
Pierre-André DIONNET
Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (13) « Education : le retour inquiétant du New Public Management, une aberration conceptuelle » / Stéphane GERMAIN. Le quantitatif mis en avant… et le qualitatif toujours invisibilisé ?
« Le basculement des systèmes éducatifs vers des bureaucraties autoritaires n’est pas sans effet. Les enseignants connaissent une perte de sens de leur métier, un sentiment de mal-être et une démotivation généralisée. Pour eux, la tentation de la démission est grande. Considérés comme des exécutants de politiques éducatives dont ils ne perçoivent pas le sens et qui viennent parfois interroger leurs valeurs, les enseignants ne se retrouvent pas dans la vision portée par les bureaucraties autoritaires, ce qui aggrave la crise des vocations. Pour les élèves, lancés dans des activités pédagogiques en décalage avec les recommandations internationales, la perte de sens, le mal-être et la démotivation sont tout aussi sensibles. Le résultat est une baisse généralisée de la réussite scolaire qui affecte plus fortement les élèves des milieux défavorisés, grands perdants de l’autoritarisme éducatif. »
Voilà ce qu’observe et souligne très justement Monsieur Stéphane GERMAIN dans l’article publié ce jour dans Le Café pédagogique.
Une autre approche – complémentaire à celle de ce chercheur, et aucunement en opposition avec la sienne – consiste à souligner en premier lieu la distinction nécessaire entre deux paradigmes, le quantitatif et le qualitatif, en terme d’offre éducative.
Presque toujours, c’est par une approche exclusivement quantitative que les responsables politiques, les parents d’élèves, les élèves et les étudiants, les électeurs, l’industrie médiatique abordent les questions liées à l’Ecole. Une fermeture d’école ou une suppression de classe ? C’est du quantitatif. Une journée de grève, donc des cours non dispensés ? Du quantitatif. Le budget annuel de l’Education nationale ? Un quantitatif artificiellement gonflé par les 2 milliards du SNU (Service National Universel, qui devrait en réalité relever du budget des armées), et les coûts du projet de l’uniforme imposé aux élèves. Un professeur absent parce que convoqué pour une formation ou une correction d’épreuves ? Ses cours sautent, et c’est encore du quantitatif, mesurable par un chiffre « objectif ». Le bidonnage d’un taux de réussite au baccalauréat de 99 % dans un lycée de centre-ville à la réputation totalement surfaite ? De la poudre aux yeux, purement quantitative.
Mais la qualité réelle des cours ? Les capacités et les connaissances effectives d’un enseignant ? La vraie valeur du diplôme décerné à nos chères têtes blondes ? Les connaissances réellement transmises aux élèves ? La qualité du climat scolaire ? La considération accordée aux élèves, non pas en tant que « cons sots mateurs » potentiels, mais bien en tant qu’élèves, élèves véritables, et futurs citoyens ? Le bien-être au travail, et le respect des salariés de l’Education nationale ? Angles morts des commentateurs médiatisés, trop souvent. Alors que c’est bel et bien l’articulation entre le quantitatif et le qualitatif qui est ici en jeu, et qui devrait être davantage en débat, afin que les parents d’élèves s’emparent plus facilement de ces questions.
Ce que Monsieur Stéphane GERMAIN relève ici très clairement, avec ses propres constats, ses propres outils d’analyse et ses propres approches, gagnerait sans doute à être « popularisé » par ce type de questions directes : « Quid de la qualité des cours ? Quid de la qualité de vie, au travail, des élèves et des enseignants ? ».
Pierre-André DIONNET
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« Education : le retour inquiétant du New Public Management »
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Mais empêchez ces p’tits profs de rire, bon sang ! … (39) « Etre prof à 65 ans passés ne me fait pas peur… » / Compte Facebook « Wesh Wesh Prof ».
Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (12/1) « Pas de Vagues » / Un film de Teddy LUSSI-MODESTE avec François CIVIL et Shaïn BOUMEDINE (1) Passer à côté de l’essentiel ?
Que vaut vraiment le film Pas de Vagues de Teddy LUSSI-MODESTE, avec François CIVIL et Shaïn BOUMEDINE, qui sortira le 27 mars sur les écrans de cinéma ? Pour le moment on l’ignore. Mais 57 ans après la prestation de Jacques BREL dans Les Risques du Métier d’André CAYATTE, cette fiction dramatique inspirée de faits réels devrait contribuer à populariser l’expression « pas de vagues ».
#PasdeVague (ou #PasdeVagues), est cette formule issue du vaste mouvement de libération de la parole initié par les enseignants en octobre 2018 sur le réseau social X, qu’on appelait alors encore Twitter.
Libération de la parole face aux violences du quotidien, et surtout face aux Omertas, ces très violentes « lois du silence » entretenues par le personnel de direction comme par le personnel d’encadrement de l’institution scolaire, à chaque strate de la pyramique hiérarchique.
C’est la marche de l’histoire : depuis toujours on parvenait à tout cacher, ou à peu près, et depuis longtemps la Grande Muette n’était plus l’armée, mais… l’Ecole. Depuis longtemps on cachait tout. Mais dans ce domaine des violences faites aux enseignants, l’histoire est en marche, qui avance très lentement, mais qui avance ! Et qui avance grâce à une poignée de précurseurs et de lanceurs d’alerte. Et grâce aux réseaux sociaux, contre-points salutaires d’une industrie médiatique systématiquement focalisée sur d’autres sujets.
Face aux rumeurs, aux calomnies, et aux diffamations, Julien, professeur passionné et dévoué à son métier, risque fort de se retrouver rapidement isolé, lâché par ses collègues et enfoncé par sa hiérarchie. S’il n’existe aucun garde-fou efficace contre ces violences, n’est-ce pas parce que le pouvoir politique s’en accommode très bien, depuis 60 ans et plus ?
Attendons d’avoir vu le film en son entier pour en juger sur pièces, mais il semble que Julien, le personnage central du drame, commette des maladresses de gestion de classe, ce qui n’est pas le cas de tous les enseignants violentés sur leur lieu de travail. A moins d’être assuré d’avoir une classe avec un bon état d’esprit, ou une classe bien en main depuis plusieurs mois, on évite, pour expliquer et commenter une figure de style d’un poème de Pierre de Ronsard, de complimenter la coiffure d’un élève. Or, un des aspects les plus intéressants du film pourrait être la façon dont le réalisateur a construit les personnages des collègues et des supérieurs hiérarchiques du professeur plongé dans la tourmente. Si l’enseignant est lâché – et pis ! – enfoncé et accablé par sa propre tutelle hiérarchique – ce qui est « habituel » et totalement minable en soi – Teddy LUSSI-MODESTE n’a peut-être pas fait du chef d’établissement un salaud aussi pervers que les Zoubinard qu’on subit pourtant réellement dans de nombreux collèges et lycées. Le film passerait alors peut-être à côté de l’essentiel, puisque le proviseur de William THIBAULT – un proviseur bien réel et toujours en poste en 2024… – lui, voulait avant tout s’en débarrasser, et qu’il a profité des mensonges de deux gosses pour le faire, comme il aurait pu user de n’importe quel autre prétexte. Voir, pour rappel, le récit de Jacques RISSO, ci-dessous :
Pierre-André DIONNET
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« Pas de Vagues », le film avec François Civil sur le harcèlement scolaire, dévoile sa bande-annonce
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CINÉMA – Après avoir triomphé au box-office avec son rôle de d’Artagnan dans les deux volets des Trois Mousquetaires, François Civil est déjà de retour avec Pas de Vagues. Inspiré de faits réels, ce long-métrage de Teddy Lussi-Modeste qui sortira le 27 mars, a dévoilé sa bande-annonce ce mardi 13 février, comme vous pouvez le voir en tête d’article.
Dans le film, l’acteur de 34 ans incarne Julien, un professeur de français apprécié par ses élèves et dont l’existence est violemment bouleversée lorsqu’il se retrouve accusé de harcèlement par l’une d’entre elles. Confronté aux menaces de mort du frère aîné de l’adolescente et aux rumeurs propagées par les camarades de celle-ci, Julien se tourne alors vers ses pairs et sa hiérarchie, espérant trouver réconfort et soutien. Hélas, il se heurte à une politique assumée : « pas de vagues », soit la volonté de maintenir le calme et d’éviter tout scandale.
Inspiré par la vie du réalisateur
Pour son film, coécrit avec Audrey Diwan (L’Événement), Teddy Lussi-Modeste s’est profondément inspiré de sa propre expérience d’enseignant. Ayant lui-même été accusé à tort de harcèlement alors qu’il était professeur dans un collège d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, il a dû se battre afin de prouver son innocence.
« Mon film est un cri. Et ce cri porte en lui l’espoir. Il reste des hommes et des femmes qui sont passionnés par la transmission – moi-même, malgré les défis, je ne peux me résoudre à renoncer à mon rôle d’enseignant. Je suis trop reconnaissant envers l’école pour tout ce qu’elle m’a apporté », a-t-il expliqué au cours de la promotion du film. « Pour déconstruire les discours de haine qui traversent notre société, nous avons plus que jamais besoin que cette transmission entre les professeurs et les élèves se fasse. »
Outre François Civil, le casting du film comprend l’humoriste Fadily Camara, connue pour son rôle dans la série En Place sur Netflix ainsi que le comédien Shaïn Boumedine, vu dans Mektoub, My Love : Intermezzo.
Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (41) Ces chefaillons qui instrumentalisent élèves et parents pour harceler d’excellents enseignants.
Hier, c’est dans la rubrique « détente », celle des dessins rigolos, que j’ai choisi de publier le montage photo permettant de comprendre d’un seul coup d’oeil ce que certains élèves et certains parents font subir à d’excellents enseignants, sous le boisseau.
Depuis une trentaine d’années, de plus en plus de Bébert Zoubinard, de chefaillons grotesques, de proviseurs médiocres, de principaux pourris, d’ajoints minables et de CPE véreux manipulent et instrumentalisent sciemment ce genre de gamins tordus et de parents haineux, afin de nuire à d’honnêtes enseignants dont ces petits chefs corrompus estiment qu’ils pourraient être à même de les empêcher de faire carrière.
C’est donc logiquement qu’aujourd’hui je republie ici cette photographie, puisqu’elle a tout autant sa place dans cette autre rubrique, consacrée au H.M.H., le harcèlement moral hiérarchique. Un H.M.H. dont les pseudo-syndicalistes et la plupart des hauts fonctionnaires de l’Education nationale osent encore dire, écrire, prétendre, en 2024, qu’ils ne comprennent pas ce que c’est. Ou que cela n’existe pas. Ou alors, si ça existe, c’est tellement à la marge que c’est totalement insignifiant et vraiment pas grave. Le harcèlement moral cela ne concernerait que les élèves, à les écouter. Qui peut encore les croire ?
Pierre-André DIONNET
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Mais empêchez ces p’tits profs de rire, bon sang ! … (38) « Papaaaaaa ! La prof a été très méchante avec moiiii ! » / Compte Facebook « Wesh Wesh Prof ».