Un enseignant harcelé pendant 20 ans par des administratifs de l’Education nationale ? (2) « LA RECTRICE M’A SAUVER ».

 

 

       

               

       Monsieur Daniel ARNAUD, un des meilleurs spécialistes du harcèlement hiérarchique en milieu scolaire, le constate. On ne compte plus les « petits Snowden », les lanceurs d’alerte qui ont été persécutés, muselés et broyés par l’institution scolaire (1).
Victime de très lourdes violences et d’abus de pouvoir, de délits de harcèlement moral commis par une partie de ma hiérarchie, je suis devenu au fil du temps – et bien malgré moi ! – un assez bon connaisseur de ces mécanismes et des enjeux qui les sous-tendent. En 2021, je suis un des rares lanceurs d’alerte à travailler sur ces sujets et à publier régulièrement des textes sourcés proposant diverses approches de ces fléaux.

 

Lanceur d’alerte, bien avant le mouvement #metoo et le mouvement #PasdeVague

 

Bien avant l’émergence du mouvement #metoo, j’ai été le premier lanceur d’alerte à expliquer, à qui voulait l’entendre, que les failles administratives et judiciaires permettant à un proviseur de mobber et de détruire en totale impunité une vingtaine d’enseignants au cours de sa carrière, pouvaient aussi bien bénéficier à un violeur ou à un pédophile, pour peu qu’il dirige un établissement scolaire.

Bien avant l’émergence du mouvement #PasdeVague, j’exposais de façon publique à quelles violences pouvaient être soumis le personnel de l’Education nationale. Et en quoi ces violences sont systémiques, institutionnelles, cautionnées par qui de droit.
C’est ce que j‘ai appelé « la francetélécomisation de l’Education nationale », puisqu’on retrouve toutes les caractéristiques des délits pour lesquels Didier Lombard, ex-PDG de France Télécom, et une partie de sa fine équipe ont été condamnés en décembre 2019.

Jérôme VIVENZA(2) en dénombre quatre :
– le déni de réalité,
– un conflit de valeurs,
– la perte du sens du travail,
– le mépris institutionnel.

Pour Michel LALLIER (3), trois aspects sont caractéristiques des attaques subies par les salariés pris au piège de ces méthodes :
– l’invisibilité (jusque dans l’absence de statistiques),
– le déni du réel systématisé et organisé,
– les modes de violences et de maltraitances.

Gare à celui qui brise l’Omerta, la fameuse « Omerta au Rectorat ».
C’est la mort professionnelle et la mort sociale à laquelle on le condamne… à moins que…

 

LA RECTRICE M’A SAUVER

 

La rectrice m’a sauver.

Madame Valérie CABUIL, rectrice de l’académie de Lille, chancelière des universités, rectrice de la région académique des Haut de France m’a sauver.
Et Omar ne m’a pas tuer !

 

omar-m-a-tuer

 

Madame la rectrice m’a sauvé, et voilà comment.

Le 4 novembre 2020, le plus déterminé de mes défenseurs syndicaux, et moi-même, avons été reçus par Madame Christelle DERACHE, Directrice des ressources humaines du rectorat de Lille, secrétaire générale adjointe du rectorat, fraîchement en poste.
Nous lui avons exposé la situation, déjà exposée cent fois et plus à ses prédécesseurs et à mille interlocuteurs (4). Et nous avons rappelé toutes les solutions de bon sens proposées au fil des ans, qui auraient dû permettre à l’administration de sortir par le haut de ce bourbier dans lequel elle s’était elle-même envasée.
Cette audience a permis qu’in extremis soient postposées des actions radicales, dont la publication d’une Lettre Ouverte à Madame la rectrice d’académie (5), et qu’un accord soit établi. Le terrain d’entente et la solution n’étaient vraiment pas difficiles à trouver : il suffisait d’une once de bonne volonté.
Bien évidemment (la question m’a formellement été posée lors de cet entretien), je n’exigeais ni la reconnaissance officielle, ni la reconnaissance judiciaire, des multiples délits de harcèlement moral subis entre 2003 et 2020 (dont une partie tombent sous le coup de la prescription). Ce n’était pas une condition sine qua non pour tourner la page, et nous apportions tous les gages de bienveillance et de loyauté permettant la mise en œuvre rapide d’une issue. « Rapide », ou « très rapide », car déjà, l’urgence était de mise.
Du reste, il suffisait d’un instant et d’une signature pour tout résoudre.
L’engagement a été pris, les promesses faites, l’intérêt et l’image de l’administration préservés. Il n’y aurait pas de Lettre Ouverte fracassante, pas de coup d’éclat, pas de recours à la médiatisation du haut d’une grue de chantier, pas de version nordiste de « l’Affaire des 4 de Melle » (6), et pas d’exposition publique de délits pour la plupart juridiquement prescrits, commis par des chefaillons ayant trahi la confiance du rectorat.

Chacun éprouve un profond soulagement suite à l’engagement formel pris par les plus hautes instances administratives du rectorat.

 

Ouf ! Depuis cette date, chacun éprouve un profond soulagement. Tout est réglé (ou le saura très vite), « tout est bien qui finit bien », et le pire a été évité, grâce à l’attention et au travail de Madame DERACHE, Directrice des ressources humaines du rectorat de Lille, secrétaire générale adjointe du rectorat.
Certes, les choses sont un peu lentes à se mettre en place, l’administration ayant les défauts de ses qualités. A vrai dire, 6 mois plus tard, rien n’a changé. Il a même fallu encore contrer de menues erreurs commises par d’autres services de la Rue de Bavay. Oh, trois fois rien. Si peu…

Trois fois rien au regard des atrocités déjà subies sur 19 années de temps. Trois fois rien au regard de l’engagement formel pris par les plus hautes instances administratives. Lors d’un échange par visio-conférence, il y a trois semaines, Madame la Directrice des Ressources Humaines du rectorat a pleinement rassuré mon relais syndical : avant le 30 juin de cette année, les promesses seront tenues. Et on voit mal comment la Secrétaire générale adjointe du rectorat pourrait revenir sur sa parole, et « trahir » Madame la rectrice d’académie – qui s’est par ailleurs elle-même et elle aussi montrée rassurante, dans un courrier officiel daté du 15 février 2021 : ce dossier a « retenu toute [son] attention », suivant la formule consacrée.
Je vous le dis : « la rectrice m’a sauver », Madame la rectrice m’a sauvé.

ballon-de-baudruche-joyeux-anniversaire-20-ans-vert

Sans l’action de Madame la rectrice d’académie, en 2022 j’aurais pu écrire : « Un enseignant harcelé pendant 20 ans par des administratifs de l’Education nationale ! ».

 

En 2022, cela aurait fait 20 ans.
Sans l’action de Madame la rectrice d’académie, en 2022 j’aurais pu écrire : « Un enseignant harcelé pendant 20 ans par des administratifs de l’Education nationale ! ». Avec un beau point d’exclamation, cette fois. Mais cela va s’arrêter avant. J’ai confiance. J’en suis convaincu.
J’ai confiance, j’ai une confiance entière et absolue en Madame Valérie CABUIL. Il est impossible – im-pos-si-ble – qu’elle cautionne et prolonge plus avant ces ignominies, cette barbarie, cette samuelpatysation (7) à petit feu.
Il me tarde de tourner la page et de pouvoir passer à autre chose.
Harcelé pendant 19 années, oui. Harcelé et broyé pendant 20 années, non.
Merci, Madame la rectrice d’académie.

Pierre-André DIONNET

P.S. : Qu’on me comprenne bien.
Je ne demande qu’une chose : qu’on me laisse travailler en paix.
Mes bourreaux ne seront pas inquiétés – c’est une « chance » pour eux, et cela ne me concerne pas.
Qu’on me laisse travailler en paix.
Et d’autres prendront le relais de ce travail de lanceur d’alerte – j’ai assez donné.

 

(1) Article du 2 novembre 2016, Daniel ARNAUD, « Ce qu’on ne vous dit pas lors de la Journée contre le harcèlement à l’école » :
http://generation69.blogs.nouvelobs.com/archive/2016/11/02/ce-qu-on-ne-vous-dit-pas-lors-de-la-journee-contre-le-harcel-593212.html

« On ne désavoue pas un supérieur » : tel est le genre de principe qui prévaut encore aujourd’hui dans l’institution scolaire, sur lequel s’appuie l’administration afin de persécuter les lanceurs d’alerte (on ne compte plus les petits Snowden qui s’y sont essayés !) »,

Article cité dans mon billet du 9 novembre 2017 :
https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2017/11/09/harcelement-hierarchique-le-grand-deni-de-leducation-nationale-2-une-journee-de-lutte-contre-le-harcelement-qui-permet-dencore-mieux-proteger-les-harceleurs-qui-dirigen/

(2) Prise de parole de Monsieur Jérôme VIVENZA lors du colloque « Souffrances au travail : quelles perspectives après France Télécom ? », 20 janvier 2020, Sénat.
https://www.publicsenat.fr/article/politique/affaire-france-telecom-le-harcelement-institutionnel-mis-en-cause-149322
Jérôme VIVENZA est membre de la Commission exécutive confédérale de la CGT et négociateur de l’accord national interprofessionnel (ANI) sur la santé au travail du 9 décembre 2020.

(3) Prise de parole de Monsieur Michel LALLIER lors du colloque « Souffrances au travail : quelles perspectives après France Télécom ? », 20 janvier 2020, Sénat.
https://www.publicsenat.fr/article/politique/affaire-france-telecom-le-harcelement-institutionnel-mis-en-cause-149322
Michel LALLIER, expert syndical incontournable sur les questions du nucléaire, est le cofondateur, avec Frédérique GUILLON et Dominique HUEZ, de l’Association d’aide aux victimes et aux organisations confrontées aux suicides et aux dépressions professionnels (ASD-pro). L’association s’est notamment portée partie civile dans le procès des ex-dirigeants de France-Telecom.
https://maitron.fr/spip.php?article239733

(4) Ce billet du 30 juin 2018 en témoigne ; en réalité, de tout temps l’entourage professionnel le plus proche des recteurs d’académie successifs a été informé de l’existence de « dérives » de ce type… https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2018/06/30/mais-faites-taire-ce-ptit-prof-bon-sang-le-temps-des-vacances/

(5) Cette Lettre Ouverte remisée au fond d’un tiroir ne porte pas tant sur ma situation (qui indiffère tout un chacun, hormis des proches, des amis et des copains), mais sur celles de collègues et surtout sur les responsabilités des uns et des autres, qui ne manqueraient sans doute pas d’émouvoir et de faire du bruit si elles avaient dû être exposées de façon transparente…

(6) Les « 4 de Melle », enseignants menacés de sanction pour avoir protesté contre la réforme Blanquer, article de Tania KADDOUR-SEKIOU, 14 octobre 2020, Politis. https://www.politis.fr/articles/2020/10/les-4-de-melle-enseignants-menaces-de-sanctions-pour-avoir-proteste-contre-la-reforme-blanquer-42389/

(7)  Voir ce billet du 6 janvier 2021 :

Francetélécomisés et « samuelpatysés » à petit feu, les enseignants vont-ils passer une bonne année 2021 ?

Un enseignant harcelé pendant 20 ans par des administratifs de l’Education nationale ? (1) Et si la peur et la honte changeaient de camp ?

 

 

       

 

                Les causes exposées et défendues sur ce blog sont de première importance. Trop importantes pour qu’on ne s’efface pas devant elles. Les lectrices et les lecteurs de Mais faites taire ce p’tit prof’ bon sang ! savent que je me suis toujours effacé au profit d’une de mes marottes : la défense de l’Education nationale, de son « petit » personnel et de ses élèves (1).

Mais tout combat rencontre ses adversaires.
Chefs d’établissements scolaires se vantant entre eux de pratiquer la promotion canapé, de gré ou de force.
Proviseurs décorés et mis à l’honneur quoi qu’ayant acculé au suicide des enseignants pourtant solides.
Professeurs acceptant les pires compromissions dans l’espoir d’échapper aux violences de la grande francetélécomisation de l’Education nationale.
Pseudo-syndicalistes paresseux se nourrissant sur la bête, gavés de la mauvaise graisse du mammouth, entretenant durant 40 ans de décharges syndicales le déni et les Omerta sur des viols – sur des crimes ! – sur des suicides, sur des mises au placard, sur des délits caractérisés de harcèlement moral, d’abus de pouvoir hiérarchique, et de mobbing.
Fonctionnaires des rectorats œuvrant et manœuvrant pour museler les victimes, quitte à donner quitus, immunité, et protection, à leurs agresseurs et à leurs bourreaux.
Minuscules Adolf EICHMANN (2) relayant avec zèle, dans leurs bureaux, les consignes du « n + 1 », et broyant méthodiquement des femmes, des hommes, des êtres humains ramenés au rang de matricules (3).
Magistrats paralysés au moment d’ouvrir une instruction judiciaire pour le viol d’une AESH sur son lieu de travail, pour agression sexuelle commise par un proviseur, pour violences ayant entrainé la mort d’un enseignant par suicide provoqué… mais n’hésitant jamais à condamner lourdement victimes et lanceurs d’alerte « coupables » de relever la tête.
Responsables politiques renforçant les Omerta en milieu scolaire au détriment des sous-citoyens que sont – à leurs yeux – les « petits » salariés de l’Education nationale.
Journalistes et médias inféodés aux bonnes âmes, et refusant d’informer en toute transparence sur ces sujets d’actualité.
Ils sont nombreux. Ils sont puissants. Ils ont des relais là où il est bon d’en avoir. Et quand il le faut, ils s’épaulent, au-delà des divergences idéologiques et des antagonismes politiques. Mobiliser en les détournant à leur profit les services de la police ; dévoyer l’institution judiciaire ; manipuler les faits et les opinions : tout est bon pour une partie de l’Etat, afin de détruire l’Etat.

Tout est bon, pour une partie de l’institution scolaire, pour détruire l’institution scolaire. Tout est bon pour mettre à bas l’Ecole de la République.

Tout est bon, pour une partie de l’institution scolaire, pour détruire l’institution scolaire. Tout est bon pour mettre à bas l’Ecole de la République. Tout est bon pour renoncer à former des citoyens, renoncer à faire vivre l’esprit critique, renoncer et tourner le dos aux principes démocratiques et républicains.
Une Ecole qui moulerait des cons sots mateurs et qui substituerait aux enseignements des visio-conférences par « tuyaux » informatiques interposés ? Voilà un projet « moderne », innovant, techniquement « avancé », masqué sous l’appellation « virage numérique ». Mais qui constitue un recul social, et qui peut se lire comme une attaque contre la démocratie, contre la République, contre les citoyens, contre le peuple.
Expurger l’humain ici ; là, le briser.

Quoi qu’il puisse en être…
Porter publiquement une parole venant heurter de plein front les multiples Omerta qui innervent l’institution scolaire, cela irrite et cela agace les tenants et les bénéficiaires directs ou indirects de ces Lois du Silence sanglantes, de ces logiques répressives, de ces dérives ultra-violentes, anti-démocratiques et anti-républicaines.
Un lanceur d’alerte, par définition, n’a pas que des sympathisants et des amis. Et il doit se protéger.
Paradoxalement, jusqu’ici j’ai toujours été un lanceur d’alerte « très discret » : ne pas ternir l’image de l’institution scolaire, voilà un souci que tous partagent dans cette grande maison ô combien fraternelle.
Pendant des années, c’est uniquement aux services du rectorat de Lille et du ministère de l’Education nationale que je me suis adressé, ma voix s’exprimant auprès de l’institution « en interne », en sourdine, fort discrètement.
Face aux coups bas des minuscules Harvey WEINSTEIN de l’Education nationale et de leurs amis, de leurs copains, et des copains de ces coquins, il semblerait que le moment soit venu, pour me défendre, pour me protéger, pour me préserver, de parler un peu de ce que j’ai vécu en 2003 et par la suite, voire de ce qu’on me fait subir, encore en 2021, sur le plan professionnel.

C’est pourquoi j’ouvre aujourd’hui une nouvelle rubrique sur ce blog, une rubrique dont le titre s’achève sur un point d’interrogation, tant elle soulève de questions, Un enseignant harcelé pendant 20 ans par des administratifs de l’Education nationale ?

 

texte-anniversaire-20-ans

 

20 ans ? Ou 19 ans ?
Cela fait 19 années que je subis des délits de harcèlement moral, des délits répétés, des délits constitués, sans qu’aucune instruction judiciaire n’ait été ouverte pour aucun de ces faits. Il faut croire que les informations ne sont pas passées, qu’elles ne seraient pas parvenues à qui de droit… la bonne blague !

On pourrait, et cela sera fait si nécessaire, reprendre chronologiquement les faits. Par exemple en listant le nom de chacun de mes chefs d’établissement, le nom de chacun de leurs adjoints, depuis 1998, et lister, preuves matérielles à l’appui, qui a fait quoi.

Des chefs d’établissement ?
Il y en eût d’irréprochables. D’exemplaires. De très vertueux.
Je pense par exemple à Madame Anne-Marie TERNISIEN, adjointe au collège Joliot-Curie de Calonne-Ricouart, puis principale au Collège Liberté d’Annezin.
Elle demandât à être reçue et entendue par les services du rectorat de Lille, pour prendre ma défense. « On » le lui refusa.
Elle a témoigné en ma faveur, par écrit, en juillet 2005.

 

Des chefs d‘établissement ?
Il y en eût d’irréprochables. D’exemplaires. De très vertueux.
Et il y en eût d’autres.

 

Il y en eût d’irréprochables. D’exemplaires. De très vertueux.
Et il y en eût d’autres.
Chiche de tout étaler au grand jour ?
La « honte » changerait de camp.
Voilà 19 années que j’ai honte de ce qu’ont fait et de ce que font encore certains de mes supérieurs hiérarchiques.
J’ai honte pour eux, de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils font.

Il y en eût d’irréprochables. D’exemplaires. De très vertueux.
Et il y en eût d’autres. Qui ont détruit plusieurs enseignantes. Qui ont détruit plusieurs enseignants. Qui ont détruit quantité de salariés de l’Education nationale. Détruit profondément.
Silence ! Pas de vagues…

Détruites, elles ne peuvent pas parler.
Détruits, ils n’osent pas parler.
« Pierre-André… quand on voit ce que tu subis depuis 2003, malgré toutes tes démarches pour te faire entendre… et pour quels résultats ? … Si je parlais j’aurais les pires ennuis, tu le sais bien… »
« Comment je paierais l’avocat, les amendes, les dommages pour les prétendues diffamations publiques ? »
« On sait comment cela fonctionne. Et comment ils se protègent.
Si je parle, mes enfants seront à la rue. Je n’aurais plus qu’à me suicider : c’est ce qu’ils veulent et ils auront gagné ».
« Ils sont trop puissants. C’est l’Omerta. C’est l’Omerta au rectorat ».
Pas de vagues ! Silence…

20 ans 1

« Le harcèlement moral, si vous n’en parlez pas, on ne peut rien faire pour vous ! »

« Le harcèlement moral, si vous n’en parlez pas, on ne peut rien faire pour vous ! » nous apprend Madame Brigitte MACRON (4).
Est-ce qu’il s’arrête ?
Est-ce qu’il s’arrête avant la 20ème année de calvaire ? Ou est-ce que je dois parler un peu plus fort ?

                                                                                                                                   Pierre-André DIONNET

 

(1) Ces causes et ces enjeux sont clarifiés dans divers billets de ce blog, par exemple celui du 23 octobre 2018 :
https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2018/10/23/mais-faites-taire-ce-ptit-prof-bon-sang-moins-darticles-mais-pas-moins-dactivites/

(2) Lors de son procès, le criminel nazi a eu comme seule ligne de défense le fait d’avoir « simplement » obéi aux ordres, comme tout « bon » fonctionnaire. Selon Wikipedia, la philosophe Hanna ARENDT qui couvrit le procès pour The New Yorker « reprend sa théorie du rouage du système et conclut qu’EICHMANN n’a montré ni antisémitisme ni troubles psychiques, et qu’il n’avait agi de la sorte durant la guerre que pour « faire carrière ». Elle le décrit comme étant la personnification même de la « banalité du mal », se fondant sur le fait qu’au procès il n’a semblé ressentir ni culpabilité ni haine et présenté une personnalité tout ce qu’il y a de plus ordinaire ». Si la position d’Hanna ARENDT reste controversée, il est vrai que certains fonctionnaires de l’Education nationale considèrent et « traitent » des professeurs non pas comme des êtres humains, mais comme de la « vermine » (voir à ce sujet ce billet du 3 octobre 2020 : https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2020/10/03/la-parole-aux-victimes-3-le-sang-des-vermines-et-autres-eclaboussements-a-eviter/

(3) Le NUMEN est un numéro d’identification ou matricule attribué à tout salarié de l’Education nationale. Il n’implique pas que les rapports entre les uns et les autres de ces fonctionnaires soient déshumanisés, et pourtant…

(4) Déclaration publique faite le 4 juin 2019 par Madame Brigitte MACRON :
https://www.bfmtv.com/societe/education/si-vous-ne-parlez-pas-on-ne-peut-rien-faire-pour-vous-contre-le-harcelement-scolaire-brigitte-macron-appelle-les-eleves-a-s-exprimer_VN-201906030219.html

Voir également mon billet du 8 mars 2018, ainsi que mes courriers adressés à qui de droit :
https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2018/03/08/viols-et-pedophilie-dans-leducation-nationale-14-courriers-a-madame-brigitte-macron-et-a-madame-marlene-schiappa-a-loccasion-de-la-journee-des-droits-de-la-femme/

 

Bonne Année 2020 !

Photo : Didier Lombard lors de son procès en 2019.

 

                            2019 s’est achevée par une bonne nouvelle sur le front des luttes contre les violences faites aux travailleurs : le verdict dans le procès France Telecom a été prononcé le 20 décembre. Bien sûr, on pourra estimer que les condamnations sont trop tardives, trop légères, et qu’elles restent trop symboliques ; on pourra également se féliciter qu’un tel procès ait pu se tenir : c’est à la fois une petite avancée et une grande première.

Ce n’est pas en 2020 qu’on verra un chef d’établissement scolaire (et encore moins un recteur d’académie, indubitablement « complice »…) rendre compte devant la Justice de ses délits ou de ses crimes (les agressions sexuelles en sont bel et bien) comme tout autre justiciable en rend compte, en principe. Il faudra attendre 2050 ou 2060, au mieux.

Oui, je le réaffirme ici. Dans l’immense majorité des situations, en 2020 le ministère de l’Education nationale, les rectorats, l’administration, comme les magistrats, feront encore preuve d’une tolérance archaïque vis-à-vis des personnels coupables de mobbing, de harcèlement moral ou sexuel, de pédophilie, de viols. Lorsque la cellule juridique d’un rectorat s’active à museler et à faire condamner victimes et lanceurs d’alerte, elle fait le choix d’aider et de protéger les délinquants et les criminels. Les situations de ce type sont encore très nombreuses. Des cas patents existent, les preuves ne sont pas bien difficiles à mettre au jour. L’institution scolaire, l’institution judiciaire et le pouvoir politique regardent ailleurs : le choix est fait, pour de nombreux acteurs, de « faire carrière ».

5e0e195287f3ec78b30d4b08

Le cas Gabriel Matzneff illustre parfaitement ce dont j’ai commencé à prendre conscience à partir de 2003 et ce que je subis depuis maintenant 18 années dans l’exercice quotidien de mon métier. C’est en plein soleil, en pleine lumière, au beau milieu de la place, c’est là, visible, palpable, bien réel et bien présent, à la portée de chacune et de chacun, mais on refuse de le voir, de l’entendre, de le dire. 🙈🙉🙊

Bonne rentrée. Portez-vous bien en 2020, et soyez forts et déterminés !

Pierre-André DIONNET

Marlène SCHIAPPA : les enseignantes considérées comme des sous-citoyennes ? (3) Lancement du « Grenelle contre les violences conjugales », 3 septembre, Arras : les pieds dans le plat… rien qu’un orteil, seulement.

      

           Ce matin, 3 septembre 2019, ce n’était pas seulement, au lendemain de leur rentrée officielle, les premiers cours un peu sérieux dispensés aux élèves. C’était aussi le lancement du « Grenelle des Violences conjugales », dont je me demande pourquoi il ne s’intitule pas plutôt le « Grenelle des Violences faites aux Femmes ». Limiter le débat et l’action à ce qui se passe dans les foyers est-il un bon choix ? L’arbre des violences commises par les seuls conjoints cache la forêt de ce que subissent trop de femmes dans leur vie, dans leur famille, dans l’exercice de leur métier, dans la rue, dans l’espace public et dans les espaces symboliques de nos sociétés.

Arras, Musée des Beaux Arts, le Grenelle départemental était organisé et lancé par Monsieur Fabien SUDRY, Préfet du Pas-de-Calais, Monsieur André LOURDELLE, Procureur près le Tribunal de Grande Instance d’Arras, et Madame Virginie HOFFMAN, relais dans notre département de la Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre, Madame Marlène SCHIAPPA. Il y a plus d’un an, j’avais souhaité rencontrer Madame HOFFMAN, mais elle était en arrêt maladie, et son secrétariat avait oublié de me recontacter après son retour à son poste. De mon côté, à la même époque, j’ai très vite été contraint de me recentrer sur plusieurs priorités absolues liées aux conséquences des délits de harcèlement professionnel absurdes et très violents que je subis depuis maintenant 16 années. Lorsqu’on vous menace par courrier recommandé avec accusé de réception de vous radier des cadres pour un prétendu « abandon de poste », alors que vous n’avez jamais été informé de l’affectation à ce poste, ni par courrier postal, ni par téléphone, ni par votre adresse électronique professionnelle, ni par votre adresse électronique personnelle, ni sur le site i-prof dédié à ce type d’information, ni par quelque autre moyen que ce soit, cela vous occupe un peu. Et je n’évoque ici qu’une des plus anodines des dizaines et des dizaines de blagounettes kafkaïennes venues on ne sait comment et pourquoi émailler mon parcours professionnel. On rendrait cela public un jour qu’il faudra se pincer pour s’assurer que c’est bien réel. J’y reviendrai.

C’est à plusieurs titres que j’ai souhaité m’inscrire à cette rencontre départementale. En tant que membre actif de deux associations de type Loi 1901, dont les objets respectifs correspondent à ce thème. En tant que lanceur d’alerte sur les violences en milieu scolaire. En tant qu’enseignant et en tant que citoyen, témoin direct de quelques agressions restées impunies, et « confident » de plusieurs victimes.

Ayant dispensé en début de matinée deux heures de cours à une fort sympathique classe d’élèves, je n’ai pris qu’en cours de route le programme des échanges de ce Grenelle local, en plein discours sur « la détection et la prise en compte de la victime ».
Puis est venu le premier « atelier » de réflexion, à l’issue duquel les plus motivés des 150 participants présents ont été invités à prendre la parole. De suite j’ai levé la main, et après les interventions de deux professionnelles de l’action sociale, on m’a aimablement tendu un micro.

Voilà, de mémoire, les mots qui me sont alors venus à l’esprit, dans l’instant (je n’avais rien préparé, et ignorais les thèmes des différents ateliers).

« Bonjour, Pierre-André Dionnet, je suis enseignant, et je travaille depuis plusieurs années sur les violences faites au personnel de l’Education Nationale. Professions essentiellement féminisées.
Il y a beaucoup d’enseignantes qui subissent des violences sur leur lieu de travail, mais aussi des secrétaires et d’autres corps de métier.
Dans l’enseignement on se heurte à trois difficultés.
Le déni. Dire qu’un proviseur, dans son lycée, viole une enseignante, c’est mauvais pour l’image de l’institution scolaire. Donc on ne le dit pas.
L’opacité. L’opacité de l’administration.
Et une forme de loi du silence ou d’omerta.
En 2019 il y a de nombreuses femmes qui sont victimes de violences dans l’Education Nationale, y compris d’agressions sexuelles, et qui n’osent pas en parler. Qui clairement se taisent, lorsqu’elles voient l’ampleur de la répression envers ceux qui osent relever la tête – y compris des hommes.
La Direction des Ressources Humaines et la cellule juridique du rectorat de Lille vivent et travaillent dans le déni de la réalité, sur ces sujets.
Et on se heurte, je le répète, au déni du réel, à l’opacité, et à une forme d’omerta. »

La veille, au téléphone, Madame HOFFMAN n’avait pas pu me garantir que j’aurais la parole. Je savais que si je pouvais m’exprimer une minute ou une minute trente, ce serait déjà une bonne chose, et j’ai préféré rester très bref. Mon but n’était pas non plus d’embarrasser quiconque, mais d’être constructif, en ouvrant des pistes qu’on refuse toujours d’explorer. Aussi n’ai-je pas conclu mon propos de manière plus frontale. Comment l’Etat peut-il à la fois communiquer sur son engagement contre ces violences, tout en choisissant à peu près systématiquement le camp des bourreaux lorsqu’il emploie victimes et agresseurs ? Le choix de limiter le champ de réflexion et d’intervention aux seules violences conjugales est en ce sens très discutable, voire pernicieux, je le répète. La journaliste Cécile BIDAULT qui animait la rencontre, s’est abstenue de rebondir sur mon intervention et a vite accordé la parole à un autre participant, qui s’est d’ailleurs montré bien plus prolixe que moi.

Une journaliste de La Voix du Nord est ensuite venue me demander mes coordonnées, je les lui ai données tout en sachant que les médias n’ont pour l’heure aucune volonté de contribuer à briser l’omerta sur ces questions. L’enseignement n’est d’ailleurs pas le seul secteur de la fonction publique a être rongé par ces fléaux. Pour ma part, j’aurai toujours en mémoire la voix et les propos de ce principal de collège vantant publiquement, à peine entre les lignes, lors d’un discours officiel tenu devant tout son personnel et devant d’autres chefs d’établissements scolaires, les vertus de l’exercice de la promotion canapé (menait-il cette pratique de gré ou de force, il n’est pas allé jusqu’à le préciser). Ce n’était pas dans les années 1950.

Pierre-André DIONNET

http://www.pas-de-calais.gouv.fr/Actualites/Grenelle-departemental-contre-les-violences-faites-aux-femmes

Harcèlement hiérarchique : le grand Déni de l’Education Nationale (13) Violences faites aux enseignants et au personnel de l’Education Nationale : les taire, c’est les cautionner.

« Les enseignants et le personnel de l’Education Nationale subissent de nombreuses formes de violences.

Violences salariales,
violences verbales,
violences morales,
violences psychologiques,
violences physiques,
violences symboliques,
violences sexistes,
violences sexuelles,
violences administratives,
violences hiérarchiques,
violences institutionnelles et institutionnalisées,
violences quotidiennes,
violences banales, banalisées.
»

Les taire, c’est les cautionner.

                                                                                                                                                                                                                          Pierre-André DIONNET

Marlène SCHIAPPA : les enseignantes considérées comme des sous-citoyennes ? (2) Un courrier laissé sans réponse depuis… une année ! Mépris assumé ou grosse négligence ?

8 mars 2019, Journée Internationale des Droits des Femmes.

 

Il y a un an jour pour jour, j’écrivais à Madame Marlène SCHIAPPA, Secrétaire d’Etat auprès du premier Ministre, chargée de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes.

Un an plus tard, BILAN.

Mon courrier a bien été reçu, il ne s’est pas égaré, et depuis un an j’ai multiplié les initiatives afin qu’une réponse lui soit apportée. Plus tard, dans un autre article, je reviendrai sans doute sur ces relances ; il y a encore 3 jours, le mardi 5 mars, une fois de plus j’ai reçu nombre de promesses orales fermes et formelles d’une employée de l’équipe de Madame SCHIAPPA (après être passé par le standard téléphonique de Matignon, puisque ce Secrétariat d’Etat est si essentiel, tellement primordial, si important – en théorie, du moins – qu’il est rattaché au premier Ministre).

 

2017_journee_femmes_DP-couv_727393.96

 

Un an plus tard, BILAN.

Un an plus tard, quel est le contenu de la réponse qui m’a été adressée ?

Un an plus tard… aucune réponse.

Malgré les promesses qui m’ont été faites au fil des mois, malgré mes relances par mél, par téléphone, et par diverses voies, aucune réponse. Oui, il y a 3 jours encore, on m’a juré-craché-promis-oui-oui que le retour me serait communiqué de façon URGENTE. Par mél, avant que j’écrive ce billet-bilan-d’anniversaire, aujourd’hui.

Bla bla bla bla bla bla bla…

Certes, l’équipe entourant Madame SCHIAPPA a changé déjà trois fois de composition, en quelques mois. Les membres de la précédente équipe ont-ils démissionné tout en restant en bons termes avec leur employeuse ? Tout se passe en tout cas comme s’ils avaient fait en sorte qu’il soit inévitable qu’on puisse écrire maintenant :

 

«  Marlène SCHIAPPA méprise les enseignantes. » 

« Marlène SCHIAPPA donne le feu vert à toutes les violences dont peuvent être victimes les enseignantes et le personnel féminin de l’Education Nationale : violences sexuelles, violences physiques, violences morales, violences psychologiques, violences verbales, violences symboliques, violences sexistes, violences administratives, violences hiérarchiques, violences institutionnelles et institutionnalisées, violences quotidiennes, violences banales, banalisées. »

587de544bcafc98f311cb4bc31e38

Ce n’est pas ce que j’affirme pour ma part. Il est encore trop tôt pour en arriver à ces conclusions définitives : un an, 365 jours, une année, bien sûr ce n’est pas assez pour juger. Un an, 365 jours, une année, c’est certes très long pour les dizaines de milliers de femmes qui dans l’institution scolaire sont victimes,  dans le silence, dans la douleur, dans la souffrance, dans la honte, dans l’injustice, dans l’opacité. Mais un an, 365 jours, une année, c’est très court au vu de l’agenda surchargé de Madame SCHIAPPA, elle qui chaque semaine communique. Elle qui sans arrêt parle abondamment. Elle qui chaque jour est présente et omniprésente sur les réseaux sociaux, jusqu’à saturation, via les publications effrénées de plusieurs Chargés de Communication hyperactifs (CM ou Community Manager).

73588686

Laissons encore une année ou deux, voire davantage, à Madame SCHIAPPA, pour commencer à entamer une réflexion sur ces sujets, avant – peut-être – de poser un premier acte, de prendre une première décision efficiente, de décider d’une première mesure qui changera la vie de ces victimes et en épargnera d’autres.

Laissons encore une année ou deux à l’équipe de rédacteurs, de secrétaires, de communiquants de Madame SCHIAPPA pour trouver une enveloppe, un timbre, un papier sur lequel rédiger une réponse à mon courrier. La voie électronique peut également être envisagée, à condition de tapoter sur un clavier d’ordinateur. Dès réception de cette réponse toujours et toujours retardée, je ferai part ici de ses grandes lignes… si cette réponse me parvient jamais ! Pour cela, il faut encore qu’on veuille bien s’intéresser au sort des centaines de milliers de femmes employées par l’Education Nationale.

« Les enseignantes et le personnel féminin de l’Education Nationale subissent toutes sortes de violences. Violences sexuelles, violences physiques, violences morales, violences psychologiques, violences verbales, violences symboliques, violences sexistes, violences administratives, violences hiérarchiques, violences institutionnelles et institutionnalisées, violences quotidiennes, violences banales, banalisées. »

Toutes ces violences sont les violences-mêmes que Marlène SCHIAPPA est censée combattre, paradoxalement, en tant que Secrétaire d’Etat auprès du premier Ministre, chargée de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes. C’est bien pour cela qu’elle a été nommée, c’est bien pour cela qu’elle est missionnée, c’est bien à ce titre qu’elle occupe chaque semaine l’espace médiatique de notre pays, au détriment d’autres figures, d’autres personnalités, et des victimes et des lanceurs d’alerte qui jamais n’auront accès à ces espaces, et dont jamais les voix ne sont entendues, ces voix pourtant à même de faire bouger les lignes.

                                                                                                             Pierre-André DIONNET

 

 

 

 

 

 

 

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

Ministre chargé des Droits des femmes

Secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes
Image illustrative de l’article Ministre chargé des Droits des femmes
Titulaire actuel
Marlène Schiappa

Création 1974
Premier titulaire Françoise Giroud
Site internet http://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/ [archive]

Depuis 1974, le gouvernement français dispose de manière intermittente d’un ministre chargé des Droits des femmes.

Selon les gouvernements, il peut s’agir d’un ministre de plein exercice, d’un ministre délégué ou d’un secrétaire d’État, et être également associé à d’autres portefeuilles comme la cohésion sociale ou la famille.

Responsable de la condition féminine, de l’emploi féminin, des droits de la femme, de la parité ou encore de l’égalité entre les femmes et les hommes, son intitulé varie en fonction du gouvernement en place. Actuellement, Marlène Schiappa est la titulaire de cette charge en tant que secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations depuis le 17 mai 2017.

Historique

Logo du ministère des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports lors du gouvernement Manuel Valls (1) entre avril et août 2014.

Le secrétariat d’État à la Condition féminine est créé en France en 1974 par Valéry Giscard d’Estaing, et attribué à Françoise Giroud. Le poste est supprimé en 1976, et deux secrétariats d’État ont la charge l’un de l’Emploi féminin, l’autre de la Condition féminine, de 1978 à 1981.

Le ministère délégué aux Droits de la femme est créé par François Mitterrand après son élection de 1981, concrétisant ainsi une promesse faite un mois auparavant, le 28 avril, lors d’un meeting organisé par le mouvement féministe Choisir au palais des congrès1,2 ; il devient de plein exercice au sein du gouvernement Laurent Fabius (du 21 mai 1985 au 20 mars 1986), avec Yvette Roudy.

Entre 1988 et 2007, le portefeuille a existé de façon intermittente, sous la forme de ministères délégués ou de secrétariats d’État, rattachés à un autre ministère. Le poste n’a été attribué qu’à des femmes, au nombre de six.

Entre 2012 et 2014, sous la présidence de François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem est Ministre des Droits des femmes, de plein exercice. Le est par ailleurs créé le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Le , dans le deuxième gouvernement Manuel Valls, Laurence Rossignol est nommée Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, ce qui déclenche l’ire de plusieurs femmes politiques3 et d’associations féministes en raison de la connotation sexiste de l’intitulé, qui renverrait les femmes dans la sphère domestique4.

En 2017, sous la présidence d’Emmanuel Macron, Marlène Schiappa est nommée secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes sous la tutelle du Premier ministre Édouard Philippe5.

Administration

Siège du secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes au 55 rue Saint-Dominique (Paris).

Lorsqu’il ne constitue pas un ministère ou un secrétariat d’État, le service des droits des femmes est rattachée au ministère du Travail. Le 17 avril 1986 est ainsi créée la délégation à la condition féminine (que dirige Hélène Gisserot jusqu’en 1988) et le 20 mai 2007, jusqu’en 2009, le service des droits des femmes6. Ce service n’a été rattaché au ministère du Travail que durant les périodes ou il ne constituait plus un département ministériel autonome. Cela a été notamment le cas lorsqu’il existait en tant que délégation à la condition féminine créée le 17 avril 1986, ou service des droits des femmes créé le 20 mai 1997, jusqu’en 2009.

Depuis 2017, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes a autorité, par délégation du Premier ministre, sur la direction générale de la cohésion sociale conjointement avec la ministre des solidarités et de la santé et le ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire, ainsi que sur le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans et sur la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humainsD 1.

Adresses successives

Liste de ministres

Les dates indiquées sont les dates de prise ou de cessation des fonctions, qui sont en général la veille de la date du Journal officiel dans lequel est paru le décret de nomination.

Ministre ou Secrétaire d’État Intitulé Ministre de tutelle Intitulé du ministre de tutelle Gouvernement Début Fin
Présidence de Valéry Giscard d’Estaing
Françoise Giroud Secrétaire d’État à la Condition féminine Jacques Chirac Premier ministre Chirac 1D 2 16 juillet 1974 27 août 1976
Aucun Barre 1 25 août 1976 29 mars 1977
Barre 2 29 mars 1977 10 janvier 1978
Nicole Pasquier Secrétaire d’État chargée de l’Emploi féminin Christian Beullac Ministre du Travail 10 janvier 1978D 3 6 avril 1978
Robert Boulin Ministre du Travail et de la Participation Barre 3D 4 6 avril 1978 29 octobre 1979
Jean Mattéoli 8 novembre 1979 22 mai 1981
Monique Pelletier Ministre déléguée chargée de la Condition féminine Raymond Barre Premier ministre 11 septembre 1978D 5 18 février 1980
Ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine 18 février 1980D 6 4 mars 1981
Alice Saunier-Seïté 4 mars 1981D 7 22 mai 1981
Présidence de François Mitterrand
Yvette Roudy Ministre déléguée chargée des Droits de la femme Pierre Mauroy Premier Ministre Mauroy 1D 8, 2D 9 et 3D 10 22 mai 1981 23 juillet 1984
Laurent Fabius FabiusD 11 23 juillet 1984 21 mai 1985
Ministre des Droits de la femme Plein exercice 21 mai 1985D 12 20 mars 1986
Aucun Chirac 2 20 mars 1986 11 mai 1988
Georgina Dufoix Ministre déléguée chargée de la Famille, des Droits de la femme, de la Solidarité et des Rapatriés Michel Delebarre Ministre des Affaires sociales et de l’Emploi Rocard 1D 13 12 mai 1988 28 juin 1988
Michèle André Secrétaire d’État chargée des Droits des femmes Plein exercice Rocard 2D 14 28 juin 1988 17 mai 1991
Véronique Neiertz Martine Aubry Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle CressonD 15 17 mai 1991 25 mai 1991
Secrétaire d’État chargée des Droits des femmes et de la Vie quotidienne 25 mai 1991 4 avril 1992D 16
Secrétaire d’État chargée des Droits des femmes et de la Consommation Michel Sapin Ministre de l’Économie et des Finances Bérégovoy 4 avril 1992D 17 30 mars 1993
Aucun Balladur 29 mars 1993 17 mai 1995
Présidence de Jacques Chirac
Aucun Juppé 1 et 2 17 mai 1995 2 juin 1997
Jospin 2 juin 1997 17 novembre 1998
Nicole Péry Secrétaire d’État chargée des Droits des Femmes et de la Formation professionnelle Martine Aubry Ministre de l’Emploi et de la Solidarité 17 novembre 1998D 18,D 19 18 octobre 2000
Élisabeth Guigou 18 octobre 2000 7 mai 2002
Aucun Raffarin 1 6 mai 2002 17 juin 2002
Nicole Ameline Ministre déléguée à la Parité et à l’Égalité professionnelle François Fillon Ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité Raffarin 2D 20 17 juin 2002 30 mars 2004
Ministre de la Parité et de l’Égalité professionnelle Plein exercice Raffarin 3D 21 31 mars 2004 31 mai 2005
Catherine Vautrin Ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité Jean-Louis Borloo Ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement VillepinD 22 2 juin 2005 15 mai 2007
Présidence de Nicolas Sarkozy
Aucun Fillon 1, 2 et 3 18 mai 2007 10 mai 2012
Présidence de François Hollande
Najat Vallaud-BelkacemD 23,D 24 Ministre des Droits des femmes, porte-parole du gouvernement Plein exercice Ayrault 1D 25 et 2D 26 16 mai 2012 31 mars 2014
Ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Valls 1D 27 2 avril 2014 25 août 2014
Pascale BoistardD 28 Secrétaire d’État chargée des Droits des femmes Marisol Touraine Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes Valls 2D 29,D 30 26 août 2014 11 février 2016
Laurence RossignolD 31 Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmesN 1 Plein exercice 11 février 2016 6 décembre 2016
CazeneuveD 32 6 décembre 2016 15 mai 2017
Présidence d’Emmanuel Macron
Marlène SchiappaD 1,D 33 Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Édouard Philippe Premier ministre Philippe 1D 34 et 2D 35,D 36 17 mai 2017 15 octobre 2018
Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations 16 octobre 2018 En fonction

Annexes

Notes

  1. Initialement Ministre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes, son titre est modifié le 3 mars 2016 en des Familles…

Décrets

Décrets relatifs à la composition du gouvernement ou aux attributions du ministre, parus au Journal officiel de la République française (JORF), sur Légifrance :

  1. a et b Décret no 2017-1066 du 24 mai 2017 relatif aux attributions déléguées à la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes [archive]
  2. Décret du 16 juillet 1974 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  3. Décret du 10 janvier 1978 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  4. Décret du 6 avril 1978 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  5. Décret du 11 septembre 1978 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  6. Décret no 80-149 du 18 février 1980 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  7. Décret du 4 mars 1981 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  8. Décret du 22 mai 1981 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  9. Décret du 23 juin 1981 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  10. Décret du 24 mars 1983 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  11. Décret du 23 juillet 1984 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  12. Décret du 21 mai 1985 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  13. Décret du 12 mai 1988 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  14. Décret du 28 juin 1988 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  15. Décret du 17 mai 1991 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  16. Décret du 25 mai 1991 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  17. Décret du 4 avril 1992 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  18. Décret du 17 novembre 1998 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  19. Décret du 27 mars 2000 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  20. Décret du 17 juin 2002 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  21. Décret du 31 mars 2004 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  22. Décret du 2 juin 2005 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  23. Décret no 2012-778 du 24 mai 2012 relatif aux attributions du ministre des droits des femmes [archive]
  24. Décret no 2014-409 du 16 avril 2014 relatif aux attributions du ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports [archive]
  25. Décret du 16 mai 2012 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  26. Décret du 21 juin 2012 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  27. Décret du 2 avril 2014 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  28. Décret no 2014-1030 du 11 septembre 2014 relatif aux attributions du ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes [archive]
  29. Décret du 26 août 2014 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  30. Décret du 11 février 2016 [archive] relatif à la composition du gouvernement
  31. Décret no 2016-257 du 3 mars 2016 relatif aux attributions du ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes [archive]
  32. Décret du 6 décembre 2016 relatif à la composition du Gouvernement [archive]
  33. Décret no 2018-939 du 30 octobre 2018 relatif aux attributions déléguées à la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations [archive]
  34. Décret du 17 mai 2017 relatif à la composition du Gouvernement [archive]
  35. Décret du 21 juin 2017 relatif à la composition du Gouvernement [archive]
  36. Décret du 16 octobre 2018 relatif à la composition du Gouvernement [archive]

Sources externes

Autres références

  1. Quel président pour les femmes ? : Réponses de François Mitterrand, compte-rendu de la rencontre de Martine Allain-Regnault, d’Antenne 2, Menie Grégoire, de RTL, Gisèle Halimi, de Choisir, Hélène Mathieu, de Marie Claire, Françoise Parturier, écrivain, Christine Ockrent, d’Europe no 1, et Josyane Savigneau, du Monde, avec François Mitterrand au Palais des congrès le 28 avril 1981, préface de Gisèle Halimi, Paris, Gallimard, coll. « Idées » (no 448) / « Idées actuelles », 1981, 146 p. (ISBN 2-07-035448-2), p. 13.
  2. « La mise en place du ministère des Droits de la femme », dans Jane Jenson et Mariette Sineau, Mitterrand et les Françaises : Un rendez-vous manqué, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1995, 386 p. (ISBN 2-7246-0659-0), p. 184–189.
  3. « On croit rêver » : Marie-George Buffet s’insurge contre la disparition du secrétariat d’État aux Droits des femmes [archive] sur lelab.europe1.fr, 11 février 2014
  4. Remaniement : polémique autour du ministère des Droits des femmes [archive] sur lesoir.be, 12 février 2016
  5. Droits des femmes: que peut faire la protégée de Macron? [archive], Léa Lejeune, Challenges, le 26 mai 2017
  6. « L’organisation des services centraux du ministère du travail 1945-2012 – Tome I – 1945-1989 » [archive], Les cahiers du comité d’histoire des administrations chargées du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle n°15-16, décembre 2012, page 13.
  7. Les Temps Modernes [archive] n°647.
  8. « Elysée, gouvernement : ça déménage à tous les étages » [archive], liberation.fr, 17 février 2017.

Articles connexes

Marlène SCHIAPPA : les enseignantes considérées comme des sous-citoyennes ? (1) Une Secrétaire d’Etat nommée depuis 20 mois.

Par bien des aspects, les enseignantes sont considérées en France comme des « sous-citoyennes ». Il n’est pas excessif de l’écrire.

Je ne pense pas seulement ici à leur traitement salarial étique ; ni à la différence de rémunération et d’avancée de carrière entre femmes et hommes ; ni au décalage entre le niveau de recrutement et de responsabilité des enseignantes, et celui de fonctionnaires exerçant dans d’autres ministères et bénéficiant d’un salaire très largement supérieur.

Je ne pense pas seulement au mépris qui s’exerce tout autant envers les enseignants qu’envers les enseignantes. Mépris qui, parfois sous couvert d’humour, se diffuse aussi bien au comptoir du Café du Commerce, que parmi ceux qu’on nomme les « élites », en passant par toutes les strates de la population, sans exception aucune. Mépris généralisé. Mépris bien commode pour que se défoulent les uns, et pour que les autres ciblent de parfaits bouc-émissaires : les professeurs seraient responsables  de tous les maux sociaux et financiers qui épuisent un pays en son entier (« ce sont ces fonctionnaires paresseux qui sont à l’origine de la « dette » de la France, l’évasion fiscale n’y est pour rien », selon une petite musique aussi répandue que pernicieuse et efficace).

Je pense d’abord à leurs Droits. Je pense aux Droits. Aux Droits dont chaque humain dispose, selon les Lois, les textes souverains, les règles d’équité, les Chartes, les Conventions, les normes juridiques, les principes internationaux, le bon sens débonnaire qui considèrent comme égaux tous les êtres vivants identifiés comme appartenant au genre et au groupe des humains.

Oui, du point de vue du Droit, en pratique, les enseignantes sont considérées en France comme des « sous-citoyennes ».

Les lectrices et les lecteurs de ce site le savent. Celles et ceux qui lisent les (rares) ouvrages, les (rares) articles de presse, les (quelques) autres blogs traitant plus ou moins du sujet ou – plus souvent – de sujets connexes, le constatent comme moi. Et la démonstration n’est plus à faire. La Grande Muette ? Ce n’est plus l’armée, qui depuis la publication en 2014 par Leila MINANO et Julia PASCUAL de La Guerre invisible. Révélations sur les Violences sexuelles dans l’Armée française travaille (trop) lentement à libérer la parole et à agir concrètement. La Grande Muette, depuis longtemps déjà, c’est d’abord l’Education Nationale. Celle que dirige le Ministre Monsieur Jean-Michel BLANQUER. Celle qu’a dirigée avant lui Madame Najat VALLAUD BELKACEM, et bien d’autres avant eux.

Chance. Le 25 novembre 2017, notre Président de la République a choisi de déclarer Grande Cause Nationale de son quinquenat l’Egalité entre les femmes et les hommes. Auparavant, le 17 mai 2017, Madame Marlène SCHIAPPA a été nommée Secrétaire d’Etat auprès du premier Ministre – ce n’est pas rien, et il n’est pas possible que rien n’en sorte, il n’est pas possible qu’il n’en sorte rien, ni trois fois rien. Les choses ne peuvent que bouger, dès lors. Cela ne peut se faire d’un claquement de doigts, mais des mesures fortes, concrètes, de terrain, efficaces, efficientes, visibles, novatrices, innovantes, vont venir modifier pas-à-pas le réel.

Par exemple, il ne sera plus possible, pour un chef d’établissement scolaire, d’agresser sexuellement une enseignante, ou – au choix, selon son bon vouloir et la vulnérabilité de ses victimes – « sa » secrétaire, « ses » collaboratrices, « son » personnel chargé de l’entretien, le personnel de cantine, l’infirmière, les surveillantes, les A.E.D., les A.V.S., « son » adjointe, « sa » C.P.E., « sa » gestionnaire, « son » intendante… Du moins, le « grand patron » au-dessus des lois n’aura plus l’assurance que tout sera fait pour étouffer les faits ; pour minimiser l’affaire ; pour éviter le scandale ; et « au pire », pour inverser les rôles des victimes et de l’agresseur ; pour que les victimes doivent rendre compte judiciairement de prétendues diffamations ; pour que les juges se montrent très magnanimes, très tolérants, fort bienveillants et très à l’écoute des théories fumeuses du supérieur hiérarchique coupable de viols mais jamais condamné.

Cela ne se fera plus dans l’impunité, une impunité de fait. Dans une totale impunité pénale. Dans l’opacité. Dans une ombre entretenue par l’administration elle-même. Dans un brouillard voulu et entretenu par l’institution, par chaque pan de cette institution, puissants syndicats compris; et relayé par l’institution judiciaire. Par exemple, on assistera à quelques procès pénaux forts, symboliques, édifiants. Des procès  dont le verdict, le retentissement et la portée « éducative » dissuaderont une fois pour toutes les minuscules Harvey WEINSTEIN sévissant dans l’Education Nationale.

Par exemple, le harcèlement moral hiérarchique sera lui aussi éradiqué, lui qui produit les mêmes dégâts, les mêmes effets, les mêmes gâchis humains que les agressions sexuelles : je parle bien du vrai harcèlement moral, ultra-violent et prolongé dans le temps – 5 ans, 10 ans , 15 ans et plus de calvaire sans répit ! – et par rapport auquel il n’existe aucun garde-fou, aucune issue, aucune échappatoire : qu’on lise ou relise Daniel ARNAUD, Paul VILLACH, Guy LANDEL, Roland VEUILLET, le trio Marie Jeanne et Philippe, Pierre-Yves CHEREUIL, Samuel FRANCOIS, ou les articles de ce blog.

Le 8 mars 2018, Journée internationale des Droits des femmes, j’ai pris l’initiative d’écrire à Madame Marlène SCHIAPPA, Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre (ou si l’on préfère, j’ai alerté sans détour et sans fard l’équipe de travail qui l’entoure, sa Directrice de Cabinet, son Directeur de Cabinet adjoint, et sa Cheffe de Cabinet). Et je ne me suis pas arrêté là. Que croyez-vous qu’il se soit passé, depuis lors ? De prochains billets le préciseront si cela devient nécessaire.

suspense.jpg

shutterstock_100448047.jpg

     

Ce soir, 25 janvier 2019, à partir de 22h00, Madame la Secrétaire d’Etat en personne co-animera l’émission de Cyril HANOUNA Balance ton Post sur la chaîne de télévision C 8. Il se murmure que sous une très relative pression « médiatique » (on se demande bien qui aurait pu agir en ce sens, et par quels biais…) un moment d’échange pourrait être consacré aux violences faites aux enseignantes, ou plutôt à un vague « mal-être enseignant » – l’équipe de la Secrétaire d’Etat aurait préparé une petite fiche permettant, le cas échéant, de répondre avec assurance à toute question sur le sujet.

Wait and see…

picmonkey-collage-tpmp-d831fb-0@1x

         

            Une chose est claire. Au cas où le « malaise enseignant » serait abordé, il sera tentant et facile de se contenter de vagues et bonnes intentions. Ou de promesses creuses. Ou de renvoyer à l’existence d’un énième numéro vert d’ « écoute » ou d’un « tchat’ en ligne » qui ne résolvent rien de la situation particulière des enseignantes piégées et contraintes par leur propre administration, par leur propre employeur, par les dysfonctionnements de l’Education Nationale, cet Etat en roue libre dans l’Etat.

Pas plus que ne convaincront la possibilité de missionner un quantième Comité Théodule,  ou de se référer aux médiateurs de l’Education Nationale (l’académie de Lille en compte pas moins de 3, dont je puis assurer que pas un seul – pas un seul de ces trois fonctionnaires – n’agit efficacement dans ce domaine précis, je puis l’affirmer et en parler d’expérience, documents à l’appui).

Il faudra – il faudrait – autre chose que de la communication. Autre chose que la comm’. Autre chose que du blablablabla. Autre chose que de l’enfumage. Il faudra – il faudrait – des actes forts. A la fois concrets et symboliques, qui marquent les esprits, qui marquent un tournant, qui marquent un virage à 180 ° de la politique publique de notre pays.

Seul le pouvoir politique peut nettoyer les écuries d’Augias de l’Education Nationale.

Seul le pouvoir politique peut décider de mettre un terme à l’aveuglement institutionnalisé, au déni, au tabou, à l’Omerta.

Seul le pouvoir politique peut changer le sort des enseignantes.

Que de « sous-citoyennes », elles puissent demain jouir de leurs Droits, plutôt que d’être, ici et là, malgré elles, le réceptacle déshumanisé des basses jouissances de ces chefaillons criminels que sont leurs agresseurs et leurs violeurs.

Que de « sous-citoyennes », elles puissent demain relever la tête, et commencer à se reconstruire, plutôt que d’être, ici et là, « au mieux », figées ad vitam aeternam dans un statut de victimes d’abus d’autorité, d’excès de pouvoir, de délits patents de harcèlement moral les détruisant au coeur de leur humanité, sans que cela jamais ne soit reconnu. Seul le pouvoir politique possède la clef de ce grand changement, une clef qu’il est seul à pouvoir actionner. Mais en a-t-il la volonté ?

Pierre-André DIONNET, 25 janvier 2019, 22h00.