Madame Valérie CABUIL, la rectrice qui fait bouger les choses (2) De très bons résultats pour les actions favorisant le respect dû aux femmes, en attendant mieux dans la lutte contre le harcèlement hiérarchique.

               

                 Affiche_ VDHA_20240216_pages-to-jpg-0001

 
 
 
Capture d’écran_5-4-2024_02646_www.tdg.ch
 
 
 
 
 
Capture d’écran_5-4-2024_02858_www.vousnousils.fr
 
 
 
 
 
Capture d’écran_5-4-2024_0280_www.publicsenat.fr
 
 
 
 
 
Capture d’écran_5-4-2024_02236_www.cnews.fr
 
 
 
 
 
 
 
LE MONDE D’AVANT
 
 
                 Le 15 février 2018 je m’interrogeais ici (1) sur le bilan de l’ancien recteur Monsieur Luc JOHANN en terme de lutte contre le viol, contre la pédophilie, contre le harcèlement hiérarchique, qu’il soit moral ou sexuel. Depuis les annonces officielles dès octobre 2018 de la fin (toute théorique ? ou bien réelle ?) du « pas de vague » (c’est-à-dire la fin des nombreuses Omertas qui minent l’institution scolaire), c’est là – en principe – un des grands chantiers et une des grandes priorités de l’Education Nationale (2).
 
Mais comment cela se traduit-il, dans les faits ? Entre l’affichage et les actions concrètes, entre la théorie et la pratique, entre les intentions et le terrain, est-ce une feuille de papier à cigarette, ou un gouffre immense ?
 

Le bilan de ce qui a été fait – ou pas – avant 2018 au rectorat de Lille n’a jamais été dressé publiquement ; être dans l’action c’est être tiraillé entre le déchiffrage des résultats obtenus, et la nécessité d’aller de l’avant et de défricher de nouveau terrains.

 
 
 
 
 
UNE RECTRICE APPLAUDIE
 
 
             L’arrivée à la tête du rectorat de Lille de Madame Valérie CABUIL a été applaudie en son temps : une femme dynamique et déterminée, pour lutter contre les fléaux évoqués plus haut, cela a été un excellent choix (3).
 
 

Hands applauding

 
              Six ans plus tard, les applaudissements restent de mise. Le bilan semble très positif dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Mais il reste contrasté en ce qui concerne le harcèlement moral hiérarchique : oui, une certaine dynamique a été enclenchée – c’est une petite révolution en soit – mais trop de victimes attendent d’être reconnues comme telles, et aucune n’a encore été indemnisée. Pourquoi ces différences de résultats ? Quels sont les freins à l’action menée au sommet du rectorat ?
 
 
 
 
LA VOLONTE ET L’ACTION POSITIVE DE DEUX FEMMES DE POUVOIR
 
 
               On peut souligner et saluer ici la volonté réelle de Madame la Rectrice d’académie – volonté partagée et efficacement relayée par Madame Christelle DERACHE, Directrice des Ressources Humaines – de changer les choses, et d’impulser ce changement auprès de chacun des services du rectorat.
Tout cela ne coule pas de source, et d’autres hauts fonctionnaires, dans d’autres académies, ne donnent pas autant pour ces causes, restent attentistes et prennent moins de risques. 
D’autres personnes auraient fait moins, et moins bien, si elles avaient eu en charge ces postes à grande responsabilité, et cela ne doit ni être perdu de vue aujourd’hui, ni être oublié demain.
 
 
 
 
 
HARCELEMENT MORAL HIERARCHIQUE : TROP DE VICTIMES NON RECONNUES
 
 
                Certes, malgré tous ces efforts, ne nous voilons pas la face, mais disons-le, répétons-le, martelons-le : pour ce qui est des abus et des violences hiérarchiques, trop de dossiers épineux restent encore en souffrance – c’est un euphémisme exacerbé, et je suis assez souvent en contact direct avec assez de victimes pour ne pas oublier ni occulter – jamais ! – ce qu’elles endurent.
Tant de résistances sont encore en jeu.
Tant de mauvais plis ont été pris par des individus habitués depuis trop longtemps à se comporter localement en tyranneaux sanglants, sans le moindre garde-fou.
Tant certains chefs de bureaux refusent encore de reconnaître un seul délit – de peur d’avoir à tous les reconnaître ? – et d’admettre leur « bienveillance » fautive et coupable à l’encontre de nombreux délinquants, durant des années et des années de service au cours desquelles ils ont accepté de « fermer les yeux », et fait mine de ne pas voir, de ne pas savoir, de ne pas comprendre, de ne pas entendre les cris des victimes.
Tant la masse de dossiers et de données à traiter est colossale.
Ce manque ou cette absence de reconnaissance constituent une violence supplémentaire pour les victimes, une violence souvent atroce – une violence qu’on n’exposera jamais assez ! – et, quoi que très rarement relayés par l’industrie médiatique, les témoignages en ce sens ne manquent pas, qui bouleversent toute âme auprès de laquelle ils parviennent.
 
 
 
Les-victimes-
 
 
 
 
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : LES PREMIERS BONS RESULTATS SONT LA.
 
 
              Cependant, si le harcèlement hiérarchique est loin – très loin – d’être résorbé malgré les efforts réels de nos autorités de tutelle, dans les domaines de la lutte contre les violences sexuelles, de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la défense des droits des femmes, de tous premiers résultats sont là, car les actions ne manquent pas, qui s’enchaînent et se complètent, concrètement, sur le terrain. Ce n’est qu’un début. Un premier pas. Une avancée. Il convient de rester prudent et mesuré. Il faut rester extrêmement vigilant. Actif, constructif, volontaire, et poursuivre ce qui a été impulsé. Rien n’est gagné, loin de là, et ce progrès peut très vite être résorbé. Il reste énormément à faire ! Une seule victime à venir, c’est encore une victime de trop, qu’il aurait fallu éviter, qui aurait dû être évitée.
 
 
 
R
 
 
 
 
UN DISPOSITIF AMBITIEUX A EVALUER EN TOUTE TRANSPARENCE
 
 
Restons optimistes et voyons ce qui se fait.
 
Le 17 janvier 2024 a été signée par Madame la Rectrice de l’académie de Lille une circulaire VDHA (actes de Violences, de Discrimination, de Harcèlement et d’Agissements sexistes) comportant 8 pages denses et ambitieuses. Des pages dont, sur plusieurs points, la lettre et l’esprit tranchent avec « le monde d’avant ».
L’objet précis en est le « dispositif académique de signalement, de traitement et de suivi des actes de violence (dont actes de violences sexistes et sexuelles), de discriminations, de harcèlement moral ou sexuel et d’agissements sexistes ». Ce dispositif déployé est-il parfait ? Bien sûr que non. S’il peut éviter des violences similaires à celles qui ont acculé ma collègue béthunoise Madame Marielle CROQUEFER (4) à mettre fin à ses jours, c’est une bonne chose. Sera-t-il systématiquement efficace, en toutes circonstances ? On le verra à l’usage, et il pourra d’autant plus facilement être simplifié et amélioré qu’il comporte sur le papier un volet évaluatif (« VII Suivi, bilan et évaluation du dispositif ») qui gagnera à faire l’objet de toutes les attentions, avec le maximum de transparence, de loyauté et d’honnêteté.  
 
« Violence, discrimination, harcèlement et agissements sexistes » : c’est également un des multiples thèmes abordés avec optimisme, enthousiasme et clarté par le « numéro spécial 8 mars » de la Lettre d’information Ressources Humaines de l’académie de Lille, paru le mois dernier à l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes.
 
On ne pourra pas dire que rien n’est fait et qu’on a fermé les yeux. Car au-delà des actions de prévention (encore trop timides) et de la mise en place « classique » d’une ligne d’écoute et d’un formulaire de contact, sans entrer dans le détail de dossiers qui n’ont pas vocation à être étalés publiquement dès lors que leurs victimes ne le souhaitent pas, oui, on peut d’ores et déjà affirmer que les lignes ont bougé et que les choses changent, petit-à-petit, peu-à-peu, pas-à-pas. On me dira que c’est insuffisant, que c’est encore trop lent, trop peu, trop chiche, et je ne pourrai qu’y souscrire. Mais quel progrès, déjà !
 
Le mouvement de bascule a été amorcé, enclenché, mis sur les rails. Encore une fois, la volonté est là, des actions sont menées, des mesures sont prises, au sommet du rectorat, indéniablement.
Que par réflexes archaïques sinon claniques, quelques chefs de service ou chefs de bureau freinent encore des quatre fers, cela reste déplorable, et relève trop souvent d’intérêts individualistes et de logiques relationnelles douteuses mais vieilles comme le monde.
 
Verre à moitié vide, ou à moitié plein ? Hier vide, c’est certain. Et demain ?  
 
 
                                                                                                                  Pierre-André DIONNET
 
 
 
(1)  Article du 15 février 2018.
 
(2) Voir les multiples déclarations officielles faites en ce sens ces dernières années.
 
(3) Article du 23 février 2018.

(4) Voir les différents articles de presse de l’année 2013 ayant traité de cette tragédie, consultables notamment sur le site « Omerta au Rectorat« .
 
 
 
16 - Lettre d'information RH - spécial droit des femmes (1)-1-3_pages-to-jpg-0001
 

16 - Lettre d'information RH - spécial droit des femmes (1)-1-3_pages-to-jpg-0002

16 - Lettre d'information RH - spécial droit des femmes (1)-1-3_pages-to-jpg-0003


En savoir plus sur Mais faites taire ce p'tit prof, bon sang !

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

3 réflexions au sujet de « Madame Valérie CABUIL, la rectrice qui fait bouger les choses (2) De très bons résultats pour les actions favorisant le respect dû aux femmes, en attendant mieux dans la lutte contre le harcèlement hiérarchique. »

Laisser un commentaire