Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (13) Un proviseur « normal », un principal « exemplaire, irréprochable »…

Sidération. Lorsqu’on apprend que tel voisin, tel collègue, telle personne qu’on fréquente depuis des années a commis un crime, un attentat, ou une série de viols.

Ainsi, l’auteur présumé des violeurs de la Sambre a été identifié. Et personne, dans son entourage personnel ou professionnel n’aurait soupçonné que ce brave père de famille…  

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Quelles leçons en tirer ?

Lorsque le rectorat affirme – du haut de sa légitimité naturelle – que tel principal de collège et tel proviseur de lycée sont des personnes « exemplaires et irréprochables », lorsque l’administration de l’Education Nationale les décore de breloques et autres palmes académiques, lorsque les voix officielles balaient les affirmations des lanceurs d’alerte, et discréditent la parole des rares victimes osant braver l’Omerta, je dis : « Halte à tout ! ».

Car qui connaît – mieux que quiconque – le nom des pédophiles, le nom des violeurs, et le nom des individus qui pratiquent en toute impunité (par «tradition») dans l’Education Nationale le harcèlement sexuel et/ou le harcèlement moral ? Qui, mieux que les fonctionnaires de l’inspection académique, du rectorat et de notre Ministère ?

Et qui nie les faits, couvre et protège leurs auteurs et accable leurs victimes ? Qui entretient dans l’Education Nationale une culture de la complicité aussi efficace que celle à l’oeuvre dans l’Affaire WEINSTEIN ?

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Combien de p’tits profs silencieux ont subi les abus d’autorité et les violences sans limites de quelques chefs d’établissement qui ont franchi la ligne rouge et qu’on a visiblement félicité et récompensé malgré cela ? De ces dérives qui poussent parfois au suicide, une minorité des victimes en ont fait part à leur hiérarchie, preuves à l’appui. Ils  ont fait remonter à l’intérieur de l’institution scolaire assez d’éléments pour que les responsables interviennent et que quelques mesures de précaution soient prises à l’encontre de l’un ou l’autre de ces dangereux chefaillons qui font des dégâts effroyables au sein de l’Education Nationale. Mais à ce jour, officiellement, pour leur hiérarchie, ces professeurs n’ont croisé que des proviseurs « normaux », des principaux « exemplaires et irréprochables », et qu’exclusivement des collègues « bienveillants et fort méritants ».

Pis : en tant que lanceur d’alerte, ces témoins s’exposent à subir les violences et la répression sourde qui s’abattent sur quiconque refuse de se soumettre au silence et à cette politique de l’Omerta et de l’autruche.  Problème : qui tait le moins tait le plus. Et puisque sur des faits parfaitement établis relevant du délit de harcèlement moral, il est impossible de se faire entendre… on comprend bien qu’il soit impossible de libérer la parole sur d’autres éléments factuels et sur des soupçons de taille qui pourraient déboucher sur des affaires plus graves, relevant non plus du délit mais du crime. La culture de l’opacité et la culture de la complicité vont de pair dans l’Education Nationale. Et tant qu’on entretiendra systématiquement, par un réflexe de corps archaïque, cette image du proviseur « normal », et du principal « exemplaire, irréprochable »

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Du nouveau, demain ? Puisqu’un nouveau recteur a été nommé dans notre académie, et puisque l’opinion publique, depuis #BalanceTonPorc et #MoiAussi / #MeToo, est un peu mieux sensibilisée à ces questions, qui sait si demain, mon administration ne va pas changer son fusil d’épaule et sortir enfin par le haut des dossiers épineux que j’ai mis entre ses mains. Cela me changerait enfin, enfin, enfin de ces multiples violences à peine concevables qu’en tant que lanceur d’alerte, beaucoup de bons apôtres et de braves pères de famille « irréprochables » trouvent logique, « normal » et « exemplaire » que j’ai à les subir… L’espoir fait vivre… 😉

Pierre-André DIONNET

 

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Ci-dessous : article de Benjamin ILLY, Radio France, 1er mars 2018 :

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/un-voisin-normal-pont-sur-sambre-sous-le-choc-de-l-impensable_2634578.html

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« Un voisin normal » : Pont-sur-Sambre sous le choc de « l’impensable »

La commune de Pont-sur-Sambre (Nord) vit avec sidération la mise en examen d’un de ses habitants, un violeur présumé recherché depuis plus de 20 ans, qui a participé à la vie locale auprès des jeunes.  

L\'entrée de la commune de Pont-sur-Sambre, dans le Nord.
L’entrée de la commune de Pont-sur-Sambre, dans le Nord. (BELLOUMI / MAXPPP)
Benjamin Illy Radio France

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Près de Maubeuge (Nord), la commune de Pont-sur-Sambre reste sous le choc, jeudi, après la mise en examen d’un de ses habitants pour des viols et des agressions sexuelles en série, remontant pour certains faits, à plus de 20 ans. Que ce soit dans son quartier, sa rue ou le club de football qu’il a présidé, chacun cherche à comprendre l’impensable. 

« Rien ne laissait présager… »

Les enfants du quartier montrent le chemin, « après la petite ruelle », qui conduit à une petite maison en brique rouge, devant laquelle le violeur présumé a été interpellé, lundi. L’ouvrier de maintenance dans une usine de la région se rendait alors au travail. Aujourd’hui, seuls des journalistes osent encore frapper à la porte. « C’est interdit, dehors », crie une femme. À proximité de cette maison, une habitante, Edwige, accepte de parler de son voisin et de l’affaire qui l’a choquée. 

Edwige, voisine du domicile du violeur présumé de Pont-sur-Sambre.
Edwige, voisine du domicile du violeur présumé de Pont-sur-Sambre. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Edwige évoque un « voisin tout à fait normal ».

Au début, on n’ose pas y croire. Jamais il n’a eu de geste ou autre chose qui aurait laissé penser… Il n’y avait rien qui présageait qu’il pouvait être comme ça. Edwige, voisine du violeur présumé de Pont-sur-Sambre à franceinfo

L’onde de choc a vite atteint le club de football de la commune, auquel le violeur présumé a adhéré de 2009 à 2015, où il a été entraîneur, puis président. Mercredi, comme d’habitude, les enfants tapent dans le ballon, l’insouciance en moins. Les jeunes footballeurs posent beaucoup de questions évidemment, indique Pascal Bidois, présent depuis 20 ans au club comme éducateur et entraîneur des jeunes. Que peut-il leur répondre ? « Qu’un de nos anciens dirigeants a fait quelque chose de mal », dit-il, indiquant que l’atmosphère est lourde. Il précise avoir reçu un SMS d’une famille qui se demande, faute d’éclaircissements, si elle peut emmener sa fille au club de sport. « Tant que les gens ne seront pas renseignés, ce sera ça le problème », estime le dirigeant sportif.

On a travaillé cinq ans ensemble, avec ce monsieur. Quelqu’un, c’est regrettable de le dire, d’exemplaire, irréprochable, toujours serviable avec tout le monde. Pascal Bidois, entraîneur des jeunes au club de foot de Pont-sur-Sambre à franceinfo

Pascal Bidois admet qu’il a été sidéré. « Je n’ai pas pu parler pendant un moment parce que c’est une déception. C’est impardonnable », confie-t-il.

À la mairie de Pont-sur-Sambre, une photo sortie des archives montre une équipe de football. L’homme que le maire Michel Detrait pensait si bien connaître pose aux côtés des joueurs.

Dino Scala, le violeur présumé de la Sambre (Nord).
Dino Scala, le violeur présumé de la Sambre (Nord). (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Le maire se remémore de « bons souvenirs », mais « l’image de notre ville est salie », ajoute-t-il aussitôt. Il pense aussi à son fils, « choqué, comme tous les enfants qui ont joué avec lui ». Michel Detrait, très ému, regarde attentivement la conférence de presse du procureur de la République de Valenciennes retransmise à la télévision. « Ça fait peur pour les personnes agressées », dit-il.

Le maire de Pont-sur-Sambre, Michel Detrait, regarde la conférence de presse du procureur de la République de Valenciennes, mercredi 28 février. 
Le maire de Pont-sur-Sambre, Michel Detrait, regarde la conférence de presse du procureur de la République de Valenciennes, mercredi 28 février.  (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Les mots du procureur sur les aveux du violeur présumé sont implacables et laissent le maire déboussolé. « Aucun élément ne nous a mis la puce à l’oreille. Encore à l’heure actuelle, on a du mal y croire. J’ai du mal à accepter« , réagit-il.

Bien que les faits soient avérés, je ne le vois pas en train de se masquer ou d’attaquer des personnes, des jeunes filles. Malheureusement, derrière chaque personnage, peut se cacher un être méconnu. Michel Detrait, maire de Pont-sur-Sambre à franceinfo

À l’image du maire de Pont-sur-Sambre, de nombreux habitants s’interrogent. Pourquoi n’ont-ils rien remarqué de suspect chez cet homme ? Comment ce voisin, cet ami, cet administré, a-t-il pu dissimuler si longtemps sa part d’ombre ?

 

Pont-sur-Sambre sous le choc de « l’impensable » – un reportage de Benjamin Illy

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