Monsieur Michel RODRIGUEZ : un cas d’école de harcèlement moral hiérarchique ? Déni de Justice, ou proviseur condamné ? (1) « Rentrée des Clashs (1) ».

               

                     
         

          Monsieur Michel RODRIGUEZ est un excellent professeur de Mathématiques, au parcours et à l’évolution professionnelle atypiques, méritoires et épatants.
Malheureusement, la fin de carrière de cet enseignant s’est transformée en véritable cauchemar.
Pourquoi ?
    

Tout porte à croire qu’un petit chef local a exercé à son encontre des abus de pouvoir répétés qui l’ont brisé, et qui ont commencé alors que ce professeur agrégé devait temporairement faire face à une situation familiale particulièrement difficile.

 
 
 
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           « Des abus de pouvoir » ? Mais… qu’est-ce à dire ? …
Maladresses répétées ? Impairs réalisés sans mauvaises intentions ? Bourdes survenues quasiment d’elles-mêmes et sans que leur auteur ait jamais fait preuve d’une quelconque malice ? 
Ou bien harcèlement moral volontaire, mené sciemment, en toute conscience ?
 
Stupidités d’un chef médiocre, occupant un poste dont les responsabilités le dépassent ?
Ou réelle intention de nuire, de faire du mal, de casser, de briser, de détruire ?
 
Faits anodins ?
Ou délits ?
Ce n’est pas la même chose.
Qui dit délit dit possibilité de procès, et condamnations potentielles. Ce n’est pas rien. A moins que le « pas de vague »…  
 
 
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         On le sait peu car le sujet est totalement tabou. Il est interdit, défendu, impossible d’en parler si on veut travailler en paix, sans être inquiété – et plus encore si on souhaite mener carrière. Et pourtant, le harcèlement moral hiérarchique est très courant dans l’Education nationale, c’est un instrument de la « nouvelle gestion publique » (le « néo management » en « bon » franglais) qui vise à affaiblir, fragiliser et francetélécomiser les salariés de l’Ecole publique. Redoutable, hyper-violent, très efficace… le plus solide et le mieux structuré des êtres humains ne peut en sortir indemne. La culture de l’Omerta et du « pas de vague » ancrée dans toutes les structures de l’Education nationale achève le travail, et « protège » quasi systématiquement les agresseurs, parfois même lorsque ceux-ci commettent des crimes (viols, agressions sexuelles).
 
 
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       Sachant cela, comment juger « de l’extérieur » de ce qu’a vécu Monsieur RODRIGUEZ ?

Comment juger de cette situation, sinon en s’informant au plus près, en découvrant et en examinant méthodiquement les éléments de ce dossier ?
C’est justement la démarche que permet l’initiative prise par cet enseignant agrégé, de dévoiler une partie des faits qu’il a subis, sur un blog (1) qu’il tient de façon publique.  
A vous, donc, si cela vous intéresse, de prendre connaissance des éléments exposés publiquement par cette victime de procédés et mécanismes méconnus du grand public. 
   

Il faut le savoir, quoi que lourdement affecté par ces brutalités et ces violences répétées, Monsieur Michel RODRIGUEZ reste fort, il est solide, et déterminé.   

Il a dû entamer de nombreux litiges contentieux compte tenu des mesures qui ont été prises à son encontre par la direction de son lycée d’exercice, au cours de ses trois dernières années de carrière.
Le tribunal traitant de ces litiges a accueilli favorablement le premier d’entre eux, mais n’a pas retenu les autres car, à la date des décisions de justice, le harcèlement moral au travail qu’il invoquait n’était pas encore établi, du fait de son noviciat et de son « amateurisme » en matière de droit de la fonction publique, face à des professionnels du droit aguerris, sans scrupules ni états d’âmes, et souvent retors (pour ne pas dire plus).
    
Une plainte judiciaire très solidement étayée a été déposée en février 2021 sur le bureau du procureur de la ville dans laquelle s’est exercé le supposé délit de harcèlement. Mais ce dossier tarde à être traité.
A la lecture des éléments étayant la plainte, on affirme ici et là qu’en bonne Justice, le proviseur qui aurait mésusé de son pouvoir et tenté de manipuler des élèves et des parents d’élèves sera à coup sûr condamné, d’autant qu’il serait coutumier de ce type de coups tordus, menés en toute impunité. D’autres victimes potentielles se seraient manifestées auprès de diverses instances. Mais ce « on » n’est-il pas un peu trop naïf ? Combien à ce jour de proviseurs ont été condamnés, en France, pour des faits similaires ou autrement plus graves ? Aucun, jusqu’il y a peu (2).   Selon que vous serez puissant ou misérable… 
   
    
 
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       Y aura-t-il un procès, seulement ?
C’est à voir (3).

Une condamnation pénale d’un des supérieurs hiérarchiques de Monsieur RODRIGUEZ ?
Ce serait quasiment une première en France ! Alors qu’on compte des milliers de chefs d’établissements scolaires et d’adjoints qui sont des harceleurs patents, et qui parfois s’en vantent auprès de leur entourage, la culture des magistrats français veut qu’en 2024 encore, on épargne systématiquement ces délinquants (comme il y a trois ou quatre décennies on se montrait souvent encore particulièrement « indulgent » avec les pédophiles, par exemple).

Oui, plus d’un observateur avisé affirme qu’en bonne Justice, la plainte déposée par Monsieur Michel RODRIGUEZ doit – en théorie du moins – obligatoirement, immanquablement, logiquement, déboucher sur une condamnation de ce proviseur au bras long, aux appuis nombreux, et aux relations influentes. Mais qu’ – en pratique – il y a peu de chances que…
 
 
 
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Qu’en sera-t-il ?
 
* Condamnation à la hauteur des enjeux ?
Ce serait une grande première en France, de l’inédit, de l’inouï, du jamais-vu, un tournant, et disons-le : une véritable petite REVOLUTION !
 
* Condamnation mollassonne ?
Cela aurait encore, encore, et encore, une fois de plus, valeur d’énième « aval », « blanc-seing », « incitation » et « encouragement » auprès des plus dangereux principaux, des plus malfaisants proviseurs, des plus sanglants adjoints de ces petits chefs destructeurs, médiocres caporaux et chefaillons. Le message envoyé serait très clair, d’ores et déjà il est parfaitement reçu et profondément intégré par les personnels de direction : « Continuez à malmener vos subalternes, et à casser des humains, les « salauds de profs » n’ont que ce qu’ils méritent, et vous ne risquez rien ! ».
 
* Ou énième déni de justice, confirmant s’il en était encore besoin que sur bien des plans, concrètement, de fait, les enseignantes et les enseignants sont des « sous-citoyennes » et des « sous-citoyens », en France ?
   

A suivre…

                                                                                                                 Pierre-André DIONNET

   

N.B. : le proviseur visé par la plainte de Monsieur Michel RODRIGUEZ bénéficie naturellement de la présomption d’innocence, aussi accablants soient les éléments factuels évoqués plus haut.
 
(1) « Le blog de Michel Rodriguez » / Le Club de Médiapart : michel.rodriguez1 | Le Club de Mediapart
 
 
SON ACTIVITÉ SUR LE CLUB
(2) A ma connaissance, seuls deux chefs d’établissement scolaires ont été condamnés en France pour des délits de harcèlement moral. Il y a quelques mois, il n’y en avait… aucun : preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que cela constitue un « angle mort » de la Justice, dans notre pays. 
 
(3) Malgré trois plaintes successives et malgré le travail et la vigilance de Monsieur Michel PAILLARD, enseignant et représentant de grande valeur du syndicat Action Démocratie, aucun procès ne s’est tenu dans le cadre des violences subies par Madame Marielle CROQUEFER. On trouve des centaines d’exemples similaires : le professeur est un « sous-citoyen », en France.
 
 
 
 
 

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« Rentrée des Clashs. L’administration centrale et rectorale de l’éducation nationale obéit-elle à une stratégie non écrite dans le traitement des litiges concernant le harcèlement moral hiérarchique ? Protège-t-on de la même manière un chef d’établissement que son subordonné ? Je décris ce que j’ai vécu et que je vis encore … »

Ci-dessous, billet de blog, Rentrée des Clashs / Michel RODRIGUEZ, Le Blog de Michel RODRIGUEZ, 10 octobre 2022.

 
 

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BILLET DE BLOG 10 OCTOBRE 2022

rentrée des clashs

L’administration centrale et rectorale de l’éducation nationale obéit-elle à une stratégie non écrite dans le traitement des litiges concernant le harcèlement moral hiérarchique ? Protège-t-on de la même manière un chef d’établissement que son subordonné ? Je décris ce que j’ai vécu et que je vis encore …

michel.rodriguez1

professeur retraité

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Rentrée des clashs !..

J’aurais tellement préféré ne pas me trouver contraint aujourd’hui de mettre sur la place publique le(s) différend(s) qui m’oppose(nt) à l’institution scolaire et à ses représentants locaux.

Cette institution, je lui ai consacré 39 ans de ma vie sur le plan professionnel, mais, lorsque j’y pense, c’est encore bien plus que cela :

C’est elle qui a motivé l’exil de mes parents, avec leurs cinq enfants, d’Espagne . De leur pays, de leurs racines …

Il fallait donner à ces enfants une formation scolaire et universitaire pour qu’ils réussissent dans la vie, et l’école de Franco, en 1964 ne pouvait pas rivaliser avec l’école de France, gratuite, obligatoire, exigeante, laïque, égalitaire.

La France, à cette époque, qui manquait de bras et de jeunesse accueillait à bras ouverts les familles comme la mienne, voulant s’intégrer.

L’école de France a donc été mon « monde » depuis que j’ai eu cinq ans, et représente une bonne moitié de mes souvenirs de vie …

Cette école, je l’ai tout de suite aimée, et m’y suis tout de suite senti bien, en confiance, rassuré, considéré.

Tout ce que j’ai de français, dans ma culture, c’est l’École de France qui me l’a apporté, je veux dire l’Institution Scolaire française …

Mes parents ont ressenti, lorsque j’ai intégré le monde de l’enseignement, une fierté indicible, eux qui voyaient dans les enseignants en général, mais surtout dans ceux qui s’occupaient de nous, des « modèles » d’êtres humains, et dans l’institution scolaire un temple du savoir, de la raison, et de la transmission…

J’ai été nourri de cet idéal … Et moi aussi, comme j’étais fier, ce jour-là, de leur apprendre mon admission à ce concours de recrutement d’enseignants, même s’il me conduisait à une séparation géographique de 1000 km. Nous habitions Toulouse, j’étais nommé dans le Pas-de-Calais.

Je n’aurais jamais cru à l’époque, qu’un jour viendrait où je ne pourrais faire autrement que de « dire du mal » de cette « grande famille de l’enseignement » dont on m’accordait de faire partie. Ma vie s’annonçait heureuse et mes parents se sentaient « récompensés » pour leurs sacrifices.

Il me faut pourtant en passer par là, on ne m’a pas laissé le choix.

Les « officiels », Ministres successifs, député, Rectrice, ne répondent pas à mes sollicitations ; font comme si mon histoire ne les concernaient pas, comme si la dignité perdue d’un enseignant ne valait pas plus cher que son empreinte carbone !

La première procédure administrative pour me voir attribuer la protection fonctionnelle a pris trois ans, et le jugement annulant la décision de refus d’attribution de cette protection est tombé le 8/04/2022, et pourtant …

… Pourtant, bien qu’il soit aujourd’hui établi que la Rectrice a commis une faute en rejetant ma demande, bien qu’il soit évident que cette faute a porté à conséquences dans la suite des événements, c’est par une nouvelle faute qu’elle choisit de faire obstacle à la manifestation de la vérité et à mon accès à la justice !…

Lorsque j’aurai précisé que le problème central est lié à une situation de harcèlement moral que j’ai subi de la part de mon supérieur hiérarchique, Proviseur de mon dernier établissement d’exercice, chacun comprendra que les motivations de l’administration sont à rapprocher de la règle du « pas-de vagues » qui gangrène notre institution depuis quelques années …

J’ai choisi, faute pour l’administration de me laisser un autre choix, de devenir « lanceur d’alerte ».

Je le fais malgré moi ; et je tiens à ce qu’il soit clair, qu’à mes yeux ce n’est pas l’institution scolaire qui est pourrie, et que les textes fondateurs et les statuts ne sont pas en cause.

Qu’il n’y a donc pas à « refonder l’école », mais seulement à la protéger des dérives managériales qui lui sont appliquées ces dernières années, souvent au mépris des lois les plus élémentaires.

Je veux tout particulièrement parler de ce principe, si élémentaire, si évident, si précieux en République, voulant que tout agent de service public soit protégé par l’État contre les risques liés à sa fonction dès lors qu’aucune faute personnelle, détachable de son service, ne peut lui être opposé … Ce principe qui est consubstantiel à celui de la rigueur dans le recrutement et dans le suivi disciplinaire des mêmes agents, car ils collaborent ensemble à la qualité réelle des services publics et à l’assurance que ces services respectent les finalités que leur confère l’État …

Car c’est bien là que « ça pêche » dans notre institution : Des personnes, nommées dans la chaîne hiérarchique, détournent leur pouvoir et abusent de leur autorité, et une « méta-législation », celle du « pas-de-vagues », vient faire obstacle à ce que la loi de la République vienne s’appliquer à eux comme à n’importe quel agent.

…Au point qu’on en arrive, dans le but de les disculper à prétendre qu’ils agissent « dans l’intérêt du service » quand ce n’est pas « par nécessité absolue du service » !…

Mon histoire n’est sans doute pas la plus scandaleuse, loin de là, parmi celles qui parviennent à la connaissance du public ; mais c’est la seule que je connaisse dans les détails, et dont je peux relater la chronologie et les circonstances de manière suffisamment précise pour que chacun puisse se faire une idée claire.

C’est ce que je vais m’employer à faire dans la suite de cette série d’articles. Cependant, une introduction s’impose, afin de mettre en perspective ma propre histoire dans son contexte sociétal et dans son contexte local.

Environnement sociétal :

Voici quelques exemples de la manière dont étaient, et sont encore aujourd’hui, traitées, au sein de l’éducation nationale, quelques situations en lien avec l’obligation de protection imposée à l’État envers chacun de ses personnels…

J’ai volontairement sélectionné des situations qui ont émaillé l’époque de mes propres démêlés avec l’administration dans le cadre de ma demande de protection fonctionnelle, mais on pourrait remonter plus loin …

On ne pourra que constater que la ligne de force majeure qui se dessine, commune aux divers points évoqués, est la mauvaise foi flagrante et le peu de considération du Ministère et de l’administration scolaire, tant pour le problème de la prévention des risques psycho-sociaux ou pour celui de la protection fonctionnelle, que pour celui du simple respect du droit syndical

a) prévention des risques psycho-sociaux, méthodes managériales.

15 mars 2019 : Suicide de Jean Willot

Le suicide de Jean Willot a mis au grand jour les carences de l’Éducation Nationale à protéger ses personnels.

C’est un fait, la hiérarchie de l’Éducation nationale ne met en œuvre que trop rarement l’application de l’article 11 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 (modifié par l’article 73 de la loi du 10 août 2018). Le cadre juridique (dit de « protection fonctionnelle ») est pourtant explicite lorsqu’un enseignant est victime d’une plainte (de parents d’élève) : « Lorsque le fonctionnaire fait l’objet de poursuites pénales à raison de faits qui n’ont pas le caractère d’une faute personnelle détachable de l’exercice de ses fonctions, la collectivité publique doit lui accorder sa protection. » ou lorsqu’un enseignant est victime d’attaques diverses (de parents d’élèves notamment, mais pas seulement) : « La collectivité publique est tenue de protéger le fonctionnaire contre les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne, les violences, les agissements constitutifs de harcèlement, les menaces, les injures, les diffamations ou les outrages dont il pourrait être victime sans qu’une faute personnelle puisse lui être imputée. »

L’administration ne pourra faire moins qu’accorder à ce suicide le caractère d’accident de service…

En revanche, il ne semble pas acquis qu’elle ait « gardé cette mort sur la conscience » afin d’en éviter d’autres.

02 mai 2019 : Suicide de Jan-Pascal VERNET …

Quarante-huit heures plus tôt, il avait fait l’objet d’une convocation devant l’inspection académique puis d’une suspension à titre conservatoire pour « suspicion d’attitude déviante ». Un « choc » pour cet enseignant décrit comme «passionné », doublé d’une « erreur technique » sur son arrêté de suspension …

la déléguée syndicale qui l’a accompagné à l’entretien raconte : « Durant l’entretien, on lui a bien précisé qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une sanction, mais bien d’une mesure conservatoire, qui ouvrait une enquête. J’ai moi-même insisté sur ce point pour le rassurer ». Elle souligne néanmoins que les questions qui lui ont été posées étaient parfois «vindicatives et insidieuses . Cela n’a pas aidé. Je suis même intervenue à un moment pour dire que ça allait trop loin. Même quand il hésitait à répondre, ça se retournait contre lui.».

Ce n’est qu’en décembre 2020, un an et demi après, que l’administration reconnaîtra l’événement (son suicide) comme un accident imputable au service … Alors que tout était clair depuis le début puisque c’est le jour même du suicide que l’administration adressait une lettre où elle reconnaissait son erreur dans les faits retenus contre lui !

Le courrier est arrivé trop tard … C’est ballot !…

21 septembre 2019 : Suicide de Frédéric Boulé à VALLBONE

Frédéric Boulé, 58 ans, professeur de SVT (Sciences de la vie et de la Terre) depuis 28 ans au lycée international de Valbonne, un établissement réputé au nord de Cannes, s’est suicidé à son domicile. Il n’a pas laissé d’écrits expliquant son geste.

Sur son site, le syndicat Snes-FSU de Nice appelait à une manifestation. Le syndicat lie le drame à « l’absence d’aménagement des fins de carrière, d’une véritable médecine du travail, et de possibilité de reconversion », en soulignant que l’enseignant de SVT s’est donné la mort « cinq jours après avoir rencontré le médecin de la prévention du rectorat ».

Ce même jour, Christine RENON rédigeait sa lettre d’adieux …

22 septembre 2019 : Suicide de Christine RENON à PANTIN (Seine St-Denis)…

Sa lettre dans laquelle elle décrit les raisons de son suicide met en évidence le « marche ou crève » auquel sont confrontés les directeurs d’écoles en France, et plus généralement l’existence d’un traitement inhumain des ressources humaines au sein de notre administration scolaire…

Deux semaines plus tôt, Laurent GATIER s’était donné la mort, sans que cet évènement n’ait mérité la moindre couverture médiatique, alors qu’il était question d’un mal-être qui mettait en cause sa hiérarchie, et de harcèlement moral…

C’est le suicide de Christine RENON et l’émotion qu’il a suscitée qui a convaincu le fils de Laurent GATIER d’organiser une « marche blanche » afin d’attirer l’attention des médias sur le cas de son père …

L’administration, évoquait déjà, le 12/10/2019, par la voix de son Recteur, qu’il convenait de « rester prudent » sur les causes du suicide, qu’il fallait « regarder les faits avec distance », et que « le geste de ce professeur pouvait renvoyer à un mal-être plus général » … bien sûr, bien sûr…

Qui peut prétendre après cette terrible série que le nouveau management imposé dans l’éducation nationale ces dernières années n’a aucun impact au niveau des risques psycho-sociaux ?…

On ne va pas tarder à pouvoir répondre à cette question …

Le 8 novembre 2019 :

Monsieur BLANQUER souligne que les 58 suicides d’enseignants sur l’année 2018/2019, rapportés à la population, ne donnent que 5,85 pour 100 000 au sein de son ministère, contre comparativement 16,7 pour 100 000 au sein de la population générale !… Autant prétendre qu’être professeur, cela protège des tendances suicidaires !

Il annonce par la même occasion, dans la même déclaration, un recrutement massif de médecins de prévention dans l’éducation nationale …

Cette annonce n’était peut-être pas étrangère à la plainte lancée contre lui au pénal pour “manquement de suivi médical” devant la cour de Justice de la République.

Bonjour la cohérence !..

N’y a-t-il pas une mauvaise foi criante à comparer le nombre de suicides à partir d’une statistique émanant exclusivement du ministère ?

Tous les enseignants morts par suicide sont-ils effectivement recensés dans cette liste ministérielle ? …

-Alors que rien n’impose aux familles de déclarer à l’administration la cause du décès,

-Alors que rien n’impose à un chef d’établissement, à supposer qu’il en soit informé, de « faire remonter » l’information,

-Alors que des statistiques indépendantes du ministère (organisées par l’INSERM et concernant l’ensemble des professions) donnaient en 2002 le résultat de 39 suicides d’enseignants pour 100000 (soit 2,4 fois plus que la moyenne générale de l’époque) … Est-il concevable que la situation soit devenue si « calme » dans le milieu enseignant sur les 17 années qui séparent ces deux chiffres ?

Était-il vraiment nécessaire d’ajouter encore à cette mauvaise foi le biais qui consiste à parler des chiffres du Ministère en mélangeant les enseignants avec les personnels administratifs et techniques ?…

Conclusion sur ce point : L’administration communique énormément, dans ce domaine, ces dernières années, largement influencée par les rapports annuels du Médiateur de l’éducation nationale constatant la recrudescence des dossiers qui lui parviennent sur ce thème …

Mais en termes de crédits, comme en termes de décisions de nature à changer les habitudes managériales, rien ne bouge vraiment, et les demandes de ruptures conventionnelles comme les démissions ne cessent de se multiplier.

Le cas du lycée Léon BLUM à CRÉTEIL :

Dans ce lycée, le rectorat avait nommé une chef d’établissement qui s’était déjà donnée à connaître pour ses condamnations dans un autre département pour ses mauvaises méthodes managériales ( En particulier, l’annulation de la non-reconnaissance d’un accident de travail suite à une agression verbale particulièrement violente dont fut victime un personnel administratif. Le tribunal avait enjoint le rectorat de reconnaître l’accident de service.…)

Pendant deux années, les mêmes méthodes produisant les mêmes effets, le personnel du lycée se sont plaints d’un climat toxique, au point que 25 % d’entre eux ont demandé et obtenu leur mutation lors du dernier mouvement !

 Une médiation a été décidée en juin dernier par le Rectorat, mais cette médiation ne débouchant sur aucune décision susceptible de satisfaire le personnel (maintien de la chef d’établissement et dégradation des conditions de fonctionnement…) un mouvement de grève fut lancé à la rentrée.
 Le corps enseignant mettait en cause les comportements de la proviseure, dénonçait des humiliations publiques, des propos discriminatoires et des menaces abusives de retenue de salaire. 
Un «management de la terreur», comme le décrivent plusieurs professeurs et membres du personnel, « un syndrome France Télécom dans l’éducation nationale », ayant conduit à de multiples suivis psychologiques du personnel, et à des mutations anormalement élevées cet été. 

L’histoire a fragilisé les liens entre le rectorat de Créteil et les professeurs, alors que ces derniers attendent encore les résultats d’une enquête administrative lancée mi-septembre et toujours en cours, selon l’académie.

Devant l’ampleur du mouvement et sa médiatisation, la chef d’établissement demanda à être déchargée de ses fonctions, ce qui n’a rien d’une sanction disciplinaire.

Aujourd’hui, un nouveau proviseur est en poste, mais le rectorat entend retenir le salaire des grévistes pendant les 9 jours du mouvement, au cours duquel ils étaient tous présents au lycée, y compris la journée où s’est tenue l’enquête administrative à laquelle ils ont participé …

Qui était en faute ? Qui fait les frais de ces fautes ?…

b) protection du fonctionnaire par l’État …


16 octobre 2020 :

Samuel PATY était décapité sur la voie publique non loin de son collège qu’il venait de quitter !…

Cet acte concluait une série d’outrages à sa dignité depuis que, dix jours avant, il avait, dans le cadre de son cours sur la liberté d’expression, montré en classe deux caricatures de Mahomet.

L’administration s’est défendu, après son décès, d’avoir voulu lui reprocher quoi que ce soit, mais il est largement établi que dès le 8 octobre et jusqu’au 16, Samuel Paty, la principale et les enseignants ont identifié une menace grave pour leur intégrité physique et la sécurité du collège…

David di Nota, dans son livre « j’ai exécuté un chien de l’enfer[…] » décrit en détail le mécanisme ayant conduit au drame :

On y découvre un Samuel Paty désemparé et agacé face à la réaction, ou l’absence de réaction, de sa hiérarchie, alors que se répand un récit mensonger du cours où il a montré des caricatures de Mahomet.

« Tout est parti d’une élève qui n’était pas présente à ce cours. Cela entraîne des pressions de la part de ceux qui se disent offensés, et en vertu de la politique des accommodements raisonnables, il a fallu absolument que le prof reconnaisse une erreur qu’il n’avait pas commise: demander aux musulmans de sortir. Lui le répétera trois jours avant sa mort: ce n’est pas ce qu’il a demandé », insiste David di Nota.

Le livre décortique deux écrits administratifs, avant et après l’assassinat, où l’Éducation nationale se dédouane de toute faute.

« L’administration est tombée dans le piège de sa propre idéologie (…) Le problème des rapports qui ont été écrits sur ces faits est qu’elle passe son temps à faire son propre éloge », selon l’écrivain.

c)respect du droit syndical et des procédures :

Le cas du lycée DE MELLE :

Au lycée Desfontaines de Melle (79), comme dans plus de 500 lycées en France, la communauté éducative, les parents et les lycéens se sont mobilisés en janvier 2020 lors de la passation des premières épreuves du « bac Blanquer », si largement décriées, les fameuses E3C.

Le ministère ne peut alors admettre l’ampleur de cette mobilisation nationale et les foudres du rectorat de Poitiers s’abattent sur 3, puis 4 enseignants de ce lycée rural :

C’est un véritable acharnement répressif qu’ils subissent, suspendus à titre conservatoire pendant 8 mois, ils sont sanctionnés début novembre à l’issue de conseils de discipline où aucun avis majoritaire n’avait pourtant été émis.

Il s’agit d’en faire des exemples. Il s’agit de réprimer et d’intimider. Il s’agit de faire taire la contestation. La conclusion du compte-rendu de l’enquête administrative assume d’ailleurs ouvertement les motivations politiques et idéologiques à l’origine de cette affaire en affirmant qu’« ils restent dans leur logique de combat de la réforme » et qu’il faut donc a minima les déplacer d’office. Pourtant, confronté à une forte mobilisation et à ses propres contradictions, le rectorat de Poitiers recule, proposant des sanctions de plus en plus basses au fur et à mesure de la semaine des conseils de discipline.

Seule Sylvie Contini, passée la première, a à subir, pour l’exemple et de manière arbitraire, cette sanction de déplacement d’office. Elle attaque alors cette décision en référé au tribunal administratif de Poitiers, avec ses avocats financés par la caisse de solidarité.

Le 22 décembre, le verdict tombe : l’ordonnance du TA suspend la sanction du rectorat de Poitiers et demande la réintégration provisoire de Sylvie sur son poste à Melle en attendant le jugement sur le fond. C’est un revers pour le rectorat de Poitiers et Blanquer, piqué au vif, prend officiellement la main sur ce dossier des 4 de Melle, en se pourvoyant en cassation devant le Conseil d’Etat pour annuler cette victoire en référé.

Peine perdue : le Conseil d’Etat a statué, aucun des arguments avancés par le ministère n’est jugé recevable, ce pourvoi ne sera donc pas même examiné, il n’est pas admis !

Le cas du lycée Joliot-Curie à NANTERRE :

Kaï TERADA a appris sa suspension à la rentrée , puis, le 22 septembre, sa mutation d’office dans un lycée de Saint-Germain en Laye , à une heure de trajet de son lycée Joliot Curie de Nanterre.

Il se trouve que ce professeur est une figure connue du syndicat « Sud-éducation ».

Il se trouve que, par ailleurs, il est reconnu comme un enseignant sérieux, qualifié, et compétent, par l’ensemble de ses collègues au sein de son établissement ainsi que par ses élèves et leurs parents.

Il se trouve enfin que, malgré cela, la Rectrice de l’Académie de Versailles, sans qu’aucune faute ne soit reprochée nommément à ce professeur, sans qu’aucun conseil de discipline ni aucune commission paritaire n’aient été consultés, alors qu’une suspension est une décision conservatoire réservée aux cas de manquement graves et doit être accompagnée d’une enquête disciplinaire (ce qui n’a pas été le cas ici…), présente pourtant la mutation de K Terada comme visant « à créer des conditions renouvelées pour reconstruire un climat apaisé, indispensable au bien être des personnels et des élèves« 

Une formule assez provocatrice dans un lycée très perturbé par la sanction qui frappe un enseignant à qui aucune faute n’est reproché et qui est en poste depuis 16 ans dans l’établissement.

… On « perturbe le climat » en annonçant la suspension, et on prétend ensuite l’apaiser par la mutation d’office ?…

Focus à présent sur ce que j’ai vécu moi-même 

1)Qui suis-je ?…

« Un professeur au parcours atypique qui fait profiter ses élèves de sa grande culture, sans oublier l’accomplissement indispensable du programme .» Voilà comment me qualifiait, au printemps 2016, le Proviseur qui allait prendre sa retraite le 1er novembre suivant, son remplacement faisant l’objet d’une période de « doublon » à la tête de l’établissement sur les deux premiers mois de l’année scolaire.

Cette appréciation n’était pas mon seul sujet de satisfaction puisque je venais d’être admis à la hors-classe du corps des agrégés quelques mois plus tôt, et que, pour la première fois de ma carrière pourtant bien remplie, le Conseil d’enseignement de juin 2016, m’avait désigné pour assurer (pour la première fois de ma carrière!) l’une des classes de Terminale scientifique à la rentrée suivante …

Le « parcours atypique » évoqué par le chef d’établissement mérite d’être un peu détaillé, non pas pour faire le malin en bombant le torse, mais pour mettre en évidence, plus loin dans le récit, le niveau d’incohérence des allégations qui vont m’être opposées :

a) les « promotions » successives :

Entré dans l’enseignement à 22 ans, dans le cadre d’un recrutement exceptionnel d’instituteurs (intitulé FIS/DEUG 1982) qui envoyait directement les lauréats en plein exercice sur le terrain, avec une formation réduite à quelques semaines de rassemblement en école Normale, étalées sur trois ans avec titularisation dès la fin de la première année, j’ai été successivement, par concours successifs :

-instituteur stagiaire puis titulaire, (1982)

-PEGC-Maths/SciencesPhysiques, stagiaire puis titulaire (1985)

-Professeur Certifié de maths, stagiaire puis titulaire (1987)

-Professeur Agrégé de maths, stagiaire puis titulaire (1994)

Précisons que seul le « stage » de PEGC a donné lieu à une véritable formation « initiale », pour les autres, et notamment pour celui du CAPES ( que j’avais pourtant passé en candidat externe), il s’agissait de stages « sur le terrain à temps plein »…


b) La formation et les activités périphériques en lien avec la profession :

Ce manque flagrant de formation initiale, je l’ai compensé par une formation, et surtout une auto-formation continue, tout au long de ma carrière, c’est ainsi que je me suis systématiquement inscrit aux stages de l’IREM de Lille axés sur l’histoire des mathématiques, et suis moi-même devenu animateur au sein de cette structure, où j’ai par la suite, en dehors de mon service complet, participé aux groupes de travail sur l’histoire des mathématiques, mais aussi sur les relations Maths-Physique, sur l’enseignement Primaire, sur l’enseignement des maths en Europe (comparaison des modèles éducatifs) …

Sur cette même lancée, j’ai participé, sur mon temps de loisirs, à de nombreux congrès, colloques, journées nationales, consacrés à l’enseignement des mathématiques, et me suis investi dans les activités de la Régionale de LILLE de l’APMEP en tant que secrétaire, et rédacteur du bulletin trimestriel « convergences » (« le bulletin qui a de la suite dans les idées sans être monotone et borné… »).

Je faisais partie de l’équipe organisatrice des journées nationales APMEP de 2001 à LILLE (« mathématiques au carrefour de l’Europe »), notamment en me chargeant de l’invitation et de la traduction de la conférence de Miguel de GUZMAN (ancien président de l’ICMI, « International Commission of Mathematics Instruction »), et de la co-animation d’ un atelier sur « les mathématiques du Bridge ».

c) les postes occupés …

Ma carrière m’a conduit à enseigner les mathématiques à des publics divers, que je résume ainsi … J’ai assuré :

-Tous les niveaux de maternelle et d’enseignement primaire y compris la classe de perfectionnement (devenue CLIS aujourd’hui…). Une année en tant que titulaire remplaçant a beaucoup contribué à la diversification de mon expérience…

-Tous les niveaux de collège, y compris en SES (devenu SEGPA aujourd’hui).

-Tous les niveaux de lycée, à l’exception notable de la terminale scientifique.

-Des BTS technologiques

-Des étudiants en « licence d’enseignement » préparant, à l’Université d’Artois, le concours de professeur des écoles (vacations)

-Des élèves-maîtres et stagiaires IUFM (De Lille et de Montpellier) en formation initiale et continue ainsi qu’en direction de mémoire professionnel (PE et PLC-maths)

-Des élèves-ingénieurs à l’école des Mines de DOUAI (vacations)

-Des professeurs de mathématiques en formation continue

-Des adultes ayant abandonné très tôt le cursus scolaire, au sein du CUEEP de LILLE

Voilà qui devrait justifier amplement la référence de mon ancien chef d’établissement qui parlait de « parcours atypique » … et aurait dû donner quelques doutes à l’IPR ayant retenu à mon sujet, sans m’avoir jamais inspecté, l’appréciation suivante : « on lui conseillera d’adapter son enseignement à la diversité de son public » …

2) Mon environnement professionnel (à la rentrée 2016)

Un lycée de centre-ville dans une ville moyenne du Pas-de-Calais, jouissant d’une bonne image dans son secteur, notamment par ses sections de Bachi-Bac, ses sections sportives, sa section musique, et plusieurs classes européennes et aussi par ses BTS tertiaires.

Bref, un poste idéal pour un enseignant en fin de carrière qui voulait arriver à la retraite « en douceur » …

Le départ à la retraite du proviseur au 01/11/2016 a motivé une période de « passage du témoin » au cours de laquelle le nouveau chef d’établissement intervenait en doublon.

Mais, c’est au mois de juin qui précéda cette rentrée que mon histoire commence par deux anecdotes aux effets diamétralement opposés :

conseil d’enseignement :

Grand bonheur !…

à la suite de deux années scolaires effectuées dans le lycée, qui avaient visiblement donné satisfaction au Proviseur puisque celui-ci m’avait accordé une appréciation dithyrambique dans le cadre de la promotion à la Hors-classe, et dans le contexte du départ d’un collègue, agrégé comme moi qui était nommé sur un poste de classes préparatoires, il fut décidé que l’on m’attribuerait la terminale scientifique qu’il assurait jusque là.

surveillance de Bac :

Patatras !

La Proviseur-adjointe de l’époque avait une conception très personnelle de ce que devait être l’autorité hiérarchique, une conception à la limite du caricatural, elle prenait la moindre remarque face à une de ses affirmations comme une offense, et ne se privait pas de son côté de lancer, même en plein conseil de classe des observations acerbes à des enseignants à propos de leur formulation des appréciations trimestrielles.

Pendant les épreuves écrites du Bac, elle se chargea de la « police des examens », et là encore, sa conception en était caricaturale : Alors que je surveillais une épreuve de 5 heures non-stop, j’avais trouvé judicieux d’amener avec moi un livret de Su-Do-Ku.

En effet il s’agissait pour moi, et ce dans le but d’assurer une surveillance plus efficace, d’éviter de m’endormir : résoudre un sudoku, contrairement à lire un roman ou un journal, n’est pas une activité qui demande concentration et qui diminue la vigilance. Il suffit de baisser les yeux une seconde, de temps en temps, pas plus …

Pourtant, aux yeux de la Proviseur-adjointe, quel crime j’avais fait là !

Elle déboula littéralement dans la classe, pour m’intimer à voix haute, devant des candidats médusés (dont certains avaient été mes élèves cette année-là…), de ranger mon livret immédiatement. Elle ajouta même une réplique cinglante sur les risques d’invalidation de l’épreuve que je faisais courir à l’établissement si l’un des candidats s’avisait de porter une réclamation là-dessus !

Pour mettre fin au dérangement, je rangeai immédiatement « l’arme du crime », et ne répondis pas. Mais sitôt rentré chez moi, j’adressai un message électronique au Proviseur lui décrivant la scène et le priant d’expliquer à son adjointe que :

– c’était elle qui avait dérangé le bon déroulement de l’épreuve et qui faisait risquer une annulation en cas de réclamation

– il eut été plus convenable de me faire signe depuis le couloir, afin de m’adresser toute remarque utile de manière discrète, et me permettre accessoirement de lui répondre.

Le Proviseur organisa un entretien quelques jours plus tard, pour obtenir « la paix des braves »… mais il y avait toujours un grave différend : son adjointe prétendait que je devais m’excuser pour le mail offensant, je me déclarais le premier offensé et refusais donc de m’excuser si elle ne regrettait pas sa propre attitude. Dans ce débat, elle alla même jusqu’à évoquer la sanction disciplinaire qu’elle pouvait réclamer, et je lui répondais « chiche ! Au moins, devait un conseil de discipline, je serais entendu »…
Comme on peut s’y attendre, il n’y eut pas de procédure disciplinaire … Mais en revanche, sans aucune explication, à la mi-juillet, le projet de répartition pour la rentrée suivante me privait de la fameuse terminale scientifique. Voilà comment on punissait le vilain garnement insoumis !

J’appris bien plus tard que la Proviseur-adjointe était « débutante » et effectuait son stage pratique dans l’établissement cette année-là. J’appris aussi que l’année de stage de la Proviseur-adjointe n’avait pas été validée, et qu’elle devait refaire une année de stage… Ce qui me valut de la côtoyer une année de plus …

Pour ma part, je contestais la décision du Proviseur de changer mes attributions de classe, et, en réaction à cette mesure injuste et tardive (j’avais largement avancé mes préparations pour cette classe nouvelle…), je déclarais mon refus des heures supplémentaires au-delà du maximum imposable .

C’est dans ce contexte de « guerre ouverte » que le nouveau Proviseur prit ses fonctions au lycée…

Voilà.

Le tableau est dressé.

Tout est mis en place pour pouvoir raconter l’épopée qui, sur une période de 6 ans, va se traduire par :

-2 dossiers pénaux successifs,

-une dizaine de procédures au tribunal administratif toutes en lien avec une situation de harcèlement moral au travail,

-un dossier d’accident de service du 08/10/2019, pas encore clôturé aujourd’hui, du fait que la consolidation de la pathologie déclenchée par l’accident, « syndrome dépressif majeur en lien avec une problématique professionnelle », n’a pas été retenue par l’expertise médicale de juin dernier.

Et bien sûr une multitude de péripéties relationnelles aboutissant à ce que mon proviseur obtienne à mon égard de l’administration centrale, la déchéance suprême consistant, pour mes deux derniers mois d’exercice, de voir mon poste supprimé de l’établissement et mon affectation changée en « titulaire-remplaçant dispensé de remplacements », sans que ma contestation ne puisse seulement être vraiment considérée par le tribunal, cette décision étant présentée non comme une sanction disciplinaire, mais comme une mesure d’ordre intérieur, dans l’intérêt du service !

Aujourd’hui, alors que, quatre ans plus tôt, j’étais encore dans la peau d’un professeur passionné, compétent, consciencieux, considéré, droit et digne, me voilà changé en enseignant à la retraite brisé, meurtri, déshonoré, malade, dégoûté … mais surtout, tellement indigné …

Mon âme est naufragée sur l’île de la Rumination, au milieu de l’océan des Incertitudes, peuplée de fantômes obsessionnels, d’où je vous adresse ces quelques « bouteilles à la mer ».
SOS … Enseignant en détresse …


Le feuilleton peut commencer …


… merci de m’avoir lu et, à la prochaine … L’épisode suivant est accessible par le lien : SUITE du récit


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