La parole aux victimes (4) « Une Année particulière » de Lucie DENNER. Comment Madame Christine REY-CAILLAT a pu retrouver la sérénité.

2014 Une année particulière de Lucie Denner ou comment l'Education nationale a failli me tuer (1)

          Comme l’ont fait au fil du temps des centaines de personnes, il y a quelques années Madame Christine REY-CAILLAT, enseignante à la retraite, m’a contacté via ce blog pour me faire part d’une partie de son vécu professionnel.
Nous avons échangé par mél, et au téléphone.
D’emblée il m’est apparu deux choses. D’une part que cette collègue avait subi de notre administration des violences d’une gravité conséquente, et d’autre part que nous n’étions probablement pas d’accord sur tout, sur des plans que l’on pourrait qualifier de « politiques ».
Ce second point n’a en rien influé sur mon écoute et mon attitude, et c’est l’occasion de rappeler ici un principe à mes yeux intangible : les maltraitances envers les salariés de l’Education nationale sont trop graves pour ne pas passer au-dessus des antagonismes d’idées.
Quelles que soient les opinions de mon interlocuteur, et quelle que soit son appartenance syndicale ou autre, il me semble qu’il est de mon devoir de l’aider dès lors qu’on me le demande et qu’il m’est possible de le faire. C’est bien sûr ce que je fais, du mieux que je peux. Auprès de cette collègue, comme auprès d’autres salariés. Toujours, j’ai appliqué et affirmé ce principe : ces questions sont trop importantes, trop lourdes, trop destructrices pour ne pas dépasser et transcender tous les clivages. Le sectarisme et l’humanisme sont incompatibles.

Du reste, plus d’une fois – et c’est heureux ! – j’ai moi aussi été écouté, conseillé, aidé par des personnes d’un autre bord politique que le mien. Par exemple, un des collègues à m’avoir apporté une assistance précieuse au début des années 2010 a été Monsieur Daniel ARNAUD, avec qui j’ai pris contact dès la parution de son ouvrage de référence au mois de mai 2013. Ce collègue n’a pas hésité à m’aider, malgré nos divergences d’opinions.
Et j’ai plus d’une fois constaté que les collègues les plus efficaces dans la défense de tel ou tel dossier pouvaient se situer ailleurs que moi sur l’échiquier politique, ou être affilié à un syndicat « concurrent » – tout cela coule de source pour qui n’est pas engoncé dans une idéologie hors-sol et fermée sur elle-même.
A contrario, plusieurs dirigeants syndicaux d’une structure à laquelle j’aurais naïvement pu faire confiance dans ma jeunesse si je m’étais tourné sans plus y réfléchir vers ce syndicat hégémonique du second degré, plusieurs de ces dirigeants donc, se sont montrés d’une fourberie, d’une traîtrise et d’une brutalité sans nom à l’encontre de collègues de leur propre syndicat, dès lors qu’on avait mis le doigt sur l’une ou l’autre de leurs collusions, de leurs compromissions, et de leurs corruptions les plus crasseuses. On n’est jamais trahis que par ceux qu’on croit être des siens. Et le degré de corruption (1) et d’improbité au sommet de certaines organisations syndicales dépasse tout, tout, tout, ce qu’on peut imaginer. Qui dit « silence du #PasdeVague » et « loi du silence » dit « Omerta » – et qui dit « Omerta » dit « dérives mafieuses », comme l’expliquent et le démontrent les bons connaisseurs de ces mécanismes. (2)   

Protéger et couvrir l’ami du copain d’un copain qui a commis des agressions sexuelles dans le cadre de son travail, ce n’est pas quelque chose que je pourrais faire, pour ma part. D’autres, carriéristes et ambitieux, n’ont jamais hésité, que ce soit avant ou après #metoo. (3)   
Quant – autre forme de « corruption » – au détournement local d’argent public, certaines et certains savent y faire, et s’organisent très bien en ce sens, de manière à jamais ne être inquiétés.
Mais n’en disons pas davantage ici. Silence. #PasdeVague(4)   

          Il y a quelques années Madame Christine REY-CAILLAT m’a contacté via ce blog, donc.
Et ce qu’elle m’a confié avoir vécu, en tant qu’enseignante, relevait davantage de la barbarie que de la bienveillance.
La situation dans laquelle plusieurs fonctionnaires de l’institution scolaire l’avait plongée était à la fois insoutenable et banale.
Insoutenable mais passée sous le tabou du #PasdeVague.
Banale parce qu’extrêmement courante, contrairement à ce qu’ont se sont acharnés à faire croire pendant des décennies de nombreux responsables syndicaux (5), jusqu’à ce que leurs mensonges et leur double-jeu commencent d’être éventés, à partir d’octobre 2018. (6)   

Aujourd’hui, c’est tout naturellement que je mentionne sur ce micro-blog, la récente parution du livre que Madame REY CAILLAT a écrit, sous le pseudonyme de Lucie DENNER : « Une Année particulière ».
Le sous-titre est éloquent : « Comment l’Education nationale a failli me tuer ».

L’auteur de ce livre est une miraculée. La maltraitance institutionnelle, ce n’est pas qu’une formule éthérée.
Le récit est court – moins de 50 pages – mais implacable : ce témoignage est truffé d’anecdotes édifiantes sur les violences de certains élèves, les dérives kafkaïennes de notre administration, les brutalités de petits chefs locaux, l’incurie de quelques hauts fonctionnaires, la duplicité de certains pseudo-syndicalistes qui se révèle très vite dès qu’on les place au pied du mur, etc. En cela cet ouvrage mérite d’être diffusé, connu, et lu le plus largement possible, aussi bien par les acteurs de l’institution scolaire que par tout un chacun.

On peut s’en réjouir, à défaut de s’en contenter : globalement, la parole circule de manière moins contrainte qu’il y a encore un an ou deux… même s’il faut souvent attendre d’être à la retraite ou en dehors de l’Education nationale pour pouvoir desserrer les poings, les dents, et les lèvres. Pour pouvoir dire les choses, tout simplement.
Coucher sur le papier de tels traumatismes peut avoir des vertus thérapeutiques, et d’apaisement.
C’est une profonde source de satisfaction de constater qu’après la publication de son récit, Madame Christine REY-CAILLAT peut enfin, pas-à-pas, retrouver la sérénité qu’elle n’aurait jamais perdue si le respect de l’humain, le bon sens et la loyauté (7) avaient toute leur place, dans l’institution scolaire. Qu’on en juge :

« Avec le temps, ma colère s’est progressivement transformée en une sorte d’indifférence teintée de mépris envers les personnes que le pouvoir, quelle qu’en soit l’importance, a rendu pleines de morgue, parfois cyniques et lâches. » (8) 

« J’ai fini par me dire que si les services publics sont essentiels dans la mesure où ils reposent sur des idéaux d’humanisme et d’égalité s’appliquant à tous les citoyens, je regrette simplement que l’Éducation nationale soit si mal servie par quelques personnes que le statut autorise à commettre parfois des actes entraînant de graves conséquences sur le plan humain ou à les couvrir, sans que jamais ces fautes ne soient reconnues et encore moins réparées. » (9)   
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« […] les écrivains, musiciens, réalisateurs et autres artistes que j’aime possèdent la grâce et le talent qui leur confèrent le pouvoir inouï d’enchanter ma vie.
Je me perds dans la douce nostalgie des romans de Patrick Modiano. J’écoute la musique élégante et hypnotique de Massive Attack. Je tremble d’émotion devant la beauté tragique des films de Marco Bellochio.
Ces instants me rendent heureuse, comme le spectacle de l’océan aux couleurs toujours changeantes que je contemple inlassablement depuis ma nouvelle vie. » (10) 

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                                                                                                                Pierre-André DIONNET

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(1)  Comment la corruption peut-elle se manifester dans l’Education nationale ?
Lire ici quelques pistes :

Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (21) A propos de corruption…

(2)   Voir par exemple le chapitre « Dérives mafieuses », pages 113 sq. de l’excellent ouvrage de référence Le Harcèlement moral dans l’Enseignement, de Daniel ARNAUD

Le Harcèlement moral dans l’Enseignement (Sévices publics) / Daniel ARNAUD (1) Le livre de référence sur le tabou du harcèlement hiérarchique dans les écoles, collèges et lycées.

(3)   Ci-dessous un exemple parmi des milliers, en France :

Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (31) « Violences sexuelles, omerta et chasse aux sorcières dans un lycée privé de Vincennes ».

(4) et (6)   D’où vient le hashtag #PasdeVague ?, article du Point, 22 octobre 2018 :

D’où vient le hashtag #PasdeVague ? (lepoint.fr)

(5)   « Responsables » ? Oui, et cent fois « coupables » !
Le terme « irresponsables » conviendrait mieux pour désigner certains délégués syndicaux. Dans le Pas-de-Calais comme ailleurs.

(7)   Il faudra un jour revenir également sur le sens donné trop souvent à ce terme de « loyauté », au sein des services juridiques de certains rectorats. On verra alors pourquoi et comment, de la même manière que la « fausse bienveillance » est source de profondes maltraitances, la « loyauté » peut figurer comme relevant de la plus pure « déloyauté » (pour ne pas dire pis) de l’institution scolaire vis-à-vis des meilleurs enseignants de ce pays.

(8)   « Une Année particulière / Comment l’Education nationale a failli me tuer » par Lucie DENNER alias Christine REY CAILLAT, page 48.

(9)   Op. cit., page 47

(10)   Op. cit., page 49

COSE toujours ! (15) COSE participe à la 6ème rencontre annuelle des lanceurs d’alerte, le 14 novembre, à Paris.

Les actualités du Collectif Surexposition Ecran CoSE

Cose participe à la 6ème rencontre annuelle des lanceurs d’alerte.

Venez nous rejoindre à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord pour débattre.
 
Sabine Duflo, membre fondatrice du collectif Cose, interviendra le 14 Novembre à 11 heures dans la salle panoramique autour de la question « Ecrans et apprentissages numériques, alerte pour les enfants ? »

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (21) « Cas d’Ecole » de REMEDIUM : la bande dessinée à glisser sous les sapins, cette année !

          
               

                            Il y a longtemps que ce blog aurait dû vous parler du dessinateur et scénariste de bande dessinée REMEDIUM, et vous présenter en détail son travail sur les violences institutionnelles de l’Education nationale. Bien avant que ne paraisse enfin en album les 14 histoires, lues ici et là sur le net depuis mars 2019, et récemment regroupées à l’initiative des éditions de l’Equateur. Ce sera chose faite en 2021. En attendant, la critique qu’en fait l’excellente journaliste belge Lucie CAUWE sur son blog Lu Cie & Co Livres utiles, vous incitera certainement à commander cette bande dessinée chez votre libraire préféré, et à en offrir à vos amis enseignants, pour Noël. De quoi les aider à surmonter les difficultés du métier : une des premières choses est de s’informer et de comprendre le pourquoi du comment des mécanismes insidieux et terrifiants qui peuvent miner pas-à-pas ou brusquement leur vie de professeur.

Offrir cet album à vos proches s’ils travaillent dans l’enseignement, c’est montrer et prouver que vous les aimez.

Pierre-André DIONNET

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Ci-dessous, article de Lucie CAUWE, 9 septembre 2020.

https://lu-cieandco.blogspot.com/2020/09/la-violence-de-lecole-publique-francaise.html

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mercredi 9 septembre 2020

La violence de l’école publique française

 
« Cas d’école » (c) Editions des Equateurs.
 
 
 
 
Les habitués de ce blog connaissent déjà les « Cas d’école » de Remedium, pseudo littéraire de Christophe Tardieux, professeur des écoles en Seine-Saint-Denis depuis 2005. Des bandes dessinées dénonciatrices de la violence faite aux enseignants par l’Education nationale française, sobres et percutantes, qui jouent sur les cadrages et sur l’alternance textes-images. Remedium les a d’abord publiées sur sa page Facebook tant il était révolté par la violence de l’Education nationale de son pays. Egalement en hommage à ces enseignants broyés par une machine sourde à l’humain. J’en ai relayé plusieurs, l’histoire de Jean (ici), celle de Laurent (ici), celle de Christine (ici) Il y en a eu d’autres, hélas, bien sûr, sept sont actuellement toujours visibles sur le site de Remedium et quelques-unes sur le blog que Mediapart lui a proposé au printemps.

Ces bandes dessinées sociales et engagées ont aussi éveillé l’attention d’une maison d’édition française qui a décidé d’en faire un album papier. « Les Editions des Equateurs », m’explique Remedium, « avaient entendu parler du projet après le suicide de Christine Renon (NDLR: en septembre 2019) et l’histoire que j’avais faite sur elle. Elles ont eu dans l’idée d’en faire un album avant que je ne l’envisage réellement moi-même. »

 
 
Cet album, le voici, « Cas d’école – Histoires d’enseignants ordinaires » (Éditions des Équateurs, 100 pages), tout juste arrivé en librairie. Et le moins qu’on puisse en dire est qu’il secoue son lecteur! Impossible de ne pas avoir l’estomac retourné après avoir lu ces quatorze histoires. Ou plutôt ces treize histoires d’enseignants plus celle de leur ministre, aussi estomaquante mais pour d’autres raisons. C’est que Remedium fait ici un terrible inventaire de drames humains causés par l’école de la République française. « La moitié des histoires ont été publiées sur Facebook », précise-t-il, « et n’ont pas été modifiées (à part celle sur Blanquer complétée d’une page). L’autre moitié, la plus longue en terme de pages, est inédite. »

Ce qui frappe surtout, c’est combien les bonnes volontés des enseignant(e)s sont balayées par des esprits jaloux qui savent comment opérer pour jeter l’opprobre sur des instituteurs dynamiques, motivés, efficaces, aimés des enfants comme des parents. Mensonges, harcèlement, rien n’est inutile pour venir à bout de ces belles âmes. Le pire est de découvrir le soutien de la hiérarchie, l’aveuglement de l’inspection plus prompte à couvrir les méfaits qu’à encourager les initiatives louables. Ce qui est terrible, révoltant, c’est le mépris pour l’humain au nom de.., au nom de rien finalement. Ce qui est dramatique, ce sont les vies humaines perdues ou irrémédiablement gâchées en vertu de règlements idiots, au profit de quelques minables. L’espèce humaine n’en est pas dépourvue, on le sait, mais quand il est question d’enseignement et d’éducation des enfants, cela ne passe plus du tout.

L’histoire de Jean-Pascal. (c) Editions des Equateurs.

On saluera la bonne idée de Christophe Tardieux d’avoir choisi « Cas d’école » comme nom générique à ses dénonciations salutaires et nécessaires, et maintenant comme titre de son album, l’expression signifiant « cas correspondant au modèle théorique enseigné ». Les quatorze histoires qu’il consigne dans son « Cas d’école » doivent être connues maintenant qu’elles sont dites. Elles sont le tombeau de ces enseignants et des ces enseignantes qui n’ont plus eu foi en l’école publique, en leur école, et n’ont trouvé d’autre issue que de s’effacer. Par la dépression ou même le suicide.

L’histoire de Christine Renon. (c) Editions des Equateurs.

Effroyables destins que ceux de Jean, Laurent, Sabrena, Manal, Chloé, Christine, Jacques, Annie, Fatima, Rachida, Jean-Pascal, Christophe et Cécile, pleins d’idéal et d’enthousiasme, broyés par la machine administrative orchestrée par le ministre Jean-Michel, avant-dernier des portraits. Christophe car Remedium raconte aussi l’histoire terrible à laquelle il a été confronté. Comme ceux qu’il sort de l’ombre, de ses mots qui s’attachent à la réalité et de ses dessins bien pensés, il a vécu la violence hiérarchique qui cache, enterre, ignore, blesse et met en colère. Si la colère et la révolte contre un système qui écrase relie les récits de celui qui enseigne le jour et dessine le soir, elles passent immédiatement chez le lecteur. Certes la profession d’enseignant est en crise mais ces morts ne peuvent pas êtres vaines. Elles ne le seront pas grâce au travail de mémoire de Remedium qui rompt courageusement le silence officiel.





 

 

La parole aux victimes (3) Le sang des vermines et autres éclaboussements à éviter.

Pour nombre de mes supérieurs hiérarchiques directs, je ne suis pas un citoyen.
Ni un enseignant.
Ni un être humain.
Non.
A leurs yeux et dans leur esprit, je suis une chose.
Un objet.
Une vermine, qu’ils se font un devoir d’écraser sous leur talon.

On sait, notamment grâce aux travaux documentés de l’universitaire et chercheur Johann CHAPOUTOT, que la nouvelle gestion publique (en œuvre dans l’académie de Lille bien plus précocement, férocement, et méthodiquement que dans d’autres académies) puise ses origines et ses sources dans le nazisme.

Il y a là un hiatus vertigineux entre d’une part les valeurs républicaines défendues à grand renfort de dispositifs de communication et d’artifices médiatiques, par les plus éminents, les plus respectables et les plus hauts fonctionnaires du rectorat de Lille.
Et d’autre part, la réalité.
J’ai bien dit « la réalité ». Le réel. La vraie vie. Pas le « ressenti ».

La réalité, c’est aussi la façon dont – directement ou entre les lignes – les ordres sont donnés, et exécutés. Tout au long de la pyramide hiérarchique.
Depuis le ministre de l’Education nationale Monsieur Jean-Michel BLANQUER en personne, les secrétaires d’Etat, les directeurs généraux, les conseillers, les chefs de service, les chefs de bureaux, les délégués, les chargés de mission, les décideurs et les responsables du ministère de l’Education nationale.
Jusqu’au dernier des petits chefaillons le plus nuisible, le plus abject, le plus tordu et minable qui soit, qui se croit « en droit et en devoir » d’exécuter ces ordres plus ou moins implicites et de détruire des vies humaines, dans l’établissement scolaire au sein duquel on lui a donné une once de pouvoir.

Depuis 18 années maintenant, victime d’abus de pouvoir, de violences et de délits répétés de harcèlement moral commis en toute liberté et impunité par une partie de ma hiérarchie directe ; mais aussi lanceur d’alerte, observateur et bon connaisseur de ces sujets ô combien tabous, j’ai dans la journée d’hier et pour la énième fois, échangé sur ces matières avec qui de droit dans une salle du 3ème étage du rectorat de Lille.
Disserter de la banalité du mal est une chose ; mesurer ses effets concrets dans tels et tels établissements scolaires du Nord, du Pas-de-Calais et des départements limitrophes en est une autre ; faire bouger les lignes constitue encore un autre défi.

La suite qui sera donnée à ces échanges ne dépend pas de moi, mais uniquement de la célérité, de la bonne volonté et de la loyauté de mes interlocuteurs.
Il était prévu dès le début de la semaine à venir quelques menus coups d’éclats ciblés, froidement réfléchis, légaux et légitimes, qui auraient pu peut-être obtenir un écho et devenir très embarrassants moins tant pour ma personne que pour l’un ou l’autre maillon de la chaîne de responsabilité hiérarchique. Les lecteurs fidèles de ce blog se souviendront des articles publiés ici en août et septembre 2017, qui ont valu à un chef d’établissement scolaire du bassin d’éducation de Béthune et Bruay-la-Buissière quelques suées froides, des échanges douloureux avec sa sombre et pesante conscience, et des explications bafouillées et plus qu’emberlificotées auprès d’interlocuteurs qui n’ont pas été dupes de ses mensonges et de ses simagrées (*).
Il n’est pas nécessaire, pour médiatiser et mettre en pleine lumière les plus lourds et les plus graves dysfonctionnements de l’institution scolaire – ceux qui font l’objet d’Omerta que le mouvement #PasdeVague n’est pas parvenu à briser – que survienne un drame extrême de l’ampleur de ceux que vivent les familles de Monsieur Jean WILLOT, de Madame Christine RENON, de Monsieur Pierre JACQUE et de tant d’autres enseignants de valeur : j’en suis intimement convaincu, il doit être possible de mettre un terme à l’indifférence de l’opinion et au silence médiatique par d’autres méthodes, moins radicales et moins douloureuses pour les Justes.
A chacun, donc, de prendre ses responsabilités, de mesurer le degré d’urgence et l’importance qu’il y a à répondre à mes questions et à sécuriser la suite de mon parcours professionnel.

Pierre-André DIONNET

(*) Par charité, on en est resté là avec ce personnage dont le nom est indigne d’être cité où que ce soit.

La parole aux victimes (2) Témoignage d’Isabelle LE FOLL-REMOUE, enseignante de philosophie : « Les profs aussi sont harcelés ».

C’est aujourd’hui que sort en librairie cet ouvrage, publié par Jean-Claude Lattès, dans lequel  Isabelle LE FOLL-REMOUE témoigne du calvaire qu’elle a vécu, dans un lycée, en France, au 21ème siècle.

 

Les profs aussi sont harcelés

/ Trois ans de pression dans un lycée.

 

 

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Un sujet que je connais bien, et pour cause. Les détails des situations de harcèlement subies par le personnel de l’Education nationale sont souvent parfaitement connus de qui de droit, dans divers services des rectorats. Voir un harceleur, un chefaillon-soudard, un mobbeur-assassin, un agresseur sexuel, un violeur, mener carrière sans jamais être inquiété… être félicité publiquement et honoré du glorieux titre-hochet d’Officier des Palmes Académique… être confortablement rétribué par l’Etat malgré (je n’ose écrire « pour ») ses délits, voire ses  crimes… c’est quelque chose qui ne devrait pas être accepté en silence. Aussi je comprends ce qui a amené cette collègue à publier son témoignage – décision rarissime dans l’Education nationale, tant les mesures de répression de l’institution scolaire sont féroces, suivant la logique ultra-violente dite de « l’Omerta au rectorat ».

Pierre-André DIONNET

 

 

COSE toujours ! (14) « La Fabrique du Crétin digital » de Michel DESMURGET et autres actualités du COSE.

Les actualités du Collectif Surexposition Ecran CoSE


Bonjour,

Depuis la sortie du livre de Michel Desmurget » La fabrique du crétin digital », on entend enfin sur les médias un écho de nos alertes sur les effets de la surexposition aux écrans sur le développement des enfants.  Nous vous recommandons bien évidemment de vous y plonger, mais prévoyez un peu de temps….Il ne faut pas que cette information solide, argumentée, enfin entendue, retombe dans l’oubli. Merci de mobiliser autour de vous vos différents liens familiaux, amicaux et professionnels, pour diffuser notre message et de proposer de signer notre charte pour que nous soyons plus nombreux encore (et pourquoi pas adhérer à l’association par un soutien financier).

CoSE à la cité des enfants à la Villette
Une animation pour les 2/7 ans débute le 12 octobre au cœur de la Cité des Enfants (cité des sciences et de l’industrie à la Villette Paris) pour au moins trois mois. Cette courte animation  « les zinzins des écrans « cherche à sensibiliser les familles sous forme de saynètes jouées par la compagnie « Objet Direct » avec le conseil scientifique d’un membre de CoSE (cliquer ici pour retrouver le programme de ces animations).

La première consultation pédiatrique « surexposition aux écrans » ouvre à l’Assistance Publique
Elle est assurée par le Dr Dieu Osika (collectif CoSE) dans le service de pédiatrie de l’hôpital Jean Verdier à Bondy le lundi matin. Elle est destinée au diagnostic et à la prise en charge des enfants de moins de dix ans (cliquer ici pour prendre rendez-vous).

Du côté des amis de CoSE
Un excellent article des orthophonistes de l’association « joue, pense parle » sur la technoférence.
Vous ne savez pas ce que c’est ? Cliquer ici pour en savoir plus.

A vos agendas
La première réunion-conférence du collectif CoSE et de ses adhérents aura lieu le samedi 19 septembre 2020  de 9h à 17 h à Paris. Des précisions dans les prochaines newsletters mais prévoyez votre journée (et peut être votre billet de train..)

Paul VILLACH (1) Hommage à un Juste, pour qu’une école, un collège, un lycée porte demain son nom.

 

 

Jour de La Toussaint. Une pensée fraternelle pour Monsieur Paul VILLACH. Plus de dix ans avant #pasdevague, cet enseignant brillant éclairait la communauté éducative sur ce qu’aujourd’hui encore nous ne sommes qu’une poignée à mettre en pleine lumière. Pionnier parmi les lanceurs d’alerte constatant les dérives et les abus d’autorité d’une partie de la hiérarchie de l’institution scolaire.

Les quolibets, les moqueries, les insultes, les crachats, les chausse-trappes, les coups-fourrés. Et la profonde déloyauté – jusqu’à la répression aveugle et opaque – de structures syndicales ou administratives trop souvent dévoyées dès lors qu’on brise l’Omerta. Il a vécu tout cela. Il a subi tout cela. Il a supporté tout cela. Il a dit le réel. Posément. Avec calme, humanité, lucidité. Sans haine pour les bourreaux qui l’ont persécuté jusqu’à la fin. Rappeler la grandeur de cet homme, évoquer l’honneur qui a toujours été le sien, renforce notre juste combat.

Un jour, un établissement scolaire portera son nom.

Merci à Daniel ARNAUD d’avoir oeuvré avec intelligence pour que Paul VILLACH s’inscrive dans la mémoire de notre institution scolaire. Que ce soit officiel, ou – plus probablement – que cela reste officieux, de l’ordre du symbole, et de l’hommage à un Juste reconnu par d’autres hommes épris de Justice et d’Humanité, souhaitons qu’un jour, une école, un collège, un lycée portent le nom de Paul VILLACH.

Pierre-André DIONNET

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Accueil du site > Tribune Libre > « Allez vous faire enc… » ont écrit des lycéens à leur professeur. (…)

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« Allez vous faire enc… » ont écrit des lycéens à leur professeur. Comment est-ce possible ?

par Paul Villach
vendredi 27 novembre 2009

On n’est pas au bout de ses peines. Il faut s’y résigner et s’attendre à l’avenir dans l’Éducation nationale à des perles encore plus savoureuses que celle de cette pétition d’élèves signée, selon Le Monde.fr du 21 novembre, à la quasi unanimité d’une classe de Terminale en science et technologie de gestion, pour demander à changer de professeur d’anglais.

 L’arrogance de voyous au langage ordurier

Motif ? Celle-ci « n’a plus envie que les lycéens téléphonent ou envoient des SMS pendant ses cours d’anglais » et ne souhaite plus voir « des filles s’y maquiller, miroir en main, ou s’épiler le sourcil ». Ces élèves ont même le front de conseiller à ce professeur « de procéder à un changement d’attitude, et de cesser de faire des remarques à chaque fois que l’on a un téléphone entre les mains, car cela est une perte de temps. » « Si ce n’est pas le cas, concluent ces voyous dont l’arrogance s’épanouit dans l’injure ordurière, et qu’il n’y a aucun effort de changement de votre part, nous n’avons plus que quelques mots à vous dire : allez vous faire enc… »

Quand le monde est à ce point à l’envers, on a envie d’éclater de rire pour le remettre à l’endroit. Mais ici la magie n’opère pas. Alors, on cherche à comprendre : comment peut-on en venir à ces extrémités dans un établissement scolaire ? Ne devraient en être étonnés que ceux qui ont fait retraite au désert depuis 20 ans ou se sont bouché les yeux et les oreilles, ce qui revient au même. Cette agression réfléchie, au lycée Jean-Lurçat dans le 13ème arrondissement de Paris apparaît, au contraire, comme la conséquence attendue d’une politique conduite dans l’Éducation nationale depuis 20 ans.

Le professeur indocile, cet ennemi principal pour l’administration

 On ne comprend pas qu’on puisse connaître tragédie aussi burlesque si on ignore qu’à l’origine, l’ennemi principal pour l’administration de l’Éducation nationale, c’est le professeur indocile. Toute sa politique tourne au tour de cette obsession. Un professeur par son savoir – quand il en a un qui ne se limite pas au seul catéchisme appris au sortir de l’adolescence – peut être tenté à tout moment de s’affranchir du Pouvoir qui l’oblige à enseigner des erreurs et/ou à subir la violation des droits de la Personne dans son métier. Aussi faut-il le soumettre à tout prix. L’administration a développé un arsenal de moyens variés pour parvenir à ses fins.

1- La manière douce : le clientélisme

Il y a d’abord la manière douce. Une première gamme d’outils vise à la constitution d’une clientèle par la distribution de faveurs : une attribution de classes privilégiées, un emploi du temps sur mesure, des heures supplémentaires pour améliorer l’ordinaire d’un salaire trop juste, le poste de professeur principal avec prime afférente, les promotions au grand choix et non à l’ancienneté pour gagner plus plus vite, l’accès à « la Hors-classe » et le sur-salaire qu’elle implique, pour une minorité à la discrétion du recteur, (une invention du ministre Jospin !), une mutation conforme aux vœux de l’intéressé.

S’adjoint, en général, à cette clientèle choyée la clientèle syndicale (toute couleur confondue), depuis que les syndicats ont été domestiqués par la présidence mitterrandienne dans les années 80 grâce à l’octroi aux permanents syndicaux de postes de ministre, de conseiller ministériel, de diplomate et de décorations. Dans leur tête-à-tête permanent avec l’administration, les permanents syndicaux troquent leurs compromissions contre de menus avantages pour eux et leurs obligés.

2- La manière sournoise : l’intimidation par les partenaires scolaires

Une seconde gamme d’outils vise à l’intimidation des réfractaires à la corruption, s’il en reste. Alors, là, tous les moyens sont bons ! Elèves, parents, membres du personnel et syndicats sont recherchés comme alliés contre eux et mis à contribution.

1- L’intimidation par les voyous et les « chers collègues »

Les élèves voyous jouissent dans leurs exactions face au professeur indocile de la plus grande complaisance : on compte sur eux pour lui empoisonner la vie, on les y encourage même par la bienveillance due à ces « pauvres élèves en difficulté ». Dans un contexte de projet de privatisation, ces voyous permettent en plus de faire d’une pierre deux coups : ils contribuent aussi à rendre répulsif le service public. 

Si un professeur a le culot de combattre cette délinquance et cette déliquescence et d’exclure par exemple, un voyou de sa classe, en respectant les dispositions réglementaires, comme l’exclusion ponctuelle de la classe selon la circulaire du 11 juillet 2000, ce sont les professeurs courtisans qui montent au créneau et se répandent en récriminations envers leur collègue coupable de rejeter sur le Bureau de la vie scolaire « les problèmes » posés par l’élève qu’il ne sait pas résoudre lui-même dans sa classe : c’est facile, entend-on, de rejeter ses insuffisances sur les autres !

2- L’intimidation par les parents

Si cela ne suffit pas, alors on « fait donner les parents ». C’est la formule clandestine consacrée. Le chef d’établissement, s’il est imbécile – ce qui arrive, car le recrutement dans ce poste tend de plus en plus à retenir les plus frustes – peut prendre le risque de laisser des traces en adressant une lettre secrète au président d’une fédération de parents d’élève pour dire tout le mal qu’il pense du professeur. On imagine l’effet sur les parents qui peuvent très bien se sentir autorisés à monter une cabale, puisque le chef d’établissement lui-même vilipende le professeur. 

On voit soudain fleurir des pétitions de professeurs ou de parents stigmatisant le prétendu coupable. Les courtisans se pressent pour y apposer leur signature puis, le regard noir quand ils le croisent, mettent en quarantaine le malotru. On a même vu une principale voyou oser adresser au recteur une « pétition blanche » contre un professeur, c’est-à-dire prétendument signée à l’unanimité, mais sans la moindre signature. Elle avait anticipé un peu trop vite, expliquera-t-elle au juge d’instruction, l’élan de ses collègues qui ont été tout de même 12 sur 47 à signer son torchon ! (1)

3- La manière forte : l’intimidation par la violation cynique des règles et de la loi

Une troisième gamme d’outils est le mépris cynique de la loi et le détournement des procédures disciplinaires.

1- L’intimidation par le mépris affiché de la loi

À Marseillan (Hérault), une principal est allée jusqu’à afficher en salle des professeurs la lettre confidentielle écrite par voie hiérarchique au recteur par deux professeurs pour demander la protection statutaire contre les attaques de cette principale elle-même à l’occasion de leurs fonctions (2). Cette administratrice exemplaire ne pouvait donner meilleure preuve de son animosité envers ces deux professeurs ! On l’a dit plus haut : ce ne sont pas les plus intelligents qui accèdent à ces fonctions de direction mais les plus frustes et dociles. Le seul ennui avec ces incultes, c’est qu’ on n’est pas, comme ici, à l’abri du pavé de l’ours (3). Certains de leur impunité, il leur arrive d’en faire un peu trop !

Le 1er décembre prochain, le tribunal administratif de Montpellier va examiner les recours de ces deux professeurs. Il sera intéressant de voir ce que pense le juge administratif de cette violation délibérée du secret de la correspondance administrative par un chef d’établissement perdant le nord sans pour autant perdre sa place ! Vu l’air du temps, il n’est pas impossible que le juge trouve ça normal ou dégote des excuses à l’admirable principal. Les juges aujourd’hui sont pleins d’imagination.

2- L’intimidation par sanction pour fautes imaginaires

Enfin, si tout cet arsenal échoue, il reste encore à mettre sur le dos des professeurs indociles des fautes de services imaginaires pour leur infliger un blâme ou un déplacement d’office (4). Sous la botte du recteur William Marois, aujourd’hui à Bordeaux, on a vu ainsi dans l’académie de Montpellier des sanctions tomber. Cette administration voyou, du ministre jusqu’au chef d’établissement en passant par le recteur et l’inspecteur d ’académie, a belle mine quand le tribunal administratif, deux ans et demi plus tard, annule un blâme pour inexistence matérielle de motif et violation de procédure (5) !

Rien de tel qu’une bonne injustice pour terrifier

On se souvient peut-être de ce que dit Machiavel, dans « Le Prince  », à propos de Cesare Borgia qui fit couper un ministre en deux et exposa son cadavre sur la place publique : « La férocité de ce spectacle, écrit-il, fit tout le peuple demeurer en même temps satisfait et stupide  ». Rien de tel, en effet, qu’ une bonne injustice assénée avec brutalité pour frapper le populo de terreur et d’admiration !

On exagère, diront en chœur les courtisans de l’administration. Certes, on n’en est pas encore là, Dieu merci ! Mais faut-il désespérer ? Que les lecteurs qui doutent encore, se souviennent seulement de récentes affaires, toutes aussi effarantes les unes que les autres : cette professeur poignardée par un élève en pleine classe, le 16 décembre 2005, dans un lycée d’Étampes, après avoir été abandonnée à elle-même par son administration qu’elle n’avait pas cessé d’alerter !(6), ce professeur du collège de Berlaimont traîné en justice et condamné pour avoir giflé un élève de 5ème qui l’avait traité de « connard », le 28 janvier 2008 (7), cet instituteur qui est aujourd’hui même devant la cour d’appel de Dijon, pour avoir, un cutter à la main, dit à un élève qui montrait son zizi à ses camarades : « Je coupe tout ce qui dépasse  » (8). On n’est pas loin dans cette affaire du lycée Lurçat à Paris du sketch de Jean Dell, où un instituteur est traduit en justice pour « tapage nocturne » parce qu’il a réveillé un élève dormant en classe affalé sur son pupitre (9).

Il reste qu’il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt ! Étienne de la Boétie pensait qu’il n’y a pas de servitude sans un minimum de consentement des asservis. Pour en arriver à un tel abaissement de la fonction de professeur, à une telle indignité, il faut, en effet, que les intéressés eux-mêmes, on veut dire les professeurs, y aient mis du leur en faisant eux-mêmes par leur comportement leur propre malheur. Comment, après cela, des élèves peuvent-ils respecter des professeurs qui se laissent à se point maltraiter et ne se respectent pas eux-mêmes ? Paul Villach

(1) Pierre-Yves Chereul, « Cher Collègue  », Éditions Terradou, Digne, 1993.

(2) Paul Villach, « Des courriers administratifs confidentiels affichés dans la salle des professeurs d’un collège  », AgoraVox, 2 mars 2008.

(3) La Fontaine, « L’Ours et l’Amateur des jardins  », in « Fables », VIII, 10. Pour chasser une mouche du visage de son maître, un ours apprivoisé mais très bête ne trouve rien de mieux que de lui envoyer un pavé en pleine figure…

(4) Paul Villach, « 40ème jour de grève de la faim pour Roland Veuillet ou l’impuissance face à l’arbitraire aujourd’hui en France  », AgoraVox, 15 décembre 2008.

(5) Pierre-Yves Chereul, « Un blâme académique flatteur  », Éditions Lacour, Nîmes, 2008.

(6) Paul Villach, « Le livre de Karen Montet-Toutain, professeur poignardé : le service public outragé ! » AgoraVox, 4 octobre 2006.

(7) Paul Villach, « Après la gifle du professeur, la claque du Premier ministre ! », AgoraVox, 7 février 2008.

« La gifle du collège de Berlaimont : ces témoignages d’élèves que l’on retient ou non selon son bon plaisir…  », AgoraVox, 27 juin 2008 –

(8) Paul Villach, « L’affaire du zizi, de l’École et de la Justice qui dépassent les bornes, bientôt en appel à Dijon », AgoraVox, 14 novembre 2009

(9) Paul Villach, « L’Instituteur, un sketch hilarant de Jean Dell, pour retrouver la raison dans l’Éducation nationale, si possible… », AgoraVox, 8 février 2008.

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Source : article de Paul VILLACH, 27 novembre 2009.

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/allez-vous-faire-enc-ont-ecrit-des-65722?fbclid=IwAR1j4PLSvllkz_kt6he40t-GQCNCJF6Q4LitNjZ8E2pTuSuYZMcMYyiiex4

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Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (9) Malgré le courage de quelques lanceurs d’alerte, le Japon reste indifférent au mouvement #MeToo ; même indifférence dans l’Education Nationale française, vis-à-vis des harceleurs et des violeurs…

On en parle ici, , , et encore : l’Education Nationale cultive un déni absolu sur les affaires de harcèlement hiérarchique, aussi bien moral que sexuel. Et au vu de la récente conversation que j’ai eu à ce sujet avec deux interlocuteurs au 8ème étage du rectorat de Lille, le 13 décembre, les choses ne sont pas prêtes de changer…

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Cette indifférence de l’Education Nationale tranche avec la façon dont même l’armée française a commencé à sortir de son carcan de grande muette, par exemple avec la publication d’un Livre blanc qui évoque la réalité des viols dans l’armée.

 

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Demandez à Claude BISSON VAIVRE, grand manitou de la médiation dans l’Education Nationale, quel est l’impact réel des quelques pages qu’il a tardivement consacré (en très grande partie sous la pression du blog Omerta au Rectorat) à ces questions dans le troisième et dernier de ses rapports annuels. Sacré Claude ! Ce n’est pourtant pas faute d’être au parfum depuis des lustres de l’étendue que pouvaient prendre ces crimes et ces délits ; j’ai plus d’une fois échangé avec lui sur ces sujets, par écrit ou au téléphone, mais quand on estime qu’il est plus commode de fermer les yeux, on les ferme. Et si – tout en sauvant les apparences et en abordant à la marge le harcèlement moral hiérarchique dans son ultime rapport annuel – Môssieur le Médiateur de l’Education Nationale en personne a décidé qu’on pouvait continuer à baigner dans le déni, alors on baigne, et tout baigne. Quant aux chefs d’établissement violeurs, ils savourent tranquillement leur bain.

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Dans l’institution scolaire, la médiation se flatte d’être « une force de proposition »… Au-delà d’un bla-bla ronflant, elle propose essentiellement de continuer à cultiver le déni. Sur le terrain, concrètement, rien ne bouge : les victimes ne sont pas reconnues et les chefaillons jouissent de leurs délits voire de leurs crimes, sans que ne soient troublés ni le sommeil ni la digestion des médiateurs académiques. Il n’y a aucun chef d’établissement weinsteinien dans l’Education Nationale, aussi vrai que  le Père Noël distribue des cadeaux en passant par les cheminées.

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L’Education Nationale fonctionne comme un Etat dans l’Etat et s’affranchit souvent des Lois de la République, ainsi que l’explique Daniel ARNAUD dans son ouvrage de référence. Un  Etat dans l’Etat… On retrouve la même indifférence et le même déni à l’échelle de multiples états, dont des pays industrialisés et très développés, parmi lesquels le Japon.

Au Japon la culture du viol est un fléau qui imprègne toute la société, et qui n’est pas le seul fait des yakuza.  Dans ce pays, « le viol est considéré comme quelque chose qui n’arrive que dans les films, ou alors très loin  » comme l’explique la journaliste Shirio ITO. Peut-on considérer que Claude BISSON-VAIVRE a en lui quelque chose de terriblement nippon ?

Pierre-André DIONNET

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Ci-dessous, article de France Info, 28 décembre 2017.

https://www.francetvinfo.fr/societe/violences-faites-aux-femmes/japon-une-journaliste-accuse-de-viol-un-proche-du-premier-ministre-et-ebranle-le-japon_2535515.html#xtor=EPR-2-%5Bnewsletterquotidienne%5D-20171229-%5Blestitres-coldroite/titre4%5D

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Japon : une journaliste accuse de viol un proche du Premier ministre et ébranle le pays

Shiori Ito accuse le biographe de Shinzo Abe de l’avoir violée, en avril 2015, et dénonce des interventions politiques qui empêchent sa condamnation.

La journaliste Shiori Ito, lors d\'une conférence de presse, le 24 octobre 2017, au Japon.
La journaliste Shiori Ito, lors d’une conférence de presse, le 24 octobre 2017, au Japon. (FCCJ / YOUTUBE)
france info France Télévisions

Mis à jour le
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La journaliste japonaise Shiori Ito accuse de viol un proche du Premier ministre Shinzo Abe. L’affaire remonte au mois d’avril 2015, mais la journaliste de 28 ans attend toujours que la justice reconnaisse les faits, raconte Le Figaro, mercredi 27 décembre. « Mon cas personnel n’est rien, mais il peut changer la société », déclare au quotidien français Shiori Ito, qui tente de briser ce tabou au Japon, resté indifférent au mouvement #MeToo qui a suivi l’affaire Weinstein

La police répond qu’il est « difficile d’enquêter »

Shiori Ito accuse Noriyuki Yamaguchi, biographe de Shinzo Abe et ancien journaliste chef du bureau de Washington de la télévision japonaise TBS, de l’avoir droguée et violée, le 3 avril 2015. En 2017, il a donné plusieurs conférences de presse pour raconter son histoire. Ce soir-là, Shiori Ito, alors stagiaire à l’agence Reuters, partage un dîner d’affaires avec Noriyuki Yamaguchi, dans un restaurant de Tokyo. A un moment, « j’ai eu la tête qui tournait, je suis allée aux toilettes », a détaillé la journaliste lors d’une conférence de presse. « Je me rappelle avoir posé ma tête sur le lavabo, je ne me souviens de rien d’autre ensuite », explique-t-elle. 

Le chauffeur de taxi qui les conduit ensuite dans un hôtel a complété son récit, dans son témoignage recueilli par la police : la jeune femme voulait être déposée à une station de métro, mais Noriyuki Yamaguchi a insisté pour la ramener avec lui à l’hôtel. La jeune femme pouvait à peine marcher. « J’ai repris conscience vers 5 heures du matin », a encore précisé la jeune femme. « J’étais allongée, nue, sur un lit d’hôtel, M. Yamagushi était sur moi, en train de me pénétrer. Je vais me retenir de donner des détails explicites, mais je peux vous dire qu’un acte sexuel était commis contre moi, contre ma volonté », a continué Shiori Ito.

Une enquête ouverte pour « quasi-viol »

Commence ensuite une bataille contre la société japonaise, qu’elle raconte dans son livre, Black Box, publié en octobre. Après une difficile consultation chez un gynécologue et un appel infructueux à une association de victimes de violences sexuelles, Shiori Ito tente de porter plainte, face à des policiers qui essaient de la dissuader : « Ce genre de choses arrivait souvent, il est difficile d’enquêter », « cela va affecter ma carrière », « je vais gâcher ma vie ». La jeune femme insiste et dépose plainte, la police ouvre une enquête pour « quasi-viol », selon le quotidien japonais Asahi Shimbun (en anglais), un chef d’accusation utilisé « pour les incidents dans lesquels les victimes ne peuvent pas résister à cause d’un état d’inconscience ». Devant les preuves et témoignages, un juge met Noriyuki Yamagushi en examen.

Mais alors que la police s’apprête à arrêter le suspect, Itaru Nakamura, le patron de la brigade criminelle, également proche du Premier ministre, annule l’opération, raconte Le Monde. Pour Shiori Ito, il s’agit d’une interférence politique, ce que le responsable de la police nie. « Itaru Nakamura a reconnu avoir demandé de ne pas procéder à l’arrestation, mais a nié toute intervention du pouvoir politique », explique le correspondant à Tokyo du quotidien. La justice pénale prononce ensuite un non-lieu.

Au Japon, le viol est considéré comme quelque chose qui n’arrive que dans les films, ou alors très loin.

Shirio Ito

Shiori Ito poursuit désormais Noriyuki Yamaguchi au civil et a entrepris de médiatiser l’affaire. Le 24 octobre, lors d’une conférence de presse, elle déclare : « Je veux parler à visage découvert, pour toutes les femmes qui ont peur de le faire parce qu’ici, au Japon, ni la police, ni la justice ne soutiennent les victimes de crimes sexuels ». Noriyuki Yamaguchi s’est contenté de répondre sur sa page Facebook qu’il n’avait « rien fait d’illégal » et que la police avait d’ailleurs « abandonné les charges contre lui ».

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Ci-dessus, article de France Info, 28 décembre 2017.

https://www.francetvinfo.fr/societe/violences-faites-aux-femmes/japon-une-journaliste-accuse-de-viol-un-proche-du-premier-ministre-et-ebranle-le-japon_2535515.html#xtor=EPR-2-%5Bnewsletterquotidienne%5D-20171229-%5Blestitres-coldroite/titre4%5D

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Cette « bienveillance » qui fait des dégâts sur les enfants… (4) Comment l’humour du Groland fait tomber le masque du debarbieurisme.

Comment ça,  pas très réjouissants, mes précédents billets consacré à la difficulté de libérer la parole sur le viol et la pédophilie ?

Un sujet mériterait d’être pris à bras-le-corps sans tarder, dans l’Education Nationale. C’est celui de l’impunité accordée par les arcanes de l’institution scolaire à certains pédophiles, à certains violeurs, et à tous les chefs d’établissement pratiquant des délits de harcèlement, que ce harcèlement soit moral ou sexuel. L’Ecole baigne dans le déni sur ces sujets et gare au témoin qui voudrait briser l’omerta… il perdra vite son emploi, son statut de fonctionnaire et sa santé, tant l’administration s’acharnera sur lui. La culture de la complaisance et de la complicité touche tous les pans de l’institution, et s’il fallait dresser la liste de celles et ceux qui ferment les yeux…

 

 

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Pas très rigolo, tout ça, et cependant, c’est justement parce que c’est difficile qu’il faudrait aussi pouvoir en rire et en sourire. L’humour est peut-être une des armes et un des biais par lesquels désamorcer ces tragédies pour qu’enfin on ne dise plus, comme sur le plateau de Laurent RUQUIER : « Je ne peux pas l’entendre »

En 2017 on pourrait citer bien des hommes, bien des femmes… Bien des juges, bien des procureurs, bien des rapporteurs publics, bien des hauts fonctionnaires ici et là qui « ne peuvent pas l’entendre  » ou ne veulent pas l’entendre (…), et qui laissent faire au sein de l’Ecole les criminels et les délinquants évoqués plus hauts. Il ne serait pas nécessaire d’aller chercher bien loin quelques noms de braves gens fort respectables qui vous diront demain qu’ils ne savaient pas, qu’on ne leur avait pas transmis les informations, et qu’il y a nécessairement une bonne explication au fait qu’ils ont commis inlassablement les mêmes burgauderies au fil des années… Quelles que soient leurs responsabilités et leur culpabilité réelle dans telle ou telle affaire, pas d’inquiétude pour le confort dans lequel ils baignent : les incompétents et les Tartuffe ont comme point commun de ne jamais « commettre de faute professionnelle  » selon leur hiérarchie.

 

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Pas très réjouissants, ces constats, c’est vrai. Mais c’est une réalité qu’il faut aussi savoir aborder avec lucidité. Maintenant que c’est fait, accordons-nous un peu de détente. Pour celles et ceux qui goûtent l’humour de ce pays voisin du nôtre, la Présipauté du Groland. Comment ce pays aborde t’il la question de la « bienveillance » à l’Ecole ? La réponse dans ce sketch diffusé dans l’émission du 23 septembre 2017, sur Canal +, Groland, le Zapoï.

Frigouillon LAGOUJASSE, le sympathique tuteur de la deuxième chance a parfaitement intégré les préceptes préconisés par Eric DEBARBIEUX et sa clique de faiseurs d’enfants-tyrans : « Le secret c’est de s’adresser à eux comme à des personnes responsables. « ; « C’est pas grave, gamin, continue, t’es bien parti, là… »; « C’est rien, gamin, c’est en ratant qu’on apprend… »; « Respect de l’élève et patience sont les maîtres mots de cette pédagogie du bon sens. »… D’excellents principes, effectivement plein de bon sens – sur le papier. Comment les professeurs n’y avaient pas pensé d’eux-mêmes, tout seuls, avant les révélations du prophète DEBARBIEUX et l’avènement du debarbieurisme ? Ils sont cons, ces profs… 🙂

Enfin… Grâce à cette farce grolandaise, on voit très vite où le debarbieurisme mène concrètement, sur le terrain… Rien de bon, ni pour l’élève, ni pour l’enseignant ou le formateur. Et il n’y a que les debarbieuristes pour ne pas voir dans quels délires et quels effondrements ils plongent l’Ecole, et pour rester aveugles sur l’étendue du mal qu’ils font à des élèves déjà en manque de repères. Sous couvert de « bienveillance », ces idéologues hors-sol ont conforté dans leur nombrilisme plusieurs générations d’enfants et d’adolescents, sans jamais les confronter à la frustration, à l’effort, à la rigueur, ou au respect de l’autre. Non seulement ces irresponsables n’ont jamais RIEN fait ni contre les violences scolaires ni contre le harcèlement hiérarchique, mais pis : ils ont favorisé leur accroissement. Sur un registre comique, ce sketch du Groland contribue à faire tomber les masques.

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Cliquer ici, laisser passer les 30 secondes de publicité et aller de 8’55 à 10’28 si l’on souhaite accéder directement au sketch sans visionner le reste.

Ames sensibles, s’abstenir ! L’humour grolandesque étant très décalé, il n’est pas à mettre entre toutes les oreilles ni devant tous les yeux, vous êtes prévenu/e/s. 🙂 Il n’empêche que sous couvert de farce, d’outrance et de débordements rabelaisiens, Christian BORDE, Francis KUNTZ, Benoît DELEPINE, Gustave de Kervern et leur équipe disent souvent plus et mieux la vérité de notre époque, que bien des journaux d’informations télévisés. 

Ce sketch de deux minutes fait davantage pour la défense de l’Ecole que n’ont fait bien des pseudo-spécialistes durant des carrières entières au service de théories fumeuses et – avant tout – au service de leur propre personne, de leurs intérêts individuels et de leur confort matériel.

Pierre-André DIONNET

 

Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (1) Des mécanismes de protection institutionnels bénéficient encore aux violeurs en 2017.

VIOLS ET PEDOPHILIE : DES QUESTIONS ENCORE TABOUES DANS L’EDUCATION NATIONALE

Un sujet totalement tabou. Qui s’intéresserait au sort d’une petite prof’ vacataire, contrainte à des rapports sexuels par son supérieur hiérarchique, contrainte, forcée, violée en échange de la reconduite de son contrat de travail précaire ? Personne.

Ah, vous me direz : cela n’existe pas. 1 104 400 fonctionnaires dans l’Education Nationale mais zéro situation de ce type ? 1 104 400 êtres humains : statistiquement, pourtant, cela existe.

Cela n’existe pas ? Déni. Omerta. Silence. Grosse gêne. Et indignation des représentants syndicaux des personnels de direction, drapés dans leur vertu corporatiste, et qui – sans les connaître – se portent garants  par principe et a priori de tous les actes de tous les petits et grands supérieurs hiérarchiques qui honorent l’institution scolaire.

Ah, bien sûr, sur la pédophilie, les lignes ont bougé au cours des trois dernières décennies. Enfin, pas tant que cela. L’Affaire de Villemoisson est toute récente, et elle prouve qu’on est loin d’avoir réellement fait le nécessaire. Mais promis, demain on fera. Plus jamais ça. C’est la der’ des der’. Si, si.

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DES MECANISMES INSTITUTIONNELS PROTEGENT LES SUPERIEURS  HIERARCHIQUES QUI FRANCHISSENT LA LIGNE ROUGE

Une réalité : contre les délits de harcèlement hiérarchique (harcèlement sexuel ou harcèlement moral), il n’existe, dans l’Education Nationale aucun garde-fou. Quoi qu’en disent les médiateurs de l’institution scolaire. Quoi qu’en disent – officiellement du moins – la plupart des responsables des syndicats majoritaires parmi les syndicats d’enseignants. Quoi qu’en disent les représentants et les porte-paroles de l’administration (inspections académiques, rectorats, Ministère de l’Education Nationale…).

Aucun garde-fou, les conclusions de l’ouvrage de référence de Daniel ARNAUD sont formelles, pour ce qui concerne les abus de pouvoir hiérarchique et l’arbitraire des sanctions prononcées en toute opacité contre des enseignants innocents mais « gênants ». Les conclusions de toutes celles et de tous ceux qui ont étudié objectivement la question vont dans le même sens : il n’y a pas d’échappatoire lorsqu’on subit un harcèlement hiérarchique dans un collège ou dans un lycée. Même la médiatisation ne suffit pas à enrayer ce processus et à s’en désembourber entièrement.

Aucun garde-fou, au contraire : il existe dans l’Education Nationale tout un ensemble d’habitudes archaïques et de mécanismes qui permettent à ce type de délinquants d’échapper pénalement à toute poursuite. Le Bulletin Officiel n° 10 du 8 mars 2007, relatif au harcèlement moral hiérarchique n’est pour ainsi dire jamais appliqué.

Pourquoi, comment… ce n’est pas à moi de l’expliquer. C’est à l’institution d’aborder cette réalité.

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POURQUOI CES MECANISMES, SI EFFICACES POUR LES CHEFAILLONS QUI PRATIQUENT DES DELITS DE HARCELEMENT MORAL, NE PROFITERAIENT PAS EGALEMENT A DES VIOLEURS ?

Oui, il existe des mécanismes bien rodés, efficaces et redoutables, qui – avouons-le – peuvent permettre à l’institution de se débarrasser de syndicalistes pas assez complaisants, d’écarter discrètement des « gêneurs », de mettre au pas des enseignants qui pourraient potentiellement constituer un semblant de contre-pouvoir au sein d’un établissement ou d’une circonscription scolaire.

Pourquoi ces mécanismes ne permettraient pas à des criminels – des violeurs en l’occurrence – d’échapper également à leurs responsabilités ?

Ces mécanismes existent. L’Affaire des tableaux noirs du Collège Albert Camus de Gaillac n’en dévoile qu’une toute petite partie.

Ces mécanismes existent et sont profondément ancrés dans l’institution scolaire. Ils sont d’ailleurs souvent entretenus et cautionnés par ceux-là même censés les combattre.

Ces mécanismes existent. Ce n’est pas un choix politique. Ce n’est pas une volonté des hauts-fonctionnaires de l’institution. Ce n’est pas une affaire de « complot ». Ce n’est pas « fait exprès ». C’est juste la réalité. Ce sont les faits. C’est la réalité.

Ces mécanismes offrent une impunité totale à cette principale et à ce proviseur, bien connus dans les couloirs de tel rectorat pour avoir harcelé et sciemment brisé des dizaines d’enseignant/e/s.

Ces mécanismes offrent une impunité totale à des violeurs. 90 % des victimes de violences sexuelles ne portent jamais plainte, en France. Ce pourcentage est sans doute bien supérieur quand le viol est commis au sein de l’Education Nationale, du fait de ces mécanismes et des pressions qu’ils induisent. Aux yeux de l’institution scolaire, le chef n’est jamais coupable, donc les femmes violées ne sont pas victimes ; d’ailleurs les viols n’ont pas eu lieu, et la boucle est bouclée.

Quarante ans après le procès de l’Affaire portée par Anne TONGLET et Araceli CASTELLANO, de multiples freins culturels et une tolérance sociale pèsent encore sur les victimes de violences sexuelles. Entre quantité d’exemples contemporains, Anne CIRCE se livre en ce moment-même à un combat du pot de terre contre le pot de fer, un véritable calvaire pour faire reconnaître ses droits et obtenir Justice. A ces freins culturels, à cette tolérance sociale, à l’indifférence de trop de magistrats s’ajoute, dans l’Education Nationale, une complaisance institutionnelle cruelle.

Pierre-André DIONNET

 

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Les tableaux noirs d’Albert CAMUS (6) 10000 signatures, et après ? Passivité et inertie des « gros » syndicats…

 

Le seuil des 10000 signatures sera bientôt franchi. Bravo. Pour un sujet aussi « pointu » que celui d’un abus de pouvoir hiérarchique contre une poignée d’enseignants, c’est vraiment très bien. Sachant que depuis plus d’une trentaine d’années les médias et la plupart des personnages politiques entretiennent auprès de la population une mauvaise image des professeurs (toujours en vacances ou en grève, râlant pour rien, inefficaces et payés à ne rien faire… je schématise à peine 😉 ). Bref, sachant que les profs, les gens s’en foutent, du moment qu’on donne à leurs gamins des diplômes (même bidonnés, même pour du flanc, même pour du beurre fondu), le reste, boââârfff, c’est pas leur problème… Et pourtant, si, c’est aussi leur problème. Leurs problèmes d’aujourd’hui et surtout ceux de demain : les citoyens de demain sortiront de l’Ecole… ou n’en sortiront pas. L’Ecole peut se contenter de pourvoir la société en consommateurs, plutôt que de former des adultes éclairés.

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10000 signatures, ça veut dire quoi ? Comme évoqué dans mon précédent billet, une telle exposition protège un peu les six victimes de cette affaire.

Mais au-delà ? Qui transformera ce petit frémissement en un mouvement débouchant vers un vrai changement, c’est-à-dire sur la construction d’un véritable garde-fou contre les dérives autoritaristes, les mensonges, l’hybris et les délires autocrates d’une frange de chefs d’établissement qui jusqu’ici, en toute impunité, et avec l’aval de leur hiérarchie, pratiquent diverses formes d’agressions et de harcèlement contre « leur » menu personnel ?

Ne serait-ce pas le rôle des syndicats enseignants, d’une intersyndicale solide, de représentants syndicaux forts, de faire déboucher cet élan, cette mobilisation, cette solidarité envers les six de Camus, sur un nouvel outil, une aide aux enseignants harcelés, une structure efficace portant rapidement secours à ces enseignants-victimes, ces enseignants depuis trop longtemps sacrifiés par les dits syndicats (à l’exception de quelques syndicats minoritaires) ? Allons, au travail ! 😉

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C’EST LE MOMENT D’INSCRIRE A L’ORDRE DU JOUR LA QUESTION DU HARCELEMENT HIERARCHIQUE (question qui n’apparaît nulle part dans les revendications des « gros » syndicats, nulle part dans leurs publications ni sur leurs sites…).

C’EST LE MOMENT DE NEGOCIER AVEC LES REPRESENTANTS DE L’ADMINISTRATION, ET DE METTRE EN PLACE UN OUTIL SIMPLE ET EFFICACE POUR ERADIQUER CE FLEAU, RESPONSABLE ENTRE AUTRES DE QUANTITES DE SUICIDES D’ENSEIGNANTS.

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Las… les « syndicats du crime », comme les nomme Daniel ARNAUD, dans son ouvrage bien sourcé et rendant parfaitement compte de la passivité des « gros » syndicats dans ces domaines, les « syndicats du crime », c’est à craindre, ne saisiront pas la balle au bond pour créer et inventer une Ecole humaine, plus juste, moins stupide, moins caporalisée, moins francetelecomisée.

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Mais alors, quel fait divers fera enfin bouger les lignes ? Faudra-t-il attendre un événement spectaculaire et fatal pour qu’enfin on mette en place ce fameux garde-fou contre les abus de certains chefaillons ? Le film De bon Matin est-il, en ce sens, prémonitoire de ce par quoi il faudra que l’Education Nationale passe, pour enfin évoluer, sur ce point ?

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19238941&cfilm=182996.html

Projected Pattern

 

Personne ne voudrait jouer les Cassandre sanglantes ni les oiseaux de sombre augure, mais tant que l’autorité politique, l’administration et les syndicats biens en cour refuseront de prendre le problème à bras-le-corps, c’est vers ce risque terrible d’un fait divers tragique que l’Ecole s’oriente. Puisque mettre fin à ses jours ne suffit pas – le geste courageux de Pierre JACQUE l’a montré ; puisque s’immoler en pleine cour de récréation ne suffit pas – l’action désespérée de Lise BONNAFOUS en est la preuve ; puisque l’administration de notre Ministère et nos ministres successifs refusent de traiter le problème – des milliers d’enseignant/e/s peuvent en témoigner, et j’aurais là-dessus bien des choses à dire, voilà à quoi ils s’exposent, et à quoi ils exposent tout le personnel éducatif et tous les élèves de ce pays. Lourde responsabilité, n’est-ce pas ? Les professeurs harcelés ne sont pas tous des adeptes de la non violence, tous les enseignants n’ont pas (comme c’est mon cas) une horreur et un rejet profond des armes à feu. Les chiffres inquiétants comptabilisant le nombre de professeurs malmenés, harcelés, démolis par leur hiérarchie donnent le tournis et auraient dû depuis longtemps alarmer l’institution scolaire et ses dirigeants. Alors ? Le Ministère de l’Education Nationale va-t’il tirer leçon de l’ubuesque procédure disciplinaire des tableaux noirs de Camus ? Il est plus que temps d’agir – c’est déjà un miracle que le pire n’aie pas encore eu lieu, et qu’un/e enseignant/e harcelé/e et poussé/e à bout ne se soit pas tragiquement retourné contre son bourreau.

Pierre-André DIONNET

L’Education Nationale, une Machine à broyer / Isabelle DIGNOCOURT (2) L’ordre est donné aux enseignants de… ne plus enseigner ?

Le quotidien régional La Voix du Nord a eu l’excellente idée de publier deux articles distincts sur le livre-témoignage d’Isabelle DIGNOCOURT.

Le premier, de Marie JANSANA, réservé à son édition de Saint-Omer, est paru le 21 août.

Le second, de Laurent DECOTTE, a été publié hier en pages régionales. Le 3 septembre, veille de la rentrée des élèves : de quoi (peut-être) faire réfléchir les parents sur les enjeux réels de l’éducation.

Aujourd’hui limitons-nous à une lecture du premier de ces deux articles de La Voix du Nord.

D’abord, j’aimerais dire merci. Merci à Isabelle DIGNOCOURT pour son combat en faveur de l’Ecole de la République. Et merci à Marie JANSANA pour faire correctement son travail, là où tant de ses collègues journalistes se contentent de reproduire les éléments de langage, la communication, la propagande officielle en la saupoudrant d’un peu de discours de café du commerce (Les profs sont des privilégiés toujours en vacances ou en grève et trop bien payés pour ce qu’ils font. Salauds de fonctionnaires qui plombent l’économie du pays… Moi, c’est bien simple, le premier prof’ que je croise, je le cogne ! etc.)

Sans avoir lu encore L’Education Nationale : une Machine à broyer, je peux dire que cette partie du petit entretien avec la journaliste est dans le vrai :

« […] j’impose aux élèves l’apprentissage par cœur. Je leur dis que c’est en faisant des efforts qu’on réussit, en s’entraînant comme pour leurs sports. Alors qu’en formation, on nous dit de faire du ludique ; que le par cœur, les tables de multiplication, la conjugaison, ne servent à rien ! Je persiste : mon apprentissage n’est pas ludique car je ne suis pas animatrice de centre aéré, et je dis cela en ayant beaucoup de respect pour cette profession. »

C’est une réalité ! Lors des stages de formation, on demande et on impose aux enseignants de faire du ludique, de l’amusement, du divertissement. On demande de ne plus apprendre aux élèves.

Vous avez bien lu : ce sont les formateurs, et les Inspecteurs de l’Education Nationale eux-mêmes qui nous ordonnent de laisser tomber l’orthographe, la grammaire, le par-coeur, les grands textes de la Littérature et tout ce qui est un peu difficile, compliqué, bref, sérieux. Parfois c’est dit sans ambages, sans tourner autour du pot, et avec menaces voilées à la clef. Parfois c’est suggéré de manière un peu plus subtile. Mais toujours ce sont les collègues qui acceptent de renoncer aux exigences qui sont félicités, encouragés, montrés en exemple, et qui obtiennent de meilleures conditions de travail, un meilleur salaire, des hochets et des faveurs concrètes dans leur quotidien : aucune jalousie malplacée mais le constat que le système est orienté dans ce sens : transformer une Ecole qui transmet des savoirs en une garderie où on fait mine de.  Cela passe par le formatage des professeurs, qui acceptent de scier la branche sur laquelle tout le monde est assis, dans le seul but de satisfaire un intérêt purement personnel.

Les jeunes enseignants qui entrent dans le métier sont moulés dans les ESPE (lieux de formation) pour suivre cette évolution régressive du métier : se contenter d’occuper les élèves, de faire des jeux et des activités, bref, du gnan-gnan et du copain-copain, parce que l’adulte-référent, l’enseignant expert dans son domaine, le professeur qui apprend et transmet aux élèves, c’est du passé, vous comprenez… 

 

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Qui le croirait ? Beaucoup d’Inspecteurs prennent plaisir à démolir et à licencier les profs qui résisteraient, ainsi que des enseignants en témoignent sur ce « fil » du forum néoprofs : http://www.neoprofs.org/t110933p225-les-licenciements-d-enseignants-stagiaires-ont-double-en-trois-ans#4134476

Quels sont les journalistes qui en parlent… ? Il y a surtout celles et ceux qui se taisent. Ou pire : qui font des reportages complaisants sur l’école du divertissement et de la glandouille.

 

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Bien sûr, à court terme, la plupart des enfants et des ados préfèreront jouer en classe plutôt que de travailler. Et les parents seront ravis d’apprendre qu’officiellement, leurs gosses sont de véritables petits génies, dont les moyennes scolaires sont épatantes, et ce alors qu’ils n’en fichent pas une ramée. Mais le réveil est brutal, quand à 14 ans, 16 ans, 18 ans ou 20 ans, on se rend compte que…


Pierre-André DIONNET

 

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http://www.lavoixdunord.fr/206997/article/2017-08-21/l-education-nationale-une-machine-broyer-le-cri-de-colere-d-une-prof#

Aire-sur-la-Lys

« L’Éducation nationale,

une machine à broyer »,

le cri de colère d’une prof

La professeur de lettres classiques, habitante d’Isbergues, s’est mobilisée contre la réforme des collèges. Le livre en découle.

La professeur de lettres classiques, habitante d’Isbergues, s’est mobilisée contre la réforme des collèges. Le livre en découle.

Vous dressez un tableau très noir.

« Oui c’est noir. Tout ce qui tourne autour de mon métier est une forme de souffrance, et je ne suis pas la seule à le ressentir. Des collègues me disent qu’ils sont passés par là. »

Quel est le point le plus grave ?

« La maîtrise du français. J’aide des élèves en maths qui n’ont pas compris une consigne, le vocabulaire. On fait le constat qu’ils réussissent de moins en moins. Ce n’est pas la faute des professeurs mais de l’institution. Mes enfants âgés de 10 ans savent peut-être plus de choses que moi à leur âge mais c’est du saupoudrage. Je parle de construction des phrases à mes élèves latinistes, certains ne savent pas différencier les attributs du sujet du COD. On nous répond que ce n’est pas l’essentiel, l’important est qu’ils sachent écrire, penser, parler spontanément. Mais si on ne maîtrise pas l’outil, on ne peut pas s’en servir. »

Vous êtes très critique sur les réformes successives.

« Elles vont toutes dans le même sens. Celle du collège creuse les inégalités sociales, et territoriales. Les classes bilangues et le latin ont été davantage conservés à Paris que dans le Nord. »

Qu’est-ce qui vous fait continuer ?

« Mes élèves ! Ils ont une soif de savoir et de connaissance. Bien sûr, ils n’ont pas tous les mêmes aspirations, mais il y a toujours un moyen de les intéresser. Les enfants sont curieux. On ne leur fait pas assez confiance. J’ai aussi envie de transmettre. Enfant, j’ai rapidement compris, avec l’aide de mes parents, que la connaissance, c’était la liberté. »

Y aura-t-il un deuxième tome ?

« Une chose à la fois. Il faut laisser ce livre vivre sa vie. »

Avez-vous eu peur de la sanction ?

« Je l’ai encore. Des collègues ont été blâmés, convoqués par leur inspecteur pour avoir raconté une journée de formation sur les réseaux sociaux. »

Vous appelez à résister.

« J’essaye d’apporter le maximum à mes élèves. Je ne me résigne pas, je suis en résistance depuis longtemps, en secret. Je fais des évaluations de vocabulaire, j’impose aux élèves l’apprentissage par cœur. Je leur dis que c’est en faisant des efforts qu’on réussit, en s’entraînant comme pour leurs sports. Alors qu’en formation, on nous dit de faire du ludique ; que le par cœur, les tables de multiplication, la conjugaison, ne servent à rien ! Je persiste : mon apprentissage n’est pas ludique car je ne suis pas animatrice de centre aéré, et je dis cela en ayant beaucoup de respect pour cette profession. »

Quelles solutions ? Vous proposez un Grenelle de l’éducation.

« Je n’ai pas les solutions. Ce sont des experts qui n’ont pas ou peu enseigné qui parlent de notre métier. Mais quand fera-t-on confiance aux professeurs, les premiers concernés ? »

Le point de départ, une lettre.

Une nuit d’insomnie en mars 2016, la professeur de lettres classiques écrit une lettre à la ministre de l’Éducation nationale, pour dénoncer la réforme du collège. Elle y met sa colère, son sentiment d’être méprisée, tout comme son métier. Son courriel, partagé sur les réseaux sociaux, devient lettre ouverte sur lepoint.fr, dans la rubrique des « invités » du portail, par l’intermédiaire de Jean-Paul Brighelli, connu pour ses critiques du monde de l’enseignement.

Julie Daniel, éditrice aux Éditions du Rocher, repère le courrier. «  Cette lettre était forte, très bien écrite  », se rappelle l’éditrice qui propose à Isabelle Dignocourt d’écrire un essai et accompagne sa rédaction.

« Premières désillusions »

Le livre, à la première personne, est une prolongation de la lettre. La prof retrace son parcours, la naissance de sa vocation, ses «  premières désillusions  ». Elle pointe les dysfonctionnements du «  système  ». Elle dénonce les moult réformes de l’enseignement et s’arrête longuement sur celle du collège, sans laquelle cet ouvrage n’aurait pas existé. Elle s’était alors mobilisée localement – «  c’est absolument historique  », disait-elle le jour d’une manifestation des enseignants des collèges public et privé d’Aire-sur-la-Lys – et dans le collectif national Condorcet.

«  J’étais intéressée par le recul d’Isabelle sur l’Éducation nationale, elle a fait beaucoup de recherches sur le sujet, poursuit son éditrice. C’est un coup de gueule, sa plume est assez acide. Elle fait un constat terrible sur la régression de l’Éducation nationale. Cela touchera tous ceux qui ont des enfants. »

Le livre, tiré à 2 800 exemplaires, sort le 23 août (Éditions du Rocher, 18,90 €, 223 p.).

 

Le Harcèlement moral dans l’Enseignement (Sévices publics) / Daniel ARNAUD (1) Le livre de référence sur le tabou du harcèlement hiérarchique dans les écoles, collèges et lycées.

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Le Harcèlement moral dans l’Enseignement (Sévices publics) est paru aux Editions L’Harmattan en 2013.

C’est incontestablement LE livre de référence sur ce sujet totalement tabou au sein de l’institution scolaire : le harcèlement hiérarchique (moral et/ou sexuel) tel qu’exercé ici ou là dans l’Education Nationale.

L’ouvrage n’aborde « que » le volet du harcèlement moral : évoquer la façon dont l’institution scolaire traite les questions de harcèlement sexuel, de viol, de pédophilie, et autre promotion canapé s’avèrerait encore plus délicat et difficile, tant les cultures du déni, de l’opacité et de l’omerta sont profondément ancrées dans ces domaines, on l’a vu récemment avec  l’affaire de Villemoison-sur-Orge , pour ne citer que celle-là.

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C’est fortuitement, en lisant les chroniques du  blog Omerta au Rectorat animé par le trio Marie, Jeanne et Philippe, que j’ai découvert les travaux de Daniel ARNAUD. Cet enseignant, essayiste, journaliste, a longtemps tenu un blog passionnant, Idées républicaines, hébergé par le site internet de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur.

Pour présenter Le Harcèlement moral dans l’Enseignement, rien de mieux que de renvoyer à la lecture de l’excellente préface de Françoise GUICHARD, Présidente de Reconstruire l’Ecole, qui anime un site dont la lecture est toujours une grande source de plaisir, Le blog de la Présidente.

Je reproduis donc ci-dessous cette préface. Bonne lecture !

http://leblogdelapresidente.over-blog.com/article-les-enseignants-se-cachent-pour-mourir-117486107.html

Pierre-André DIONNET

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1 mai 2013

Le Harcèlement moral dans l’enseignement

Le Harcèlement moral dans l’enseignement, sévices publics, de Daniel Arnaud, éd. l’Harmattan.

 

Encore un professeur qui publie à propos de l’Ecole, vous entends-je déjà soupirer, encore des protestations déclinistes, des cris, des gémissements, encore de la plainte stérile, de la nostalgie et du ressassement…Cachez cette douleur que je ne saurais voir, et cessez donc de rabâcher sans cesse la vieille antienne du système qui dysfonctionne et de l’Instruction publique qui coule pavillon haut. Circulez donc, il n’y a rien à voir.

Oui, encore un professeur qui parle, témoigne, analyse et propose – sans doute parce que malgré le nombre croissant de ces enseignants qui s’avancent leur petit livre à la main, tel Rousseau devant le Souverain Juge, il y a des aspects de la question scolaire qui n’ont pas encore été traités à la mesure de leur gravité et pour tout dire de leur horreur, et le harcèlement moral est de ceux-là.

A force d’entendre parler, et pas toujours avec pertinence (je songe ici à M. Peter Gumbel, entre autres grands penseurs) de la souffrance des élèves, à force de lire, accablé, dans n’importe quel journal, le récit de faits divers navrants où des enfants prennent en bouc émissaire des camarades plus faibles qu’eux ou simplement différents, on a juste oublié la souffrance des enseignants, cette souffrance au travail, silencieuse machine à broyer qui conduit certains de nos collègues à mettre fin à leurs jours, si l’on en croit cet effrayant pourcentage de 34 pour 100.000(1) : c’est le taux de suicides chez les enseignants, soit  plus que dans la police, et plus que chez France Télécom. Mais on n’en parle pas, sauf lorsque, comme l’infortunée Lise Bonafous, le professeur a le mauvais goût de s’immoler en public.

Certes, voici quelques années, Maurice T. Maschino (2) avait déjà levé le tabou dans son pamphlet sur « L’Ecole de la lâcheté », mais, je dois le reconnaître, avant d’avoir lu cet ouvrage de Daniel Arnaud, je n’imaginais pas que la question du harcèlement moral dans l’Education Nationale ait pu atteindre de telles proportions sans que rien, ou presque, ait été fait pour y remédier efficacement.

Syndiquée depuis 1976, élue du personnel depuis des lustres, je me pensais relativement informée sur ces questions. Il m’est naturellement arrivé, dans ma carrière de professeur et de syndicaliste, de prendre la défense de collègues fragiles, victimes de rumeurs, pris en tenailles entre l’agressivité des élèves, l’irritation des familles et l’absence de soutien de la hiérarchie. Mais, je dois l’avouer à ma grande  honte, je n’aurais jamais envisagé que ce phénomène du harcèlement moral ait pu à ce point se généraliser jusqu’à en être devenu une sorte de maladie nosocomiale du système éducatif français. Selon moi, il s’agissait le plus souvent de difficultés individuelles, parfois liées à des problèmes de santé, et de situations particulières exacerbées par des conflits de personnes. Du relationnel, en somme : des enseignants trop sensibles victimes d’élèves odieux, de parents complaisants et de chefs d’établissement tyranniques.

 L’immense mérite de Daniel Arnaud est de montrer que c’est en fait l’institution même qui produit le harcèlement moral : s’il n’exclut pas l’existence dans la hiérarchie de pervers narcissiques, de sadiques et de manipulateurs, ce livre montre surtout, et c’est là sa richesse, que, plus que « les gens » tels ou tels, c’est la structure qui est fondamentalement perverse, et qui génère de la perversité par son fonctionnement contradictoire même.

 Dans cette configuration du harcèlement  moral à l’école, il n’y a donc pas des « bons » et des « méchants », car,  comme le disait Jean Renoir, « le plus terrible dans ce monde c’est que chacun a ses raisons ». Et c’est ainsi que  le système, parce qu’il fonctionne selon une sorte de « double contrainte », rend fous ceux qu’il veut plus ou moins perdre, selon  une logique infernale qui échappe largement aux victimes comme à leurs bourreaux.

Daniel Arnaud est un « Républicain », nourri de la pensée des Lumières et de la conviction selon laquelle le droit doit s’appliquer de manière égale sur tous les territoires de la République, y compris pour les enseignants victimes des abus de leur hiérarchie. Il est aussi « Républicain » au sens où il considère que le rôle fondamental de l’Ecole est de transmettre des savoirs, ce qui, selon lui, met en place une sorte de conflit éthique au sein même de l’institution : le professeur est pris dans un système où il doit en quelque sorte servir deux maîtres, le Pouvoir et le Savoir, soit d’une part un système hiérarchisé, post-napoléonien, où tout se règle à grands coups d’injonctions, d’autre part la transmission de connaissances susceptibles de développer l’esprit critique et la contestation de la hiérarchie. En clair, l’intérêt du Pouvoir est de ne plus transmettre de Savoirs susceptibles de le rendre illégitime, et de faire en sorte que les enseignants renoncent à ce qui devrait être la raison d’être même de leur métier : enseigner.

C’est sans doute ce que la novlangue ministérielle appelle « agir en fonctionnaire et de façon éthique et responsable », comprendre : obéir, et sans faire de vagues.

 Daniel Arnaud dresse ainsi le tableau saisissant (je n’ose employer « ubuesque »  ou « kafkaïen », tant ces adjectifs ont été galvaudés) d’une structure totalitaire où tous, enseignants, chefs d’établissement, inspecteurs, sont également aliénés par un système qui les dépasse et dont aucun ne sort intact. Il ne s’agit donc pas de crier « tous pourris », mais plutôt « tous malades »… et ce n’est pas un hasard si les tranquillisants s’y croquent souvent comme des bonbons. En somme, le harcèlement vient le plus souvent de personnes qui ne sont pas fondamentalement perverses, mais dont le comportement est lié à leur situation de travail, à leur besoin de faire illusion pour se maintenir à leur poste, à des luttes de pouvoir – y compris parfois pour des hochets et des avantages purement symboliques. Bref, « chacun a ses raisons », oui, mais ne périssent, au sens figuré mais parfois hélas au sens propre,  que les plus faibles, comprendre les plus naïfs, les plus sincères et les moins aptes à se défendre.

 Les quelques cas dont Daniel Arnaud se fait ici l’écho frappent par leur exemplarité. Le schéma est toujours à peu près le même, celui de professeurs consciencieux, scrupuleux, attentifs à la réussite de leurs élèves, et auxquels on va reprocher de reproduire, par excès d’exigence, les inégalités sociales que l’Ecole est censée corriger. La culpabilisation de la victime n’est pourtant que la première étape d’un processus infernal qui conduit à en faire un authentique fauteur de troubles dont les agissements compromettent la bonne marche de l’institution. On entre donc dans une spirale de « bouc émissaire » quasiment au sens girardien ; rappelons entre parenthèses que pour René Girard, le bouc doit être sacrifié pour que le système retrouve son équilibre, et que l’un des critères de choix du « bon » bouc est précisément qu’il doit être innocent…  

Daniel Arnaud nous explique aussi comment, dans une institution où les fonctionnaires, jouissant de la sécurité de l’emploi, sont difficilement licenciables, le harcèlement moral est devenu de facto une technique de gestion des ressources humaines, permettant de pousser vers la sortie tout professeur jugé inapte, parce qu’inadapté à sa fonction. Les quelques extraits qu’il donne du « livret Marois » de 2002, Aide aux personnels en difficulté, où des comportements aussi subjectifs que « difficultés d’adaptation, isolement excessif, refus d’obéissance » sont présentés comme rédhibitoires, font froid dans le dos, tant le caractère flou de ces critères semble ouvrir la porte à l’arbitraire. Et voilà comment, au nom de « l’atteinte à l’image du service public », le récalcitrant est en quelque sorte psychiatrisé.

 C’est pourquoi, à plusieurs reprises et même si cela peut a priori choquer, Daniel Arnaud fait référence à des systèmes totalitaires comme la Corée du Nord pour qualifier ce qu’il appelle « la basse police d’un état policier », avec ses procédures de flicage, de délation et de chasse aux sorcières, qui visent à discréditer ceux qu’il nomme, en filant la métaphore soviétique, des « dissidents ».

Comme l’URSS au temps de Staline, l’Education Nationale se présente comme un modèle idéal, et, comme l’URSS, ne peut justifier son existence qu’en produisant des simulacres : c’est ainsi que les violences deviennent des « incivilités », la ségrégation sociale « orientation », et la baisse du niveau « 80% au baccalauréat » : fonctionnant sur le mode du mensonge permanent, l’institution ne peut survivre qu’en disqualifiant les voix discordantes. Moyennes trop basses, refus de trafiquer la notation, de brader l’examen ? Vous voici aussitôt accusé de porter atteinte à une Ecole où, finalement, « tout ne va pas si mal ». Et c’est ainsi que la victime devient coupable, tandis que le bourreau, lui, se pose en victime et se persuade de son bon droit : convocations par les services académiques, humiliations, procédures opaques, pratiques contredisant le principe du contradictoire, culture du secret au nom d’un imaginaire mais sacro-saint « devoir de réserve »… Le livre énumère, à la stupéfaction du lecteur, toute une série de « dérives mafieuses » indignes de notre République. Et l’on découvre, abasourdi, qu’en fait le système ne prévoit aucun garde-fou contre sa propre perversité.

Ce qui est également effrayant dans ce tableau, si l’on en croit Daniel Arnaud, c’est la manière dont la structure empoisse y compris ceux qui devraient au premier chef défendre les victimes du harcèlement, à savoir les délégués syndicaux, qui en viennent eux aussi à penser selon les normes officielles et, parce qu’ils entretiennent ainsi quelque part le déni, à perpétuer un système qu’ils dénoncent par ailleurs, dans une sorte de schizophrénie difficile à analyser : pourquoi se contenter d’une rhétorique d’accompagnement en faisant passer pour des affaires personnelles des contentieux liés au code du travail ? Si les cas de harcèlement sont des cas particuliers, ce ne sont pas pour autant des affaires privées, insiste Daniel Arnaud, et, devant ces dérives globales, ce sont des réponses globales qu’il faut apporter.

 Cela dit, et c’est aussi une des forces de ce passionnant petit livre, la solution n’est pas dans un retour nostalgique à un temps idéal qui n’a sans doute jamais existé. Aucun passéisme , aucun relent réactionnaire dans le discours de Daniel Arnaud : par exemple, s’il attaque véhémentement la pédagogie de « l’élève au centre », la loi Jospin de 1989, le développement des communautarismes à l’Ecole et le règne de l’opinion, Daniel Arnaud, parce qu’il est Républicain, entend maintenir le « Collège unique » :  même s’il a échoué dans l’état actuel des choses, il est hors de question d’en revenir à l’Ecole de l’Ancien Régime qui marginaliserait définitivement les enfants des classes populaires, relégués au rang d’élèves de seconde zone.

En fait, ce que propose ici Daniel Arnaud, c’est ni plus ni moins qu’une réforme de la Fonction Publique : d’abord à l’Ecole,  où il faut rompre avec le pédagogisme en restaurant l’autorité des professeurs et la transmission des savoirs, mais aussi, plus globalement,  réduire le poids de la hiérarchie en renforçant les contrepouvoirs au sein même des Services Publics. On doit, martèle-t-il,  y rétablir le droit, et assouplir le devoir de réserve, impératif d’un autre âge et qui ne peut se maintenir tel quel : notre Ecole ne doit plus être la « Grande Muette ».

 En attendant cet heureux jour couleur d’orange et de palmes au front, le présent ouvrage nous offre, dans sa dernière partie, toutes sortes de suggestions et de stratégies, individuelles et/ou collectives, pour contraindre ce qu’il n’hésite pas à nommer une « administration voyou ». Outre des conseils bien pratiques, comme une lettre-type de soutien syndical, Daniel Arnaud appelle lesdits syndicats, avec qui il s’est pourtant montré extrêmement (et parfois trop) sévère à maintes reprises,  à sortir des logiques de compromis, les incitant à retrouver « une véritable tradition de lutte », — ce qui signifie d’abord abandonner les réflexes de minimisation qui ont fait tant de mal. Il faut recréer des solidarités, conclut-il, sans jamais oublier que dans la Fonction Publique, parce que le fonctionnaire titulaire bénéficie de la sécurité de l’emploi, c’est le harcèlement moral qui permet à l’Etat-employeur de contourner le droit et les statuts.

 Voilà pourquoi ce livre représente une contribution importante à la réflexion, non seulement sur les conditions de travail des professeurs, leurs risques professionnels, le fonctionnement des services, le respect de l’administration pour ses agents et la légitimité de la hiérarchie, mais encore, plus largement, sur la place du droit des personnels à l’intérieur du système éducatif français. Car c’est aussi pour ces raisons qu’il faut prendre au sérieux les maltraitances : si l’Education Nationale se comporte comme un Etat dans l’Etat, c’est un Etat incompatible avec la République même, puisque ses règles de fonctionnement interne rompent avec le contrat social. Dans ce sens, la « refondation de l’Ecole », qui, sous peine d’échouer avant même d’avoir été mise en place,  ne  doit pas se faire contre les enseignants, ne devrait pas se payer le luxe de contourner ce problème-là. C’est une question de courage politique, certes, mais aussi, sans doute, une autre histoire…

 Françoise GUICHARD

(1)Selon une étude de l’Inserm réalisée en 2002.

(2)Maurice T. Maschino, L’Ecole de la lâcheté.

Le Harcèlement moral dans l’enseignementsévices publics, de Daniel Arnaud, éd. l’Harmattan, 17€.

Et le blog de D. Arnaud, http://generation69.blogs.nouvelobs.com/archive/2013/05/01/1er-mai-fete-du-travail.html

La Déséducation nationale / Anne-Sophie NOGARET.

 

Avec la rentrée littéraire, ce ne sont pas seulement des centaines de romans nouveaux qui sont proposés aux lecteurs, mais aussi des témoignages et des essais, parmi lesquels quelques ouvrages consacrés à l’Education Nationale. Après L’Education Nationale, une machine à broyer, d’Isabelle DIGNOCOURT, quelques mots sur ce blog, très bientôt, au sujet du livre exposant le point de vue d’une autre enseignante, Anne-Sophie NOGARET, Du Mammouth au Titanic, La Déséducation nationale.

Très bientôt sur ce site…

Pierre-André DIONNET

 

 

 

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Du Mammouth au Titanic

La Déséducation nationale

Anne-Sophie NOGARET

 

  • A paraître le 06 Septembre 2017
  • 320 pages
  • Genre : Essais
  • ISBN : 9782810008063

20,00 €

Nogaret

 

Résumé

Témoignage vivant d’une enseignante en philosophie qui a traversé toutes sortes d’établissements, ce livre dresse un état des lieux consternant de l’école publique française. Loin de ne concerner que les lycées sensibles, la lame de fond touche tous les publics, sur l’ensemble du territoire.

Par-delà les incivilités, si quotidiennes que chacun en vient à les considérer comme faisant partie de la norme, par-delà la violence qu’il est désormais officiellement interdit de sanctionner, les profs doivent travailler avec des élèves qui, en terminale générale, se révèlent très souvent incapables de comprendre un texte simple de quelques lignes. Des élèves à qui leur propre langue est devenue étrangère et qui pourtant obtiennent tous le bac…

Aux avant-postes de cette absurdité intellectuelle, éducative et sociale, les enseignants.

Coincés entre des impératifs idéologiques dont ils ne démordent pas et la réalité dont ils ne cessent de se plaindre, ils évoquent irrésistiblement l’adage de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».

L’Education Nationale, une Machine à broyer / Isabelle DIGNOCOURT (1) Faire preuve de bon sens.

Article bienvenu, dans Le Point du 23 août : il faut parler de ce livre, L’Education Nationale, une Machine à broyer, d’Isabelle DIGNOCOURT. Dommage et bien sûr frustrant que la journaliste Emilie TREVERT, faute de « place », reste ici à la surface des choses, et qu’on n’aborde pas plus en détails les problèmes de fond.

Une chose est vraiment consternante, et là aussi, l’article aurait pu aller plus loin : dès qu’on adopte une position de bons sens et d’exigence sur l’Ecole, des tas de nigauds, sans même réfléchir ni connaître ces questions, collent une étiquette « réac » voire « facho ». Il serait vraiment temps que les personnalités politiques – de gauche, notamment – s’emparent sérieusement de ce sujet, et reformatent entièrement leur disque dur et leur discours sur l’Ecole, plutôt que de laisser à d’autres la défense de l’Ecole de la République.

Non, on n’aide pas les enfants en transformant l’Ecole en garderie.
Non, refuser le culte de l’enfant-roi et de la famille-reine, ce n’est pas « facho » : c’est très précisément l’inverse.
Non, baisser et abaisser constamment les exigences n’aide pas les élèves en difficulté mais les conforte dans celles-ci.
Oui, l’Ecole doit transmettre des savoirs, des connaissances, des repères ; et le nivellement par le bas (pratiqué depuis des lustres) ne fait que renforcer les inégalités sociales.
Oui, le rôle premier de l’Ecole ce n’est pas l’employabilité (sauf peut-être dans quelques filières professionnelles après 18 ans, et encore…) mais bien de former des citoyens.
Oui, restaurer la puissance de l’éducateur (pour reprendre l’expression d’un philosophe contemporain), c’est renforcer la République : le délitement de la société est passé aussi par l’Ecole et il serait temps de remettre du bon sens dans tout cela.

Pierre-André DIONNET

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Actualité Société

« J’espère qu’il ne restera rien du passage de Najat Vallaud-Belkacem ! »

Après son coup de gueule contre la réforme du collège en avril 2016, Isabelle Dignocourt publie « L’Éducation nationale, une machine à broyer ». Interview.

Propos recueillis par

Publié le 23/08/2017 à 10:00 | Le Point.fr
Isabelle Dignocourt publie
Isabelle Dignocourt publie « L’Éducation nationale, une machine à broyer » © Olivier Dion