« Défense et Illustration des professeurs de Français » (1) Lettre ouverte d’enseignants de Lettres de l’académie d’Orléans-Tours à leurs I.P.R.

            Defense Titre (1)

             Lire la suite

Des médias aveugles et silencieux ? (20) Les professeurs de Mathématiques du collège Emile Zola de Marles-les-Mines.

             

             Lire la suite

Viols et pédophilie dans l’Education Nationale (12) Quel bilan pour l’ancien recteur Luc JOHANN ?

La lutte contre le viol, contre la pédophilie, contre le harcèlement hiérarchique, qu’il soit moral ou sexuel est sans doute une des grandes priorités de l’Education Nationale, réputée pour la très grande transparence avec laquelle elle administre plus d’un million d’agents de la fonction publique.

Hier a été actée en Conseil des Ministres une petit valse des recteurs d’académie. Luc JOHANN part sous d’autres cieux. Qui fera son bilan, sur toutes ces questions bien plus épineuses qu’il n’y parait ? Il faudrait pour cela non pas une syndicaliste carriériste, non pas un syndicaliste co-gestionnaire et complaisant, mais quelques journalistes indépendants et pugnaces… on peut toujours rêver. On murmure ici et là que ce limogeage ne serait pas totalement étranger à… mais on dit tellement de choses.

Saluons l’arrivée à la tête du rectorat de Lille de Madame Valérie CABUIL. Une femme déterminée, pour lutter contre les fléaux évoqués ici, cela peut être une très bonne idée. Reste à voir si les courriers, les demandes et les signalements adressés à sa personne, à son Cabinet, à son Secrétariat Général, au Directeur des Ressources Humaines et aux autres membres de son équipe seront remisés au placard ou s’ils seront enfin traités à la hauteur des enjeux soulevés. A suivre…  

Pierre-André DIONNET

DSC_0005_890035.54

 

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

Ci-dessous, article de Marie-Caroline Missir et Laura Taillandier, L’Etudiant, 14 février 2018.

http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/valse-de-recteurs-en-conseil-des-ministres.html

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

Valse de recteurs en Conseil des ministres

Marie-Caroline Missir, Laura Taillandier
Publié le
Valse de recteurs en Conseil des ministres
Douze académies vont changer de recteur. // ©  Ludovic / R.E.A
Jeu de chaises musicales dans les académies. À l’issue du Conseil des ministres du 14 février 2018, sept recteurs changent d’académie et quatre nouveaux sont nommés. Un large mouvement qui intervient dans un contexte de réformes importantes dans l’enseignement secondaire et supérieur.

Ce sont douze académies qui vont voir leur recteur remplacé en pleine mise en place du Plan étudiants et le jour même des annonces du baccalauréat nouvelle formule. En Conseil des ministres, mercredi 14 février 2018, le gouvernement a annoncé une série de changements à la tête des rectorats d’Amiens, Clermont-Ferrand, Créteil, Guadeloupe, Lille, Lyon, Martinique, Montpellier, Poitiers, Rennes et Toulouse. Aucun successeur n’est désigné pour remplacer le recteur de Limoges.

Pour Alain Boissinot, « ce large mouvement de recteurs obéit à deux nécessités ». « La première est de remplacer des recteurs atteints par la limite d’âge, tels que Françoise Moulin Civil à Lyon. La deuxième est de consolider et d’entériner la réforme des grandes régions académiques avec des personnalités très expérimentées pour occuper des postes de recteurs académiques » qui « dans la configuration des réformes actuelles, prendront de plus en plus de poids », analyse l’ancien recteur. C’est le cas par exemple de Béatrice Gille à Montpellier, ou de Marie-Danièle Campion à Lyon.

Lire aussi : Françoise Moulin Civil : « Le Plan étudiants conforte le rôle charnière du recteur »

Quatre nouveaux recteurs

Dans cette valse à douze temps, sept recteurs en poste changent d’académie et quatre nouveaux sont nommés :

La rectrice de l’académie de Clermont-Ferrand, Marie-Danièle Campion, prend la tête de la région académique Auvergne-Rhône-Alpes, et de l’académie de Lyon. Elle remplace Françoise Moulin Civil, nommée en septembre 2012.

C’est Benoît Delaunay, professeur des universités, spécialisé en droit public à l’université Panthéon-Assas, qui prend la tête de l’académie de Clermont-Ferrand.

La rectrice de Créteil, Béatrice Gille, est nommée rectrice de la région académique Occitanie, rectrice de l’académie de Montpellier. Elle succède à Armande Le Pellec Muller.

De son côté, Armande Le Pellec Muller, en poste à Montpellier depuis 2013, est nommée rectrice de la région académique Bretagne, rectrice de l’académie de Rennes, en remplacement de Thierry Terret, en poste depuis mars 2016.

C’est le recteur de Limoges, Daniel Auverlot qui est nommé à la tête de l’académie de Créteil, en remplacement de Béatrice Gille.

La rectrice de l’académie d’Amiens, Valérie Cabuil, est nommée rectrice de la région académique Hauts-de-France, rectrice de l’académie de Lille. Elle remplace Luc Johann, nommé en septembre 2015.

C’est Béatrice Cormier, rectrice de la région académique de la Martinique, qui est nommée rectrice de l’académie d’Amiens, après Valérie Cabuil.

L’académie de la Martinique accueille donc un nouveau recteur : Pascal Jan, agrégé de droit public et professeur des universités à l’IEP de Bordeaux.

La rectrice de l’académie de Poitiers, Anne Bisagni-Faure est nommée rectrice de l’académie de Toulouse, à la place d’Hélène Bernard, qui occupait la fonction depuis juillet 2013.

Au rectorat de Poitiers, est nommé Armel de La Bourdonnaye, l’ancien directeur de l’École des Ponts ParisTech et ancien président de la Cdefi.

L’académie de Guadeloupe accueille également un nouveau recteur : Mostafa Fourar, professeur des universités et directeur de l’Ensem, l’École nationale supérieure d’électricité et de mécanique. Il succède à Camille Galap, en poste depuis décembre 2014.

Dernier temps de la valse avec l’académie de Limoges, qui reste pour le moment sans recteur après le départ de Daniel Auverlot pour l’académie de Créteil.

 

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

Ci-dessus, article de Marie-Caroline Missir et Laura Taillandier, L’Etudiant, 14 février 2018.

http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/valse-de-recteurs-en-conseil-des-ministres.html

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

Toute ressemblance… (2) L’homme qui prend sa tête entre ses mains en signe de désespoir.

C’est un homme qui a la tête baissée et il l’entoure de ses mains. Visiblement, il n’a pas la patate. Ni la pêche. Ni la frite, ni la cerise, ni la banane. La photo le présente comme un professeur auquel le rectorat de Lille refuse de reconnaître ses droits. Elle vient illustrer un article d’une édition locale de La Voix du Nord évoquant la situation d’un enseignant de Béthune qui a subi un harcèlement hiérarchique très violent sur une période d’une quinzaine d’années. Je cite la légende de la photographie :  « Ce professeur de français a demandé l’ouverture d’une enquête administrative mais le rectorat a refusé. »

Vous êtes plusieurs à vous être persuadé/e/s que cet homme, sur cette photo c’était moi.

Eh bien, non. Ce n’est pas moi, sur cette photographie. D’ailleurs celles et ceux qui me sont réellement proches, elles et eux, ont bien vu que la ressemblance physique était ténue.

mdg-4543-4554--527-

 

Non, ce n’est pas moi sur cette photographie. La preuve ? Je ne me tiens jamais dans cette position accablée et je me vois mal accepter de poser dans celle-ci, d’autant que le désespoir n’est pas ma tasse de thé. Je ne porte ni les cheveux en brosse, ni ce type de vêtements. Sans que mes bras soient glabres, mon système pileux n’est pas aussi développé. Et, pour clore tout amalgame, précisons que je porte une bague qu’il m’est depuis plusieurs lustres impossible d’ôter : rien de tel sur cette photo, donc ceux qui se sont persuadés que ont ici l’occasion d’apprendre que leurs certitudes ne font ni la vérité, ni le réel. Boum badaboum ouille ouille.

Pierre-André DIONNET

 

 * * * * *

Béthune

Un prof se dit victime de harcèlement hiérarchique depuis quatorze ans

Ce professeur de français a demandé l’ouverture d’une enquête administrative mais le rectorat a refusé.

Ce professeur de français a demandé l’ouverture d’une enquête administrative mais le rectorat a refusé.

Il tient à ce que son anonymat soit préservé. Ce prof de français depuis une vingtaine d’années a un parcours et une situation professionnelle compliqués. Il s’estime victime de harcèlement infligé par une partie de sa hiérarchie locale depuis 2003.

«  Tout a commencé au collège de Calonne-Ricouart quand j’ai été impliqué dans des mouvements sociaux, une grève contre la réforme des retraites. J’ai été menacé par le chef d’établissement, en plein conseil d’administration, de briser ma carrière. Au final, on m’a imputé des fautes de service de plus en plus lourdes.  » Il parle même de «  vie brisée  ».

« On couvre les chefs qui pratiquent le harcèlement »

Quand il est arrivé au collège Simone-Signoret à Bruay, il s’est senti «  mis à l’écart. On m’a diabolisé avant même que j’y mette les pieds  ». En 2005, il est muté dans un collège près de Valenciennes, à deux heures de Béthune. «  À l’époque, j’avais une compagne.  » Il a ensuite un poste à Bruay et de nouveau l’impasse. Il fait l’objet d’un signalement au bout d’un mois.

Mais comment un harcèlement pendant quatorze ans peut-il être possible ? La durée étonne. «  On couvre les chefs d’établissement qui pratiquent le harcèlement moral. Les ministres ont fait beaucoup de choses sur le harcèlement entre élèves mais d’après une enquête, 200 000 profs affirment avoir été harcelés.  »

Ce qu’il attend du rectorat ? «  Reprendre l’exercice de mes fonctions et l’ouverture d’une enquête administrative concernant le harcèlement moral que j’ai subi.  » Il ne demande pas de réparation mais une «  reconnaissance  » par l’administration, en interne. «  C’est la première condition pour qu’une victime de faits de harcèlement puisse se reconstruire. Les traumatismes consécutifs au harcèlement moral sont de même nature que ceux consécutifs à un viol. Dans mon cas, où plusieurs collègues ont accepté la demande de ma hiérarchie locale de témoigner à charge malgré l’absence de fautes réelles. Les séquelles sont de l’ordre du viol collectif.  »

« Pas un hasard »

Les conséquences ne sont pas que morales. «  Sans salaire pendant un an, je me suis retrouvé aux Restos du cœur et au Secours populaire. Ça m’est arrivé deux fois dans ma carrière !  » Il a écrit à la ministre en octobre 2016. Aucune réponse. Est-il victime d’acharnement ? «  Ce n’est pas un hasard si ça tombe sur des enseignants qui ont une haute idée de leur travail.  » Porter plainte ? «  C’est compliqué. J’ai fait confiance à l’administration !  »

Rattaché au collège de Mazingarbe, il est en arrêt maladie depuis trois ans. «  Je veux sortir par le haut de cette situation. J’ai plusieurs fers au feu au tribunal administratif. Je ne demande qu’une chose : travailler.  »

 

L’Education Nationale, une Machine à broyer / Isabelle DIGNOCOURT (2) L’ordre est donné aux enseignants de… ne plus enseigner ?

Le quotidien régional La Voix du Nord a eu l’excellente idée de publier deux articles distincts sur le livre-témoignage d’Isabelle DIGNOCOURT.

Le premier, de Marie JANSANA, réservé à son édition de Saint-Omer, est paru le 21 août.

Le second, de Laurent DECOTTE, a été publié hier en pages régionales. Le 3 septembre, veille de la rentrée des élèves : de quoi (peut-être) faire réfléchir les parents sur les enjeux réels de l’éducation.

Aujourd’hui limitons-nous à une lecture du premier de ces deux articles de La Voix du Nord.

D’abord, j’aimerais dire merci. Merci à Isabelle DIGNOCOURT pour son combat en faveur de l’Ecole de la République. Et merci à Marie JANSANA pour faire correctement son travail, là où tant de ses collègues journalistes se contentent de reproduire les éléments de langage, la communication, la propagande officielle en la saupoudrant d’un peu de discours de café du commerce (Les profs sont des privilégiés toujours en vacances ou en grève et trop bien payés pour ce qu’ils font. Salauds de fonctionnaires qui plombent l’économie du pays… Moi, c’est bien simple, le premier prof’ que je croise, je le cogne ! etc.)

Sans avoir lu encore L’Education Nationale : une Machine à broyer, je peux dire que cette partie du petit entretien avec la journaliste est dans le vrai :

« […] j’impose aux élèves l’apprentissage par cœur. Je leur dis que c’est en faisant des efforts qu’on réussit, en s’entraînant comme pour leurs sports. Alors qu’en formation, on nous dit de faire du ludique ; que le par cœur, les tables de multiplication, la conjugaison, ne servent à rien ! Je persiste : mon apprentissage n’est pas ludique car je ne suis pas animatrice de centre aéré, et je dis cela en ayant beaucoup de respect pour cette profession. »

C’est une réalité ! Lors des stages de formation, on demande et on impose aux enseignants de faire du ludique, de l’amusement, du divertissement. On demande de ne plus apprendre aux élèves.

Vous avez bien lu : ce sont les formateurs, et les Inspecteurs de l’Education Nationale eux-mêmes qui nous ordonnent de laisser tomber l’orthographe, la grammaire, le par-coeur, les grands textes de la Littérature et tout ce qui est un peu difficile, compliqué, bref, sérieux. Parfois c’est dit sans ambages, sans tourner autour du pot, et avec menaces voilées à la clef. Parfois c’est suggéré de manière un peu plus subtile. Mais toujours ce sont les collègues qui acceptent de renoncer aux exigences qui sont félicités, encouragés, montrés en exemple, et qui obtiennent de meilleures conditions de travail, un meilleur salaire, des hochets et des faveurs concrètes dans leur quotidien : aucune jalousie malplacée mais le constat que le système est orienté dans ce sens : transformer une Ecole qui transmet des savoirs en une garderie où on fait mine de.  Cela passe par le formatage des professeurs, qui acceptent de scier la branche sur laquelle tout le monde est assis, dans le seul but de satisfaire un intérêt purement personnel.

Les jeunes enseignants qui entrent dans le métier sont moulés dans les ESPE (lieux de formation) pour suivre cette évolution régressive du métier : se contenter d’occuper les élèves, de faire des jeux et des activités, bref, du gnan-gnan et du copain-copain, parce que l’adulte-référent, l’enseignant expert dans son domaine, le professeur qui apprend et transmet aux élèves, c’est du passé, vous comprenez… 

 

index

 

Qui le croirait ? Beaucoup d’Inspecteurs prennent plaisir à démolir et à licencier les profs qui résisteraient, ainsi que des enseignants en témoignent sur ce « fil » du forum néoprofs : http://www.neoprofs.org/t110933p225-les-licenciements-d-enseignants-stagiaires-ont-double-en-trois-ans#4134476

Quels sont les journalistes qui en parlent… ? Il y a surtout celles et ceux qui se taisent. Ou pire : qui font des reportages complaisants sur l’école du divertissement et de la glandouille.

 

index

book-burning

index

jeu_ludique1_web

index

Bien sûr, à court terme, la plupart des enfants et des ados préfèreront jouer en classe plutôt que de travailler. Et les parents seront ravis d’apprendre qu’officiellement, leurs gosses sont de véritables petits génies, dont les moyennes scolaires sont épatantes, et ce alors qu’ils n’en fichent pas une ramée. Mais le réveil est brutal, quand à 14 ans, 16 ans, 18 ans ou 20 ans, on se rend compte que…


Pierre-André DIONNET

 

******************************************************************************************************************************************

http://www.lavoixdunord.fr/206997/article/2017-08-21/l-education-nationale-une-machine-broyer-le-cri-de-colere-d-une-prof#

Aire-sur-la-Lys

« L’Éducation nationale,

une machine à broyer »,

le cri de colère d’une prof

La professeur de lettres classiques, habitante d’Isbergues, s’est mobilisée contre la réforme des collèges. Le livre en découle.

La professeur de lettres classiques, habitante d’Isbergues, s’est mobilisée contre la réforme des collèges. Le livre en découle.

Vous dressez un tableau très noir.

« Oui c’est noir. Tout ce qui tourne autour de mon métier est une forme de souffrance, et je ne suis pas la seule à le ressentir. Des collègues me disent qu’ils sont passés par là. »

Quel est le point le plus grave ?

« La maîtrise du français. J’aide des élèves en maths qui n’ont pas compris une consigne, le vocabulaire. On fait le constat qu’ils réussissent de moins en moins. Ce n’est pas la faute des professeurs mais de l’institution. Mes enfants âgés de 10 ans savent peut-être plus de choses que moi à leur âge mais c’est du saupoudrage. Je parle de construction des phrases à mes élèves latinistes, certains ne savent pas différencier les attributs du sujet du COD. On nous répond que ce n’est pas l’essentiel, l’important est qu’ils sachent écrire, penser, parler spontanément. Mais si on ne maîtrise pas l’outil, on ne peut pas s’en servir. »

Vous êtes très critique sur les réformes successives.

« Elles vont toutes dans le même sens. Celle du collège creuse les inégalités sociales, et territoriales. Les classes bilangues et le latin ont été davantage conservés à Paris que dans le Nord. »

Qu’est-ce qui vous fait continuer ?

« Mes élèves ! Ils ont une soif de savoir et de connaissance. Bien sûr, ils n’ont pas tous les mêmes aspirations, mais il y a toujours un moyen de les intéresser. Les enfants sont curieux. On ne leur fait pas assez confiance. J’ai aussi envie de transmettre. Enfant, j’ai rapidement compris, avec l’aide de mes parents, que la connaissance, c’était la liberté. »

Y aura-t-il un deuxième tome ?

« Une chose à la fois. Il faut laisser ce livre vivre sa vie. »

Avez-vous eu peur de la sanction ?

« Je l’ai encore. Des collègues ont été blâmés, convoqués par leur inspecteur pour avoir raconté une journée de formation sur les réseaux sociaux. »

Vous appelez à résister.

« J’essaye d’apporter le maximum à mes élèves. Je ne me résigne pas, je suis en résistance depuis longtemps, en secret. Je fais des évaluations de vocabulaire, j’impose aux élèves l’apprentissage par cœur. Je leur dis que c’est en faisant des efforts qu’on réussit, en s’entraînant comme pour leurs sports. Alors qu’en formation, on nous dit de faire du ludique ; que le par cœur, les tables de multiplication, la conjugaison, ne servent à rien ! Je persiste : mon apprentissage n’est pas ludique car je ne suis pas animatrice de centre aéré, et je dis cela en ayant beaucoup de respect pour cette profession. »

Quelles solutions ? Vous proposez un Grenelle de l’éducation.

« Je n’ai pas les solutions. Ce sont des experts qui n’ont pas ou peu enseigné qui parlent de notre métier. Mais quand fera-t-on confiance aux professeurs, les premiers concernés ? »

Le point de départ, une lettre.

Une nuit d’insomnie en mars 2016, la professeur de lettres classiques écrit une lettre à la ministre de l’Éducation nationale, pour dénoncer la réforme du collège. Elle y met sa colère, son sentiment d’être méprisée, tout comme son métier. Son courriel, partagé sur les réseaux sociaux, devient lettre ouverte sur lepoint.fr, dans la rubrique des « invités » du portail, par l’intermédiaire de Jean-Paul Brighelli, connu pour ses critiques du monde de l’enseignement.

Julie Daniel, éditrice aux Éditions du Rocher, repère le courrier. «  Cette lettre était forte, très bien écrite  », se rappelle l’éditrice qui propose à Isabelle Dignocourt d’écrire un essai et accompagne sa rédaction.

« Premières désillusions »

Le livre, à la première personne, est une prolongation de la lettre. La prof retrace son parcours, la naissance de sa vocation, ses «  premières désillusions  ». Elle pointe les dysfonctionnements du «  système  ». Elle dénonce les moult réformes de l’enseignement et s’arrête longuement sur celle du collège, sans laquelle cet ouvrage n’aurait pas existé. Elle s’était alors mobilisée localement – «  c’est absolument historique  », disait-elle le jour d’une manifestation des enseignants des collèges public et privé d’Aire-sur-la-Lys – et dans le collectif national Condorcet.

«  J’étais intéressée par le recul d’Isabelle sur l’Éducation nationale, elle a fait beaucoup de recherches sur le sujet, poursuit son éditrice. C’est un coup de gueule, sa plume est assez acide. Elle fait un constat terrible sur la régression de l’Éducation nationale. Cela touchera tous ceux qui ont des enfants. »

Le livre, tiré à 2 800 exemplaires, sort le 23 août (Éditions du Rocher, 18,90 €, 223 p.).

 

Les cinq bacheliers (4) Défendre l’administration !

 

Défendre l’administration de l’Education Nationale. Oui, dans le « super » drame « super » angoissant des cinq bacheliers, il faut défendre l’Education Nationale, et je veux m’en faire ici l’avocat.

Pourquoi ?

Mon précédent billet est à lui seul une première réponse. Certes, il y a eu une erreur de la part de l’administration. Non, ce n’est vraiment pas agréable de passer des oraux du bac dans de telles conditions. Non, ce n’est pas normal. Non, le fait que ces cinq candidats ne se soient pas préparés de façon assez efficace pour éviter le repêchage, cela ne justifie en rien un tel désagrément.

Mais était-il nécessaire d’hystériser les choses au point de fondre tous en larmes, et – je cite la journaliste – de ne conserver de cet épisode, pour seuls sentiments que ceux d’être « révoltés » et « démoralisés » à tel point que l’anecdote soit présentée sous un jour aussi irrémédiablement tragique ? Bref, n’en fait-on pas un peu trop ?

03La-tragedie-grecque-Decembre2016

Mais si, bien sûr, on en fait trop, et cela en devient absurde.

Il est à peu près certain que ces cinq futurs bacheliers, s’ils n’avaient pu rejoindre à temps le bon centre d’examen, auraient pu repasser leur épreuve dans l’après-midi ou un autre jour. Puisque l’administration avait commis une erreur, c’est de bonne grâce qu’elle l’aurait réparée. Et si cela n’avait pas été le cas, là, oui, il aurait été nécessaire, alors, de médiatiser les choses et de ruer dans les brancards, pour que le rectorat répare sa bêtise.

image_les_grands_chiffres.jpg

Pourquoi La Voix du Nord ne rappelle pas quelques chiffres, histoire qu’on puisse mesurer le taux  de bourdes, et le taux d’efficacité de l’administration ? Le nombre de candidats au bac cette année, dans l’académie de Lille ? Le nombre d’épreuves ? De surveillants ? De salles ? De correcteurs ? D’examinateurs ? D’oraux ? De copies ? De notes ? De réunions d’harmonisation? C’est une machine bien lourde, tout doit être mis en oeuvre pour éviter la moindre erreur. Mais des erreurs d’organisation, il y en a, il y en a toujours eu, et il y en aura toujours. Et les pires erreurs d’organisation du bac ne sont certainement pas celles dont vous parle la presse quotidienne régionale…

Remis dans ces justes proportions, on peut à la fois déplorer toute erreur, et se féliciter que cela ne soit pas si courant, tout de même…

Car sans recul, que retient-on de cet article ? Le dernier mot est donné à un commentateur, sur le site de La Voix du Nord :

Comment voulez vous avoir de bons élèves quand c’est le bordel dans l’Éducation Nationale ? ?

Ven, 07/07/2017 – 11:16
beauf_cabu

 

On appréciera la finesse du propos. Alors, Michel, comment dire… Lorsqu’on s’exprime publiquement, pour une déclaration de moins de 20 mots, on évite d’employer parmi ces mots un terme comme « bordel ».

Ensuite une ou deux erreurs parmi des dizaines de milliers de convocations, ça n’est pas le binz intégral, tout de même.

Et puis si ces élèves étaient si « bons »… ils n’auraient pas eu besoin du rattrapage, ça ne t’a pas effleuré l’esprit ? Non, ça ne lui a pas effleuré l’esprit…

Pour avoir de « bons élèves », tu ne crois pas qu’il faut que ces élèves se sortent les doigts des poches et qu’ils bossent un peu ? Et tu crois que c’est un critiquant l’EN, donc les fonctionnaires et les profs, qu’on devient un « bon élève » ? Ah ben non, c’est exactement l’inverse : c’est en respectant le savoir et les enseignants qui tiennent la route (il en reste encore, de vrais enseignants…) qu’on peut s’approprier ce savoir, et la culture, et les codes qui font qu’on évite de placer le mot « bordel » à tout bout de champ quand on s’exprime en public.

Pierre-André DIONNET

 

279011-le-bordel-melancolique-de-bonello.jpg

Les cinq bacheliers (3) Victimes d’un drame humain sans commune mesure…

 

Vous avez pu découvrir ici , dans ce précédent billet, la mésaventure vécue par cinq futurs bacheliers. La lecture de cet article de La Voix du Nord peut amener le lecteur pas trop mouton à toutes sortes de remarques, pour ma part, je dégagerai deux blocs d’idées à partir de ces réflexions.

Le premier est centré sur ces cinq lycéens, et le second sur l’administration. Traitons aujourd’hui du premier.

 

 

CINQ LYCEENS ECHOUENT AU BACCALAUREAT MAIS BENEFICIENT D’UNE POSSIBILITE DE RATTRAPAGE

 

logo_2015

Avant d’évoquer le dysfonctionnement concernant le lieu des oraux de rattrapage, on aurait pu rappeler que ce rattrapage est une seconde chance, une deuxième possibilité, une opportunité supplémentaire, proposée, donnée, offerte aux candidats qui ne se sont pas préparés assez efficacement pour réussir. Une très grande majorité de leurs camarades de classe se voient d’emblée accorder le diplôme, qui est devenu de plus en plus « accessible ».

0507163

L’article ne dit rien à ce sujet, et débute ainsi : « Mercredi, les résultats tombent. Pour certains la nouvelle est dure à avaler… c’est le rattrapage qui les attend ».

« La nouvelle est dure à avaler ». Comment cela ? Est-ce à dire que ces cinq bacheliers ne s’y attendaient pas ? J’ignore tout de ces cinq ados, et bien évidemment il n’est pas agréable de vivre l’erreur d’aiguillage dont il est ici question. Mais, franchement… Si on pouvait bien situer les choses…

Ce sont d’abord des élèves de terminale, qui viennent de passer trois années ou plus au lycée, et qui se sont plantés au bac. Du moins dans un premier temps. Et je leur souhaite vivement d’obtenir leur diplôme à l’issue de leurs oraux de repêchage.

Mais pourquoi n’ont-ils pas obtenu plus de 10 sur 20 au baccalauréat ? Là où d’autres obtiennent 21 sur 20 ? Voir ici quelques exemples de lycéens dont les résultats inspirent le respect.

aaa une_rattrapage.png

Chacun de ces cinq lycéens a peut-être travaillé assidument toute l’année. Ou peut-être pas. Peut-être n’en ont-ils pas foutu une ramée. Mais oui…

Demandez-donc autour de vous si tous les élèves écoutent en cours, et travaillent chez eux – non pas au maximum de leurs possibilités – mais au moins le minimum nécessaire pour suivre ce qui leur est demandé. J’ai eu la chance d’enseigner à Bruay-la-Buissière et aux environs, j’ai des amies, des amis, des collègues qui  enseignent toujours dans divers établissements de cette commune. Oui, il y a des élèves sérieux, qui se donnent de la peine, qui font des efforts, qui essayent de s’en sortir. Quelles que soient leurs possibilités intellectuelles et leurs conditions familiales. Cela existe, oui. J’en ai rencontré 🙂 . Et puis il y a aussi des élèves, y compris des lycéens de Terminale, qui glandouillent toute l’année, et qui ont glandouillé de l’école primaire au lycée en passant par le collège, et pour ceux qui ne le croient pas, lisez ceci, c’est tout frais ça vient de sortir hier soir :

Re: Résultats du bac décevants pour mon fils

par Tallulah23 Hier à 22:19

« Cette année, dans une classe, j’avais un certain nombre de redoublants. Beaucoup ont passé l’année les yeux rivés sur leur iphone malgré les avertissements/ remontrances/ heures de colle que j’ai pu distribuer. Ils ont tous raté leur bac à nouveau, sauf ceux qui avaient décollé de leur iphone, un peu suivi en cours et travaillé à la maison. Honnêtement, je me suis demandé toute l’année pourquoi les parents leur avaient laissé leur magnifique iphone pour leur deuxième terminale. Ils auraient bien survécu avec un téléphone un peu moins performant, et auraient peut-être fait autre chose de leurs journées que de jouer à des jeux. »  

par Stef87 Hier à 23:20

«  J’enseigne au lycée (classes de Ts et STMG), effectivement je constate la même chose. Les téléphones sont à la mode, ils ne se rendent pas compte des enjeux du bac et après ils s’étonnent du résultat. »

http://www.neoprofs.org/t112197p150-resultats-du-bac-decevants-pour-mon-fils#4142087

aaaa

Bref, la journaliste de La Voix du Nord a choisi d’évacuer la question, considérant – à tort ou à raison – que ce n’était pas le sujet, et pourtant la question est aussi là. Elle est D’ABORD là.

Comment se fait-il que ces cinq lycéens n’aient pas obtenu des notes leur permettant d’éviter le repêchage ? Alors que des résultats médiocres (oui, 10 / 20, c’est médiocre, mais ça passe… cela s’appelle de l’indulgence) suffisent à ce qu’on vous donne le bac, et que tout est fait pour que ces notes soient gonflées ?

aaborn-600x337.jpg

Une amie m’a suggéré que peut-être, ces candidats avaient perdu tous leurs moyens lors des épreuves de la première session. Excellente observation. C’est possible. Ce n’est pas impossible. On peut leur donner ce crédit. On peut et bien sûr il faut accorder à ces ados le droit de ne pas savoir encore mobiliser au mieux leurs ressources le jour des épreuves du bac. On peut aussi enfoncer ces portes ouvertes… tellement ouvertes que la majorité des élèves les ont refermées : il faut bosser, s’entrainer toute l’année, accumuler des connaissances solides, pratiquer les exercices, bref se préparer par le travail. ET c’est la meilleure façon d’assurer le jour J. Et donc, JUSTEMENT, de ne pas perdre tous ses moyens… … …quand on en a – c’est-à-dire quand on s’est donné les moyens de réussir, grâce au travail fourni auparavant 😉 . La boucle est bouclée.

Quand on en arrive à passer par l’épreuve du repêchage, on est AUSSI en droit de se poser les bonnes questions sur SA responsabilité dans cet « échec ». Ai-je été sérieux pendant l’année ? Et les années précédentes ? Et celles encore avant ? Ai-je jamais spontanément ouvert un bouquin de ma vie ? Est-ce que je me donne les moyens de me forger une culture ? D’apprendre ? D’aiguiser mon esprit ? Combien d’heures d’écrans et de jeux videos par semaine, et combien de minutes dans mes cahiers ? 🙂 Un enseignant qui tient la route vous dira que le bac ne se prépare pas le jour du rattrapage. Ni seulement au mois de juin. Ni uniquement pendant l’année de Terminale. Ni seulement au lycée, mais bien avant. Et au risque de heurter les nigauds, je dirai : avant le collège même. Mais oui… Ce n’est pas au collège qu’on apprend que 3 et 4 font 7, et que la plupart des noms communs prennent un « s » au pluriel. C’est – en principe – bien avant. A l’école primaire. Et le jour du bac, les connaissances apprises à l’école primaire, eh bien, il faut AUSSI les mobiliser. Vous avez déjà lu des copies des derniers crus du baccalauréat ? 😉

bac-2015-gare-a-votre-orthographe-les-fautes-sont-redhibitoires--lg-29127.jpg

Facile, lorsqu’on n’est pas fichu (par exemple) ni le jour du bac, ni pendant l’année scolaire, de conjuguer un verbe simple au présent de l’indicatif – ce qui est du niveau de l’école primaire – de mettre ses mauvais résultats sur le compte du dernier professeur qu’on a croisé ou sur celui d’une défaillance de l’administration. Qui empêche les ados qui truffent leurs copies de fautes d’orthographe et de syntaxe, de travailler cela pendant l’année ? Personne. Et personne n’empêche les candidats au bac de se préparer sérieusement pour chaque épreuve. Assez sérieusement pour ne pas passer par la case du rattrapage.  

Donc, cette formulation « La nouvelle est dure à avaler » me laisse franchement perplexe. D’emblée cela donne une couleur au corps de l’article : c’est dur à avaler qu’on ne vous donne pas le bac, quoi. On le donne bien aux autres, y compris aux pires branl glandeurs, alors pourquoi pas moi ? Pourquoi pas nous ? Calimero, sort de ce corps !

Les exigences du baccalauréat se sont effondrées car on demande aux correcteurs de truquer, de bidonner et d’augmenter les notes via des barèmes ultra-complaisants, et on repasse derrière eux pour les augmenter encore. Pour autant, le baccalauréat n’est pas un dû. Pas encore tout à fait, du moins…

J’aurais préféré que la journaliste précise en trois mots que ces candidats MERITAIENT réellement le bac car ils avaient bien bossé et qu’ils ont le niveau, et que des circonstances extraordinaires les avaient fait échouer, d’où leur déception. Et que de nouvelles circonstances tout aussi « extraordinaires » – celles exposées dans cet article de notre quotidien régional préféré – les avaient empêché de passer dans de bonnes conditions l’oral de rattrapage, qui est une « seconde chance » rappelons-le.

Mais qu’en disent ces lycéens ? « J’étais déjà super angoissé. C’est le bac, donc c’est important ».

Ah, on y vient… C’est le bac, donc c’est « important ». Et là, je connais beaucoup d’enseignants qui, pris d’une certaine Schadenfreude en lisant cela, ont envie de répondre : « Mais alors Quaivinou, pourquoi t’as pas pris les choses un peu plus au sérieux, AVANT ? Tu disais pas ça, pendant l’année ? ». (Encore une fois, c’est une remarque d’ordre général, je ne connais pas ces cinq candidats, qui sont sans doute très travailleurs et extrêmement méritants). Et d’autres ajouteraient « Si tu es « super angoissé » comme tu dis (…), c’est passque tes professeurs sont de grands sadiques qui te veulent du mal et te font rater l’épreuve… ou bien parce que tu sais que t’as « super rien foutu » de l’année et que tu n’es «  super pas au niveau » et « super pas prêt » ? Yerk ! Yerk ! ». Pour ma part je ne me réjouirai pas de la petite mésaventure de ce candidat , mais c’est la suite de son propos qui me fait réagir…

z6296553264_e6dea9fdec_o

« J’étais déjà super angoissé. C’est le bac, donc c’est important et on nous rajoute des bâtons dans les roues. »
Alors, d’abord, mon petit Julien, tes professeurs de français te l’ont appris, ils te l’ont répété, pendant quatre années de collège et trois de lycée… Tu n’as pas dû bien les écouter… On ne dit pas « rajouter » mais « ajouter ». C’est plus rélégant. 🙂 RLOL !

RbHDpBpwCoRKm5MxZ8nww_m

Bon, donc quand vous passez le bac, sachez-le, tout est fait pour vous « ajouter des bâtons dans les roues ». 🙂 🙂 🙂 Rires. Gag. Bonne blague. C’est une façon de voir les choses.
Rhhhhôôoô ! Mais qu’est-ce qui sont méchants, ces fonctionnaires de l’Education Nationale. C’est pas des gentils, non, non… Y font rien qu’à vous mettre des bâtons dans les roues. Et ils en mettent un, puis deux, puis trois. Et ils continuent ! Ils en ajoutent, encore et toujours et encore. Jusqu’à ce qu’on échoue aux pieds du bac même que c’est de leur faut’ quand qu’on l’a pas, le bac. Z’ont rien d’aut’ à fout’ qu’à emm. les élèves ? Vivement qu’on les mette au travail, ces salauds de fonctionnaires ! (J’explicite un peu le sous-texte, einh… 🙂 Vous avez compris l’idée générale…).
Bah oui, c’est sûr… On t’a « rajouté » tellement de bâtons dans les roues qu’on se demande comment dans de telles conditions ton voisin obtient la mention Très Bien avec une moyenne de 21 /20. On « rajoute » tellement de bâtons aux valeureux candidats… Heureusement leurs roues sont tellement solides, avec des pneus bien gonflés, et ces candidats se sont tous tellement bien préparés, jour après jour, soir après soir, 4 heures chaque soir de travail, minimum ! Et les week-ends complets passés à apprendre, à faire et refaire des exercices, sans relâche ! Toute cette belle préparation par terre à cause de ces maudits fonctionnaires privilégiés pas fichus de donner une convocation correcte . Ah là là, gross malheur, dis-donc.

« Heureusement que la mère d’Alexis était encore là pour nous amener ». Mais un peu de bon sens, mutin du bord de la mer ! Même si la mère d’Alexis-le-plus-Grand-bosseur-de-tout-le-lycée n’avait pas été là pour se mettre dans la peau de Michèle Mouton l’espace d’une heure, on vous aurait permis de repasser votre oral plus tard, ou un autre jour ! Il n’y avait pas de quoi conduire aussi dangereusement (« en trombe » et à tombeau ouvert si on en croit l’article) au risque d’accidenter, de blesser ou de tuer quelqu’un, et vraiment  pas de quoi paniquer à ce point ! Cinq grand gamins de 17 ou 18 ans « en pleurs ». Mais c’est pire qu’entre les pattes de l’intello Moundir et que dans les plus débilitantes des émissions de téléréalité ! C’est l’enterrement de Lady Diana, ou quoi ? Etait-il indispensable de pleurer, de fondre en larmes, de braire en braillant tous les cinq ? Ne pouvait-on pas faire appel au rationnel plutôt qu’à se laisser aller à l’émotion, était-il donc impossible de prendre un peu de recul ? Relativiser, quoi… Le jour où ils vont découvrir – entre autres choses –  ce qu’est la vie des migrants (il y a des familles de migrants qui vivent à Bruay-la-Buisière, Emmaüs les accueille et les aide et c’est une très bonne chose), qu’est-ce que ce sera ? Ce ne seront plus seulement des larmes, ce sera quoi ? Ils vont tous les cinq se rouler par terre, pleurer du sang, et hurler à tue-tête en se frappant la poitrine jusqu’à l’asphyxie ?

1401414839069.png

 

Mais pour se cantonner au domaine scolaire… Tiens, je me demande quelle serait la réaction de ces cinq lycéens s’ils découvraient l’envers du décor du quotidien professionnel de telle de leur enseignante ou de tel de leur enseignant ? Quoi qu’il en soit, j’imagine a priori qu’ils ont toujours été très respectueux du travail et des personnes qui leur ont permis d’accéder au bac : personnels d’entretien, de cantine, surveillants, profs, C.P.E., direction, et aussi camarades de classe… Et j’espère que tous les cinq obtiendront leur baccalauréat, et que cette erreur d’aiguillage ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir…

slide-image-1.jpg

Naïvement, je pensais que le bac c’était aussi un passage symbolique à un âge un peu plus « adulte »… Cet âge où on vous donne le droit de vote. Où on se comporte pleinement en citoyen (avec ou sans le bac). Et où – plus en tout cas que chez un enfant en bas âge –  la raison prend le pas sur les émotions. Non ? Pour le dire autrement, le bac est constitué d’ « épreuves ». Une « épreuve » est peu ou prou « éprouvante », il faut y « faire ses preuves ». L’équilibre et la maturité affective, le contrôle et la maitrise des émotions, la force mentale, les bonnes réactions face au stress… Tout cela est à mettre en œuvre le jour du bac. Eh bien oui. Aussi bien face au stress que face au « super » stress «  super angoissant » pour reprendre le mot d’une des « super » victimes de ce « super » drame humain.

zen

 

Personnellement j’aurais employé un adverbe ou un adjectif plus explicite et mieux adapté que « super »… J’aurais parlé d’une situation « extrêmement angoissante », «  particulièrement angoissante » ou d’une « angoisse très éprouvante » , mais pas de quelque chose de « super » ni de « waaalaaalaaatrocoooooooollllldidon »… Car enfin, développer un peu de vocabulaire au cours de sa scolarité, ça n’est pas plus difficile que de tomber sur le râble de l’administration à la moindre de ses défaillances… si ?

Mais ce n’est pas fini… « L’héroïne de la situation » ajoute : « Ça leur est préjudiciable, ils sont dans des conditions de stress élevés pour passer les épreuves. »

Certes. Mais pourquoi cette « héroïne » n’a-t-elle pas davantage dominé la situation ? Pourquoi n’a-t-elle pas calmé les esprits ? Calmé, apaisé, tranquillisé et rassuré ces ados ? Pourquoi ne les a-t-elle pas rassurés, réconfortés, ramenés à la raison ? Fallait-il autant en « rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrajouter » et maudire l’Education Nationale au point que tous s’effondrent en pleurs ? 

2cccfa5c.gif

Et puis c’est quoi, « des conditions de stress élevés » ? Comprends pas… Littéralement, je pige pas… Ce ne sont pas les conditions qui sont élevéEs (au féminin). Ce n’est pas le stress qui est élevé (au singulier). Mais c’est quoi, cet OVNI grammatical ? Bon, je plaisante… là, je chipote un peu, et vous trouverez aussi des coquilles dans mes textes, c’est humain. 🙂

Une mère d’élève conclut par cette formule lapidaire : «  Nous, nous sommes révoltés. Eux, ils sont démoralisés »… « Révoltés », oui. C’est bien leur droit. D’autant que leurs grands bambins déjà barbus, on le répète, ont très probablement bossé énormément toute l’année, qu’ils ont toujours donné le meilleur d’eux-même, qu’ils se sont donnés les moyens de réussir, qu’ils ont visé l’excellence, et qu’ils méritaient qu’on leur donne le bac avec plus de 16 de moyenne générale. Et que si cela n’avait pas été le cas, s’ils n’avaient pas bossé un peu plus de deux heures par semaine, ces parents auraient été « révoltés » et pas qu’un peu contre leur progéniture, et ça ne se serait pas passé comme ça, ils les auraient dare-dare mis au travail, et pas question de faire semblant de faire ses devoirs dans sa chambre et de se ruer sur la console ou sur lapinscrétins.com dès que bonne-maman-gâteau a le dos tourné, einh ?

En attendant d’être certains que, pour se faire pardonner, l’institution scolaire leur accorde leur diplôme sans plus barguigner, ces cinq futurs bacheliers, « eux, ils sont démoralisés. » Vont-ils pouvoir un jour se remettre d’un tel traumatisme ? Je le leur souhaite. Mais visiblement ça sera dur, vu l’énormité ineffaçable de ce drame atroce.

dd7049d1a206f26952369760be4cc2e4--drame-les

Pour remonter la pente, ces cinq héros-malgré-eux peuvent se raccrocher à cette idée : heureusement, il est certain que dans leur vie d’adulte, jamais plus, plus jamais, ils ne vivront un cauchemar aussi « super angoissant ». La fatalité ne peut pas s’acharner davantage sur une même et seule personne, c’est statistique : une bombe tombe rarement là où une autre a déjà causé des dégâts. D’autant qu’une fois le bac en poche, ce sera une toute autre vie qui s’ouvrira à eux, loin du chômage, des risques de maladies, et de toute esquisse de souffrance. Oui, le bon côté des choses, c’est qu’en comparaison de ce drame humain atroce, cette « super » horreur « super » horrible, tout le reste de leur existence, quoi qu’il advienne, sera pavé de miel, de plénitude absolue et de douceurs dorées…

garden-of-eden

La suite au prochain numéro (la suite ? ma défense de l’administration, sur ce coup-là).

Pierre-André DIONNET

Les cinq bacheliers (1) Défendre l’administration de l’Education Nationale ?

 

               Les quatre bacheliers de BRASSENS étaient coupables, et étaient, en tant que tels, montrés du doigt par la bonne société comme par leurs propres familles (1).

Les cinq bacheliers de La Voix du Nord sont des victimes, et c’est toute l’administration de l’Education Nationale qui est pointée du doigt, unanimement…

Unanimement ? Pas tout à fait… Pas tout à fait, donc… pas du tout de façon unanime. 🙂 Vox clamentis in deserto, mais vox clamentis tout de même, je voudrais prendre ici la défense de cette administration. Oui, aujourd’hui et sur ce point je prendrai sa défense. Demain, sur ce blog, j’aurais mille et dix mille occasions – d’excellentes occasions ! – d’évoquer ses dérapages et ses dysfonctionnements, qui peuvent mener entre autres drames humains au suicide de nombre de ses agents. Preuves à l’appui, comment l’administration de l’Education Nationale peut se montrer ultra-déloyale, inhumaine, absurde, kafkaïenne, hors des clous, nocive, délinquante, meurtrière et pire encore. Tout un programme…

Comment dans tel rectorat Madame X, cheffe de bureau, et comment Monsieur Y, haut fonctionnaire, refusent d’appliquer les textes officiels édictés par leur propre administration, sans qu’aucun tribunal administratif n’y voie malice.

Comment ils franchissent et piétinent impunément la ligne jaune et la ligne rouge – ce qu’en théorie le code pénal devrait sanctionner.

Comment, au-delà des Lois s’appliquant au commun des mortels, ils violent les principes-mêmes de la République – excusez du peu.

Pédophilie ? Viols ? Violences physiques et psychiques ? Harcèlement hiérarchique sexuel et moral ? Détournement d’argent public ? On le saura bien assez tôt, comme expliqué ici :

https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2017/03/27/mais-faites-taire-ce-ptit-prof-bon-sang-la-genese-du-blog/

On le saura bien assez tôt, à moins que d’ici là, rue Saint Jacques, le bon sens et la bonne volonté prennent le dessus et rendent inutiles de déballer quoi que ce soit – mais je n’y crois guère… Quatorze années de patience, de démarches et de tentatives de dialogue m’ont prouvé – jusqu’à présent du moins, restons résolument ouvert, optimiste et positif 🙂  – qu’à moins de faire des vagues (et même lorsqu’on en fait…) l’institution scolaire pouvait s’accommoder des pires villemoissoneries qui soient.

Ah, oui… si vous lisez parfois ce blog, vous aurez remarqué que je n’hésite pas à employer ou à créer des néologismes pour maintenir votre attention et égayer un peu mon propos. Une villemoissonerie n’est rien d’autre qu’une situation ressemblant à ceci : http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/22/pedophilie-dans-l-affaire-de-villemoisson-l-education-nationale-a-commis-une-erreur-d-appreciation_4906726_3224.html

Cet article de Libé est bien documenté et aborde de bonnes questions sur le drôle de fonctionnement, les lourdes failles et l’opacité coupable de l’institution scolaire : http://www.liberation.fr/france/2016/04/21/pedophilie-college-de-villemoisson-failles-et-soupcons_1447822 . Mais surtout ne répétez pas que c’est moi qui vous ai appris ce que c’était qu’une villemoissonerie, ni qui ai attiré votre attention sur les tristes réalités désignées par ce terme. Mon employeur permet aux journalistes d’en parler, mais qu’en bonne connaissance de ces réalités troubles et de ces pratiques tordues, un simple petit prof’ ose apporter un peu de lumière sur ces sujets tabous,  et ce serait la révocation immédiate. 🙂

Les 35 inspecteurs de l’Education Nationale, chefs d’établissements, syndicalistes, enseignants, etc. qui ont siégé lors de cette commission paritaire qui décida que… Ces 35 braves personnes sont d’excellents fonctionnaires. J’y reviendrai si nécessaire. Ils ont un nom et un visage et la dilution des responsabilités, ça va deux minutes, que ce soit à Lille ou à Versailles.

Pour en revenir à nos mout…  malheureux bacheliers, en attendant de me faire l’honneur de lire ce que j’ai à en dire, pourquoi ne vous feriez-vous pas votre propre opinion sur la question du jour ? Les mésaventures des cinq futurs bacheliers sont rapportées ici : http://www.lavoixdunord.fr/188130/article/2017-07-06/cinq-eleves-ont-ete-envoyes-dans-le-mauvais-lycee-pour-le-rattrapage?utm_source=mailing&utm_medium=email&utm_content=article-1&utm_campaign=newsletter-soir

A bientôt pour lire la suite…

Pierre-André DIONNET

(1) A l’exception d’une seule de ces familles. L’anecdote purement autobiographique inspira cette chanson à Georges BRASSENS. Une chanson sur la bienveillance, la vraie. 😉

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

http://www.lavoixdunord.fr/188130/article/2017-07-06/cinq-eleves-ont-ete-envoyes-dans-le-mauvais-lycee-pour-le-rattrapage?utm_source=mailing&utm_medium=email&utm_content=article-1&utm_campaign=newsletter-soir

Bruay-la-buissière

Cinq élèves ont été envoyés dans le mauvais lycée pour le rattrapage

Cinq élèves de terminale ES du lycée Carnot ont vécu une aventure malheureuse ce jeudi matin. Invités à passer le rattrapage du bac, ils ont été envoyés dans le mauvais lycée.

Par Morgane Goldenstein | Publié le 06/07/2017

149 partages

partager twitter Le journal du jour à partir de 0.79€

Les élèves étaient en panique hier matin quand ils ont appris qu’ils n’étaient pas au bon endroit pour passer le rattrapage.

Panique à bord pour cinq élèves du lycée polyvalent Carnot jeudi matin. Mercredi, les résultats tombent. Pour certains la nouvelle est dure à avaler… c’est le rattrapage qui les attend. Peu de temps pour replonger le nez dans les révisions puisque les épreuves se déroulent le lendemain. Un stress accentué lorsqu’ils ont appris ce jeudi à 8 h, heure de convocation, qu’ils n’étaient pas au bon endroit !

Une erreur du lycée Carnot

La mère d’Alexis qui amène son fils et son ami au lycée Darchicourt à Hénin-Beaumont, s’étonne de les voir sortir quelques minutes après : «  C’est pas ici, c’est à Arras  » m’ont-ils dit. Cap sur le lycée Robespierre d’Arras en trombe avec les cinq élèves concernés. En pleurs, ils arrivent avec une heure trente de retard. «  C’était la panique totale. Pendant dix minutes, on ne savait même pas où aller  », témoigne Julien. «  J’étais déjà super angoissé. C’est le bac, donc c’est important et on nous rajoute des bâtons dans les roues. Heureusement que la mère d’Alexis était encore là pour nous amener  ». L’héroïne de la situation ajoute : «  Ça leur est préjudiciable, ils sont dans des conditions de stress élevés pour passer les épreuves.  »

Erreur des élèves ? Pas tout à fait. Mercredi, environ une heure après avoir reçu les convocations pour les épreuves de rattrapage, les familles ont reçu un appel de la CPE du lycée. Le lieu indiqué n’est pas le bon. Rendez-vous, non plus à Arras, mais à Hénin-Beaumont. La surprise est de taille quand ils apprennent finalement que c’est bien à Arras qu’ils sont attendus.

Le rectorat de Lille s’explique sur cette erreur pour le moins peu banale. «  Il y a eu une confusion. Ils ont tous été dirigés vers le même établissement alors qu’en réalité ça peut changer selon les spécialités.  » L’institution insiste pour dire que «  les élèves ont eu le temps réglementaire pour passer les épreuves. On leur demande d’arriver à 8 h mais ils ne passent pas tous à cette heure-là. Les proviseurs respectifs se sont appelés pour relater l’incident. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’ils seraient accueillis à Arras  », termine-t-elle.

Carole Delbecq, maman de Julie aussi victime de cette mauvaise fortune, déplore : «  lls n’ont même pas eu le temps de décompresser. Nous, nous sommes révoltés. Eux, ils sont démoralisés. »

1 commentaire

  • Comment voulez vous avoir de bons élèves quand c’est le bordel dans l’Éducation Nationale ? ?

    Ven, 07/07/2017 – 11:16

Suivez la Voix Du Nord

 

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§