Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (23) « L’intérêt des élèves » vu par Laurence De COCK / Le Café pédagogique.

            

              
          Il y a quelques semaines, au cours d’une formation bénévole, j’insistais auprès de collègues sur l’importance qu’il y a à ne pas perdre sans l’avoir menée la « guerre des mots
».
Et je prenais quelques exemples concrets.

Au siècle précédent, lorsque j’étais jeune enseignant, plus d’une fois j’ai été roulé dans la farine par un principal minable ou par son adjointe tordue, qui m’enjoignaient d’aller dans leur sens, en mettant en avant « l’intérêt des élèves »(1)
Bien sûr, je n’étais pas toujours entièrement dupe – loin de là – mais en bon fonctionnaire, je respecte ma hiérarchie, et il m’a fallu des années pour faire un pas de côté et réaliser réellement à quel point ce vers quoi ces personnages m’emmenaient, n’allait pas dans « l’intérêt des élèves ».

Ni dans « l’intérêt des élèves », ni dans l’intérêt du service, ni dans l’intérêt des parents, ni dans l’intérêt du personnel, ni dans l’intérêt collectif, ni dans l’intérêt de qui que ce soit, au collège, sinon dans l’intérêt individuel de ces deux bons apôtres.
Pis ! Leurs injonctions allaient contre « l’intérêt des élèves » qui avaient le plus besoin de pouvoir bénéficier d’un enseignement de qualité.
Contre « l’intérêt des élèves » dont la famille et l’entourage ne parvenaient à leur offrir l’attention, l’éducation, les rudiments d’instruction qu’ils méritaient, comme le mérite tout enfant sur cette basse terre.
Bien humblement, je confessais à mon auditoire que, plus jeune, j’avais accordé trop de confiance à ces supérieurs hiérarchiques qui n’avaient en réalité aucun souci des élèves, aucun souci de l’intérêt des adolescents fréquentant l’établissement qu’ils dirigeaient.
Et j’invitais mes collègues à redoubler de vigilance vis-à-vis, non pas de leurs chefs (tous ne sont pas des crapules, loin de là), mais vis-à-vis… des mots.

Les mots « prof’ » (versus « professeur »), « loyauté », et « bienveillance » ont ensuite fait l’objet d’échanges et de discussions enrichissantes, qui ont déclenché bien des anecdotes, plusieurs rires, et quelques prises de conscience.

      Aujourd’hui on découvrira avec une certaine satisfaction la tribune que Laurence DE COCK consacre à l’expression « l’intérêt des élèves », sur Le Café pédagogique.  (2) 

Et comme beaucoup de lecteurs, je suis frappé du changement d’orientation des articles de ce site de référence, qui sous l’impulsion bénéfique de l’excellente Lilia BEN HAMOUDA, commence enfin depuis quelques semaines (3) à évoquer un peu le « management [faussement] bienveillant », et le « nouveau management public » aux oeuvres dans l’Education nationale.

Nous étions bien seuls, il y a encore quelques mois.
Nous étions bien seuls, une poignée.
Nous étions bien seuls, pendant des années.

Et que n’a-t’on pas fait pour tenter de nous museler ? Nos propres syndicats, par l’entremise de quelques brebis galeuses, n’ont pas hésité parfois à employer des violences et des méthodes staliniennes, pour essayer de nous salir et de nous faire taire.

Nous étions bien seuls, pendant des années.
Depuis des années, dans l’espace public, je m’époumonne ; il est bien tard pour que des personnalités ayant voix dans les médias s’emparent enfin de ces questions. Même s’il n’est jamais trop tard pour bien faire – restons toujours positifs. 😉

Une précision.
Summum de la perversité, ici et là, depuis des décennies, des Zoubinard ont osé maquiller leurs délits de harcèlement moral à l’encontre d’excellents enseignants, au prétexte d’agir… dans « l’intérêt des élèves ».
Et il s’est trouvé, dans la plupart des rectorats, beaucoup de personnes allant dans leur sens. Beaucoup.

                                                                                                    Pierre-André DIONNET

 

(1) Plusieurs fois sur ce blog j’ai parlé de ce fameux « intérêt des élèves » mis en avant pernicieusement par des chefaillons sans scrupules.

(2) Ci-dessous, tribune de Laurence DE COCK, « L’intérêt des élèves « , Le Café pédagogique, 27 mai 2024.   

(3) Si j’étais vache, j’écrirais que les orientations têtues, mollassonnes et bisounours d’un François JARRAUD n’ont coûté à ce site d’information que 15 ans de déni du réel et 15 ans de retard. 15 ans qui ont bien profité à plus d’un bourreau.

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